Défilés Printemps/Eté 2023
Par
Yann Gabin pour PlaneteMode.com
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Alexander McQueen Printemps/Eté par Sarah Burton
Le regretté et feu Alexander McQueen a toujours chéri, avec ardeur, dévoiler ses créations démentes à Paris. Sa ville de cœur. La ville de tous ses fantasmes. Une capitale inspirante, rêvée, nombril du business de la mode. Sarah Burton s'est résolue à rapatrier la présentation Alexander McQueen Printemps/Eté 2023 au sein de la capitale britannique. Un choix discutable mais compréhensible. Toutefois, intelligible parce que son studio de création demeure basé à Londres. Divulguer à Londres reste probablement un clin d'œil et flashback aux années studieuses d'Alexander Lee McQueen. Ses années à la Saint-Martin School. Avec cette vue impressionnante sur la Tamise, on décèle l'énergie de la City. Le ciel céruléen, étincelant, paraît énigmatique. Un moyen de réaffirmer l'identité intrinsèque maison, ce fameux ADN qui demeure totalement ancré dans cette Grande-Bretagne imaginative. Il n'y a pas de rivalité entre les deux villes, mais seulement un lien indéfectible et réciproque. Un mémento en somme. Une sphère majestueuse, cristalline, en forme de bulle de savon, détone. Une rampe immaculée, interminable, contourne ce le lieu éphémère. Les bâtiments historiques dénotent, diffusant force et magnétisme au lieu. Monumental. Magistral. La première silhouette affleure à peine le plancher du podium qu'elle vous épie, vous observe, vous scrute avec son immense iris bleu glacial. A l'allure de graffiti. Elle affronte l'audience et argüe : "Regarde-moi, je vais t'en faire voir de toutes les couleurs". Cette robe asymétrique ébène en jette. Déconstruite, elle s'appuie sur un Marcel seconde peau et découvre la jambe dès la naissance de la hanche. Sur le mannequin Colin Jones, en version immaculé, la prunelle s'incarne d'un rouge presque diabolique. Voire maléfique. Le visage blême de Miss Jones tranche avec cette "Outfit" à l'inspiration mi-ange/mi-démon. Imprimé sur un costume deux-pièces, l'allure est enchanteresse. Mon look préféré. Chaque tenue apparait ultra structurée, charpentée et équilibrée. Les épaules demeurent d'une beauté sans faille. Elles restent rectilignes, ne tombant jamais. Les mesures idéales. Beaucoup de smokings sont exécutés et interprétés de divergente manière. Il peut s'incarner en boléro avec un bâti en V, composé d'un pantalon taille basse, restructurant le contour de hanche. Strict mais charnel. Un suivant s'édifie autour de l'idée d'une combi d'aviateur. Comme sur Victoria Fawole. Un autre se découpe de triangles isocèles au niveau des reins laissant apparaitre un déhanché sensuel. Il peut aussi s'exécuter en manteau longiligne, à la Matrix, sur Célina Ralph. Un dernier se bâtit autour d'une robe au bustier asymétrique. Toujours de tonalité anthracite. Un body, ultra moulant, de tonalité carmin, galbe l'anatomie comme jamais. Mieux vaut être athlétique pour enfiler cette charmante combinaison qui donne une allure de super héroïne. Un autre body, totalement sombre cette fois, s'offre la douce folie d'emmanchures mandarine dont l'inspiration pourrait être celle de rouleaux de lavages automatique. Une intonation qui cédera une énergie solaire. Une ultime couleur, puissante, investit le podium : le bleu céruléen. Sur un simple costume deux pièces ou une robe bustier en cuir, on reste fasciné par cette tonalité glaciale. La même que l'iris du look d'ouverture. La silhouette architecturée parait comme le point central de cette présentation. La ligne corporelle est toujours respectée et magnifiée par des jeux de coutures hyper sophistiqués et toujours invisibles. La taille se marque par un corset en cuir à l'allure de selle à cheval comme sur Amanda Murphy. Ce dernier peut se teinter d'une intonation corail. A se damner. Une jupe asymétrique, en cuir carotte, s'incruste aussi d'un corset ton sur ton. Une robe en tulle lactescent s'affaisse en cascade pour laisser flotter quelques volants au vent. Le cuir d'une extrême souplesse demeure un incontournable pour ce Printemps/Eté 2023. Il investit perfecto, Marcel, combinaison "catwoman", robe filiforme ou jupe/perfecto. Intemporel. Un imprimé ultra-coloré, à l'inspiration japonaise par ces iconographies de poissons-chat, rouge-gorge, geishas ou fleurs de pissenlit, assiège une combinaison type Léotard, une robe de soirée démente ainsi qu'un bustier/maillot une pièce. Le top britannique Naomi Campbell fera son petit effet avec une combinaison seconde peau, rebrodée entièrement de milliers de perles de verre aux accents mordorés, Camel et anthracite. Une pièce extrême. Totalement couture. Avec Sarah Burton aux commandes, on peut être assuré, chaque fois, d'une véritable proposition de prêt-à-porter de luxe. La maison Alexander McQueen travaille les proportions, les découpes, les broderies, comme si chaque look incorporait le domaine de la couture. Le corps demeure toujours la base de Sarah Burton. Elle le magnifie avec doigté par des découpes complexes, toujours aux scalpels et, aux millimètres. On ne peut être désappointé par son génie, son minimalisme maitrisé, ses imprimés créatifs inédits et surtout d'une minutie inaccoutumée. Un pur artisanat à l'anglaise.
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AlexanderMcQueen

Printemps/Eté

2023

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Bottega Veneta Printemps/Eté 2023 par Mathieu Blazy
Bottega Veneta reste par définition la maison italienne qui excelle dans la création du prêt-à-porter de luxe. Stricto-sensu, toutes les pièces proposées par Mathieu Blazy semblent d'une portabilité sans faille. Faciles. Stylées. Elégantes. Gracieuses. Avec un choix de couleurs adéquats et inédites. Avec pour leitmotiv : démesure et clinquant y demeurent bannis. Il n'y a pas d'effet bluff sur le podium. On focus seulement sur le vêtement. Le casting éclectique ne mélange aucunes stars des podiums actuels. Sauf l'apparition de Kate Moss, l'icône ultime. Le podium laqué arc-en-ciel, réalisé par le plasticien italien Gaetano Pesce, semble une allégorie ludique du chemin de l'enfance. Des tonalités espiègles pour trancher avec une collection qui se veut complètement néo-classique pour cet été 2023. Le prêt-à-porter Printemps/Eté 2023 amalgame, une fois de plus, des looks féminins et masculins. Ils se télescopent et matchent à merveille. Les pièces en cuir sont fantastiques. Le pantalon masculin vert empire s'accompagne d'un simple tee-shirt blanc et un blazer. That's the look. Un deux pièces vanille demeure semblable à une matière textile alors qu'elle est confectionnée dans un cuir d'une souplesse incroyable. Une robe chocolat s'amuse de découpes dissymétriques. Un trench enfilé sur une jupe, toujours en cuir, s'estampillent d'un effet matière crocodile. On perçoit une véritable technicité maison pour transformer les cuirs telle une suave caresse. Un pardessus, une veste croisée double boutonnage et un bermuda demeurent confectionné à partir d'un apparent tissu gris chiné, alors que c'est un cuir ciré opaque. L'effet d'optique reste totalement bluffant. Des découpes réalisées au laser laissent naitre des fleurs en trois dimensions sur une robe bustier couleur cochenille ou sur une jupe crayon Aigue-Marine. Le cuir investit de nombreux accessoires. De manière visible. Parfois imperceptible. Sacs et chaussures recouvrent le traditionnel tissage en cuir maison. Ils peuvent s'épaulent en duo. Comme le maxi cabas alcalescent escorté d'un petit sac à main. On s'amuse de conjuguer souplesse et rigidité. Une sacoche à l'allure "palourde" fera la joie d'une "modeuse" pointue. Un autre en forme de ballonnet fera le bonheur d'un fou du ballon rond. Les besaces masculines prennent des conformations de cruches géantes. Presque de balluchons. Elles harponnent toutes tailles. Les couleurs s'ancrent de vert-de-gris, grège ou neige. Un manteau, en cuir grenat, se tisse de milliers de filins en cuir laiteux et bordeaux. Donnant un effet de plumes des plus réels. La doublure intérieure incorpore le tissage en cuir maison. Une veste architecturée, gris chiné, au col légèrement cheminée, enserre la taille comme l'exécuterait le fameux tailleur bar de Christian Dior. C'est en cela que l'allure Bottega Veneta pourrait aussi se définir par "le charme secret de la néo bourgeoise éclairée". Les tee-shirts et marcels incolores demeurent des basiques intemporels que l'on marie avec pantalons ou robes aux fortes intonations picturales. Quelques marcels se tissent de motifs aux doux accents d'algues des fonds marins. Presque de posidonies. La fluidité textile apparait comme un argument pour cet été 2023. Une robe anthracite, épaules nues, col en V jusqu'au nombril, se couple d'une soie opaque noire, dont les effets de matières renvoient aux effets de lumières recherchés par le défunt Pierre Soulage. Des robes asymétriques aux imprimés alambiqués font leur apparition sur le podium serpentin. Elles se composent de figures organiques contemporaines, aux apparences de palmes, vagues, éclisses, en fonction de son impétueuse imagination. Ces " prints " inédits rehaussés en leurs périphéries de macramés, anoblies de franges en perles de verre. Comme un effet raphia. Le citron, le vert sinople, l'abricot humectent ces robes engendrant un effet pictural endiablé. Un travail d'impression textile qui se rapproche vigoureusement de la couture française. Un complet masculin ose les rayures zébrées amplifiées. Une bouffée d'air que l'on pourrait subodorer provenir de certaines cultures africaines. Mon coup de cœur se résume dans ce look graphique, masculin, de couleur turquoise, rayé de-ci-delà de zébrures sang, englobant, d'un seul tenant, pantalon ample et col roulé cheminé. L'imprimé est simplement génial. Cette saison, Bottega Veneta s'est aventuré vers des lignes sobres, strictes, mais pas seulement. On œuvre, aussi, vers des volumes plus décontractés, respectant inlassablement le corps et sa bonne marche. Il y a une aisance certaine à cheminer avec de nombreuses pièces dessinées par Mathieu Blazy. Une partie de la collection dégage une maturité sans vergogne qui véhiculera une remarquable aura à ceux et celles qui auront la chance de pouvoir s'y glisser. Les constructions stylistiques des derniers passages ainsi que leurs tonalités chaudes attestent d'une envie prononcée pour une certaine visibilité. Le discours de cet été progresse vers un vêtement au luxe discret et désacralisé mais avec une pointe d'aliénation maitrisée.
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Bottega Veneta

Printemps/Eté

2023

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Chanel Printemps/Eté 2023 par Virginie Viard
Pour illustrer la collection de cette saison Printemps/Eté 2023, Virginie Viard s'est attaqué à la thématique du cinéma. Vaste sujet. Le set design demeure sombre, obscur, profondément ténébreux mais chic, classique, élégant. Le noir et blanc, duo "colorielle" incontournable de Mademoiselle Chanel, aspirent cet espace avec voracité. Une atmosphère presque nocturne. Les invités sont installés sur un interminable gradin central, entouré d'un podium à l'allure de piste athlétique. Un marathon incontestable se profile pour les mannequins qui fouleront cet interminable podium. En attendant le début de la présentation, des projections filmiques de statues baroques, de jardins à la françaises et d'appartements cossus défilent sous les yeux. Avant le début du show, un court métrage avec l'actrice Kirsten Stewart est projeté. Atmosphère et clin d'œil à cette fidèle ambassadrice maison. Rianne Van Rompaey, une des muses maison, ouvre le show avec un sweater noir et blanc, composé d'un collage d'effigies de Gabrielle Chanel mêlées à ses autoportraits. Un joli hommage pour ce mannequin star de la part de Virginie Viard. Ce pêle-mêle amalgame aussi diverses inspirations pour cette collection Chanel. Une longue cape en mousseline, extra fine, se noue autour du cou, maintenue par un camélia anthracite. Des images tirées du film "L'année dernière à Marienbad" avec l'actrice Delphine Seyrig, virevoltent sur cet écran à 360°. Une ambiance énigmatique. Spectrale. Hypnotique. Un film qui n'a pas été choisi au hasard. La raison en est simple. Gabrielle Chanel avait eu l'honneur et la joie de créer les costumes pour Delphine Seyrig pour ce rôle. Alors, venir trifouiller le passé cinématographique Maison, pour réinterpréter des looks Chanel oubliés, quelle idée séduisante. Excitante même. La veste de tailleur, en tweed nervuré nuit, portée avec prestance par Loli Bahia se conforme, en background, par une infime queue de pie. La tonalité virginale prend de suite le pas de cette présentation. Eclatante sur une veste, elle insuffle à l'allure ce climat juvénile. Peut-être, les babies de Rolf Schrader, rehaussées de longues chaussettes incolores, oriente ma pensée vers cette imagerie de collégienne japonaise. Un simple caleçon, en cotonnade, se complète d'une veste en tweed crème et d'une chemise Lavallière. Sensuelle attitude sur Mila Van Eeten. Les plumes d'autruches alcalescentes s'emberlificotent sur le col en tweed crème, dispensant une touche éthérée à Evie Saunders. Beaucoup de tenues usuelles mais glorifiées par des détails que seul Chanel peut allouer. Les colliers de perles, les broches en strass diamant, les lignes perlées à l'oreille se confrontent, se voisinent, même si elles demeurent dans une configuration discrète. Le nœud, code identitaire maison, s'épingle sur le haut d'un long gant, les brides d'un escarpin ou simplement dans les cheveux. Le manteau d'Adut Akech se parsème de fugaces pois et se ceinture à la taille par un double camélia cristallin. Jill Kortleve se dandine dans ce "crop top" tamponné du double C entrelacé, de pois et de camélia. Mettant en valeur une poitrine bien replète. Idem pour sa mini-moulante. Malgré cela, le blanc et le noir résonnent à merveille tel un écho. La veste de smoking s'incarnera comme la pièce rêvée pour se rendre dans un festival cinématographique. Ou simplement dans un diner mondain. Un autre, brodée de sequins crème, se tamponne, très discrètement, du fameux logo entrelacé. Sur la gracieuse Mahany. Quelques pièces aux tonalités colorées trottinent les unes après les autres comme un tweed moucheté arc-en-ciel, un pied-de-poule bubble-gum, un pull en cachemire parme, un sac 2.55 ventre de biche, un marcel jade ou une robe manteau fuchsia. Un imprimé "coups de pinceaux", au tie&dye dragée, pèche et saumon, s'accole à une veste dont la coupe reste rectiligne. Des rayures bayadères investissent une longiligne robe plissée. Pour son premier défilé Chanel, en seize années de carrière, Irina Shayk porte une robe en mousseline dont les manches volantées lui prodigue un air danseuse de flamenco. Aie aie aie. Les sequins demeurent toujours un hit inéluctable et blindent vestes, robes, pantalons. Parfait pour une deuxième partie de soirée. Une robe lactescente, sans manches, se couvre entièrement d'un plissé bénitier. Avec le sac étoile de mer Gold, on est paré pour une ballade rayonnante en bord de mer. Deux, trois robes en lamé doré traversent le podium comme sur l'hypnotique Akon Changkou. Les transparences s'incarnent dans des dentelles légères. Elles se rebrodent de micro perles argentées ou de paillettes nacrées, libérant un effet irisé digne d'une nymphe. Les ultimes passages s'incarnent dans un noir pur. Classe, élégant, joyeux et festif. Avec la micro chaine dorée Chanel, entourant la taille, et égayant chaque silhouette encore plus. Dix minutes de pur Chanel ou les silhouettes demeurent plus désirables les unes que les autres. Une présentation qui se destine formellement pour des soirées, cocktails, diners en ville, avant première, vernissages et même d'amusement à coco. En cela, il y aura tout ce qu'il faudra dans le vestiaire Chanel Printemps/Eté 2023 pour briller en société.
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Chanel

