Défilés Printemps/Eté 2020
Par Yann Gabin pour PlaneteMode.com

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Alexander McQueen Printemps/Eté 2020 par Sarah Burton
Sarah Burton excelle, une fois de plus, dans sa vision spécifique et personnelle de réinterprétation de l'univers de feu Alexander McQueen. Elle poursuit, sans faille et sans relâche, son œuvre de redéfinition stylistique pour maintenir et faire évoluer l'esprit McQueen. Quelle incroyable créatrice ! Talentueuse, elle possède tous les atouts nécessaires pour créer sa maison éponyme. Que Neni. Elle préfère user et abuser de son énergie afin de poursuivre l'œuvre de ce génie perdu. Alexander McQueen n'aurait pas pu trouver plus loyale collaboratrice que Miss Burton. Pour ce Printemps/Eté 2020, Sarah Burton a ébauché des silhouettes qui se parent presque totalement de Noir&Blanc, fusionnant de-ci delà, quelques dentelles fines et cuirs ultra souples, tout en enchevêtrant légèreté et rigueur. Un univers que l'on pourrait qualifier, sans aucun doute, de Gothico-romantique. Un peu trop réducteur à mon goût. Car le sens esthétique aiguisé de Sarah Burton va bien au delà des quelques clichés bien ancrés. Toutefois, on le perçoit quand même, au travers des longues robes, aux réminiscences victoriennes, aux manches "ballon", aux tailles menues et cintrées, le tout très architecturé. Des lignes stylistiques, coupées aux millimètres, subliment ce corps féminin à la perfection, tout en laissant une certaine liberté de mouvement à celle qui s'y glissera. Le tailleur/pantalon, en cuir Anthracite, apparaît d'une beauté ahurissante. Les vestes se sectionnent par des ouvertures latérales laissant apparaitre des tailles "menue-menue" comme sur Chai Maximus. Des découpes réalisées au scalpel. On s'amuse de la juxtaposition de deux tonalités textiles afin d'enfanter des distorsions graphiques et visuels. Un classique McQueen. Elle use de jeux de lacets que l'on peut retrouver sur les looks de Miriam Sanchez ou Vivien Solari. Des constructions techniques maitrisées à la perfection. Oublions, aussi, l'image de la maîtresse femme engoncée dans des carcans oppressants et suffocants. S'habiller en McQueen, de nos jours, demeure une manière de s'affirmer, de se rendre plus puissante (Powerfull), à la fois envers les femmes et les hommes. Mais, aussi envers soi-même. Sarah Burton glisse quelques touches de gaieté au sein de cette présentation qui prône des tonalités obscures et mystérieuses. Particulièrement au travers de quelques robes, sans manches, rebrodées d'immenses fleurs polychromes que portent Hyun Ji Shin, Mika Schneider et Jean Campbell. La même version est proposée, cette fois, de couleur Carbone, rebrodée de fils d'argent. C'est selon l'envie du moment. Quelques éruptions "colorielles" d'une somptueuse beauté traversent fugacement cette collection au travers de deux robes, Outremer ou Rose Thé. Leurs plissés minutieux laissent ébaucher des milliers de plumes à la manière d'oiseaux de Paradis. Une merveille de précision que l'on peut admirer sur Kaia Gerber. Sarah Burton a opté pour la longueur cette saison pour l'ensemble de ses robes, jupes et pantalons. La mini "is Over". Pas de jambes. That's enought. Des vêtements qui se veulent comme des protections corporelles. Une carapace qui finalement parait bien commode par ces temps de pandémie mondiale.
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A. McQueen

