Karl Lagerfeld

Enfant, avant de découvrir la mode, Karl Lagerfeld rêvait de devenir portraitiste ou metteur en scène. Il avait vu très peu de films mais les images de film dans les journaux et devant les cinémas (où son âge ne lui permettait pas de rentrer) le faisaient rêver. Plus tard, il avait vu beaucoup de ces films dont les images l'avaient frappé. "Souvent j'étais déçu, je les trouvais ennuyeux et bavards. J'ai toujours préféré les films muets. Pour moi, la Photo est une sorte de réalisation tardive d'un rêve d'enfant".

Karl Lagerfeld est avant tout connu pour ses collections pour Chanel, Fendi, Chloé (Aujourd'hui, c'est Stella Mac Cartney qui déssine les modèles Chloé) et sa propre marque dont il la représente en exclusivité dans sa "Lagerfeld Gallery". La mode - son vrai mode d'expression - était et est à la fois le prétexte le plus fréquent, l'inspiration la plus normale et le lien logique avec la photo.

"Je compose avec ces éléments la plupart des mes photos. Images d'une réalité idéalisée où le rêve et ta réalité se rencontrent à mi-chemin. Elles sont témoins d'un monde que je voudrais au moins optiquement intact. Chaque photo a pour moi quelque chose de mélancolique (même si le sujet ne l'est pas). Il y a un côté - "plus jamais" - ne peut jamais refaire la même photo". De là vient aussi vraisemblablement son attirance pour la photographie : l'Art du début du siècle. Les images inoubliables d'Alvin Langdon Coburn, de Robert Demachy, de Pierre Dubreuil, de Gertrude Käsebier, de Heinrich Kühn, d'Edward Steichen et surtout d'Alfred Stieglitz l'ont plus impressionné que les grands photographes des années 20 et 30 ou leurs successeurs d'aujourd'hui que pourtant il admire et qu'il collectionne.

Karl

Lagerfeld

"Beaucoup des grands d'aujourd'hui, de mon ami Helmut Newton à Penn, Richard Avedon ou Peter Lindbergh m'ont photographié au cours de ma carrière de couturier. Je les enviais d'être derrière la caméra. Devant un objectif, je me sentais comme une victime, même si le résultat était toujours plus que satisfaisant". Aujourd'hui, il déteste qu'on le photographie. "Je fais tous mes portraits moi-même. Par nécessité et besoin plus que par narcissisme".

"On peut dessiner une collection tout seul mais pour la réaliser, il faut une équipe. Pour la photo c'est la même chose. Je dessine - comme on compose un tableau - les images que je veux prendre. Mais pour les réaliser, il faut, comme dans la mode, une équipe". "Un photographe comme moi est plutôt un faiseur d'images ou une sorte de metteur en scène. La technique est importante mais on doit l'oublier pour ne plus voir que les qualités graphiques d'une photo. L'un ne va évidemment pas sans l'autre"

Karl Lagerfeld déteste les photos d'amateur (à moins qu'il ne s'agisse de souvenirs, de vacances ou de famille). Le moindre détail doit être impeccable. Il dit qu'il serait perdu sans son équipe. Sans ce groupe d'amis et de collaborateurs, il ne pense pas qu'il ferait actuellement encore des photos. "On a presque tous commencé ensemble en janvier 1987". La technique solide et la grande expérience de Frédérique Delteil - aidée le plus souvent par son compatriote Bernward Sollich - lui ont permis dès le départ de faire des images techniquement acceptables. "En mode, on a besoin de plus d'un oeil pour le stylisme de chaque photo. Mes collaborateurs des studios Karl Lagerfeld et Chanel, Eric Wright, Armelle Saint-Mieux, Sophie de Langlade et Virginie Viard m'ont beaucoup aidé pour cette partie très délicate du travail.

"Leur simple présence est un encouragement. Comment aurais-je fait sans les deux "chefs" de la beauté Chanel - Dominique Moncourtois et Heidi Morawetz ? Heidi, Dominique ont fait presque toutes les têtes de toutes mes photos (de mode et portraits). Cette collaboration proche et amicale ainsi que l'organisation ferme et souple à la fois d'Eric Pfrunder a fait de ce travail assez dur presque une distraction et un passe-temps professionnel. Odile Gilbert et Stéphane Marais travaillent souvent avec Karl Lagerfeld. La première pour les coiffures et le deuxième pour le maquillage.

Quand Karl Lagerfeld réalise les grandes campagnes publicitaires pour Chanel (Prêt-à-porter ou Haute-Couture) ou pour Fendi, son équipe se retrouve souvent composée de 15 à 20 personnes. Les horaires sont inhumains et les séances ne commencent jamais avant minuit (chacun ayant mille choses à faire dans la journée). Souvent on les retrouve encore à 10 h du matin au studio ou dans la rue. "J'ai un studio à moi mais j'aime travailler en plein-air (particulièrement à Monte-Carlo dans sa maison dont il aime le nommer son studio de plein air. De nombreuses publicités Chanel ont été photographiées à Monaco). A Paris, je préfère travailler au Studio Rive Droite ou je me sens comme chez moi.

Quand on voit le résultat de ses efforts dans les journaux, Karl Lagerfeld avoue souvent être déçu par la qualité de leur impression ou de leur papier (aussi bien en publicité qu'en rédactionnel). "Car nous sommes terriblement gâtés par la qualité du travail des laboratoires avec lesquels nous travaillons depuis toujours : Vif-Argent pour le noir et blanc et Chromos/Dia Service pour la couleur".

Le papier des tirages est pour Karl Lagerfeld presque aussi important que la photo elle-même. "Le papier est la matière que je préfère au monde. C'est pour moi aussi le point de départ de toute créativité. Dans le cas de la photo, c'est le couronnement du résultat final".

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Ses publicités

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