Printemps/Eté

2023

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Chanel Cruise Printemps/Eté 2024 par Virginie Viard
Los-Angeles, cité rêvée. Cité des anges. Mégalopole entièrement dédiée et dévouée à l'industrie du rêve pelliculé, le cinéma. Une ville fantasmée par de nombreux voyageurs mais dont on ne peut omettre ses travers ravageurs. Toutefois, je ne suis pas ici pour les énumérer. Qui n'a pas en tête ces longilignes palmiers bordant des avenues verdoyantes ; Qui n'a pas en tête ce soleil harassant venant léché les peaux halées de ses habitants ; Qui n'a pas en tête ces cyclistes et skateurs venant se balader sur Venice Beach ainsi que ces corps bodybuildés, galbés à souhait, s'exhibant sur les plages infinies du pacifique ; Qui n'a pas en tête ces cabanes sur pilotis des célèbres sauveteurs en mer ou ces voitures de sport dévalant Sunset Boulevard. Des clichés bien réels alimentant souvent une illusion fantasmée. Est-ce peut-être pour une de ces raisons que Virginie Viard a convoité transposé l'esthétisme de Los-Angeles au travers cette présentation Cruise 2023/2024. Sur un immense "playground" de Basket-Ball, aux couleurs de la maison Chanel, le double C trône au centre, agrémenté de la mention Chanel latéralement. Je confirme qu'il faut bien être à LA ce soir. D'ailleurs, un des airs musicaux diffusé sur la bande-son s'évertuera à déclamer "Everybody wants to be in Hollywood". Une immense toile projette des images en noir et blanc d'Alma Jodorowsky qui, d'une volonté de fer, agite ses haltères avec une dévotion folle. Avec ce regard volontaire. Puis, des liasses de palmiers cheminent sur cette toile blanche de cinéma OutDoor. Une excellente entrée en matière pour laisser apparaitre la silhouette athlétique d'Anna Ewers. Un look totalement fitness. Totalement Chanelissime. Le micro short seventies, aux liserés strassés, s'accroche d'une broche camélia à la poche et d'une micro chaine Chanel enserrant la fine taille. Avec sa brassière au contour pyramidale et ses guêtres anthracite étincelantes, tombantes sur ses tennis incolores, Anna possède l'un des looks caractérisant une californienne "Hype" se rendant à son cours de gym. Sans oublier le micro sac à dos matelassé en cuir pure Gold. Bling Bling. Sur l'air de la bande originale du film "Basic instinct", Anna dévale les escaliers avec empressement et tonicité. L'énergie californienne. Un second écran déclame, en typographie Arial, le nom des mannequins défilant sur le podium. Que des stars de la profession. Comme lors d'un véritable match de basket-ball. Le maillot une pièce de Vittoria Ceretti s'échancre à la taille par deux comètes argentées. Les deux manchettes, au double C, diffusent cette note absolument gymnique. Flashback sur la comédienne Jamie Lee Curtis donnant un cours de fitness dans le film "Perfect" avec John Travolta. Un culte du corps avéré et exalté. Tel que celui d'Adut Akech avec ce maillot une pièce purement Gold, patronné d'un voile de mousseline charbon s'envolant à la brise du soir. Le micro short peut se réaliser dans un cuir tendre tel que celui porté par la jeune australienne Angelina Kendall. Les cheveux demeurent crêpés et ondulés pour dispenser un volume et une contenance à la Farrah Fawcett. Beaucoup de blondes sur le podium, référence aux abondantes stars du grand écran dont la blondeur a traversé les plus grands films hollywoodiens. Peut-être aussi un clin d'œil à la comédienne Margot Robbie, égérie maison, dont le rôle de "Barbie" lui vaut un coup de projecteur mondial. Luna Bilj, choupette de Karl Lagerfeld, scintille de milles feux avec sa robe pailletée argentée incrustée d'un simili corset pailleté doré. Avec des Babies dissimulant des leds dans les talons. L'or, l'argent, le noir et le blanc demeurent les couleurs conductrices de ce show à l'américaine. La veste iconique, en tweed, se teinte de couleur de guimauves : poussin, parme, rose tendre, violine. Presque des tonalités de levers ou couchers de soleil, c'est selon le point de vue. La robe en dentelle florale de Sarah Grace Wallerstedt incarne parfaitement l'idée d'un coucher de soleil sur LA. Un tie & dye s'étirant du pourpre au jaune scintillant. Beaucoup de camaïeux de rose. Des sequins à gogo allant des tonalités violine au rose poudrée. On est absolument dans la tendance de la Barbie Girl. Quelques tissus éthérés ou le vocable Chanel se grime finement, presque imperceptible. Les imprimés sont polychromes et bariolés. Des camélias gigantesques, aux couleurs de l'arc-en ciel, assiègent des mousselines vaporeuses. Des "Coco Chanel Paris", balayant tout le spectre des couleurs, assiègent une robe noire. Avec un gilet anthracite sertit de broderies feux d'artifice. Des palmiers sur fond de Sunset, agrémentés de sequins, incrustent un chandail. On est entièrement dans le Los-Angeles célébré. Le N°5 embellit un tee-shirt oversize mais s'immobilisant juste au dessus du nombril. Le short prend des proportions de boxeur. Le skate-board anthracite, large, s'appose d'un double C propageant cet esprit de "coolitude" californienne. Un sweater, en cotonnade rose pastel, peut présider de robe ultra courte sur Malika El Maslouhi. Simple et efficace avec un collier de perles, une chaine dorée et un collier ras du cou au double C entrelacé. Le jogging en satin bleu ciel sur Jade Nguyen scintille comme jamais. Les solaires se font masques. Quelques clins d'œil à Los-Angeles avec particulièrement ce sac "étoile" qui demeure l'empreinte identitaire d'Hollywood Boulevard. Les strass diamant recouvrent entièrement des escarpins. Du clinquant à souhait. Les vestes et manteaux du final se tapissent de sequins dorés, argentés pour une pyrotechnie qui se veut des plus fantasmagoriques. Certaines silhouettes peuvent remémorer celles d'actrices phares. Comme celle d'Amar Akway totalement Grace Jones dans le film "Dangereusement votre" ; ou comme celle de Felice Nova Noordhoff absolument Kim Basinger dans "9 semaines ½". L'alliance du noir et blanc apparait comme un classique qui fonctionne inlassablement. Notamment, pour les looks du soir. Vivienne Rohner clos la marche dans une combinaison/pantalon alcalescente, 100% Chanel. Avec une dépêche personnelle défilant sur l'immense écran : Happy Birthday Vivienne. C'est aussi l'esprit de famille que Chanel célèbre à Los-Angeles. Des vêtements magiques, exécutés dans une veine couture, qui impulsent une envie d'exploration jusqu'au tréfonds de cette ville désirée et énigmatique. Ca claque.
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Chanel Cruise

Printemps/Eté

2024

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Dior Printemps/Eté 2023 par Maria Grazia Chiuri
Des grottes artificielles, en carton lamellé, ornent le set design de la présentation Christian Dior pour le Printemps/Eté 2023. Des arcades, des pans de murs, des troncs d'arbres jonchent, de-ci-delà, le chenal des mannequins. Un couple de danseurs classiques se déhanche paisiblement dont la gestuelle demeure saccadée et discontinue. D'autres se dandinent tels des faunes dans un songe enchantée. La musique "Solar Plexus Chakra for Energy" de Goia Hz se répand laconiquement alertant de l'imminence de la présentation. Il se dégage presque une atmosphère onirique et chimérique. Un apaisement se répand imperceptiblement dans cette salle irréelle. Maria Grazia Chiuri a requêté le talent de la plasticienne Eva Jospin afin de reconstituer un lieu désirable, entre jardin fantasmé et paradis perdu, entre ruines romantiques et manoir du XVIIIème abandonné. On médite au mythe du paradis perdu, de l'Eden recouvré surgissant sous nos yeux. Freja Rothmann, tête rasée, totalement "Skin", traverse ce dédale d'excavations en carton, vêtue d'une tenue noire, de la tête au pied. Une brassière se noue d'un longiligne nœud en satin s'achevant sur le nombril. Sa jupe en dentelle fleurie offre une amplitude convexe par le biais de paniers latéraux joliment dissimulés. Un brin ténébreux romantique. La tonalité noire envahit tous les premiers modèles. Mais, révèle surtout des détails méticuleux. Minutieux et précieux. Les fleurs morcelées telles des broches envahissent la totalité d'un bustier ; les froissés s'empilent les uns sur les autres comme sur une robe, sans manches, dont la configuration volumineuse diffuse une tangente pyramidale ; les mailles tricotées risquent des transparences olé-olé sur un pull tricoté, col circulaire. Des macramés de dentelles investissent cache-cœurs et shorts pour emprunter des airs de lingerie affriolante. Les tissues résilles (ou filet) laissent entrevoir les courbes souvent sensuelles de celles qui les présentent. Un air de dévergondage propret. DevergonDior ? L'esprit lingerie sera fort présent toute au long de cette présentation. Les divers types de dentelles usitées n'y sont pas étrangers. Il y a un véritable désir de séduire les femmes. Mais aussi d'auto-séduction. Pour concéder finalement à toutes les femmes encore plus d'"empowerment". Une robe rigide, à la forme panier, s'agrafe d'une myriade de corolles florales. Très XVIIIème. D'ailleurs, Maria Grazia Chiuri a étudié avec précision et attention le vestiaire de Catherine de Médicis pour en tirer des formes les plus appropriées pour un été 2023 qui se voudra rétro-historique. Toutefois, il s'avère que ces fameuses robes paniers seront, cependant, bien éloignées des préoccupations actuelles. Des pièces seulement pour se divertir. Se donner un look. Quelques imprimés récupèrent l'idée de plans de la ville de Paris. On peut y lire les lieux comme place de l'Alma, avenue Kléber, avenue de Messine, boulevard Haussmann, avenue Matignon. Seulement des rues chics. Avec la maison Christian Dior au centre. Pas bête la guêpe. C'est le top français Alix Bouthors qui décroche le trench blanc cassé entièrement estampillé du plan de Paris. Les chaussettes sont en résille et les babies se lacent de fines sangles jusqu'aux genoux. Un air de Mercredi Adams avant la sortie de la série éponyme qui cartonnera sur Netflix. Des patchworks de dentelles crème et ébène s'amalgament sur une robe au contour "papale", enfilée par Mila Van Eeten. Les dentelles en cotonnade neigeuse ennoblissent manteaux, jupes, mini short et capes. Intemporel. Quelques délicates broderies florales, totalement d'inspiration chinoise, se crochent sur une simple veste anthracite col en cercle. Des estampés, d'inspirations XVIIIème, appréhendant herbiers et faunes animales, anoblissant robes, pantalons et bustiers. Parfaits pour éblouir l'amoureux ou une cohorte d'amis. Quand Maria Grazia les exécute sur un fond ébène, les motifs végétaux déflagrent en mille couleurs. Ils sont brillants, chatoyants, éclatants. Des signes zodiacaux, composés du taureau, cancer, lion, gémeau, verseau, se déploient tel un horoscope sur la robe longitudinale de Rachel Marx. Il est notoire que Maria Grazia Chiuri apparait comme férue d'astrologie. Une parka anthracite à capuche récupère le fameux matelassé "cannage" maison. La version blouson demeure préférable pour un second choix. Très peu de sacs mis en avant cette saison. On est focus sur les pièces vestimentaires. Les plissées prennent différentes formes comme des froncés classiques ou des losanges trois dimensions, sur une jupe mini. Quelques pantalons filiformes, bustier en V et chemises oversize reconquièrent avec fantaisie les illustres rayures bleu layette ; La version champagne sera plus fun. Un baggy Kaki s'enfile sur un manteau en laine anthracite surfilé de motifs floraux à ses emmanchures. Du denim se brode, lui aussi, de fleurs en tout genre. Toutefois, le travail Dior s'affiche en lettre d'or sur les derniers passages. Maria Grazia a sollicité quelques spécialistes du tissage de la paille afin d'effectuer un travail artisanal phénoménal sur les dernières pièces de la collection. Un tressage méticuleux pour créer un trench, un peu rigide soit, mais rehaussé d'abondantes fleurs 3-dimensions en paille ; le tee-shirt et la jupe de Puck Schrover se bâtissent par le biais d'une architecture d'arabesques organiques, toujours en paille. D'incroyables œuvres d'art qui peuvent entrer dans le cadre de la haute-couture. Maria Grazia a véritablement opté pour un vestiaire pratique à appréhender, avec des choix de tonalités qui se veulent simple pour cet été 2023 : du blanc, du crème, du bleu marine, du beige, du noir et quelques imprimés fleuris. Ce sera tout. Mais suffisant.
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Christian Dior

Printemps/Eté

2023

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Louis Vuitton Printemps/Eté 2023 par Nicolas Ghésquière
Retour cour carrée du Louvre pour la présentation Printemps/Eté 2023 de la maison Louis Vuitton. Un lieu qui fait battre le cœur de nombreuses collections prêt-à-porter Maison, et qui a été longtemps utilisé par les maisons de couture pour dévoiler leurs présentations sous d'immenses chapiteaux immaculés. Spécialement lors des années 80 et 90. Un flash-back audacieux et enchanteresse, notamment pour les générations précédant les milléniales. Toutefois, en 2023, le chapiteau s'érige de manière contemporaine, épineux, voire belliqueux avec son pourtour de métal anguleux, anobli de dalles en verres opaques. La tonalité écarlate se mêle, en ses contours, par un jeu de tentures qui se déploieront au moment opportun. Une scénographie inédite. En son milieu, de gigantesques pétales de fleurs vermillon offrent des pistils aériens flottant tels des hallebardes de chevaliers prêts à en découdre. Un cirque moderne, glacial au premier abord, qui a été conçu par l'artiste contemporain français, Philippe Parreno. Cependant, la production a été confiée à James Chinlund, designer reconnu pour ses constructions de sets incroyables pour le cinéma hollywoodien (Dernièrement pour "The Batman"). Le summum du set-design. On en prend plein la vue. D'un coup, un tempo musical acéré retentit tel un métronome. Régulier et rapide. Les rideaux rouges éclosent doucement sur ce pourtour à 360°. La première silhouette apparait sur cette interminable passerelle. Hoyeon Jung, star de la série télévisée "Squid Game" ouvre à nouveau le show. Sur la musique remasterisée de "King of my Castle" de Roy Malone Kings, elle dévale la pente d'un pas ferme et volontaire. Cette cadence infernale sera le leitmotiv de toutes les filles. On carbure. Le top immaculé d'Hoyeon, sans manches, intègre le design d'un gilet de sauvetage. Indubitablement, les deux "boudins" frontaux concèdent cette pensée. Cette construction stylistique s'applique à la jupe plissée telle une bouée assimilée. Quand elle s'incorpore au col, un effet collerette se dessine. Proéminence stylistique ! Une autre tendance saute de suite à l'œil : l'effet macro. On focalise et amplifie un élément, un détail ou un code maison. La fermeture éclair exagère le format de son zip. Il est disproportionné. Le porte étiquette format XXL devient sac à main. Distorsion. Les boutons demeurent totalement oversize. Ils se font soucoupes. Dorés et gravés Louis Vuitton sur le look de Mona Tougaard. Argentés sur América Gonzalez. Une robe en cuir souple s'harnache de mousquetons dorés, toujours oversize, agrippant les frêles épaules de Cyrielle Lalande. Les ceintures s'élargissent telles des sangles dorsales pour haltérophiles comme sur Ashley Radjarame. Voire un simili corset sur Chu Wong. Les poches en cuir se font extra larges sur le manteau de Seng Khan. Comme son Zip doré. L'imprimé "Ceinture Rivetée", tatoué sur un complet en cuir micro perforé, peut prendre une dimension puissance dix. Un effet étrange même si le concept ex-nihilo demeure d'une simplicité déconcertante. Les robes peuvent se froncer de centaine de micros plissés par le jeu de simples lanières frontales. On peut jouer avec les proportions corporelles, en laissant une liberté infinie à la silhouette. Des deux pièces laissent entrapercevoir de méticuleuses découpes géométriques reproduit à l'infini via une découpe laser consciencieuse. Une finesse extrême. On s'amuse de l'infiniment petit vers l'infiniment grand. Toujours une allégorie à la science tant aimé par Nicolas Ghesquière. La géométrie apparait comme une autre tendance prégnante. Les robes se bâtissent telles des origamis parfaitement agencées. Bretelles rectilignes. Brassières droites. Lanières horizontales. Ourlets au laser. Steinberg enfile cette robe verticale, vert émeraude, à l'allure très Cardin. Avec un micro-jacquard triangulaire japonisant sur le buste. Ce même tissu investit une robe triangle, griffonnant les pourtours de broderies "traits de crayons". Les collants, en dentelle florale, dispensent un air gothico-romantique. L'angélique Fleur Breijer enfile une robe composée de patchwork en cuir polychrome. Des broderies complexes s'entrechoquent sur une robe, col en V, régénérée par un savant mélange de perles cuivrées, sequins rectangulaires turquoise, points en V, perles en verres citron, perles de bois effilés et sequins quadrilatères émeraude. De la véritable haute-couture reconditionnée pour un prêt-à-porter de luxe. Les bottines et bottes en cuir, parfois érigées de semelles en bois, sont édifiées d'un profilé digne des meilleurs films de SFI. Elles peuvent s'enorgueillir de micro gem polychrome comme sur Iman Kaumann ; ou de damiers bicolores comme sur Seng Khan. La petite malle prend des tonalités intenses comme le bleu Klein ou Turquoise. D'autres sacs prennent la configuration d'ancestrales besaces médicales. De la divine dentelle, au motif pois, laisse deviner les charmantes courbes d'Hanna Felding. Vaporeuse apparait la robe d'Akon Changkou avec des plumes d'une extrême finesse, pénétrée de paillettes argentées. Le look d'Apolline Rocco Fohrer s'édifie autour d'une multitude de célestes pétales irisées. Quelques rivières de gros cailloux multicolores, à la taille diamant, s'enroulent autours de cous délicats. Les derniers passages s'achèvent par des robes en cuir souples, sans manches, avec d'amples poches, demeurant totalement décontractées. La mode Vuitton Printemps/Eté 2023 demeure toujours pensée pour une femme qui n'a pas froid aux yeux. Même si la majorité de la direction artistique demeure dans une veine dite "futuriste", elle peut être abordable pour celle qui aura un tempérament hardi et audacieux. Avec des coupes inédites et souvent peu communes, Nicolas Ghesquière poursuit sa quête vers un style vestimentaire hors-norme et borderline. Pourrait-on le qualifier d'avant-gardiste ?
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Louis Vuitton