Printemps/Eté

2020

 
Chanel Printemps/Eté 2020 par Virginie Viard
Les toits en zinc de Paris, ses cheminées, gouttières, velux et chiens assis, demeurent à perte de vue sous les verrières du Grand Palais. Probablement une vue des toits des ateliers du 29 et 31 rue Cambon. Pourquoi pas ? Un décor un peu tristounet à mon goût ; nous éloignant de la contemplation et la rêverie si cher à l'imaginaire du Kaiser Karl Lagerfeld. Après les reconstitutions du rivage de la Mer de Sylt, d'un petit village suisse enneigé, d'une forêt automnale, d'un paquebot de croisière ou des chutes d'eau tropicales, on recouvre promptement une réalité que l'on a qu'une envie : "fuir". On ne veut pas de grisaille. Toutefois, et heureusement, les silhouettes en tweed colorées apparaissent rapidement et égayent ces couvertures aux couleurs orageuses. Des tweeds complétement classiques dont les couleurs carmin, anthracite, outremer et immaculé me font méditer aux couleurs de notre chère nation française. Idée cocasse que d'affabuler quelques looks de collants opaques charbonneux. Surtout pour l'été caniculaire. Peut-être est-ce une réminiscence des exhalaisons de suie des cheminées parisiennes. Des imprimés en mousseline sombre reprennent les contours de toitures parisiennes, mais tout en discrétion. Quelques profils de bâtiments Parisiens sur une robe et trench. Des combi-shorts en tweed donnent un coup de fouet aux frêles silhouettes de Sophie Dahl ou d'Abby Champion. Les codes Chanel se retrouvent avec parcimonie autour d'un T-shirt manche longue s'estampillant de logo au double C, de quelques escarpins à bouts noirs ou de colliers en pâte de verre. Des shorts en cuir s'agrémentent d'une simple veste en Tweed. Quand ils ne deviennent pas presque seconde peau pour les tenues du soir comme sur Grace Elizabeth, Luna Bilj ou Gigi Hadid. Tels les shorts lycra de Zizi Jeanmaire. Beaucoup de noir et blanc pour les derniers passages. Une collection qui s'exprime autour d'un minimalisme assuré, tout en conservant les fondamentaux identitaires maison. Une rigueur assumée qui se définit par une éradication certaine de fantaisie. Parfois, cela fait du bien de revenir aux bases strictes. Une collection parfaitement adaptée à plusieurs saisons, et non seulement au Printemps/Eté 2020.
 

Chanel

Printemps/Eté

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Dior Printemps/Eté 2020 par Maria Grazia Chiuri
Un jardin ? Un parc ? Une forêt ? Des arbres, beaucoup d'arbres, des lignées d'arbres. Une allée, deux allées, de nombreuses allées. Une odeur végétale flotte sur le podium de la présentation prêt-à-porter Dior pour le Printemps/Eté 2020. Cette armée d'arbustes rempotés, posée à même la terre, insuffle ce sentiment d'un retour imminent aux sources, à l'essentiel, à notre mère nature tant aimée. Un univers si souvent mal traité mais tellement inspirant et stimulant. Même si ce n'est qu'un décor joliment réalisé, le message de Maria Grazia Chiuri demeure limpide : le Printemps/Eté 2020 se fera au vert, en vert, envers et contre tous. Cependant, pas forcement à Anvers. Si Maria Grazia avait su que cette proposition idyllique allait être, dans les mois à venir, un des désirs tant attendus de nos concitoyens, elle ne l'aurait surement pas cru. Après ce confinement de plus de deux mois, ce fameux petit coin de nature demeure, aujourd'hui, plus que convoité. On affectionne ce petit coin de jardin ou l'on pourrait s'abriter sous un platane sereinement, s'allonger sur un parterre bien vert et douillet, cueillir des fleurs à foison pour orner une table rustique ou tout simplement récolter des fruits frais, gorgés de soleil. Quand la puissance de l'imagination se met au service d'une réalité tant espérée. Maria Grazia opte, cette saison, pour une ballade Nature afin de mettre en valeur un large panel de tissus estivaux. On fait appel au lin, au coton, au jute ou à la paille. Aussi, le subtil fil conducteur de cette collection s'incarne au travers de toute une série de chapeaux et canotiers en paille qui se décline dans des tonalités naturels ou sombres. Ils peuvent être rustiques, façonnés avec un tressage résille ou avec le fameux motif iconique de la maison Dior : le cannage de l'assise Napoléon III. Référence absolue chez Dior. Avec les tresses latérales, s'il vous plait, évoquant l'image d'une belle des champs. Ruth Bell, muse maison, ouvre le show une fois encore. Elle joue excellemment ce rôle de charmant jardinier. Avec une chemise en cotonnade d'un bleu Majorelle, elle la combine avec un combi/short, sans manches, réalisé dans un tissu s'apparentant à celui usité pour la confection de sacs de jute. Celui-ci peut se parer de rayures bayadères bleu nuit ou d'immenses chardons unicolores. On opte soit pour la géométrie radicale ou l'herbier champêtre. A voir selon l'humeur. Quand préciosité fusionne à merveille avec rusticité. Les imprimés Tie & Dye apparaissent facétieusement sur une jupe plissée interminable, une combinaison d'aviateur ou un costume deux pièces déstructurés. Le panel de couleurs peut être celui du ciel et de ses nuages ou simplement d'un sous-bois verdoyant. On ne reste pas insensible à la chemise en denim portée par Giselle Norman qui utilise un chamarré "coloriel" fantastique mêlant vert absinthe, bleu Lapis-lazuli, jaune safran et Mandarine. Un arc-en-ciel énergétique digne de rééquilibrer tous les chakras. Un travail de décoloration, à partir de la technique du Tie & Dye, recouvre des effets de tissus africains sur des pantalons à la "Baba Cool". Comme sur Sarah Grace Wallerstedt ou Maike Inga. Toutefois, toujours enfilé d'une veste Camel, très comme il faut. Une seule robe immaculée, mêlant patchworks de délicates dentelles fleuries et motifs géométriques récursifs, permet une respiration entre toutes ces tenues riches en détails et couleurs. Les broderies polychromes s'inspirent de chardons, pâquerettes, dahlias qui s'harnachent sur un ensemble de robes vaporeuses, stationnant dans un panel de couleurs "Nude". Une explosion de bouquets rustiques donnant l'envie de s'y piquer pour mieux s'y lover. Les robes du final concèdent la part belle aux fines broderies florales, tout en se focalisant, sur une fleur démesurée relative à nos prairies ou nos herbages provinciaux. On choisira avec tact celle qui nous définira le mieux pour une Garden Party bucolique. Un clin d'œil à Mr Christian Dior dont la passion notoire pour tous types de fleurs, de la sauvage à l'apprivoisé, n'était un secret pour personne. Mignonne, allons voir si la rose...
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Dior

