Terry Richardson

Terry Richardson, photographe de mode, shoote le corps des jolies femmes au réveil et sans aucun maquillage. En plus, il est myope... Mais ses images font quand même fantasmer la terre entière. Le Magazine anglais, The Face d'Avril 2000, montre en double page une pub Yves Saint-Laurent. Le mannequin en bikini porte un chapeau. Problème : elle est poilue. Aisselles, maillot, moustache, rien n'est dissimulé. A l'heure où les poils dérangent (surtout ceux qu'on ne voit pas), l'auteur de l'image, Terry Richardson, ne passe jamais par la case retouches. Même pour les plus beaux... Pour ce photographe anti-photoshop, la réalité n'est jamais lisse. " J'aime les imperfections. Tout le monde en a, même les plus beaux. Nous sommes tellement nombreux sur terre : chaque peau, chaque poitrine, chaque sexe a une forme et une taille différente. " Une démarche qui change de Mondino ou La Chapelle, les incontournables de la mode depuis dix ans. Leur crédo : mettre en scène les nouvelles icônes de la société du spectacle, que sont devenus les top-models. Des lumières léchées, des corps lisses, épilation impeccable, mensurations hors norme : le moindre défaut, la moindre tache est gommé par ordinateur pour atteindre la " perfection " surréaliste. Un trompe l'oeil qui n'a jamais attiré Richardson.

Terry

Richardson

Ses décors de prédilection ? Une cuisine, la rue, le quotidien... Sa scénographie ? Des lumières sales et crues. Une absence totale d'artifices qui lui permet pourtant d'érotiser la nudité brute, sans fards. Celle qui, de prime abord, semblerait presque repoussante. A coups de bistouri "Vacances naturistes en Floride ", son dernir livre, surfe sur les clichés de l'Amérique white-trash. Une culture qui prône l'hédonisme individuel et la libération des corps, à coups de bistouris et d'hôtels luxueux. Dans une récente expo à Londres, (" Feared by men, desired by women ", Shine Gallery), les nus frôlèrent l'étude anatomique. L'occasion de rendre un hommage au porno des années 70. Jenna Jameson, l'une des plus grandes stars de X, a même vu sa carrière boostée suite à une séance avec Richardson. Lieu du shooting : une cuisine verdâtre dégueulasse, façon Ukraine. Voir article paru dans le magazine Max du mois d'Août 2001 sur la tendance du porno chic de Terry Richardson, investigateur de cette tendance.

S'il avait déjà posé pour les campagnes Sisley - qu'il met régulièrement en scène - Richardson n'a pas hésité à se compromettre avec un mouton sur tous les murs de Londres, pour la marque de slips Y-front. "La photo est tout simplement ridicule... Je l'ai surtout fait pour m'amuser. Mais aujourd'hui, les gens manquent cruellement d'humour. La plupart des pubs tournent pourtant autour du sexe. "

Né à New York dans les années 60, il séjourne très jeune à Woodstock, Paris et Hollywood. Troubles psychiatriques Une enfance très mouvementée, entre une mère styliste et un père photographe de mode. "Quand ses parents se séparent, son père de 43 ans convole avec Angelica Huston ( qui en a 17 !) et sa mère sort avec Jimi Hendrix. Le petit Terry, souffre de troubles psychiatriques prononcés : il entend fréquemment " des voix ". Richardson bascule alors dans la défonce et le sexe. S'il passe une grande partie de son adolescence sur la Côte Ouest - dans le milieu punk de Los Angeles, il rejoint la scène underground de l'East Village - à New York, dès le début des années 90. "(...)
Son premier appareil photo ? Un polaroïd acheté par sa mère qu'il trimballe tout le temps. " J'ai arrêté la photo un bon bout de temps. Et puis j'ai vu l'exposition " Teenage Lust " de Larry Clark. La puberté débauchée. Je n'avais encore jamais rien vu de semblable. Ce fut une révélation ". Un moment d'inspiration qui l'aidera à se détacher d'un père omniscient et tyrannique. Aujourd'hui, les images de Richardson sont exposées à Alleged, l'une des galeries les plus alternatives de New York.
Vogue, Harper's Bazaar, I-D, The Face... La plus grands magazines s'arrachent aujourd'hui ce photographe totalement dépréssif et schizophrène. Anxieux, le provocateur - un 1,85m au garrot, une ancre tatouée sur le bras droit - affirme désormais partout qu'il a hérité de tous les complexes de Napoléon ! " Tous les gens sont des personnalités en puissance. Warhol avait sa perruque, Meisel ses chapeaux... Moi, j'ai mes moustaches et mes lunettes ! " Ce fan de punk-rock des années 80 est complètement myope. Mais sa cécité est devenue un outil de travail des plus sophistiqués. " Le mieux, c'est dans le noir... Quand on ne sait plus vraiment ce que l'on shoote. Beaucoup de mes clichés sont des accidents. Ma mère me disait toujours : " Tout ce que tu as à faire, c'est shooter d'abord, poser les questions ensuite ! " Sa devise. Terry a de qui tenir.

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