Printemps/Eté

2023

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Louis Vuitton Cruise Printemps/Eté 2024 par Nicolas Ghésquière
Extravagant parait le panorama pour la présentation Louis Vuitton Cruise 2024. Face à la ville de Stresa, au milieu du lac Majeur, Nicolas Ghesquière a jeté son dévolu sur les jardins extraordinaires d'Isola Bella pour émerveiller ses hôtes d'un soir, triés sur le volet. Une place fabuleuse, fantasmagorique et baroque. Cet hôtel particulier dévoile avec raffinement toutes les dispositions exigées pour pénétrer un univers fabuleux laissant place à un large imaginaire. Un lieu rare, accessible seulement à quelques privilégiés. Un endroit ou se dessine la quintessence du baroque italien avec ses chimères effrayantes, ses architectures singulières, ses statues de dieux et déesses romaines, ses jardins luxuriants bordés d'arbres centenaires et de pelouses d'un vert émeraude. Cette collection Cruise 2024 pourra se targuer du plus bel écrin qu'il soit. Nicolas Ghesquière aime toujours confronter les différentes ères terrestres pour engendrer des anachronismes perplexes. Mettre en parallèle des vêtements d'aujourd'hui dans des lieux respirant un passé trouble et révolu, n'y a-t-il pas plus belle dédicace et traces de décadence ? La bande son qui débutera par un air Des contes d'Hoffmann (Acte 2) finira, elle aussi, par dévier vers un timbre de rave technoïde (Poney de Vitalic). Confrontation des cultures musicales. Samille Bermannelli, aux longues dreadlocks décolorées, ouvre le show d'un pas affirmé. Sa veste queue-de-pie, à collerette au contour de toile d'araignée, s'enjolive d'un imprimé "virgules virevoltantes", dont la matière n'est rien d'autre que du néoprène. Un tissu technique en caoutchouc synthétique. Rien de très écologique. Cela me remémore, néanmoins, la collection prêt-à-porter Balenciaga Printemps/Eté 2008 pour laquelle Nicolas Ghesquière avait œuvré, en valorisant de nombreux looks avec cette matière de caoutchouc pour créer jupes, tops et combinaisons. Son pantalon ample, bleu électrique, s'offre une matière légère comme un satin de soie, plus commode pour se remuer. Avec un renouveau des baskets. Montantes cette fois-ci. La combinaison de plongée ou "shorty" fait son coming back. Le sac alcalescent, agrippé d'une main, au monogramme Vuitton, prend la forme d'un sac de plongée. Nicolas Ghesquière explore et flatte l'élément primaire, à la base de la vie, l'eau. Le néoprène revêtit un boléro qui se rehausse, à la taille, de plissés à la forme de nageoires de poissons. Des gouttelettes d'eau au format 3D investissent son buste. Une seconde veste queue de pie, toujours en néoprène, s'investît de nageoires au niveau des manches intérieures. Son imprimé, aux couleurs vives, allie peaux d'alligators, feuilles d'acanthes, strates terrestres et bulles pétillantes. Tout se mélange en un inédit patchwork. Les solaires prennent la configuration de masques de théâtre Japonais (Nô), de catcheurs mexicains ou d'opéras italiens. C'est selon notre perception culturelle. Le néoprène investit une minijupe tulipe sur Angelina Kendall. Son top demeure ajusté et dessine délicatement le pourtour de sa poitrine. Les emmanchures laissant apparaitre une construction en ailes chauve-souris. Mika Schneider se voit investit d'un maillot une pièce, bleu Klein, se zippant jusqu'au cou. Un brin Ursula Andress dans le film James Bond contre le Dr. No. Sa coiffe extravagante à l'allure de plumes de corbeau dramatise le look. Mi-prêtresse incas, mi-danseuse du Paradis Latin. Beaucoup de couvre-chefs baroques confectionnés à partir de matières diverses comme des plumes, du macramé, des fleurs en organza, des perles, du cuir. Les plumes s'érigent tel le jais d'une fontaine sur Aivita Muse. Surgissant de la tête, elle se couple de petites têtes de fleurs ton sur ton. Théâtrale à souhait. Le néoprène s'accouple avec un tissu jacquard de couleur tabac composant une combinaison fluctuant entre combi de plongée et de travail. Avec un poinçon ancre de marine sur le flanc. Cette fois on partira sur des bottines mousquetaires. Le cuir anthracite se plisse sur une robe Baby Doll comme sur Kristine Lindseth. La veste et le bermuda brique demeurent pratiques à porter pour Ashley Radjarame. Une cape brodée de perles en verre translucides, aux motifs floraux japonisants, se maintient au tour de la taille par un jeu de cordes torsadées. Nicolas Ghesquière se réapproprie des configurations stylistiques déjà vu dans d'autres de ses présentations comme les manches cerceaux, à la forme tunnel, vu sur le show printemps/été 2019. Comme sur Sacha Quenby ou Mika Schneider. La jupe d'Agatha, en mousseline crème, s'additionne de milliers de pétales floraux volant au vent tel des plumes. La jupe évasée de Cyrielle Lalande s'enrichit, elle aussi, de centaines de pampilles dont les imprimés ébauchent des tourbillons, dans des tonalités de bleu, chocolat, ivoire et acier. Sa chemise, dont le plastron se croche à l'épaule, se ferme sur l'épaulette gauche par cinq boutons "ancre de marine". Un imprimé galuchat habille son parement dont l'allure générale remémore le style victorien. Des robes tubulaires s'entourent de plissés XL, à 360°. Absinthe sur Oudey Egone. Or et bleu Klein sur la seconde. Crème et émeraude sur une troisième. Le pull d'Iman Kaumann, poussin, se bâtit d'un démesuré col en V jusqu'au nombril. Son micro short anthracite se double d'un cycliste ton sur ton. Un look pratique à enfiler. Pour passer inaperçu tout en restant pointu. Un autre pullover, vert d'eau, laisse sensuellement dessiner une ligne transparente au-dessous de la poitrine, pour un jeu de construction exacerbant une certaine sensualité. Une robe tablier se pare de milliers de perles de verres crayonnant une arabesque florale. Un véritable vitrail textile. Une jupe en dentelle corail s'incruste de perles de culture à intervalles réguliers. Une veste matelassée, à la configuration d'un soleil, s'estampe de petites chimères médiévales. Avec un pantalon ample en néoprène carbone. Ou en bustier sur Seng Khan. Nicolas Ghesquière affectionne l'utilisation de patchwork de matières. Il les injecte sur des blazers architecturés, aux épaules arrondies, mêlant néoprène, cuir, laine et tapisserie comme sur Evie Saunders. Un top, en denim sombre, aux entournures bouffantes, s'incruste de pierreries associées de fils dorés. Les derniers passages demeurent une ode à la dentelle, passementerie et broderies. Même si les robes du final, aux apparences de méduses, demeurent abracadabrantesques, celles-ci restructurent la silhouette comme jamais. Architecturales, de couleur pastel, ces dernières, s'enrichissent de galons, de froncés, de transparence, d'arceau et de nœuds surdimensionnés. Il y a un effet "petite fille" dégotant la robe trop grande de sa maman. Ici germe l'exception. Nicolas Ghesquière poursuit sa quête de formes novatrices stylistiques pour encenser des silhouettes inédites. Avec pour but ultime de célébrer la femme et son corps. Une révélation.
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Vuitton Cruise

Printemps/Eté

2024

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Loewe Printemps/Eté 2023 par Jonathan Anderson
Sur la suite n°1 en G major de Bach apparait la première silhouette dessinée par Jonathan Anderson pour le Printemps/Eté 2023 de la maison Loewe. Dans un écrin immaculé, éblouissant de lumière, se dresse, seul, en son centre, une fleur d'anthurium géante. Vigoureuse et pleine de promesse érotique. Cet oblong pétale vermillon, combiné d'une tige phallique crème, symbolise nettement le sexe féminin. Cette allégorie sexuelle demeure subversive mais pas seulement. Si on s'attèle à une lecture, très premier degré, elle pourrait être une ode magnifiée à la beauté et la richesse de Dame Nature. Cependant, si Jonathan Anderson opte pour cette fleur précise, on ne peut présumer à cette naïveté latente. Mais, lorsque l'on est reconnu comme un designer, au demeurant cérébral et intellectuel, il est nécessaire de formuler ses gouts, ses désirs les plus intimes avec tact, élégance et raffinement. Jonathan Anderson demeure un directeur artistique qui cogite, peut-être un peu trop, ses collections afin de générer des pépites stylistiques inédites, recherchées par ses fans. Passionné par certains artistes contemporains ayant un discours et point de vu singulier sur le monde, il injecte avec une facilité déconcertante des concepts déments, saugrenus, dans l'élaboration de ses vêtements. Une robe bustier en velours anthracite, à la conformation de "paniers" latéraux, ouvre le bal sur un parquet d'une blancheur lactescente. Lumineux tel la neige d'un glacier. Il la décline en grège, mandarine ou émeraude. Ma préférée. Apposé sur l'un des escarpins, une feuille de palme verdoyante enveloppant cette fameuse fleur d'anthurium. La robe suivante s'inspire d'un design de robe de vestale. Une énorme fleur d'anthurium plastifié, blanche cette fois, fait office de bustier. On ne voit que sa tige phallique Anis tel une virgule vivifiante. Ou un coup de pinceau véloce. La même robe, versa ébène, se flattera d'un anthurium oversize vermillon. Sur Loli Bahia, cette même fleur enserre son buste tel un plaid. Comme si la nature offrait ses plus beaux atouts pour couvrir ceux qui y décèlent sa beauté. On ne peut nier l'originalité du design des chaussures. D'anticonformistes escarpins prennent la configuration de souliers à la "Minnie". Comme si celles-ci étaient amplifiées à l'hélium. Sans omettre d'annoter les ballerines méduses ahurissantes. Les escarpins se tapissent de centaines de ballons en latex dégonflés. Un clin d'œil à la collection Automne/Hiver 2022/2023 ou les ballons à demi-dégonflés ornaient, ici et là, une robe seconde peau ou une lanière en cuir d'escarpin. Comme si les collections de Jonathan Andersson communiquaient et résonnaient entre elles. Un effet d'optique crée, notamment par le biais de jeux de divers rayures, une distorsion de la silhouette sur une robe à l'allure de "patineuse". En laine tricotée gris souris, glacier ou charbon, ces dernières perdent en originalité mais gagnent en praticité. Des robes bustier, bleu céruléen, sang ou chamois, se bâtissent autour de l'idée de pics montagneux d'où découlent des drapés ondulants. La pièce pointue portable. L'une de mes pièces favorites s'inscrit dans la simple idée de la reproduction du pixel informatique. Le tee-shirt se découpe, sur les pourtours, telle une forme géométrique représentant les bordures carrées de pixels informatiques. L'impact visuel reste dément. Le pantalon s'estampille du même effet dans des camaïeux Camel. J'affectionne pareillement le sweater à capuche bleu layette. Jonathan Anderson s'enivre de l'air du temps et le duplique consciemment à merveille. Assurément l'un des looks de la saison de l'été 2023. Quelques micro-robes florales s'enduisent d'une couche de matière plastifiée évoquant inconsciemment une inclination de protection. Toutefois, l'aisance ne sera pas l'effet recherché de ce look. Un plastron incurvé, ou corset post-dorsal rétro versé, s'agglutine sur la poitrine d'Hanna Felding telle une armure nouvelle génération. Le blouson aviateur, taille base, en peau retournée, estompe les effets podium. Les robes/manteaux, en cuir souple, prennent la configuration de chemises super, super, super amples. Les manches balayent le sol avec courtoisie. Pour se donner un style cool, on boutonne lundi avec mardi, mardi avec mercredi et ainsi de suite. La variante en coton chiné relate un esprit plus sportif, mettant en valeur le sac cousin et l'escarpin au bouton d'anthurium. Une seconde longiligne chemise, en mousseline poussin, hyper légère, s'acoquine d'un ample jogging. Streetwear à souhait. Sur le mannequin Rolf Schrader, l'anthurium pelliculé peut s'incarner tel un cache sein sur une nuisette asymétrique à la tonalité torride. La variante vert pomme reste décidément beaucoup moins affriolante. Une autre, au demeurant plus classique, ose la doublette pour dissimuler cette poitrine que l'on n'oserait dévoiler à tous. Le soir demeure assez structuré et découpé. Il y a des jeux de matières entre transparences et opacités. Des nœuds oversize cassent les silhouettes. Les couleurs peuvent être lumineuses et feutrées tel que le mauve sur Evie Saunders ou le poussin sur Alix Bouthors. Les idées fraiches et novatrices de Jonathan Anderson me subjuguent. Pas un seul de ses défilés ne me laisse de marbre. Il est indéniable qu'il parait comme le véritable maestro du style artistique. Il allie avec génie des coupes novatrices aux idées complètement improbables et inattendues. Un ovni. Loewe, sous le joug de Jonathan Anderson, se distingue comme une des maisons diffuseuses de tendance. Etre avant-coureur demeure sa plus grande force.
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Loewe

Printemps/Eté

2023

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Miu Miu Printemps/Eté 2023 par Miuccia Prada
Pour le Printemps/Eté 2023, la maison Miu Miu s'est attelée à composer des silhouettes athlétiques et dépouillées. La ligne, la ligne, la ligne. Des pièces un tantinet minimalistes alliant tissus techniques avec confort sans effort. Le mot phare pourrait être "Effortless". On découvre davantage de K-Way que d'habitude. De couleur beige, ils peuvent se coupler avec de petites minijupes ton sur ton. Un coupe-vent revêt cette même matière technique munit d'un zip élancé argenté. Cette pièce apparait aérienne et se grime d'une transparence confuse. L'originalité se dessinant à travers sa double fonctionnalité qui d'un simple ceinturon la transforme en robe. Une seconde robe/bustier acier, aux fines bretelles, utilise elle aussi ce même nylon à l'allure sportive. Pour le vestiaire masculin, on peut opter pour une parka en nylon ferraille aux poches oversize sur la poitrine. Commode. Quelques combinaisons d'aviateurs se griment de gris clair ou de chamois. Facile à enfiler. Le cuir demeure patiné, vieilli, lustré. Presque sali. On le sent épais et rigide sur un manteau filant sans manche. Comme s'il avait traîné dans la graisse. Un mini short, au masculin, gonfle la silhouette par son jeu d'éminentes poches frontales. La marque Miu Miu se graphe par de délicates étiquettes s'apposant discrètement sur le vis-à-vis d'une jupe, sur la tranche d'un caleçon ou la ceinture d'une jupe crayon. Une première idée forte pour ce Printemps/Eté 2023 s'incarne par cette superposition des couches textiles. On empile. On accumule. On superpose teeshirts, sweat-shirts et chemises, en triple épaisseur. Certaine brassières concèdent l'effet optique d'un trio empilé alors qu'elle n'est que simple pièce. Toutefois, la moiteur de l'été ne pourra les valider que par la finesse des étoffes ou la légèreté sans faille de ces dernières. Le denim demeure fort présent lors de cette présentation. Beaucoup de jeans délavés qui se chamarrent, se bigarrent et se panachent de tonalités anthracite et Camel. Le manteau, en denim cuivré, s'inscrit comme un futur basique. Intemporel. Ses bordures sont exécutées via un jeu subtil de teintures plus foncées véhiculant du relief à la tenue. En version deux pièces, il est d'une aisance imparable. L'ourlet du pantalon se retourne et se remonte aux chevilles charriant un esprit preppy. Un bustier droit comme un I se teinte de ce fameux tie&dye mordoré, insufflant un rythme hypnotisant à la silhouette. Un manteau longitudinal, en cachemire de grand-papa, fera parfaitement l'affaire pour cacher une brassière et mini jupe tie&dye que Britney Spears aurait adoré enfiler à la période de son tube "Baby one more time". On dissimule mais l'esprit se la joue un tantinet dévergondé. De couleur argent, un autre manteau se fera plus ample. Avec un logo Miu Miu 2D brodé, ton sur ton. Les minis, énorme succès de l'été 2022, reviennent agripper la silhouette comme d'amples poches ventrales. Clairement, elles demeurent la cible de la jeune génération friande de ce type de pièces charnelles. Un petit ruban compressible enserre les têtes discrètement. Ajourée d'une fugace étiquette Miu Miu. La danse apparait comme une autre inspiration pour cette collection estivale 2023. Les bottes dessinent des spartiates de couleurs absinthe ou bistre. Elles font écho au modèle de la maison Prada de l'été 2020. Toutefois, ces dernières embrassent les chevilles et peuvent saisir des tonalités fluorescentes telles que l'orange, le rose ou le vert. La tenue, en lurex vert irisé de Julia Nobis, la dévoile d'une manière charnelle. Tout est découvert même si ce voile cristallin tente de dissimuler des courbes sensuelles. L'étiquette Miu Miu restant toujours discrètement apposée. La version parme divulgue une culotte et brassière athlétique. Des tenues affriolantes pour une poignée de filles peu farouches. Les looks suivant amalgament des camaïeux de mousse, tabac, vert kaki ou beige. Des pièces bannissant les saisons pour tout temps. Les parkas se féminisent en marquant finement la taille par un jeu de liens délicats. Une mode sportswear et juvénile assumée. Un parti pris mettant en valeur les mensurations corporelles via des choix de matières ajustables et ajustées. Une mode qui protège des éléments extérieurs via l'ensemble des pièces en nylon. Une chemise minimaliste, en cuir jaune fluo froissée, se couple d'un pantalon en cuir souris à l'aspect chiffonné. Le cuir apparait presque tourmenté. Un "colorblock" pour un look qui se veut totalement androgyne. D'autres versions sont proposées entremêlant vieux rose/tabac ou beige/Camel. Des sequins argentés ou dorés viennent bordés et enveloppés des jupes opalescentes. Un top et jupe cristalline investissent une broderie en sequins argentés dessinant une arabesque géométrique. La jupe, tout en perles jaune fluorescentes, s'intercale et s'additionne de pampilles tout en rondeur. Un effet kaléidoscope dingo. Les micro-perles accolées aux sequins confèrent un effet peau de poisson, presque petite sirène. Scintillement. Une collection alliant des basiques adaptés au quotidien des pays industrialisés incorporant une palette de tonalités pratiques à porter. On fusionne détails mode avec des pièces vestimentaires fortes tels que poches oversize, mini-mini jupes, cuirs patinés, "skindress" argentines ou robes filets perlées afin de finaliser des looks uniques, sportifs, parfois déjantés.
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Miu Miu