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Isabel Marant Printemps/Eté 2020
Isabel Marant a souhaité mettre en exergue une collection joyeuse, frétillante, vibrante, pour le Printemps/Eté 2020. Une présentation aux rythmes de la Samba et aux sonorités des tambours endiablés. Il y a un air, avant l'heure, de carnaval brésilien et de cariocas sous le dôme bondé du jardin du Palais-Royal. Une bonne humeur ambiante s'installe illico. Isabel Marant sait engendrer l'envie grâce aux tonalités de couchers de soleil, de jardins tropicaux ou de rivages balnéaires. On constate des inspirations de nature luxuriante, au travers de total-looks orangé (Rianne Van Rompaey), sable (Gigi Hadid ou Birgit Kos) ou Bleu Charon (Grace Elizabeth). Les courbes de vaguelettes, remémorant celle du célèbre design du front de mer de Rio, barde, de-ci delà, le tee-shirt manches longues de Vittoria Ceretti. Mais attention, pas noir et blanc. Seulement violine et rose bonbon. On s'engouffre dans un bain de gaieté, de vacances et de repos bien mérité. Les petits hauts peuvent se bâtir autour de délicats macramés, au forme frêle de "Marguerites", dont les tonalités émeraude, mimosa ou céruléen détonnent sur la fille du moment, Rebecca Leigh Longendyke. Les jambes sont fuselées et bronzées, à souhait. Indispensable avec toutes ces micro shorts ou culottes de bain que l'on distingue sur Félice Nova, Mathilde Henning, Blesnya Minher, Vittoria Ceretti ou Fran Summers. Les jupes et robes s'efforcent de conserver cette tendance du court, très court, voire "rikiki". C'est extrêmement plaisant et désirable mais avertissement ou l'on décidera de les enfiler. Les imprimés floraux se balancent d'une tenue à l'autre avec panache. Quelques combinaisons "Aviateur" cheminent sur le podium, pièces qui demeurent comme l'un des hits Maison. Hiandra Martinez, qui a ouvert le show avec opiniâtreté, porte une jupe agrémentée de longs fils perlés et un tee-shirt anthracite, noué sur le nombril. Elle est prête à se défouler sur les pistes de danse d'Ipanema. Caliente. Les épaules peuvent se permettre d'être plus amples via une robe fleurie sur Irina Shayk, une veste fusionnant Denim et tissus ethniques sur Fran Summers ou bien légèrement bouffantes avec un chemisier en soie Anthracite sur Anna Ewers. La robe du Top japonais, Chiharu Okunugi, se brode d'un cacatoès camouflage, surligné d'un "Tropicana" ton sur ton, le tout se dissimulant dans un Liberty fleuri. Ingénieux. Les pantalons, légèrement amples, se nouent juste un peu au-dessus des chevilles, mettant en valeur des Stilettos aux longilignes lanières en cuir. Quelques besaces frangées à la main. Ou à l'épaule. C'est selon le mood. Chez Isabel Marant, pas de fioritures superflues. Les filles demeurent brutes de décoffrage mais inlassablement avec ce petit détail qui fait que l'on se retourne sur leur silhouette athlétique, saine et sensuelle. Isabel Marant possède ce talent indéniable pour rendre les filles attirantes avec ce style urbain maison, ou la définition du sexy prend toujours sa place, mais avec subtilité.
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Isabel Marant

