Eva Herzigova - Tchécoslovaque - 1m80 - 89/64/91

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Il faut le dire tout net : Eva Herzigova est belle. Quand elle pose devant le photographe et qu'elle se place contre la toile de fond, les mains dans le dos, elle ressemble à une espionne que l'on va fusiller. Quel Dieu a donc créé cette Eva, madone du bas couture qui aurait eu Gianni Versace pour Botticelli ? D'abord, il faudrait parler de l'Est. Eva est née en Tchécoslovaquie, le 10 mars 1973. Si le Mur n'était pas tombé, que serait aujourd'hui Eva Herzigova ? Qu'importe, cette fille de l'étoile rouge est devenue une star : louée soit la perestroïka.
De ce jeune passé, elle dit : "Je voulais être actrice, chanteuse, ou bien guide dans un musée. Marilyn Monroe ou Elvis Presley, je ne connaissais pas. Mais j'adorais les films de Louis de Funès que l'on montrait le dimanche à la télévision tchèque, et surtout Jean Gabin, qui était mon acteur préféré". À seize ans, elle gagne un concours de mannequins. On l'envoie à Paris. En Occident, entre "All About Eve" et "My Fair Lady", elle devient la Galatée rouge de Pygmalions qui s'appellent Peter Lindbergh ou Paolo Roversi. Thierry Mugler ou Azzedine Alaïa : tous, ils signent pour cette Tchèque qui ne laisse pas de marbre.
Vient la publicité pour Wonderbra et le fameux "Regardez-moi dans les yeux". Commotion mondiale et rupture de stocks. Mais qu'est-ce qu'un sein, au fond ? Une partie du corps féminin destinée à l'alimentation de l'espèce ? Le titre d'un roman de Philip Roth ? L'esquisse naturelle d'un dôme de Brunelleschi ? Une chose qui n'arrive jamais seule ? Le sein d'Eva est-il l'une des preuves de l'existence du Dieu des volumes, celui qui a fait les barges gonflables et les forteresses volantes ? Il faut ici reprendre l'épure. Pourquoi le succès mondial de I'Eva-Wonderbra ? Cette silhouette mythique qui châtiait la montgolfière par la taille de guêpe?
Le secret d'Eva, c'est celui d'une belle de la Mitteleuropa qui est venue ressusciter le corps américain ; la ligne Prague-Miami, les cheveux modelés sous le spray, Baby Doll et la " Play-boy Bunny", la poupée Barbie et Jessica Rabbit, toutes choses de nature à fédérer le syndicat des camionneurs et les nostalgiques de Pearl Harbor. Helmut Newton ne s'y est pas trompé el la fait poser sur les marches de Cannes en idole de Beverly hills. Dans le milieu de la mode, on s'accorde à dire qu'Eva Herzigova est une personne tout à fait traitable, ce qui n'est pas la loi : elle rend les égards qu'elle a conquis.

Au cinéma, on lui a donné dans "les Anges gardiens" un rôle un peu Betty Boop, la fille qui fait "Hiji" et qui a des avantages. Mais elle a refusé un rôle à Stanley Kubrick lui-même : "Il m'a envoyé un fax, puis un script. Je devais jouer un dialogue avec Tom Cruise, très, très peu habillée. J'ai refusé". Eva est née sous le signe des Poissons, dort dans les avions, rit "comme une petite fille" avec les autres tops pendant les collections. D'où est-elle ? De Paris ? "La beauté de marcher dans la rue, les cafés, le luxe. Mais pour moi, Prague est comme un village, plus concentré, plus chaleureux, très romantique. Je retourne beaucoup en République tchèque, j'aimerais apprendre à chanter des choses magnifiques pour la fille que je n'ai pas, et qu'elle s'en souvienne". Un parfum d'Amérique ? "Là -bas, dit-elle, j'aime les arbres, le soleil qui se couche, et cette chose, comment dit-on en français, qui mouille l'herbe du matin". Cela pourrait être l'auto définition d'une nymphe.

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