Printemps/Eté

2023

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Paco Rabanne Printemps/Eté par Julien Dossena
Sur un EP Techno de Yinon Yahel & Mor Avrahami, intitulé "Sweat", la présentation Paco Rabanne pour le Printemps/Eté 2023 va carburer, détonner, crépiter. Cette litanie répétitive et lancinante va dispenser une sacrée énergie aux mannequins. Ca galope. Ca cavale. L'atmosphère s'emplit d'une détermination inextinguible, d'une opiniâtreté palpable et d'une hardiesse sans faille. La terminologie "Sweet" parait bien fade. Ce podium, édifié de rambardes, de grilles de chantier et d'échafaudages, s'inscrit dans une évidence urbaine, industrielle. S'il y a bien un terme qui ne définira pas, de prime abord, cette anticonformiste présentation, ce sera bien le mot douceur. Rien n'apparait sucré, suave, comme le serine Yinon Yahel. Mais tout s'apparente âpre et acide. Non conventionnel. Le top français, Loli Bahia, arpente la première cette dentelle métallique austère. Avec de grosses bottes gothiques, gainées de chaines argentées, Miss Bahia s'entortille d'une robe en latex violet, électrique, bordée de fines dentelles chantilly carmin. Un look super fluide mais cocasse. Le fichu visé sur la tête, en cuir rouge, perforé de rivets argentés, lui confie un air de babouchka conviée à une rave berlinoise. L'esprit lingerie apparait comme le premier trait ensorcelant de cette collection. Ce qui l'est encore plus s'incarne dans l'utilisation du latex à la place d'une soie conventionnelle ou d'un satin plus convenu. Une nuisette techno-gothique en quelque sorte. La suivante s'incarne dans une tonalité améthyste des plus profondes. Avec des lès de dentelles ton sur ton. Le fichu, cette fois, prendra une carnation ébène. Une dentelle pistache se cramponne à un latex ébène étincelant. Un boxer, en latex, laisse dévoiler des cuisses musclés. La dentelle exhibant une portée délicate. Le K-Way à capuche ressemblerait quasiment à du cuir. C'est à s'y méprendre. Julien Dossena s'amuse des contrastes et matières. Il les renforce. Les fait décamper de leur zone de confort. Ashley Radjarame ressemble à un oiseau de mauvais augure avec son top en latex, enserré à la taille, s'achevant par une jupe en micro maille de métal anthracite. La suivante investit un souffle de costume bavarois. Le trench incarnate, aux épaules évasées de Sora Choi, s'enorgueillit d'une fermeture aux rivets argentés. Sur Seng Khan, le trench plastique cristallin, se pique de brèves perles en verres dispensant un effet de gouttelettes de pluie. Une veste en jacquard fleuri groseille embellit de son bermuda se superpose d'une strate plastifiée cristalline. Sur Oudey Egone, le top en cuir se transforme en harnais de jeux pour adulte. Julien Dossena n'hésite pas à transposer dans sa mode pour l'été 2023 des pointes et notions tirées de l'univers sadomasochisme. Un top délicat, aux micros plissés, probablement en soie, s'imprime d'une pléthore de fleurs à la tonalité arc-en-ciel que Tessa Bruinsma porte avec vigueur. La périphérie de cette pièce délicate se dessine par une réplique à l'infini de motifs pyramidaux. Le métal est tricoté comme une maille seconde peau. Il coule sur le corps pour l'épouser comme une seconde peau. Il peut s'anoblir d'interminables fils en perles argentées comme sur Evie Saunders. Sans omettre le foulard en métal noué sur la tête. La version ébène restant la moins criarde. Pourtant tout aussi désirable. La jupe de Marte Mei van Haaster revêt les fameuses pampilles amalgamant métal et plexi. En duo color. La besace en métal tressé ne prend pas une ride. Totalement dans le coup et indémodable. Les accessoires en cuir, comme bracelets de force, colliers de chien, bottes de motards, rangers collés de plaques de métal à la semelle, peuvent faire appel à des inspirations entrecroisant des univers spécifiques comme ceux des bikers, des punks, des gothiques voire sado-maso. Le latex étant une des matières affectionnées dans le cadre de relations dominant-dominé. Bref, Julien Dossena domine bien son sujet et arrive complètement à sublimer cette matière sans la faire paraitre trop sexuelle. Un compromis consensuel. L'imperméable de Giselle Norman demeure d'une redoutable efficacité. Érigé comme un Tie& dye en latex, et réalisé par un procédé main maison, les tonalités adoptées font référence à un volcan en éruption. Ma pièce favorite. La robe de Louise Robert offrant, elle, des tonalités de printemps étincelant. Des robes en mousseline, anthracite ou rose poudrée, se voient appliquer de discrètes lignes perlés sur les jambes. Une autre, en mousseline jade, surprend par le jeu de pléthoriques perforations de rivets argentés. La jupe crinoline, aux froufrous volumineux, en tulle crème, prend une configuration de danseuse gothique sur Akon Changkou. Quand la crinoline en mousseline s'allie à la finesse d'une maille métallique, on distingue distinctement la symbiose intégrale entre délicatesse d'une étoffe et rudesse d'un matériau. Du pur Paco Rabanne.
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Paco Rabanne

Printemps/Eté

2023

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Prada Printemps/Eté 2023 par Miuccia Prada
Depuis quelques saisons, la maison milanaise, sous la houlette de Miuccia Prada et Raf Simon, navigue en eaux troubles car amalgamant deux styles radicalement opposés. L'aliénation artistique de Miuccia Prada accolée à la rigueur drastique de Raf Simons. Une union de cœur mais pas de style. Parfois, le cœur a ses raisons que la raison ignore, dixit une célèbre maxime. L'idée fondamentale étant de préparer la succession artistique le plus efficacement possible entre ces deux protagonistes de la mode. Mais est-ce la bonne formule ? Pour ce nouveau chapitre Printemps/Eté 2023, la maison Prada est propulsée vers un chemin plus dépouillé, dépiauté, sans fioriture. Même si le style reste simple, il est loin d'être simpliste. L'ère du "m'as-tu vu" demeure définitivement révolue. C'est Tanya Churbanova qui arpente la première ce podium de couleur sable. Avec une combinaison en popeline de coton gris souris, seconde peau, et un simple pardessus stoppant au genou, elle incarne le look, au féminin, d'un col blanc se rendant à la City. Cette combinaison sculptant la silhouette comme jamais, demeure comme la pièce qui focalisera toute l'attention cette saison. D'un seul tenant, elle parait complètement multitâche et la base de presque tous les looks. Elle peut se faire bleu de travail, pyjama, look pour sortir. Les tonalités se révèlent grégaires : beige, gris, blanc, noir. Le trench reste d'une veine minimaliste. Avec le petit logo triangle à la base du cou. L'effet signature Margiela. Une tunique ample en mousseline anthracite se faufile toute en légèreté au dessus de la combinaison de la saison. Quand elle n'est pas seulement accessoirisée d'une simple culotte ébène sur Sara Blomqvist. Un manteau peignoir, toujours en mousseline, se colore d'une teinte jaune souffre. Il y a presque cet effet sorti de bain. On recouvre aussi des longilignes jupes transparentes déjà aperçues lors du défilé Automne/Hiver 2022/2023. Il y a une épure des lignes, des formes, des imprimés, des tissus, pour fonder une allure fondamentalement pragmatique et fonctionnel. On insuffle distinctement du basique, du primaire et de l'aisance corporelle comme sources de référence. Peut-être, en ces quelques termes, la maison milanaise a perdu de son identité, de sa force, voire de l'attrait. Car l'imaginaire Prada implique et suppose des imprimés artistiques, des thèmes puissants (Frankenstein, la BD crée par des femmes, les marins, l'épure japonaise, etc.). Quelques robes bustier, en soie, qu'on enfile d'une seule traite, se prolongent de dégradés Tie&Dye sur leur périphérie. Avec des échancrés balafrés laissant apparaitre une jambe fuselée. Celle de couleur absinthe incarnera un choix judicieux et intemporel. Les versions en soie mandarine, chocolat ou rouge sang, patinées, insufflent un coup de fouet à la collection. D'autres se font minimalistes et se configurent telle de simples serviettes de bain nouées à la vite. Celles du final s'imprègnent de motifs de jets de bouquets floraux. Elles restituent les lettres de noblesse à la présentation Prada. Enfin des looks boostant et faisant vibrer la prunelle de nos yeux. Des plissés froissés "fait exprès" s'intercalent sur une jupe, un sweater, une robe, un pull. Surement pour insuffler une note moins apprêtés. Déjà fatigué. Le fameux détail mode. Le geste de maintenir sa veste fermée avec une seule main fait partie du folklore. Les sandales prennent des tonalités vitaminées pour concéder du tonus aux tenues un peu trop strictes. Orange, Jaune Fluo, rose guimauve, vert pomme. Les sacs basiques se colorent de mandarine, vert gazon, parme, chartreuse. Quelques looks sombres pour un effet total Dark Baby Doll. Loli Bahia, Elise Crombez et Evie Saunders ont récupéré ces looks en cuir ébène. Quelques fleurs colorées viennent agripper les épaules de Sélèna Forrest et Lineisy Monteiro. Elles ne sont pas sans rappeler celles de la collection Frankenstein pour l'automne/hiver 2019/2020. Sans omettre la fameuse traine du défilé printemps/été 2022 utilisée à nouveau sur quelques longues robes noires du final. Allouer des looks beaucoup moins mode implique probablement une ivresse sans alcool. Voire édulcorée. Probablement, la ligne printemps/été 2023 aura une apparence moins forte que d'autres collections mais peut-être sera-t-elle aussi plus durable dans le temps ? Toutefois, ce que l'on appréciait chez Prada, période post-Simons, était justement son anticonformisme ; de ne convoyer aucune tendance ; d'avoir de la personnalité ; d'assumer un certain mauvais goût ; d'être prescriptrice et non suiveuse. Alors, Miuccia Prada, grande prêtresse mode, dont les goûts bien prononcés pour l'inattendu, le décalé, le désaxé, laisse malheureusement plus de liberté d'expression à celui qu'elle considère maintenant comme son alter ego. Une présentation qui atteste d'une présence plus prégnante celle de Raf Simons. Moins de Miuccia Prada en vue. Il fallait s'y attendre puisque Raf Simons est sensé devenir, à terme, le capitaine de ce prestigieux navire. Espérons qu'il le mène à bon port.
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Prada

Printemps/Eté

2023

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Saint-Laurent Printemps/Eté 2023 par Anthony Vacarello
Face à la Tour Eiffel, un monumental sigle YSL en métal doré satiné, dominant une fontaine sphérique, projette une impression de toute puissance érectile. Au sein du jardin du Trocadéro, ce logo impressionnant accroît l'excitation de ceux qui patientent pour découvrir l'inédite collection Saint-Laurent pour le Printemps/Eté 2023. Ce bassin d'un calme absolu dégage une sensation d'apaisement et de tranquillité. De quiétude. Les dallages humidifiés, inspirés de mansardes cossues, réfléchissent la splendeur du quartier, particulièrement celui du palais de Chaillot face à une Tour Eiffel coruscante. Une féérie visuelle. Une sonate au piano, jouée par SebastiAn, un tantinet mélancolique, chuinte sur cette monumentale esplanade. L'escalier solennel, dévalant vers le podium, laisse apparaitre une première silhouette dont le trench filiforme, en cuir chocolat, diffuse une allure très altière mais complètement étrécie. Voire "maigrissime". Il glisse sur le sol tel un coup de plumeau. Voire l'époussette. Lunette noire, la femme Saint-Laurent se dissimule, se camoufle. On la distingue de loin, mais, derechef, il semblerait qu'elle ne souhaite voir personne. Attitude arrogante. Hypothétiquement, désire-t-elle rechercher une certaine quiétude ou guetter furtivement une éventuelle proie ? Peu importe, on la flaire distante. Il y a presque une dramaturgie ambiante latente sur le podium, du en partie à cette sonate monotone et régulière. La femme Saint-Laurent demeure perchée sur des talons aiguilles improbables. De ceux qui exercent une démarche irréelle, même dérangeante. Presque malaisante pour celle qui les adoptera. Une torture pédestre. Les robes en micro maille se fondent sur la peau. Ces dernières englobent en totalité ces corps étroits. Jusqu'au cou avec des cols cheminés. Une procession de silhouettes d'une finesse extrême, allant presque à contre courant de la tendance actuelle, annexant les fameuses tailles XXL. Chez Saint-Laurent les grandes tailles n'ont malheureusement pas leur place. Elles sont bannies. Un parti pris qui va à l'encontre de l'air du temps. Mais pourquoi pas. On ne peut pas plaire à tout le monde. Les filles cheminent de manières saccadées permettant de contempler plus longuement les vêtements élitistes d'Anthony Vacarello. Le boléro/perfecto de tonalité ébène, enfilé par Alix Bouthors, se marie excellemment bien avec sa "skin dress" élancée, faisant apparaitre en transparence les formes toniques de cette ravissante française. Une simple "skin-dress", comme l'avait dénommé Karl Lagerfeld au milieu des années 90, qui se colore d'un vert sapin pour Freja Beha ; d'un charbon sur Loli Bahia ; de rouille sur Rianne Van Rompaey ou de chair sur Miriam Sanchez. Des robes qui se font presque bas de contention. Tellement elles compressent. Serrent. Compriment. Néanmoins, elles relèvent et révèlent la collection de bijoux dorés. Une prime aux manchettes et boucles d'oreilles géantes. Un certain raffinement poussé à l'extrême. Quand la capuche s'ajoute, on ressasse la fameuse tenue de Gala de la chanteuse Grace Jones dans la saga 007 et plus précisément dans le film "Dangereusement Votre". On l'adopte dans des tonalités de safran, d'aubergine ou d'aniline. Les épaules s'extrapolent parfois dans des largeurs XL et restent toujours tombantes. Les couleurs du vestiaire demeurent choisies avec subtilité et subsistent perpétuellement dans des touches monochromes. On peut les accorder en jouant sur un camaïeu : de l'ocre avec du miel ; ou absinthe avec un olive, par exemple. Beaucoup de tonalités abyssales. Les pantalons se font cigarette. Presque fuseau. Enormément d'interminables imperméables en cuir souple de couleurs cardinal, brique, caramel, alezan, anthracite. Fourmillantes sont les robes de soirée. Elles s'allient volontiers avec des pièces préférablement usitées au quotidien : perfecto, trench, blazer, boléro. Des drapées subtiles s'amoncellent telles des vaguelettes sur le buste et se prolongent par d'émouvantes capuches. Une chasuble, col en V, laisse découvrir un nombril sans complexe. Une interminable robe en lamé se compose d'un imprimé léopard, dans une veine bling-bing. L'unique imprimé de la collection. Anthony Vacarello opte pour des lignes droites, rectilignes, sobres. Parfois un peu trop rigides. Toutefois, subsiste, de-ci de-là, une certaine autonomie de mouvement. Un renoncement maitrisé. Avec quelques cabochons surdimensionnés suspendus gracieusement aux lobes. That's all. Rien d'autre. Un minimalisme savamment contrôlé. Une mode d'impact. Une collection dont les proportions pourraient être celles d'un hiver impitoyable, pactisée de matières textiles estivales. Délectable sensation. Une collection assurément mystérieuse, sensuellement classique et totalement enivrante. Anthony Vacarello propose un vestiaire que les femmes pourront adorer. Mais aussi détester si les coupes proposées demeurent d'une apparente finesse. Chez Saint-Laurent, la femme sera énigmatique et raffinée. Complètement Newtonienne. Sûrement l'ultime terme pour la qualifier pour cet été 2023.
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Saint-Laurent