Printemps/Eté

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Louis Vuitton Printemps/Eté 2020 par Nicolas Ghèsquière
Une mode bigarrée, chamarrée, ou la couleur éclate de tout son long. On mélange un chemiser au tartan franc, aux épaulettes bouffantes et éminentes, enfilé sur un gilet sans manches, aux paillettes multicolores recouvrant des chevrons à l'infini. Le pantalon Anthracite, au zip continu et argenté, s'adjoint des plis linéaires parfaits, laissant des jambes libres de tous mouvements. Le tout étayé par des mocassins compensés, surmontés du logo LV. Ce look résume en totalité l'esprit Louis Vuitton pour le Printemps/Eté 2020. On perçoit un ton d'indépendance, de liberté, d'envie de croquer la vie à pleines dents. D'allégresse. Du lâcher prise. On peut se rêver en total look Tailleur/Pantalon, au délicieux Vert pastel, ou, à contrario, en robe chemisier immaculée aux proportions "volumineuse-ment" arrondies, tels de légers Cumulonimbus. Seul dénominateur commun entre toutes ces allures hétérogènes : d'adorables orchidées multicolores, suspendues à la boutonnière, insufflant un air de printemps avant l'heure. Les vestes, partiellement architecturées, se resserrent à la taille par une simple ceinture. La jupe "pyramide" de Klara Kristine, en satin noir, se dessine autour de quatre volants distincts. Une autre, à la forme d'une tulipe inversée, se surmonte d'un chemisier en soie dont les imprimés me remémorent la collection Automne/Hiver 2011/2012 de Nicolas Ghèsquière pour Balenciaga. D'énormes fleurs, un tantinet effrayantes, tapissaient des jupes dissymétriques. Toutefois, ici, elles sont réconfortantes et naturalistes. Un clin d'œil aux soieries Hermès. Le petit détail, qui change tout, se situant au travers du large jabot plissé, neigeux, qui donne du Peps au chemisier de "Mémé". D'immenses arabesques florales, aux allures d'Iris et muses cinématographiques des années 20, impactent certaines silhouettes afin d'en briser la forme classique. Un manteau Seventies se pare d'une forêt de végétaux impénétrables. C'est Green, Green, Green. Les vestes resserrées s'allient de manches en cuir verni châtaigne. Ces dernières pouvant se glisser dans une jupe triangle aux imprimés fantaisistes. La ceinture enserrant la taille aux millimètres. Effets de style. Le look de Mica Argañaraz mêle la délicatesse extrême d'un corsage de dentelle rosé, rebrodé de délicieux lierres floraux, aux épaulettes bombées, qui s'achèvent par une rivière de vaguelettes sur un long corsaire Mimosa. Embelli d'une fine raie Carbone à l'entre-jambe, ce dernier se combine parfaitement avec des bottines rétro ajustées par le logo LV. Quelques looks capillaires, début 20ème, sur Clémentine Balcaen ou Oudey Egone que je trouve cocasse. Des simili casques immaculés, aux lignes de soucoupes spaciales, donnent des airs de Marie Pervenche avant-gardiste. Quelle allure que ce trench Camel stylisé par un long pantalon éthéré agrémenté de ce couvre-chef rétro-futuriste. Les accessoires demeurent séduisants : la besace "Oocyte" se construit autour d'une succession de strates céruléenne, vermillon, ciel et de toile basique LV. Un "Tote Bag" se damasquine d'un visuel d'autocollants de cassettes vidéo ou l'on peut déchiffrer "1854" (date de création de LV), "The back pack is back", "Trunfs and Bags", "Gaston & Louis", "Louis big adventure", qui demeure des clins d'œil aux films générationnels des Eighties et Nineties. Un "Vanity Case" et sac VHS débarquent sur le podium et nous replongent dans nos souvenirs d'enfance. Les chaussures, aux quatre talons colonnes fusionnées, s'habillent de tissus techniques colorées qui reprennent le design d'architectures futuristes. Une collection optimiste, pour une femme qui ne craint rien. Sa limite étant, peut-être, elle-même. Nicolas Ghèsquière ne nous propose pas un vestiaire conformiste mais des looks puissants et divergents pour exprimer sa fantaisie de mille et une manières.
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Martin Margiela Printemps/Eté 2020 par John Galliano
Ce sont des présentations inlassablement déjantées, dégingandées, aux looks extravagants, que John Galliano affectionne tout particulièrement mettre en scène lors de ses défilés pour la Maison Martin Margiela. Les aprioris doivent être balayés d'un coup de main. "Open Mind", à point c'est tout. Toutefois, attention, les sourires peuvent vite se produire aux commissures des lèvres. Pas un sourire moqueur et sournois, mais un sourire libérateur et bienfaiteur. John Galliano adore raconter des histoires, théâtraliser ses silhouettes, provoquer l'indignation, avec des touches de frivolité, de dévergondage, voire de dépravation maitrisée. Cette fois encore, pour le Printemps/Eté 2020, il ne déroge à la règle. Les silhouettes éclaboussent de créativité, d'inventivité et de looks rocambolesques. On sur joue les styles pour s'orienter vers un anticonformiste assumé. Les détails apparaissent comme primordiaux chez John Galliano, cet "endiablé" de la mode. C'est cela même qui définit l'atmosphère, la vibration intense, de sa mode singulière et, finalement, signature. Au premier abord on pourrait se laisser happer par le sillage d'une pseudo femme guindée, peut-être autrichienne des années 40 ; Mais, trop cliché. D'une infirmière besognant pour les gars de la marine ; Trop cliché, aussi. Anicroche. John Galliano transcende les catégories sociales, les mouvements historiques, les genres, les croyances, afin de définir une allure "évolutionnaire" qui tente, à chaque fois, de bousculer les codes normatifs. La norme c'est OUT. Les manteaux demeurent oblongs, évasés ; l'idée étant de s'incliner une fois de plus vers des carrures "Oversize". Plus clairement, un homme lambda pourra glisser sa carrure, d'athlète ou pas, dans le manteau de sa copine. Les femmes peuvent être extrêmement féminines. Mais, également masculines. Certains looks demeurent inspirés par des confréries comme la none, le militaire ou le marin. L'indication se lit au travers des petits chapeaux, couvre-chefs, bérets incorporés sur chaque look. Les cercles apparaissent comme un lien essentiel sur l'ensemble de la présentation : ils peuvent être imprimés, découpés, perforés. Quelques imprimés contemporains intègrent la taille d'un manteau ou d'un caban, toujours maintenus par une large ceinture. L'arrivée des silhouettes masculines, qui ponctuent une silhouette sur trois, interrogent sur la notion de genre octroyée aux vêtements. Il n'y a pas de genre de vêtements. Mais, des vêtements. Cette saison, chez Martin Margiela par John Galliano, l'homme peut porter des bottes en cuir stretch, aux talons effilés de 10 cm, avec un micro short immaculé. Pas d'embarras. Ces bottines occasionnent aux mannequins masculins une démarche et un maintien des plus originaux. Parfois clownesque comme avec Léon Dame. Jonas Gloer, grand blond, un peu glacial, s'accapare d'un long manteau en laine chocolat, perforés de centaines de cercles réguliers laissant apparaitre sa frêle silhouette longiligne. Le pantalon en denim s'ouvre sur toute la longueur de jambe. Bref, on s'éloigne de l'image caricaturale de l'homme musclé et viril pour laisser éclater sa part de féminité au grand jour. Maniéré serait, peut-être, le terme approprié. On trans-joue. John Galliano réaffirme, au travers de sa mode, que n'importe qui peut piocher dans ce/son vestiaire, quel que soit son genre, sa corpulence, son âge, sa couleur de peau. L'important étant que l'on reste Soi. N'est ce pas l'essentiel ?
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Martin Margiela

