Kirsten Owen - Canadienne - 1m79 - 89/61/90

a

Agences

Oui
One Mgmt

D Repubblica Italie

31 Juillet 2001

Max Cardelli

D

Vogue Italie

Septembre 1997

Steven Meisel

Autres modèles
Planetemode.comby Yann Gabin

Kirsten Owen est Canadienne, cheveux blonds, yeux bleus, 31 ans, mère de famille et mannequin depuis 1985. Kirsten est installée en Angleterre. Aujourd'hui, elle fait partie des mannequins les plus demandés au monde. Sa carrière est hallucinante et surtout longue, malgré un milieu qui préconise la jeunesse. Elle défile depuis 15 ans. Son visage reste inchangé. Elle exprime une ambiguïté totale. Elle peut être à la fois ange et démon, femme ou garçon, dure ou douce, timide et extravertie, fragile et forte. Tels sont les qualificatifs que lui donnent les photographes comme Paolo Roversi, Peter Lindbergh, Mario Testino et Nick Knight. Ce dernier lui consacre un livre. Elle est la plus anonyme des mannequins célèbres. Elle est de tous les temps. Elle est tout simplement belle et différente, naturelle et sensuelle, exceptionnellement présente et sensible, et photographiée par les plus grands. Photos et personnalité à l'allure déconcertante à découvrir.

Kirsten Owen, icône méconnue aux deux visages et aux deux carrières. Le mannequin, dont les stylistes et les photographes vantent la présence et le naturel, a fait l'objet d'une projection à Arles le 6 juillet 2001. Six portraits, une seule personne. Un mannequin ? Oui, dans les faits, non dans le regard, le visage, l'allure, la conception du métier. "C'est l'anti-mannequin, l'anti-star", répètent, captivés, des photographes. Icône de son milieu, elle est inconnue au-delà et entend le rester, même si elle incarne la vie contre le factice, si elle a su imposer sa personnalité face aux party girls clinquantes des années 1980 : Claudia Schiffer, Naomi Campbell, Cindy Crawford... "Ce n'est pas un mannequin, mais une personne", résume Ezra Petronio, de la revue Self Service.
Olivier Saillard, conservateur au Musée Galliera, a rassemblé 300 images des films où elle défile. La qualité des stylistes auxquels elle fut associée est rare. Yohji Yamamoto ne conçoit pas un défilé sans elle, Anne Demeulemeester finit les siens avec elle. Ajoutons Helmut Lang, Jean Paul Gaultier, Rei Kawabuko... La liste est longue des photographes qui l'ont adoptée : Knight, Teller, Lindbergh, Avedon, Testino, Sims, Day... Il manquera, dans la projection, Paolo Roversi (il a refusé), qui occupe un rôle central dans l'imagerie de Kirsten Owen : soixante-quinze séances en quinze ans, une présence forte dans son livre Nudi (Voir article du Monde du 9 décembre 1999). En couverture du magazine i-D, il la montre, fait unique, en train de pleurer : "Je lui ai fait porter une robe que portait ma mère à vingt ans." Paolo Roversi, dont le Monde a publié un portrait inédit de Kirsten Owen, vante son exceptionnelle présence : "Personne ne regarde comme elle. Lors de la première séance, j'ai fait un Polaroïd pour voir comment elle attrapait la lumière. J'étais foudroyé. Elle n'a aucun tic du mannequin. Elle ne donne pas une image fabriquée. Tout sort d'elle, consciente de ce qu'elle fait. Son éclectisme est sans égal. Elle peut être diabolique et angélique, femme ou garçon, dure ou douce, timide et extravertie, fragile et forte. Elle n'a pas d'âge dans le visage. L'ambiguïté est totale."
Il y a une inquiétude, une étrangeté dans les portraits de Roversi, ce que Saillard appelle "une poésie florentine". A l'opposé, il y a une dureté glaciale dans des images signées Teller ou Sims. Deux facettes, deux femmes. Kirsten Owen recolle les morceaux dans un livre signé Nick Knight : "Quand je suis face à l'appareil, j'imagine que je suis en train de dire "I love you" à quelqu'un." La longévité de sa carrière, dans un milieu où le jeunisme est roi, est "hallucinante", dit Ezra Petronio. Elle surgit en 1985, défile quinze ans après, mais "son visage ne bouge pas", constate Roversi. Fait rare, elle a connu deux carrières. La première fut mitigée. Paolo Roversi se souvient d'un film publicitaire qu'il a tourné pour Evian : "Il y avait des dizaines de visages de mannequins. Le seul qu'Evian voulait "couper" était celui de Kirsten, jugé trop dur."Après avoir donné naissance à deux enfants, elle revient à son métier dans les années 1990. "Le come-back est rarissime dans ce milieu", dit Paolo Roversi. Triomphe. Elle fait partie des cinq mannequins les plus demandés au monde, elle est apparue récemment dans des publicités Chanel et Ungaro - "il y a dix ans, ces marques n'auraient pas déboursé un franc pour elle", dit Olivier Saillard - mais qu'un spectacle lui soit consacré ne la fait pas sauter de joie.
Le visage ne répond pas aux standards de la beauté. "Les traits sont un peu durs, elle n'a pas le nez et les seins refaits, les yeux ne sont pas tirés, la bouche n'est pas pulpeuse. Dans la rue, vous ne la "voyez" pas", assure Olivier Saillard. La femme qui défile surprend autant. Saillard se souvient d'un défilé Yamamoto, en 1988 : "C'était la première fois que je la voyais défiler : un moineau atypique qui ne marche pas "normalement". On a l'impression qu'elle a les reins cassés tant elle est courbée en arrière. Elle lance les jambes de façon maladroite. Elle était enceinte, ça se voyait. Son corps se déconstruisait. Elle fut chouchoutée par les stylistes japonais qui ont déconstruit le vêtement et par Jean Paul Gaultier." Kirsten Owen fut "le porte-drapeau d'une mode minimaliste et naturelle", ajoute Olivier Saillard. Surtout, elle flotte depuis quinze ans sur les époques, passant du grunge "alternatif" à Chanel. "Sa personnalité et son allure sont telles qu'elle dépasse les tendances", dit Ezra Petronio, qui l'a choisie pour la couverture du numéro douze de Self Service. On l'a beaucoup vue dans les revues de tendance qui ont mis en avant une esthétique froide - d'I-D à Dutch. Mais elle n'est pas rangée dans un mouvement, comme Kate Moss et le grunge du début des années 1990. "Elle est de toutes les saisons", résume Paolo Roversi. Sa forte personnalité a permis de corriger l'image de poupée Barbie du mannequin, d'ouvrir la voie à des visages différents, comme Stella Tennant. "Comme elle reste rebelle au système de la mode, on l'a jugée "résistante". Elle est juste une star transghettos", pense Olivier Zahm, qui l'annonce dans le prochain numéro de Purple. Mais c'est bien une attitude qui fascine Paolo Roversi. "Une photo de mode, c'est une rencontre. Avec Kirsten, on se parle peu, on se prend dans les bras, on s'offre des livres, on s'écrit parfois, on se comprend. Quand on travaille, on est dans la même boîte. C'est fort." Michel Guerrin pour Le Monde.
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