Printemps/Eté

2023

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Défilés Automne/Hiver 2022/2023
Par
Yann Gabin pour PlaneteMode.com
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Balenciaga Automne/Hiver 2022/2023 par Demna Gvasalia
Balenciaga 360° Show Winter 22 Collection. Avant de débuter sa présentation Automne/Hiver 2022/2023, la voix de Demna Gvasalia, grave et sérieuse, s'exprime sur le début de guerre en Ukraine. En ukrainien, il dénonce cette ineptie humaine. Lui, qui a connu les ravages de la guerre lors de son enfance, ne pouvait rester insensible face aux exactions russes, localisées à moins de 2000 kilomètres de Paris. Optimiste, il prie pour tous les peuples oppressés et, particulièrement ceux dont les vies demeurent déjà brisés à la frontière de l'Europe. Un énorme cercle couvert de neige fait office de set design pour ce défilé Balenciaga. Telle une arène, les invités se discernent furtivement derrière une vitre à 360°. Comme s'ils étaient derrière la paroi d'un zoo. Voyeurisme. Voir sans être vu. Une allégorie de l'écran. Le carton d'invitation, originale une fois de plus, s'incarne dans un I-Phone brisé et gravé à la date de présentation. Un cirque contemporain ou l'on patiente avec délectation pour observer bien confortablement le spectacle de la vie. Un décor glacial et frileux ne laissant rien présager de bon. Quelques flocons de neige dégringolent avec parcimonie. Un souffle léger les balance doucement jusqu'au sol gelé qui ne sera certainement pas commode à fouler. Ce paysage mortifère dégage un sentiment de catastrophe imminente. La luminosité baisse. Un brouillard aérien se propage. La première silhouette s'envole dans un vent offensif. Robe noire chauve-souris "sauve qui peut", lunette sombre "œil de mouche" et sac poubelle en cuir. C'est sombre. Non pas la mode de Demna Gvasalia mais le Mood. On s'échappe, on fuit, on se réfugie. On devient réfugié. Le jeune garçon enfile un bustier/pantalon mazout. Peut-être n'a-t-il pas eu le temps de trouver autre chose avant de décamper. Les silhouettes demeurent sur l'ensemble du show d'une profonde noirceur. Ces dernières sont maigrichonnes et décharnées. Voire effrayantes. Mais la guerre est un monstre. La combinaison en cuir verni se fait deuxième peau. Si l'on est un temps soit peu mince, l'allure offre une vision frôlant l'anorexie. Agrémentée de bottes talons aiguilles acuminées pour cheminer dans la neige, l'image en est presque burlesque. La version rouge sang ne promulgue pas un désir de bien être. Le pompon s'incarnant dans la version momie/scotch dont le duo "colorielle" me remémore celui du ticket de métro des années 80. Siglé Balenciaga bien entendu. Les looks anthracite se suivent et se ressemblent vaguement. Souvent avec un sac poubelle à la main. Les garçons enfilent des bottes à talons aiguilles, dont la configuration s'évase aux genoux tel un château d'eau. Comment dire ? Si l'esprit demeure ouvert, on notera un certain avant-gardisme. Si ce dernier l'est beaucoup moins, on rétorquera que l'on ne saisit rien à la mode. Que l'on parait dépassé, ringard, suranné. Bref, la rue en décidera. Pour débriefer : les hommes sont des femmes qui sont des hommes qui sont des femmes. Les vêtements appartiennent à tous. La veste en cuir demeure toujours over size. Un grand classique de la maison. Totalement surdimensionnée. C'est l'abstraction du corps. Ses proportions demeurent effacées pour faire place à une conformation éthérée. Toutefois, quelques looks, à l'allure classique, redonnent espoir. Col roulé cachemire, jupe tournoyante, robe seconde peau en laine mettent en valeur le nouveau sac de la marque : le Hourglass. Bella Hadid traverse le champ de vision avec une robe enveloppante avec effet trompe l'œil. La surimpression d'une robe dentelle, sans manches, sur un tissu élasthanne neigeux en fera l'un des hits auprès de la presse. Une seconde robe réitère les imprimés fleuris, aux tonalités mandarine, orange et tournesol, que l'on a pu remarquer lors des premières collections de Demna Gvasalia pour Balenciaga. Les bottes seconde-peau en reprennent le motif. Total look. Finalement un peu d'allégresse dans ce monde de barbare. Le manteau ample, en fausse fourrure neige, véhicule une allure de dame fortunée. Les nantis peuvent aussi fuir la guerre quand ils se sentent persécutés. La danse Slave pour piano N°2 joué par Michel Beroff et Philippe Collard se troque d'une rave music entêtante joué par le groupe BFRND. Ca cogne. Quelques pièces pratiques défilent sur le podium et seront certainement des incontournables chez les jeunes milléniales comme le Hoodie rose layette, le Sweat ébène marqué d'une flèche et d'un 360°, le sweater à capuche poinçonné d'un XXXL ou le pull serviette de bain en cachemire. Le show s'achève dans une tempête chaotique avec deux looks rendant hommage au courage des ukrainiens. Un jogging à la configuration d'une tenue de surf de ski totalement canari. Puis, une robe bleue, identique au drapeau du pays, se couple d'une longiligne traine qui par un vent fonceur et frondeur vole telle une furie. Si le milieu de la mode apparait totalement déconnecté et souvent hors du contexte de la réalité, Demna Gvasalia, avec cette présentation, a axé son propos vers un réalisme véridique. On a le droit d'affirmer ses opinions et les scander et je l'en félicite. Mais, dans une société déjà anxiogène, violente, désobéissante, ne recherche t-on pas dans les présentations des Fashion Weeks à s'évader, recouvrer un peu d'espoir et de magie. A rêver tout simplement à un monde meilleur ?
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Balenciaga

Automne/Hiver

2022/2023

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Bottega Veneta Automne/Hiver 2022/2023 par Mathieu Blazy
Pour sa première collection pour la maison Bottega Veneta, Mathieu Blazy a exécuté, à mon humble avis, un carton plein. Tout le vestiaire demeure désirable à souhait et réfléchi intelligemment. Il mêle néoclassicisme, interpelant celui des années 80, avec une prise de position stylistique qui cadre exactement avec les envies à venir (Simplicité et technicité des matières). On ne perçoit aucun décalage superficiel ou de déphasage avec l'identité maison, toujours d'avant-garde. J'ai simplement tout adoré chez Bottega Veneta. Le lieu du show peut osciller entre une usine réhabilitée ou un parking réaménagé. Les néons alignés telle une escadrille diffusent une lumière froide qui se révèle en adéquation totale pour la mise en valeur de chaque pièce vestimentaire. Un podium central, à hauteur d'invités, s'achève par un second podium circulaire à 360 degrés. Une moquette, vert amande, douce au regard et aux pieds de ceux qui la fouleront. La musique : "This is your life" d'Ishi Yu, couplé à la Bande Originale du film d'anticipation Matrix, me projette vers un sentiment d'urgence. Il y a de l'engagement, du combat. Il ne faut rien lâcher. Le premier look semble d'une simplicité déconcertante : Marcel blanc (que l'on apercevra aussi en ouverture chez Prada, rehaussé du logo triangulaire iconique maison), jean classique ample, escarpin noir. Mais pas n'importe quel jean. Un cuir imprimé Denim. Un résultat ultra réaliste. A se méprendre. Un look mettant en valeur une certaine attitude pour épauler au mieux le nouveau sac maison. Une simple et longiligne lanière tressée soutenant le précieux sac que l'on pourra "trainer" comme un animal de compagnie. C'est l'attitude Bottega Veneta de la saison. Le second look, masculin, s'enorgueillit d'une simple chemise en popeline blanche. Même attitude pour le port du sac. Juste à l'arrière de l'épaule. Il en sera de même pour tous les mêmes sacs. Le trench, en cuir neigeux, reste totalement entrouvert par l'intermédiaire de pinces clipsées, insérées au niveau de la taille. Ingénieux. Idem pour le trench masculin en cuir Ébène. Une robe en cuir, sans manches, agrémentée de plumetis de cuir aux épaules, ouverte sur la poitrine et dézippée à l'entrejambe, permet d'auréoler des cuissardes tressées à se pâmer. La version combi sans manches, lie de vin, est à tomber. Les passages alternent looks féminins puis masculins. La mode masculine persiste dans une veine primaire mais indémodable. Mathieu Blazy propose de belles matières, toujours luxueuses, embellies de couleurs élémentaires permettant d'engendrer des pièces pour toujours : Complets larges (bleu marine, anthracite, gris ou citron, à configuration chevron) ; Tennis en cuir tressé ; Sacs "Pouf" ; Manteaux en laine (gris souris, beige) ; Cabans courts ou longs (bleu marine, laiteux ou noir) ; Boots tressées ; Pulls Patchwork (Tie&Dye blanc ou marron) ; Marcels ; Pantalons en cuir amples (chocolat, charbon, tabac, violet, vermillon ou châtaigne) ; Pulls en laine chinée (vermillon/turquoise, citron/anthracite) ; Surchemise en cuir châtaigne ; Tee-shirt en cuir opalescent ; Chemise à rayures tennis ; Trench en gros cuir (ébène) ; Bottes de pêcheurs en cuir natté ; L'importance est apportée aux deux sexes avec une égalité sans faille. Chez la femme, il y a une envie de véhiculer aisance, tout en optimisant cette touche d'extravagance et d'excentricité. Aussi bien à travers le design que le choix singulier des tissus. Certains looks, classiques, sont clairement réservés au domaine commercial. Smoking, manteau cintré, robe sans manches bleue marine, complet en cuir chocolat. Toutefois, si on fait fi d'un certain minimaliste assumé, on est ravi d'observer la courbure dorsale et convexe des cabans. Presque à la Cristobal Balenciaga. D'examiner avec curiosité des escarpins en fourrure flashy mandarine. D'étudier un caban en cuir rigide de couleur vermillon. De contempler les jupes évasées en cuir, embellies de jupons en fines lanières, ton sur ton (parme, citron, blanc cassé). De considérer trois robes dont les patchworks contemporains se composent d'une ingénieuse alliance entre lignes, pois, jets et projections peinturlurées. D'être abasourdi par des carrures imitant l'arceau d'un sac. D'être surpris par des jupes et mini jupes en cuir tressé. D'être ahuri par les robes/manteaux proéminentes en fourrure synthétique. Sans omettre ce manteau incroyable s'incrustant de clous dorés. Les robes du final, en sequins, sont redoutables. Celle de couleur vert fluo me fait plonger dans un cocktail de fruits sur vitaminés. Vittoria Ceretti demeure divine dans sa robe irisée ou quelques découpes laissent apparaitre des contours de fruits. Il me semble des citrons. Avec deux broches fleuries dorées s'agrippant sur les sequins nacrés. Quant Anok Yai l'escorte, c'est avec une robe similaire mais de couleur citron. Les fameux citrons. Apothéose. On fond sur les bottes en cuir totalement Gold. Une autre paire de cuissardes émeraude pouvant aussi faire l'affaire. Avanti Nagrath ferme la marche, comme elle l'a ouverte. Décidée à se battre jusqu'à la fin du podium. Avec sa nuisette en dentelle saumon, toujours brodée de sequins ton sur ton, elle investit toute son audace dans ce fugace bustier qui coïncide complètement à un haut de maillot de bain. Avec des cuissardes en satin poussin, elle ferme la marche, triomphante. En toute sincérité, les astres étaient alignés pour générer un des défilés les plus applaudis de cette saison Automne/Hiver 2022/2023. Un grand cru.
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Bottega Venetta

Automne/Hiver

2022/2023

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Chanel Automne/Hiver 2022/2023 par Virginie Viard
Une rivière de tweed recouvre entièrement le set-design de la présentation Chanel Automne/Hiver 2022/2023. Murs, poufs, podium, invitations, et même les immenses lettres Chanel accrochées sur le fronton du show, se parent d'un patchwork étincelant de ce célèbre tissu Ecossais. Une matière, à la base, rêche et austère qui se transforme, ici, en cocon de délicatesse pour l'ensemble des invités. Le tweed s'installe promptement et sera, par conséquent, le thème capital de la maison Chanel. Un indétrônable. Un code identitaire incontournable. Que serait la maison Chanel sans ce tissu fétiche. Gabrielle Chanel adorait le manier pour ses tailleurs légendaires. Karl Lagerfeld en faisait autant. Il le poussait dans ses retranchements et avait eu l'audace de le réinterpréter pour l'ensemble de la garde-robe Chanel : de la robe crinoline aux maillots de bain, du fichu sur la tête aux guêtres de certaines bottes, des sacs 2.55 aux casquettes. Tout en l'upgradant dans son rendu final : effiloché, abimé, troué, peinturluré, l'amalgamant à d'autres fibres naturelles ou précieuses. Un lainage multi-usage et définitivement indémodable. Virginie Viard va donc miser sur le tweed. Si elle l'alloue dans des tonalités de framboise, mure, cerise, châtaigne, marron ou charbon, elle souhaite le célébrer au travers de silhouettes traditionnelles. Pas de fioritures. Pas de fanfreluches. Pas de découpes tapageuses. Pas de formes chimériques. Virginie Viard encre sa mode dans une promesse de bienveillance afin de se sentir en totale adéquation avec le vêtement. L'idée étant qu'il soit commode, aisé à porter, tout en entretenant cet effet indémodable. Les coupes demeurent impeccables et tombent parfaitement. L'idée de réinterprétation des basiques est perceptible, tout en restant jumelés au gout du jour. Parfois, cela ne tient qu'à un fil. Les collants ou chaussettes élancées, en laine chinée, aux stries hachurées, apportent cette touche inattendue et décalée à chaque look. Un tantinet "pêche et tradition". C'est encore Vivienne Rohner qui apparait la première sur le podium. Son large manteau, au camaïeu de framboise et fraise, se pigmente de micros pois turquoise, vermillon, anthracite et lactescent. Des détails qui font toute la richesse de cette pièce. On lui ajoute des effets de matières pour le rendre ensorcelant. Quant à la veste étriquée rose bonbon, col Mao, elle se dépareille par une oblongue jupe, au-dessous des genoux, dont le design allie un tartan framboise et kaki. Cela matche. Mica Arganaraz se voit affubler d'une simple redingote au tartan turquoise et col Mao. Son look s'achève par de longues bottes de pêcheurs. Audacieux et intrépide. Une seconde veste, de configuration classique, se revêt de fourrure polaire caramel, tout en se galonnant de tweed Grenat. Impeccable sur Mona Tougaard. Sans omettre les bottes classiques de jardinage, en caoutchouc beige, siglées du double C. Un trench rectiligne, en cuir bistre, s'échoue juste à hauteur de bottes. La pièce classique par excellence. La chemise et pantalon cigarette, en cuir Tabac, sont à se pâmer. On les marie avec une veste pied-de-poule dont le sac bandoulière s'accordera ton sur ton. Very Scottish. Quant à Vittoria Ceretti, elle se la joue presque James Bond Girl avec une robe sans manches, en cuir souple seconde peau anthracite, agrémentée d'une double chaine dorée enserrant sa taille de gazelle. Les gilets ou chandails, cinq boutons, s'empourprent de tonalités joyeuses : moutarde, cuivre, fuchsia ; se brodent de sequins et de perles. D'autres, se parent de rayures bayadères ou d'arabesques fleuries. L'éventail est large. Le pull en cachemire de Giselle Norman s'agrafe de nombreuses broches camélias, aux accents de fruits rouges. Succulent. Le tweed s'accomplit à travers des configurations en forme de chevron, tartan ou carreaux. Parfois, les trois à la fois. Virginie Viard le décline surtout dans une palette de tonalité oscillant entre le Ying & Yang. Deux couleurs fondamentales. On s'amuse des effets de matières avec les irisés, les mats, les brillants. Des jeux d'optiques apparaissent avec les rayures, le sur-tissage ou les tricotages compliqués. Même si, parfois, visuellement certains looks paraissent un peu chargés, voire pesant. Cela vaut notamment pour deux looks surannés. Celui de Fran Summers avec sa robe bustier en tweed moucheté et celui d'Emily Miller avec son manteau un peu trop évasé. Toutefois, en dissociant certaines pièces, on peut commodément s'orienter vers des silhouettes allégées et plus fraiches. Les chaines dorées s'entassent autour du buste. Les fétiches de Mademoiselle s'intercalent régulièrement autour d'une hanche, au détour d'une épaule ou d'un cou : trèfles à quatre feuilles, cœur, aigle, cabochons. Les paillettes argentées s'invitent sur un fourreau à se damner dont Amanda Sanchez, mannequin cabine, le sublime à merveille. Une certaine sobriété demeura pour les robes du final qui se parent de tissus précieux comme la dentelle, le crêpe de soie, le tweed léger et le satin matelassé. Chanel poursuit son écriture stylistique vers une allure plutôt conventionnelle. Sans écarts. L'originalité ne sera pas le maitre mot. Toutefois, l'histoire se concrétise vers une affaire de style plutôt que de mode. Avec une manufacture qui excelle vers le haut de gamme.
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Chanel