Printemps/Eté

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Miu Miu Printemps/Eté 2020 par Miuccia Prada
C'est d'abord une coiffure crantée, bouclée, bombée, courbée, pouvant être qualifiée à la "Cicci Impératrice", qui marque les esprits et yeux avertis des premiers passages de cette présentation Miu Miu Printemps/Eté 2020. On scrute ce look capillaire, impeccablement réalisé, qui insuffle un vent suranné aux vêtements d'aspects plutôt classiques. Un classique revisité comme aime narrer les magazines de mode. Mais loin d'un classicisme ordinaire. Celui-ci s'exprime favorablement dans l'apparence générale de la présentation. Toutefois, le patronage s'éloigne des coupes habituelles pour prendre de la longueur ou rétrécir selon le gré ou l'envie de la future cliente. Avec des temps incertains, il y a une véritable inclination à réintégrer de nouveaux classiques dans la garde robe, parfois un peu trop axée sur le Street Wear et le confortable. Ne se rassure t-on pas lorsque l'on revient aux chers basiques. Miu Miu voyage vers des horizons stylistiques pouvant, sans aucun doute, remémorer le style rétro de la jeunesse de nos grands-parents. Nonobstant à la sauce d'aujourd'hui. Ne serait-ce que par des couleurs précises et des imprimés Arty. La robe devient beaucoup plus canaille lorsque son pull en cachemire gris Mastic disparait en dessous. Les larges bretelles ne cacheraient que le minimum syndical. Les bottines chair lacées jusqu'aux genoux distribuent un air de "Cocottes" fin 19eme siècle. De jolies couleurs mono-block s'éparpillent sur une série de tailleurs, manteaux, jupes, robes, tops sans manches. Du bleu marine, du carbone, du lacté. Une veste, deux boutons, se plissent au niveau de l'épaulée afin d'engager une amplitude exhalée. Ces mêmes épaules peuvent se repiquer de plissés fleurant l'apparence de bénitiers. Un long manteau, sans manche, déploie ce motif classique du "pied de poule". Les jupes "Slim" s'évasent au niveau des genoux par le biais d'un sobre volant ou, à contrario, par de nombreuses surpiqures de plissés-volantés ultra affirmés. De mini pulls, en cachemire, s'enfilent comme l'icône Isabelle Adjani l'avait fait dans un de ses films Cultes "L'été meurtrier". De longs manteaux vernis, de couleur chair ou émeraude, sans manches, se parent à leurs extrémités de fourrures type " moutons lainés ". Une collection qui se veut un brin traditionnel dans son design mais qu'il l'est beaucoup moins quand on examine avec attention la réalisation de certaines pièces. On accoutre vestes et manteaux d'un double boutonnage dont le deuxième rang dépareillée ne fera office que d'ornement joaillère. Un trench, en cuir lacté, s'imprime de petites fleurs des champs, rehaussé de jets latéraux de peinture. La facette Arty de Miu Miu s'en ressent, ici, fermement. Une robe filiforme Carbone (ou Nude), au col Claudine, s'empare de lès volantés, chaloupant la silhouette telle une silhouette de Kylie Jenner. Les accessoires demeurent inédits. Le collier peut être une imbrication de rangs perlés, entremêlé d'une délicate roue en bambou, le tout fixé à une corpulente chaine en fer forgé. Les lunettes de vue demeurent dans une vague fifties. Le panier en paille se retrouve emprisonné dans un tressage en cuir anthracite, aux entrelacs de fleurs. Bref, il y a une véritable expérimentation artistique stylistique qui peut se mêler à merveille avec la vie de tous les jours. La robe Acier de Kaia Gerber, ceinturée à la taille, s'enorgueillit de deux volants aériens anthracite, dégringolant des épaules à la taille. On valide l'entremêlement des délicats motifs floraux avec les coulures et ruissèlements de peintures "Arty". Cette alliance et fusion picturale inédite devient une redondance stylistique sur l'ensemble de la collection. S'il fallait n'en retenir qu'une, ce ne pourrait qu'être celle-là.