Automne/Hiver

2022/2023

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Dior Automne/Hiver 2022/2023 par Maria Grazia Chiuri
Maria Grazia Chiuri a innové techniquement lors de l'ouverture du show Dior Automne/Hiver 2022/2023, en proposant une combinaison confectionnée à partir d'un réseau de leds. Dans l'obscurité complète, cet entrelacement lumineux mute en une illumination phosphorescente telle des lucioles à la tombée de la nuit. Maria Grazia Chiuri use rarement d'effets technologiques au sein de ses créations stylistiques. Elle demeure assez traditionaliste, cherchant plutôt à mettre en valeur des savoir-faire oubliés, voire égarés. C'est en cela que l'ouverture du show Dior reste surprenante. Notons aussi l'exceptionnel. Il est rare qu'un défilé débute dans l'obscurité complète et totale. C'est plutôt la situation inverse ou les lumières habillent les vêtements de mille feux. Alors, quand la silhouette de Sofia Steinberg, égérie maison, déambule comme un halo de lumière sur le podium, ce robot stylisé ébahi les premiers rangs. Une fois cet effet passé, la salle révèle une armada de portraits féminins des siècles passés, réinterprétés de manière contemporaine. C'est-à-dire peint à moitié et contenant des failles picturales. Notamment, avec ce double regard troublant conçu comme une erreur de reprographie. Sur un mur lie de vin, chaque portrait laisse apparaitre une bande incolore sur la partie basse du tableau. Comme si ces derniers n'avaient pu être achevés. Une réflexion sur l'art pictural, sa réalisation et sa reproduction. Mais, revenons à la collection. La veste iconique maison, la veste Bar, s'agrippe de protubérances ou de renforts sur le buste et poches. Gonflant la silhouette. Les gants longilignes prennent des inspirations motard avec leurs protections protéiformes au-dessus des mains et leurs attaches velcro aux coudes. Les couleurs demeurent flashy avec du vert pomme, canari ou vermillon. Les surprotections se callent au détour d'épaules, sur le pourtour de la taille ou l'arrière du dos. Rebrodé de la petite abeille Dior. Comme les systèmes traditionnels de protection usités lors de sports de contact tel que le hockey, le motocross ou le soccer américain. Un gilet, sans manches, gonflé à l'hélium, recouvre la forme d'un gilet de sauvetage marin. Le cuir de motard se confectionne de lès tricolores dont le jaune citron en jette plein la vue. Un tailleur pantalon, en laine chiné gris souris, recouvre une configuration d'une tenue de fitness. Notamment avec ses quelques stries arpentant l'ensemble du look. Un Marcel pétrole, pièce incontournable du vestiaire féminin cet hiver, et notamment vu chez Prada et Bottega Veneta, se calligraphie de la maxime "The Next Era". L'ère prochaine serait-elle en train de se dessiner sous nos yeux ? Certainement. Des looks plus sobres défilent avec un tailleur Bar et pantalon ébène. Parfois, la longue jupe plissée peut prendre un tournant asymétrique. La version mini jupe plissé fonctionne aussi. C'est dans le détail que nait la tendance. Le trench de Louise Robert, à la proportion de robe, s'incruste d'un corset à la taille, se fermant par un jeu de lacets croisés. Un autre manteau, en lainage anthracite, marque clairement la taille avec son ample ceinture corset, à l'allure grillagée. Totalement dans le Mood d'Azzedine Alaia. Les coiffures demeurent sages et s'édifient par une délicate natte se nouant sur le pourtour de la tête. Agrémentée de diadèmes en perle, de serre-tête en velours ou de colliers diamant. Des tartans bleu marine se marient avec une cotonnade beige via une veste, une canadienne ou une parka. Avec des bottes en cuir rustique. Le Vichy Yin&Yang s'intercale en diverses dimensions sur une jupe froncée asymétrique ou un simple veston. Le classique Tote Bag demeure toujours présent sur le podium. Un pull grège reprend l'aspect exact des poils de la race de chien Komondor. Dreadlocks en vois-tu, en voila. Des borderies florales, ton su ton, s'incrustent sur une veste zippé, un trench deux boutons ou une longue jupe en coton. Discrétion précieuse. Quelques looks en toile Denim pour la clientèle plus active. Enormément de couleurs sombres pour les robes de bals et de soirées. Elles s'embellissent d'exquises broderies perlées. Les dentelles et tulles transparents restent néanmoins agencés avec convenance et décence. On dévoile sans exhiber. Le chic parisien avant tout. Des broderies à la configuration d'arabesques, digne de la couture, ornent gilets, tops et même la totalité d'une robe mordorée, dont les volumes se font panier. Quelques imprimés à l'aspect de feuilles mornes seront totalement de saison. L'apothéose du show s'achève par d'interminables robes plissées et évasées, en mousseline aériennes, de couleurs moutarde, rubis, émeraude, charbon et neige. Un brin virginal pour les trois derniers passages. Maria Grazia Chiuri a axé son travail sur le prestance et la tenue du corps. Beaucoup de corsets, de ceintures corsetées, de baleines qui s'intègrent aux vestes Bar et robes en mousseline. La posture demeure le point primordial et essentiel de cette collection. La femme, cet Automne/Hiver 2022/2023 sera libre, droite mais maintenue.
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Dior

Automne/Hiver

2022/2023

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Gucci Automne/Hiver 2022/2023 par Alessandro Michèle
Alessandro Michèle a su toujours faire du melting-pot stylistique un de ses atouts majeurs. Une de ses forces. Une personne, un look. Pas besoin d'être tous similaires. On prône l'individualité. On la revendique. Gucci incarne cette diversité qui s'étend de la plus classique à la plus excentrique. Une fois de plus pour l'Automne/Hiver 2022/2023, Alessandro Michèle mélange les looks extrêmes avec une facilité déconcertante. Une dextérité sans faille. Un fil décousu entre chaque look mais qui fonctionne incontestablement. Alessandro Michèle adore titiller la notion des genres et cela depuis son premier défilé. Cette présentation ne dérogera pas à la règle. Le premier passage s'incarne par un costume cintré, deux pièces, ajusté à la perfection. En laine vierge, bleu marine, boutonnage doré, il incarne le style que l'on pourrait imaginer d'un milanais chic. Toutefois, le second look casse cette idée et demeure radical. Un lourd manteau, en fausse fourrure, dorée s'enfile sur un body lingerie, un tantinet coquin, cousu de lés en dentelles transparentes et divergentes, s'achevant par des bottes bleues céruléen, aux trois bandes latérales blanches. On valide immédiatement ce cobranding avec la maison Adidas. Le pantalon vert hooker, couleur iconique maison, allie discrètement, ton sur ton, les logos Gucci et Adidas. Des micros mors ambrés s'apposent juste au dessous des poches. Les trois bandes s'intégrant sur la longueur du pantalon. La veste anthracite se bâtit aux épaules par une proportion bouffante. Un smoking se pare d'un pourpre hypnotisant. Une cagoule, au design Waterpolo, se grime toujours des trois bandes blanches Adidas sur le crâne telle une crête. Avec le trèfle brodé sur chacune des deux oreilles (fameux logo créé en 1971). Une veste tartan, sans col, s'incruste de clou argenté, couplé d'un collier clouté. Les baskets bowling reprennent l'identité Adidas. Un perfecto lactescent se pique de nombreux clous, pouvant être inspiré d'une tenue de scène de Mickael Jackson. Le pantalon en cuir chocolat demeure d'une souplesse sans nom. L'envie de s'y glisser instantanément me submerge. Un complet en velours côtelé bleu outremer se rehausse sur la poitrine d'un trèfle surligné de Gucci. La même version en viscose de soie apporte une certaine légèreté, avec le sigle G, ton sur ton, reproduit à l'infini. Quant ce complet glisse jusqu'à la configuration d'un jogging stylé, il redonne des lettres de noblesse au streetwear. Cette fameuse démarche sportive, vecteur d'un certain bien être. Alessandro Michèle aime à user d'une palette de couleurs dignes d'un automne féerique : châtaigne, vert de gris, lichen, chocolat, mousse, neige. Un longiligne manteau en astrakan carbone réchauffe une silhouette stricte. Avec le détail mode : la paire de gants en cuir vert émeraude damasquiné toujours des trois bandes Adidas. Un cobranding qui, en terme commercial, dopera surement les ventes maison. Même si Gucci n'en a pas vraiment besoin. Elle demeure une maison iconique auprès de nombreuses générations et l'associer à un label sportif lui permet de concéder une image de "coolitude streetwear". Et, d'attirer l'œil d'une clientèle plus jeune. Le sac classique Bambou, en crocodile anthracite, s'appose sur des looks sportswear à la perfection. Alessandro Michèle perdure dans une présentation désordonnée : une combinaison aviateur en cuir bleu ciel côtoie un jogging en laine tricoté ; un smoking en velours anthracite brodé de bouquets floraux en fil d'or jouxte une robe tee-shirt longiligne, col en V, de couleur carmin, agrémentée de mitaines de boxe poussin. Un trench argenté, aux manches courtes, s'évase jusqu'aux genoux telle une protection contre les éruptions volcaniques. Un manteau, classique, s'imprime de motifs de têtes chevalines. Une vibration à la Hermès. On demeure surpris à chaque passage. Des imprimés s'inspirent totalement de tissus africains, les fameux imprimés Wax. Le trèfle Adidas s'agrandit à la puissance dix et se couple au logo GG. Il peut prendre des tonalités sixties allant de la moutarde au bleu roi. Des accessoires, tamponnés Adidas, feront la joie des générations Z et Milléniales : le béret outremer, le top de fitness asymétrique, la casquette recouverte de la toile Gucci, les mitaines en cuir, le cabas oversize, les solaires aux verres pamplemousse ou le bustier/corset forme en V. Une collection qui se veut joyeuse par ses couleurs éclatantes et chamarrées, par un melting-pot d'imprimés ethniques originaux (comme les tissus tartans, wax ou vichy) et quelques patronages stylistiques aux proportions complètement excentriques. La collaboration avec la maison Adidas est une réussite. Tout simplement parce que les pièces se couplent absolument avec le vestiaire Gucci. Il n'y a aucune distorsion stylistique entre les deux maisons mais une osmose absolue.
 

Gucci

Automne/Hiver

2022/2023

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Louis Vuitton Automne/Hiver 2022/2023 par Nicolas Ghesquière
Nicolas Ghesquière a délaissé son lieu de prédilection, le musée du Louvre, pour dévoiler sa nouvelle collection prêt-à-porter Louis Vuitton Automne/Hiver 2022/2023. Sacrilège. Que nenni. Parfois, il apparait préférable de zapper un lieu pour éviter l'installation de toute routine. Même s'il parait prétentieux d'annoter que l'on pourrait se passer d'un lieu unique tel que le Louvre. Mais, le milieu de la mode aime être surpris. Il faut lui titiller les axones. Lui bringuebaler l'esprit. Le faire voyager vers d'autres contrées négligées de notre chère capitale. Alors quel autre lieu pourrait mériter tout cette agglomération de modeux ? Un autre musée parisien assurément. Un peu moins notoire, moins prestigieux que le Louvre et son histoire, mais au demeurant tout aussi féerique : le musée d'Orsay. Cette ancienne gare, à la halle majestueuse, resplendit de lumière de par son impressionnante verrière. Ce puit étincelant tamise l'éclairage avec bienveillance afin de magnifier chaque œuvre exposée. Avec son dédale de salles ouvertes, de couloirs, de paliers, d'escaliers, le parcours des mannequins en sera plus hardi, déterminé, libre et ouvert. Un cheminement à travers des siècles de peintures et sculptures. C'est un lieu commun mais Nicolas Ghesquière affectionne les Arts plastiques. Inlassablement, à travers ses collections, il aime mêler et confronter ses créations vestimentaires aux œuvres des plus grands, parfois, datant de plusieurs millénaires. Une collision artistique. Un anachronisme garanti. Alors, quand le départ est lancé, ça clash de suite. L'actrice et mannequin Hoyeon Jung, star de la série coréenne "Squid Game", foule la première le marbre blanc du musée d'Orsay. Blouson en cuir chocolat, chemise en soie écru, cravate florale jaune, pantalon de marin gris souris, hachuré de segments ébène. Décontracté. Un soupçon Boyish Preppy comme aime à définir les rédactrices de mode. Le pantalon évasé fait son come-back dans des tonalités naturelles : en laine beige, en velours côtelé Camel, en jacquard doré. D'autres se parent d'arabesques digne des plus beaux papiers peints psychédéliques. On peut noter le retour fracassant de la cravate en soie à papa dont les motifs se font floraux. Un accessoire tombé en désuétude mais encore porté par les salariés du secteur tertiaire. Il s'allie avec un foulard noué. C'est en cela qu'est la grande nouveauté. Nicolas Ghesquière perpétue cette recherche de nouvelles formes corporelles. Même si celles-ci ne se prêtent guère au quotidien. Rebrodée de fils d'or, une robe se déploie en forme de corolle pour laisser tomber deux traines transversales. Telles des écharpes. Une néo robe à paniers. Comme au XVIIIème siècle. Une pièce inventive parfaite pour faire la Une des magazines. Mais, les tops se couronnant par de longues écharpes seront rares, me semble-t-il, à apercevoir dans les venelles de notre capitale. Elles ne sont pas dénuées de sens mais ardues à enfiler au quotidien. Réservées pour l'exceptionnel. Quelques K-Ways saumonés ou lactescents soupoudrent cette présentation. Les baskets, style "All Stars", perpétuent cette vibration de "coolitude". Elles se parent de motifs Ikat, de toile cirée LV classique. L'embout des mocassins sont guillotinés. Les bracelets multicolores sont réalisés à partir de mousquetons d'escalade. Idem pour les colliers. Les matières textiles utilisées demeurent précieuses comme les lainages rebrodés de perles en verre. Ou bien des lignes en sequins multicolores recouvrant l'apparence d'une finition Tweed. Les poches des robes s'accrochent latéralement à la configuration de besaces d'alpinisme. Le sac à main se fait banane. Un dernier sac approche l'aspect du fameux Kelly d'Hermès. Le chic investit le sac malle en croco Camel dont l'ouverture se fait soufflet d'accordéon. Nicolas Ghesquière a œuvré, lui aussi, cette saison sur la notion du classique revisité. Les intemporels d'une garde-robe. On perçoit ce désir de retourner vers les fondamentaux. La veste, quatre boutons, en tweed rouge, gansé d'un lé anthracite, incarne cette allure de Mademoiselle. Cependant on l'enfile avec un pantalon zébré et gaufré. L'effet zébré se calcule sur un jogging chic. Wellness. Le vocable Louis Vuitton s'appose un peu partout : sur une étiquette en bas d'une écharpe, en toute discrétion sur le sommet d'un mocassin, tamponné sur le cuir d'un cadenas, en contrebas d'un long tee-shirt. Un manteau s'emberlificote de fausse fourrure singe, mettant en valeur le tissu jacquard fleuris, digne des plus beaux tissus de la cour du Roi Louis XIV. Sur Seng Khan. Les blazers, bouton solo, bleu Klein ou écru demeurent dans une veine Over Size et stoppent aux genoux. Ils se font presque pardessus. J'ai vraiment été attiré par le travail incroyable des imprimés effets d'optique. Les fines lignes géométriques, aux tie&dye qui se dégradent du tournesol au chocolat, du bleu ciel au bleu nuit. Ce fameux effet Vasarely. Accouplées à un jeu savant de surpiqures et de minuscules fils en liberté, ces pièces demeurent totalement démentes. Des faciès, en noir & blanc, s'estampillent sur les robes du final. Des robes mixant tonalité flashy, imprimé végétal, effet de matières (froissé, gaufré, brillance, tricotage), ce qui les rend uniques et artistiques. Difficilement reproductibles. Le domaine de la photographique prend toute sa splendeur avec ces insertions de portraits sur les ultimes silhouettes. Un véritable travail technique de reproduction textile. Pas aisé à mettre en place. De longilignes tee-shirts soufflent cet esprit sportif sur la fin de présentation. Ils sont agrémentés de pantalons en jacquard fleuri ou de robes en mousseline aérienne. Des tee-shirts toujours over size. Version Arty avec les incrustations silhouettes surmontées d'un démesuré sigle V bicolore sur Sora Choi. Carrément British avec les sobres rayures sur Sofia Steinberg. Ou totalement athlétique, tel un maillot de rugbyman, dont les rayures horizontales jaune fluo et bleu roi diffusent une allure étincelante à la chanteuse et muse maison, Lou and the Yakuza. Elle clôture le défilé à vive allure, insufflant cette énergie solaire, propre à la maison Louis Vuitton.
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Louis Vuitton

Automne/Hiver

2022/2023

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Loewe Automne/Hiver 2022/2023 par Jonathan Anderson
L'art contemporain demeure un domaine ou la fantaisie, l'imaginaire, le fantasme peuvent imposer des concepts, des lois abstraites, des attitudes sages ou simplement des folies pures à travers des œuvres incarnées évoquant un réel sublimé ou chimérique. Quand l'esprit bouillonnant de Jonathan Anderson s'attaque, une fois de plus, à l'univers artistique contemporain, on prédit que l'originale fantaisie sera présente. Tout en générant du sens. Car Jonathan Anderson cogite énormément pour exécuter ses concepts stylistiques. Il faut que sa présentation raconte quelque chose d'audible pour ses invités. L'un des seuls designers à confronter et télescoper sculpture, peinture, techniques textiles et stylisme. Le tout pour engendrer un style vestimentaire unique, souvent "jamais-vu". Quelle plus belle glorification que de définir ses créations de "jamais-vu". Des citrouilles surdimensionnées se dressent sur un sol terreux. Aride. Inanimé. Une allégorie de la terre brulée et l'appauvrissement des terres. Seuls quelques géantes légumineuses subsistent, éparpillées sur ce tapis presque infertile. Le top Kai Newman, telle une guerrière échappée du film "Mad Max", foule ce vaste espace avec une robe cuirasse. Une armure en cuir épousant ses formes tel un justaucorps. Thierry Mugler l'avait notamment exécuté en version plastique. Monsieur Saint-Laurent en version métal doré. Les plissés vaguelettes sont inertes. Totalement rigides. Les robes suivantes demeurent identiques mais dans des tonalités plus claires comme le rose pastel ou le neige. Les bottes de chantier prennent la configuration de sacs plastique. Etrange et dérangeant. D'autres bottines ont la conformation de quadrilatères. Probablement un bon moyen pour faire face aux déferlements des éléments climatiques. Puis, survient "La Robe". Celle qu'on ne peut zapper. La robe automobile, en tissu élasthanne, dont le profil dessine le carénage d'une simple voiture. Comme si une envie folle d'enjamber une voiture à pédale de notre enfance survenait. Dommage que Jonathan Anderson n'ai pas poussé son concept, en immatriculant sa robe par une jolie plaque LOEWE. Le tulle irisé, ébène ou lait, se chiffonne sur des tee-shirts cristallins. Une autre robe en cuir, sans manches, aux découpes aléatoires, prodigue un sentiment de nébulosité. Voire de chagrin. Comme si la fille avait été roulée dans une cuve à pétrole. Une doudoune sur gonflée, comme une chambre à air, attire l'œil, en sur dimensionnant sa musculature. Le haut ultra rigide, telle une coque, maintient la silhouette d'América Gonzalez, corsetée comme une pique. Chic et élégant. Les robes "Bouches" sont renversantes. Jonathan Anderson est vraiment au top de son art. La bouche, glosée vermillon, s'incruste tel un bustier, laissant s'évanouir au sol sa délicatesse mousseline corail. Existe en version gris béton ou fuchsia pour Loli Bahia. Des ballons, semi-gonflés, en plastique, s'incrustent discrètement sur des poitrines telles des soutiens-gorge. Les pantalons peuvent surprendre aussi par leurs constructions étonnantes. L'un s'élargit de cercles aux genoux comme certains designs du metteur en scène Philippe Découflé. D'autres, au niveau de la taille, se décomposent par une forme protubérante en fausse fourrure. Presque comme l'ouverture d'un vagin. Oups. On ressent fortement l'ode à la femme. Jonathan Anderson les aime par-dessous tout. Il les protège et les célèbre. Une longiligne robe fluide s'estampe d'un trompe l'œil au corps de Pin-up nue, chaussée d'escarpins talons aiguille, verni rouge. D'ailleurs, on récupérera ces dernières, enchâssées et emboitées dans le méandre de tulle d'une autre robe seconde peau. Une néo "Skin Dress" de Karl Lagerfeld, vu sur son podium au début des années 90. Les trompes l'œil peuvent dessiner une veste naïve ou des mains gantées de velours, ennoblies par de faux ongles rouges comme sur la robe de Julia Nobis. Des ballons, toujours à moitié dégonflés, se glissent sous une épaule, un sein ou bien au détour d'une taille. Semi-gonflés, ils viennent s'intercaler entre les délicates brides des escarpins ou sur des talons. Quelle idée cocasse. Tellement divergent. Quelques rubans argentés s'enroulent aux chevilles avec allégresse. L'art de l'agencement. Quelques manteaux en laine bouillie se composent de nervures textiles aléatoires. D'autres, bicolores, ont des allures de kimonos déstructurés. Des robes aériennes bougent comme des méduses dansant au des courants de l'océan. Les tonalités restent toujours sobres et subtiles : marron, beige, anthracite, gris, blanc. Jonathan Anderson innove continuellement dans sa discipline. On peut aimer ou détester. Mais, on ne peut lui ôter cette irrémédiable envie de recherche perpétuelle, d'exploration et de création pour enfanter de pièces consubstantielles et uniques. Il est rarement aisé de faire cohabiter prêt-à-porter et création artistiques pures. Mais, Jonathan Anderson y arrive à chaque fois et reste le Maestro en ce domaine.
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Loewe

Automne/Hiver

2022/2023

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Miu Miu Automne/Hiver 2022/2023 par Miuccia Prada
On connait l'affection de Miuccia Prada pour les Arts en général. Cette passion intense l'invite à mettre en valeur, notamment au travers de ses défilés, le travail d'artistes d'avant-garde ou méconnus du grand public. Nathalie Djurberg et Hans Berg ont collaboré cette saison avec Miuccia Prada. Ils ont réalisé un film d'animation, en pates à modeler, venant titiller la curiosité des invités. Une main squelettique, à la proportion difforme, s'ouvre lentement, laissant apparaitre une fleur radieuse. Cette main la touche, la malaxe, l'écrase, la caresse. Une seconde, peut-être de lotus, s'ouvre et se ferme à l'infini. Une allégorie de la vie ; de la naissance à la mort. Il y a un début et une fin. Comme la préparation d'un défilé. Pour cette saison Automne/Hiver 2022/2023, l'équipe Miu Miu poursuit son discours sur la jupe mini-mini dont le sujet avait été abordée lors de la précédente collection (Voir article Miu Miu Eté 2022). Cette micro-jupe en cotonnade beige avait cartonné ce Printemps/Eté 2022, aussi bien dans la presse féminine en Vogue que sur les réseaux sociaux. Pour cette saison hivernale, elle demeure, à nouveau, la pièce maitresse de cette présentation. Miu Miu n'a pas tergiversé pour réitérer ce hit vestimentaire de la saison passée. Mais, cette fois, en version mini-jupe plissée alcalescente à la configuration de jupe de tennis. Apposée toujours de l'inscription Miu Miu juste en-dessous du nombril. Une version évasée, allongée aux genoux, demeure proposée à celles qui souhaiteront une silhouette moins découverte. Toujours maintenue par une jolie ceinture en cuir. Ou un duo de ceintures. Les ballerines de danseuses, en satin immaculé, se rehaussent d'oblongues chaussettes blanches. Avec griffonné sur la bride un Miu Miu graphique. Un look sportswear, un tantinet désuet. Pourquoi pas ? Après tout la mode du vintage et de la seconde main incarnent l'air du temps. Le cou s'habille d'une filiforme et longiligne écharpe en soie unicolore. Elle se noue simplement et prend l'apparence parfois d'une Lavallière. Les polos tennis unicolores se galbent aux emmanchures et cols de rayures tricolores. Aux couleurs du drapeau français. Un flashback sur les marques sportives des Seventies tel que Le coq sportif. Un autre polo peut se morceler de lès de délicates dentelles afin de concéder une touche plus sensuelle à la silhouette. Moins athlétique. Miu Miu déstructure un même look : l'interminable jupe plissée se couple d'un polo ample mais rikiki, stoppant à la lisière du nombril. Cette zone focalise toute l'attention de cette présentation. Il est visible tout le temps. Toutefois la grande nouveauté et, je pourrais dire Scoop, s'inscrit dans le retour de la marque Miu Miu Homme. Une immense joie m'envahit car cette ligne menswear était ma marque de prédilection jusqu'à son arrêt définitif. Pour son retour sur le podium, on aperçoit un micro short de tennis bleu marine, complété de son polo, ton sur ton, rehaussée du logo Miu Miu sur le cœur. Avec un manteau en peau de mouton retournée chocolat. Les derbys anthracite, épinglés d'une plaque dorée, restent dans une veine traditionnelle. Le même look, en variante neige éternelle, est à croquer. Un pull en cachemire, col en V, réinterprète différemment le design des losanges "Burlington". Que l'on percevra sur plusieurs pièces du vestiaire féminin. En gris souris ou Camel. Le blouson en cuir chocolat s'agrémente d'un short laissant entrapercevoir un caleçon en satin noir. Avec toujours ce fameux duo de ceintures. Un pantalon, au tressage latéral, au point de croix, se colorie d'un adorable lie-de-vin. Peu de looks mais totalement irrésistibles. Chez la femme, les manteaux en laine, deux boutons, s'inscrivent dans une veine classique. En gris ou bleu marine. Le blouson en peau de mouton retournée tabac sera parfait lors des retours des températures fraiches. La version Boléro parait aussi attrayante. Une parka en cuir vieillit s'ennoblit d'un col en fourrure singe immaculé. Une autre se gargarise de strass diamant et de puzzle de python dragée sur les pourtours des épaules. Le tartan et pied de poule, grandes tendances de l'hiver prochain, réintègrent le vestiaire féminin en couvrant minishorts, boléros croisés, vestes over size dans des coloris récursifs allant du marine au grège, du châtaigne au chamois. Un tailleur, à la veste zippé, se couvre entièrement de python. Quelques looks en cuir peuvent s'apparenter à ceux d'aviateurs des années 30. Les micro-shorts se font culottes comme sur Rianne Van Rompaey. Une robe, sans manches, à la configuration de filet de pêche, s'enorgueillit de broderies en strass diamant. Ca brille. Elle s'enfile par dessus un micro top en mousseline bleu nuit et d'une culotte cuivrée. Une autre version investit un caraco et jupe mi-longue. Les strass seront assidus sur les looks de soirée. Une mousseline paille se brode de diamant et broderies florales irisées. La version chamallow de Pasha Arulia reflète presque, à quelques tonalités près, la couleur de ses cheveux. La version sur Selena Forrest demeure beaucoup plus ténébreuse et sombre. Mais, non moins aguichante. Toutefois, quand les robes, toutes en transparence se mélangent de strass diamant, de mousseline rose ou bleu pastel et de dentelle dorée, ce patchwork incongru explose à la vue de tous comme une pyrotechnie textile des plus inouïes. Comme sur le top mexicain Issa Lish. Un vestiaire juvénile, athlétique et extravagant qui pourra, au delà d'une simple saison, adopter aisément d'autres pièces passées et futures de la maison Miu Miu. De véritables intemporels.
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Miu Miu

Automne/Hiver

2022/2023

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Paco Rabanne Automne/Hiver 2022/2023 par Julien Dossena
Cette saison, la maison Paco Rabanne a osé suggérer une présentation sous l'égide d'une pause méditative prolongée. Quelle idée formidable, rarement tentée. Avec une musique apaisante, adoucissante, ponctuée de longues respirations sonores, ces dernières se diffusent tel un lent narcotique tout le long de la présentation. On plane. On divague. On se laisse transporter vers un ailleurs. Il y a presque un début de transe. Redondante, la mélodie favorise un sentiment presque de paix et de recueillement intérieur. Un bien-être sincère lorsqu'elle demeure couplée aux jeux de lumières incessants, oscillant entre le parme et le mandarine, le jaune solaire et le pamplemousse. Des Tie & Dye harmonieux. Un véritable voyage intérieur pour ceux qui désireront ouvrir leurs chakras. Les chakras de la mode, bien évidemment. On demeure plongé, pendant dix minutes, dans une perception alternative de levés et couchés de soleil. Des faisceaux lumineux bienfaisants. Une voix monocorde répète à l'infini "Right Now, right now, right now". C'est maintenant qu'il faut prendre soin de soi, profiter de la vie, éveiller son être intérieur, tout en maintenant une attention assidue aux proches qui nous entoure. Le designer Julien Dossena a finement joué cette carte du positivisme en propulsant la collection Automne/Hiver 2022/2023 vers des dimensions supérieures. Akon Changkou ouvre avec clémence ce show attendu. Son look combine l'idée d'une robe chemise, anthracite, agrémentée d'une sur-jupe, taille haute, peut-être réalisée en tweed moucheté gris souris. Avec ses babies argentés, effilées, Akon possède tous les codes vestimentaires d'une adolescente bien comme il faut. Sofia Steinberg la suit avec son allure rentre dedans. Fonceuse, elle porte une robe en mousseline, imprimé bouquets, dont les manches fleurent presque les limites des mains. Son col immaculé, en épaisse dentelle, prend la configuration de "pelles à tarte". Un corset, losange bleu ciel, enserre sa taille. On ne discerne pas si celui-ci demeure intégré au look ou est superposé. Effet d'optique. Il y a presque une alliance appropriée entre rigueur et délicatesse assumée. Le top América Gonzalez se voit affublé d'une combinaison pantalon ébène dont le corset Ciel prend le pourtour d'un "Panty". Julia Nobis dévoile une robe rose bonbon dont la partie supérieure s'inspire d'uniforme de gymnaste, véritablement seconde peau. En élasthanne probablement. Puis, la partie inférieure se modifie vers une configuration "corolle". Les manches ultra-longues ne laissent plus apparaitre le bout des doigts lorsque Mao Xiaoxing enfile son top seconde peau argentin, rebrodé de laconiques pois miroir. Beaucoup de jupes courtes pour cet hiver. Des volants aussi qui se chevauchent, se superposent. Il y a du volume. On s'en amuse. Peut-être un moyen inconscient de garder encore un peu ses distances. Les épaules sont resserrées et étranglées. Quelques ensembles se construisent d'une seule et même pièce, même si elles laissent transparaitre le contraire. Les jupes se fendent sur la cuisse. J'adore la robe bustier d'Ashley Radjarame qui laisse apparaitre discrètement, sur le pourtour de la poitrine, un lé en fer argenté. Comme un lien discret entre passé et présent de la maison. Un point essentiel de l'écriture stylistique de Monsieur Paco Rabanne. Le gilet en mohair Beige, tout doux, à la dizaine de petits boutons dorés, recouvre des couleurs Tie & Dye sur ses périphéries. Des sequins anthracite investissent le look de Giselle Norman. Sa jupe se gonfle, enfle. Dans le dos, un nœud démesuré, toujours en sequins, chute avec grâce sur son séant. La taille demeure souvent marquée. Les boucles d'oreilles d'Oudey Egone évoquent presque la forme de gramophones. Métal. Finalement, Julien Dossena intègre, lors de cette présentation, des détails stylistiques redondants avec notamment les manches bouffantes, traines, volants qui s'amoncellent, froufrous, cotonnades en dentelle, mohair, jupes fendues et jeux de plissés. Sans omettre l'identité primordiale de la marque : le fameux métal argenté qui prend, ici, une fluidité déconcertante. Que l'on découvre notamment sur les dernières robes de déesses grecques en couleur argenté, rosé et doré. Un vestiaire féminin dont le bien-être corporel demeure le maitre mot.
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Paco Rabanne