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Miu Miu

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Paco Rabanne Printemps/Eté 2019/2020 par Julien Dosenna
Des vêtements solaires, avec une touche japonisante et une allure, somme toute, un peu vintage, ce sont les premières impressions qu'exhalent le défilé Paco Rabanne Printemps/Eté 2020. Une mode qui se veut multiculturelle, pointue et créative à souhait. Le mannequin Sofia Steinberg ouvre le show avec une longiligne robe cintrée, dont l'imprimé aux pastilles multicolores, recouvre les effets lumineux du podium. Tel un prolongement entre l'atmosphère du défilé et la collection qui s'inscrit dans cette fraicheur élémentaire. Un cœur démesuré, carmin, recouvre l'ensemble du buste. On peut acquiescer par l'affirmative : Julien Dossena veut nous concéder et adresser de l'amour dès le premier look. Avec ses longues bottes écarlates, agrémentées de laconiques fleurs naïves, Sofia Steinberg joue le rôle d'une cowgirl citadine et volontaire. Le deuxième look se bâtit autour d'une longiligne robe en métal, aux imprimés fleuris, matière de prédilection du légendaire Paco Rabanne. Mais, avec une petite fantaisie de Julien Dossena : elle sera polarisée de tonalités Pastels. De nombreuses propositions stylistiques, plus joyeuses les une que les autres, s'immortalisent autour d'une gaieté assumée : Un pull cintré "couché de soleil" ; Un jean "Slim", rebrodée de délicates roses rouges sur les poches ; Quelques chemises aux imprimés "liberty" et soie légère se déboutonnent jusqu'au nombril, pouvant faire pâlir d'envie sa voisine. Quant au polo mandarine, il se porte sous une interminable robe, aux pampilles métalliques. Le pull bleu Klein se pare, lui, d'une myriade d'étoiles "Strassées". Le marcel métallique s'érige autour d'un jeu de pampilles, au forme de losanges, crayonnant le pourtour de fleurs pixélises. Une robe, en dentelles immaculées, se ré-incrustent de broderies composées de bouquets floraux, aux couleurs de pierres précieuses, comme sur la silhouette de Rebecca Leigh Longendyke. Un col roulé arc-en-ciel, enfilé sur un pantalon crème, peut apparaitre comme un clin d'œil à la culture Queer. Le boléro de Sora Choi, toujours en cuir, s'organise autour de motifs floraux dont les références à la culture Pop japonaise sont incontestables. Le perfecto se couple de rayures argentées et anthracite comme sur le Top italien Vittoria Ceretti. Une robe argentée, cotte de maille, s'orne d'éphémères cristaux de Swarovski, de couleur Saphir. Avec des bottes argentées, rehaussées de fleurs psychédéliques. Of course. On mélange les pièces, même si elles ne possèdent pas de liens entre elles. Le syndrome Miuccia Prada, peut-être. Quelques pièces masculines demeurent assez marquées car vraiment originales. Le total look, en Denim, s'enorgueillit d'écussons en forme de cœurs sur le col, d'étoiles argentées sur la boutonnière et de pigeons brodés sur les parements. Le costume totalement argenté, surmonté d'un pull couché de soleil, fera sensation pour une soirée Seventies. Quant à Mica Argañaraz, elle a tiré le look le plus "Kawai" de la soirée : manteau en cuir argenté, surmonté d'un énorme soleil citron, disséminé de nuages laiteux, le tout reposant sur un Océan Violine. Une pièce excentrique que je valide totalement. Heureusement que la veste queue de pie subséquente, portée par la jeune Fran Summers, radoucit d'un coup l'excès de looks exubérants. Les deux derniers looks, en pampilles de métal, composés d'un tee-shirt et d'une longue robe, mettent en avant le motif du " cœur vermeil", cher à Julien Dossena. On ressent véritablement un amour inconditionnel du vêtement dans cette présentation Printemps/Eté 2020. Une fantastique collection.
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Paco Rabanne

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Défilé Prada Printemps/Eté 2020
J'ai toujours cette même excitation à attendre le défilé Prada. Un moment d'exception que je ne raterai pour rien au monde. Cinq lettres me faisant toujours rêver, excitant toujours mon imagination. Il apparait comme l'un des seuls défilés à me faire trépigner d'impatience et pour lequel je pourrai faire un Aller/Retour Milan. Juste pour y être. Prada reste un pur plaisir inextinguible pour les yeux. Avec un set entièrement recouvert de dallage, en céramique multicolore, combiné de colonnes tapies de feuilles dorées, il est légitime de s'interroger sur la vision singulière de Miuccia Prada pour ce Printemps/Eté 2020. Ou a-t-elle pu aller chercher cette conception de ce décor assez improbable. Une piscine ? Une cuisine ? Un palais de mille et une nuits ? Peu importe. Un décor joyeux, solaire, aux vibrations positives. Alors, quand le show débute, on reste assez décontenancé entre ce décor joyeux et une mode classique. Le top danois Freja Beha, égérie actuelle de la maison, ouvre le show avec une simplicité déconcertante. Avec un long tee-shirt côtelé gris souris, aux manches oblongues, enfilé sur une jupe crayon aux genoux. Peut-être un peu vielle fille. De longs manteaux, aux coupes rectilignes, abordent des couleurs chocolat, bleu nuit ou violet profond. De dodus boutons nacrés tranchent sur ces tonalités sombres. Désuet. Stricte et commode. Il y a presque une réminiscence des premières collections Prada au travers ces premiers looks. Aussi, n'est-ce pas là ou on devrait attendre Miuccia Prada cette saison ? Eliminer simplement le superflu pour se focaliser vers une silhouette proche du quotidien. Effectivement, après une précédente collection, riche en imprimés psychédéliques et lignes militaires, n'a-t-elle pas souhaité schématiser des lignes stylistiques plus minimalismes pour un Eté 2020 plus aisé. Un dressing basique dans la forme, moins dans le fond. On perçoit véritablement qu'il y a eu une interrogation fondamentale sur ce qu'est un dressing traditionnel, moins identifiable. Nonobstant de qualité. Quelques pièces demeurent bien marquées comme tous les "Outfits" rebrodées de longilignes fougères. J'adore le manteau mandarine, rebrodé de petites perles de verres turquoise, aux formes de fougères. La pièce à posséder. L'utilisation du cuir demeure assez présente et reste proposé dans des tonalités audacieuses comme l'Or, le noir mat ou le tabac. De rares imprimés géométriques apparaissent sur un tailleur deux boutons que porte, à merveille, le Top australien Adut Akech. Des robes légères, fluides, retenues aux épaules par de délicats lacets, à la grecque, donnent une mouvance aérienne à celles qui les choisiront. Les robes de cocktails demeurent délicates, restant dans des tonalités feutrées comme le rose poudré ou le blanc neigeux. Les "bobs" déstructurés, en chevreaux très flexibles, insufflent un petit air suranné, voire années 20. Les colliers et boucles d'oreilles peuvent prendre la forme d'escargots nacrés, mais démesurés. Pourquoi pas. Pour celles qui sont fanas de chaussures, elles pourront s'en donner à cœur joie : Bottes cavalières vieillies, de couleur Tabac ; Derbys compensées vert émeraude d'inspiration 40 ; Babies argentés ; Chaussures plates, finement tressées, dorées ; Escarpins argentés aux découpes exquises de Fougères ; Sandalettes en cuir tricolores ; Ainsi, on perçoit une réappropriation d'un classicisme affirmé au travers cette collection. Moins de chichi. Des couleurs faciles et plutôt discrètes à approprier pour le quotidien. Des lignes minimalismes. Même si pour les aficionados de la marque, ces derniers pourront se sentir décontenancés par cette proposition de mode plus commerciale. Toutefois, n'est-ce pas le verbe idéal pour définir la mode Prada : décontenancer.
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Prada

Printemps/Eté

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Saint-Laurent Printemps/Eté 2020 par Anthony Vacarello
La tour Eiffel, monument emblématique de notre chère capitale, Paris, illumine de sa silhouette majestueuse chaque nuit parisienne. Mais, aussi, depuis quelques saisons déjà, l'esplanade du bassin du Trocadéro pour les podiums YSL. Un impact visuel incontestable et incontournable, qui ne peut que sublimer n'importe quelle mise en scène théâtrale, cinématographique ou un simple défilé. Particulièrement, ici, les silhouette Yves Saint-Laurent par Anthony Vacarello. Ce dernier l'a bien saisi et n'a pas choisi ce lieu au hasard. Il a su tirer profit de cette référence architecturale mondiale pour encrer les fondamentaux identitaires de la maison Saint-Laurent comme une marque profondément parisienne. Quoi de plus iconique que la Tour Eiffel pour signifier son appartenance à Paris ? A notre chère patrie Francaise. Paris demeure la capitale de la mode. Et, le restera encore longtemps. Saint-Laurent fait partie de ses "incontournables". Un monument iconoclaste qui fait rêver à hauteur des collections Saint-Laurent. Une fois encore, Anthony Vacarello, a su créer, avec brio, des silhouettes désirables pour le Printemps/Eté 2020. Les shorts sont micros-micros. Toutefois, portés avec des vestes aux carrures strictes et de longilignes bottes caramel, ils en atténuent le côté un peu trop affriolant. Parfois licencieux. Un bermuda en denim, aux ourlets effilés, "grungy" à souhait, s'accommode d'une veste droite, en velours Anthracite, gansée de galons en satin opaque et de boutons dorés. La veste smoking, manches courtes, s'enfile juste "comme ça". Avec semble-t-il avec un microshort en cuir. Toutefois, on ne le discerne pas. Démoniaque. Beaucoup de looks bleu marine insufflent cet esprit intemporel si cher à monsieur Yves Saint-Laurent. Les escarpins aux lanières de cuirs fines se ligotent du fameux logo YSL. Puis, arrivent les silhouettes aux tissus somptueux, à la fois de part leur complexité technique mais aussi de part leurs broderies intenses et alambiquées. Des arabesques, des lamés, des motifs floraux, de l'or, beaucoup d'Or, des velours intenses aux couleurs Saphir, Emeraude, Améthyste. Les promesses d'un Orient sublimé. Mais pas que. Yves Saint-Laurent aimait se confronter aux différentes cultures pour sublimer un vêtement. Il y a de la collection Opéra et Ballets Russes. On en retrouve, ici, les prémices avec ces couleurs chatoyantes et matières luxueuses. Mousselines, soies, velours lamés et jeux de transparence. Puis, Anthony Vacarello achève cette présentation par des tenues beaucoup moins pompeuses. Totalement anthracite, les robes bustiers se découpent par de savantes formes concaves ou convexes. On contourne un sein pour le sublimer. On le cache pour en magnifier et surligner un autre aspect. Les smokings font la part belle à cette dernière partie de présentation. Ils se parent de sequins, portés sur un pantalon, corsaire ou mini short. Il y en a tellement qu'il serait ardu de ne pas repérer son smoking cette saison. Quelle femme ne peut se projeter dans ces silhouettes attrayantes, séduisantes, enchanteresses. L'allure demeure classique dans la forme. Toutefois, le fond, et particulièrement au sein de l'agencement du stylisme, on perçoit cette recherche subtile pour allier configurations habituelles stylistiques avec allures irrévocablement proches des "Milléniales". On discerne une envie palpable de donner un enseignement "Mode" à ceux qui n'ont pas connu les belles années de Monsieur Saint-Laurent. Autrement dit, faire redécouvrir une époque disparue. Yves Saint-Laurent aimait explorer l'art et les diverses cultures afin d'idéaliser l'idée de son vêtement. Ce fut le cas avec la collection Opéra et Ballets Russes de 1976, ou Monsieur Saint-Laurent avait adoré mixer la Russie des Tsars avec celle du faste de l'Opéra. Anthony Vacarello a su, une fois encore, restituer totalement cet esprit Saint-Laurent, tout en le projetant entièrement dans ce fameux "air du temps". Un triomphe de plus.
 

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