Automne/Hiver

2022/2023

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Prada Automne/Hiver 2022/2023 par Miuccia Prada et Raf Simons
Un casting du feu de dieu fusionnant d'anciennes muses maison avec la génération des milléniales, mais quelle pourrait-être la maison italienne ultra pointue pouvant relever ce défi ardu ? Un seul et unique nom me traverse l'esprit : Prada. Quel réel plaisir de scruter à nouveau toutes ces magnifiques silhouettes, à l'élégance captivante, sur ce podium de l'Automne/Hiver 2022/2023. Pour nommer les essentielles, on peut épeler les délicieux noms d'Amanda Murphy, Arizona Muse, Elise Crombez, Emily Sandberg, Erin O'Connor, Hannelore Knuts, Irina Kravchenko, Kinga Rajzak, Marina Perez, Liya Kebede, Querelle Janssen ou Suvi Koponen. Toute une myriade de filles qui ont fait leur classe chez Prada, de la fin des années 90 jusqu'aux années 2010. Sans omettre de prononcer les noms des stars actuelles des podiums : Kaia Gerber, Kendall Jenner, Mica Arganaraz, Rianne Van Rompaey, Lina Zang, Julia Nobis, Anok Yai ou He Cong. Un choc des générations. Prada veut absolument transmettre le message que sa mode demeure avant tout un style "transgénérationnel". Pour finaliser ce casting dément, la comédienne de la série Euphoria, Hunter Schaffer, muse actuelle de la maison, clôt le défilé. Au delà de ce casting rêvé, la maison Prada a souhaité emmener ses invités dans univers onirique, chimérique. Avec un décor pouvant résulter d'un film d'anticipation, caractérisé notamment part ce longiligne tunnel agrémenté de néons parmes et de grilles en métal argenté, le tout rehaussé par une moquette feutré, de couleur moutarde, l'agencement des focales lumineuses dessinent cet interminable Z sur l'ensemble du podium. Un Z comme Zénith. Car Prada est au Zénith. C'est Kaia Gerber qui ouvre le show, avec cette allure un peu mutique. La simplicité de ce premier look touche. Marcel lactescent, pimenté par un simple logo métallique Prada s'accolant entre la poitrine. La jupe s'édifie autour de trois bandes latérales de tissus disparates: lainage gris souris, satin noir, gaze transparente brodée de perles jaune canari s'agitant et vacillant en tous sens. Les looks suivants insistent sur un tailoring maitrisé. Les manches demeurent longues. Les épaules sont parfaitement ajustées. Les jupes, au dessous des genoux, demeurent toutes transparentes. Les sous-pulls, col cheminé, seront le hit de la saison. Surtout avec l'inscription, en fines lettres, de la marque. Comme un mini tatouage. Les escarpins continuent, comme la saison précédente, à fendre l'air tellement ils demeurent effilées. Amanda Murphy porte un Marcel blanc et une simple culotte. Mais, la touche stylée s'inscrit dans la superposition de ces deux pièces avec une robe en gaze transparente, sans manches. Cela crée un effet de matière innovant et peu vu. Les broderies "Flashy", dans des tonalités Mandarine ou Canari, permettent de les dissocier plus clairement grâce à cette gaze chiffonnée. Les robes/manteaux, d'envergure classique, incorporent un jeu de perles argentés s'enroulant autour du cou. Celles-ci se fixent par une broche triangulaire au logo Prada. Le gris s'appose discrètement sur l'ensemble du vestiaire. Un gris usité par le secteur tertiaire. Un gris de travail. Le pull, col en V, efface les épaules par sa carrure bien trop ample. Une jupe plissée s'évase telle celle que Christian Dior avait dessinée après la seconde guerre mondiale. Le bombers Oversize de Sherry Shi se brode de nombreuses fleurs en rhodoïds, ton sur ton. J'exalte. En vert Kaki sur Julia Nobis. En bleu nuit sur Kendall Jenner mais cette fois avec des plumes. Le tout porté toujours avec ces fameuses jupes en gaze limpide. Kinga Rajzak enfile un lourd manteau en cuir kaki à se damner. Il a presque la configuration des trenchs militaires de la guerre 39-45. En chocolat pour Hannelore Knuts. En ébène, pour Arizona Muse et Querelle Janssen. Mais, le même manteau, version rose Barbie d'Emily Sandberg sera, certainement, pris d'assaut par toutes les fashionistas et influenceuses Mode. L'impact visuel reste dément. Trois pulls en cachemire se dénotent par leurs imprimés ancestraux et reconnus: le fer à cheval ou U, les mosaïques olivâtres et châtaigne et les polyèdres de plusieurs couleurs. Quelques manteaux et vestes se recouvrent sur les emmanchures de fourrures synthétiques dans des tonalités vert pomme, rose tendre ou bleu layette. Avec des plumes, sur les vestes d'América Gonzalez et Mica Arganaraz. Quelques blousons aviateurs finissent d'achever ce vestiaire idéal. Les sacs triangulaires s'accrochent en duo. Une présentation rondement menée par Miuccia Prada et Raf Simons. Une garde-robe qui invite à se projeter totalement dans l'ensemble de tous ces looks hivernaux qui persistent à être originaux et novateurs. Avec toujours une touche décalée et de folie maitrisée. Prada m'émerveillera toujours.
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Prada

Automne/Hiver

2022/2023

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Saint-Laurent Automne/Hiver 2022/2023 par Anthony Vacarello
"Sans élégance de cœur, il n'y a pas d'élégance" aimait à répéter Monsieur Yves Saint-Laurent. C'est terriblement vrai. Monsieur Saint-Laurent était dans la prospection de cette quête perpétuelle pour essayer d'atteindre cette grâce ultime. Une élégance qu'il réinterprétait chaque saison à la guise de son inspiration du moment. Toujours chic. Jamais vulgaire. Que la femme, dont il rêvait et revêtait, puisse s'incarner aisément dans des créations toujours audacieuses, respectueuses de son anatomie et sa personnalité, mais dans l'air du temps. Cette saison, Anthony Vacarello s'est attaqué à l'allure identitaire d'Yves Saint-Laurent. Pas de Saint-Laurent. D'Yves. Un travail ardu à réaliser car il ne faut pas tomber dans la réplique. Toutefois, le designer s'est transcendé en ouvrant son cœur comme jamais afin de rendre hommage à l'écriture stylistique d'Yves Saint-Laurent. Tout en insufflant sa personnalité. Le cadre magnifique, tour Eiffel en toile de fond, permet cette touche de magie. Dans un immense caisson, entouré de baies vitrées à 360 degrés, se déploie un salon rectangulaire agrémenté d'une moquette beige poudré. Peut-être " Nude ". Une estrade alcalescente accueille les invités. Placés à divers paliers, ceux-ci peuvent observer la vie nocturne sur les jardins du Trocadéro ou sur la tour Eiffel scintillante. La vue sur le monument iconique étant réservés à quelques VIPs dont l'icône Catherine Deneuve, la muse de Saint-Laurent Betty Catroux ou l'actrice Salma Hayek et son mari, PDG du groupe Kering, Francois Pinault. La bande son diffuse des airs d'opéra classiques remastérisés. La première silhouette, caban en cachemire ébène et longiligne robe en satin blanc, résume déjà l'esprit de la collection : noir et blanc seront les couleurs prédominantes. Un vestiaire minimalisme qui allie fluidité et simplicité. Un vestiaire qui permet de focaliser sur les accessoires maisons : lunettes de soleil ; bracelets en argent, en bois foncé, en simili ivoire ; boucles d'oreilles géométriques, en argent ou Or. Mais, aussi, sur les escarpins, talons aiguilles, aux fines brides diamantées. Strassées. Le trench en cuir sombre descend aux genoux. Une robe col cheminé recouvre l'ensemble de la silhouette. La multiplicité des bracelets en argent, couplé à d'autres plus sombres, en fait l'attrait. Rigueur. Sobriété. On recouvrera ce même look, en fin de présentation, en version incolore. Il y a une frugalité dans le style qui permet de focusser à l'essentiel. C'est à dire les lignes, les formes. Une robe élancée, chocolat, seconde peau, s'enorgueillit de légers plissés sur le corsage créant un effet double losanges sur le buste. De la fausse fourrure habillent quelques manteaux, gabardines. Très similaire aux looks de Catherine Deneuve dans le film "Les prédateurs" de Tony Scott. Celle-ci peut galonner certaines pièces. Les cols peuvent être surdimensionnés, véhiculant cet effet de Power Girl. Comme sur le top australien Adut Akech. Anthony Vacarello exécute une silhouette qui s'achève, souvent, par une robe ou une jupe en transparence, notamment lorsque le mannequin saisit un manteau, veste ou caban. Il y a presque une idée canaille. Si on se démet du haut, probablement, le reste laissera apparaitre des dessous plus affriolants. Un perfecto se pare de peaux d'alligators laquées. Ce dernier peut se compléter par une longue robe en mousseline volantée ou de satin noir. On pourra, aussi, opter pour un legging ténébreux en satin. Certaines épaules peuvent être marquées par un jeu d'épaulettes. Mais à bonne escient. Le trench de Mona Tougaard peut se faire robe lorsqu'il est ceinturé au niveau de la taille. Une rose noire accrochée sur le cœur. Toujours avec une jupe en transparence jusqu'aux chevilles. Laissant dévoiler les sublimes escarpins à la bride strassée. Loli Bahia, toujours à l'allure hiératique, porte un perfecto en cuir prolongé jusqu'aux genoux. Miriam Sanchez se pare à merveille de cette oblongue robe plissée, seconde peau, scalpé par deux triangles au niveau de la taille, maintenue par une rose immense au nombril. La version émeraude se fait fourreau. La version anthracite offre un décolleté qui n'aurait pas déplu à Mr Saint-Laurent. Avec une immense rose parme à la croisée du vertigineux dénudé. Un manteau en mouton retourné, aux larges emmanchures, donne toute sa prestance à une femme sexagénaire. Saint-Laurent pour toutes les femmes. On récupère aussi les fameux leggings et léotards qu'Anthony Vacarello avait promulgué lors de sa collection Latex. Ici, en version anthracite et élasthanne, ils paraissent plus aisés à enfiler. La panne de velours, tissu sophistiqué, est utilisée pour un ensemble pantalon soyeux porté par Seng Khan. La jeune Marie Kippe, cheveux roux tout courts, dénote avec son ensemble en dentelle fleurie ébène. Top au col cheminé, sans manches, et simple pantalon laissant apparaitre toute sa frêle silhouette. Avec une culotte noire basique. Ouf, on est sauvé. Quelques transparences maitrisées sur la robe de Rianne Van Rompaey ou Esin Bicak, image Maison pour le Printemps/Eté 2022. En tout bien tout honneur. Le smoking s'offre deux versions : robe manteau ou classique. Avec un coup de cœur pour la démarche d'Omahyra Mota qui joue la garçonne comme personne. Enfin, elle ne le joue pas, elle l'incarne. Les filles Saint-Laurent de cet hiver auront toutes une classe folle. On se délecte distinctement de ce fameux chic parisien. Anthony Vacarello a réussi à créer, avec brio, une collection Automne/Hiver 2022/2023 qui aurait pu jaillir de l'imagination folle de Monsieur. Ce dernier l'aurait adoubé. Mais, il faut rendre à César ce qui est à César. Anthony Vacarello à performer lors de cette présentation et a su tendre vers cette élégance tant recherchée. Surement, le temps et l'expérience ont su bonifier son âme créatrice. Merci Monsieur Vacarello d'avoir honoré l'essence même de la maison Saint-Laurent.
YG

Saint-Laurent

Automne/Hiver

2022/2023

YG
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Valentino Automne/Hiver 2022/2023 par Pier Paolo Piccioli
Le Rose & le Noir aurait pu être le titre évocateur pour condenser en deux mots la présentation Valentino Automne/Hiver 2022/2023. Réducteur peut-être. Un tantinet littéraire. Voire "Stendhalien". Pier Paolo Piccioli a surtout souhaité sublimer une tonalité singulière pour la garde-robe hivernale : le rose fuchsia/magenta. Une tonalité spécialement conçue pour cette collection. Les silhouettes pétrole venant contrebalancer cette note "colorielle" étincelante. Le dossier de presse simplifie son propos en notifiant "The Pink Collection". Quatre-vingt-un looks dont trente-trois Anthracite. La salle du carreau du temple a été entièrement repeinte en magenta. Murs, sol, colonnes, estrade. Magenta, magenta, magenta. On en veut partout. Pier Paolo Piccioli ne souhaite aucunement diluer son concept stylistique. Il va droit au but. On affirme. On matraque. On rajoute. Une tonalité disséquée, décortiquée, répétée. Pourtant, au sein de nos sociétés contemporaines, dites évoluées, le rose a longtemps répondu à une connotation féminine. En gros, le rose pour les filles et le bleu pour les garçons. Ici, le discours demeure transposé, rectifié. Cette sphère a été totalement raturée pour se surélever vers une autre plus ouverte. Une couleur n'appartenant plus à un seul genre mais à tous : femmes, hommes, trans, non-genrés. L'ouverture d'esprit prime. Toutefois, dans notre monde terre à terre, il prendra beaucoup plus de temps à s'imposer. C'est ainsi. Le casting demeure totalement métissé avec une diversité de couleurs de peaux. Totalement inclusif par ses différences d'âge, notamment en croisant les modèles Violetta Sanchez, Penelope Tree ou Kristen McMenamy. Une présentation ou la majorité des invités se jettera avec gloutonnerie sur des vêtements aux saveurs de délicieuses confiseries. Etant donné que le fuschia prédomine, il n'est plus question, ici, d'imprimés, de tie & dye, de tartans, de carreaux ou de fusion de couleurs. On se focalise sur les formes, les tombés, les découpes, les jeux de matières, les broderies, les agencements stylistiques. Si l'aversion pour le magenta parait trop forte, la maison Valentino propose de se réorienter sur trente-trois sublimes looks entièrement ébène. Obscur et ténébreux. C'est le mannequin Mary Ukech qui foule la première ce sol fuchsia. Elle sublime cette interminable robe dont le bustier forme une savoureuse vague. Divine. Le balconnet à fines bretelles, du second look, est rikiki. Juste de quoi cacher la poitrine. Avec un nœud rectangulaire. La jupe s'évase aux mollets pour dévoiler les étonnants escarpins compensés, élançant la silhouette comme jamais. Le manteau suivant apparait d'une simplicité déconcertante. Epaules légèrement tombantes, il se noue à la taille par un étroit mais longiligne nœud rectangulaire. Une chemise en mousseline, col Mao, manches bouffantes, laisse croustiller la totalité du buste de la demoiselle. Son pantalon large laminant le sol avec déférence. La mini robe crinoline est à se damner. Elle dessine des jambes de gazelles. Des mousselines transparentes laissent découvrir quelques poitrines mais aussi des pectoraux bien dessinés. Des découpes au bistouri peuvent lacérer un bustier en un effet bondage, finalisées par un jeu de charmants nœuds. Des aplats de fleurs s'intercalent sur une minirobe entièrement pailletées de sequins. Un fourreau se bâtit autour de coroles s'apposant les unes auprès des autres. Un rendu complètement couture. Un gigantesque manteau, en taffetas, s'offre un feu d'artifice de gerbe de plumes d'autruche. Une vision suspendue comme une nuée de nuages. Une collection sensationnelle qui restera dans les anales. Un fuchsia magnifié. Un magenta exalté. Un rose tout simplement honoré chez Valentino pour cet Automne/Hiver 2022/2023. Probablement, et cela peut sembler cliché, mais après tous les cataclysmes planétaires, Pier Paolo Piccioli a surement désiré voir la vie en rose. Quelle idée saugrenue mais merveilleuse. De célébrer le bon côté de la vie. Le rose n'apparaissant pas comme une couleur aisée à enfiler tous les jours, montre qu'avec un peu d'audace, on peut la sublimer, la transcender. Une ode magistrale. Une déclaration d'amour.
YG

Valentino

Automne/Hiver

2022/2023

YG
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Défilés Printemps/Eté 2022
Par
Yann Gabin pour PlaneteMode.com
 
 
 
 
Chanel Printemps/Eté 2022 par Virginie Viard
L'histoire pour le Printemps/Eté 2022 chez Chanel commence par un shooting pour le dossier de presse maison. Cette fameuse chemise cartonnée bourrée des derniers clichés que reçoivent tous les invités le jour J. C'est le mannequin suisse Vivienne Rohner, muse actuelle du duo photographique Inez van Lamsweerde & Vinoodh Matadin, qui se prête au jeu. Mais, pas seulement. Lors de cette séance de poses (filmée), Vivienne Rohner passe entre les mains de Rebecca Dayan et Alma Jodorowsky pour le stylisme, Lily Rose Depp pour le maquillage et Jennie des Blackpink pour la coiffure ; dernière recrue de la maison Chanel. Un come-back dans les années folles de la mode. Les années 90 où l'on pouvait, avec un peu d'audace, pénétrer un défilé sans invitation. Côtoyer des stars sans sa horde de garde du corps ; ou une présentation pouvait se prolonger pendant 45 minutes ; ou les filles pouvaient se trémousser ; rigoler ; danser ; se faire photographier en prenant des poses. Ou les photographes pouvaient se regrouper en bordure du podium pour photographier sous les jupes des filles. Sans que cela émeuve ou ne pose le moindre problème. Des années d'insouciances ou, spontanéité et bonne humeur apparaissaient comme les maitres mots. Bye-Bye tout cela car aujourd'hui tout est sous contrôle. Ce qui importe s'inscrit dans les chiffres de vente et la production d'images à gogo. A point c'est tout. Le manque de "sens" semble un fait indéniable et tenter de répondre à cette simple question devient un casse-tête : Pourquoi crée-t-on des vêtements ? Toutefois, cette quête de sens demeure avérée chez quelques jeunes designers comme Jacquemus, Marine Serre ou Kevin Germanier. Nonobstant, Virginie Viard a souhaité véritablement transposer ce flash-back des années 90 lors de cette présentation. Surtout retrouver du sens et de la désinvolture. S'imprégner des codes Maison. Vivienne Rohner arpente le podium avec ce maillot de bain immaculé, superposé d'un simple tee-shirt ébène. Sans celui-ci, la poitrine s'y dévoilerait avec majesté. On pimente ce look par des chaines argentées et de la joaillerie "Diamants". Les solaires bicolores s'offrent un matelassage de rigueur, code traditionnel maison. La plage et sa panoplie balnéaire demeurent la première partie de ce show. Seulement des looks en noir et blanc. On plonge avec des bikinis en lycra de proportions athlétiques ; D'autres sont échancrés et feront le bonheur de messieurs voyeurs. Les micros chaines dorées s'enroulent autour de la taille avec bénédiction. Le "Une-pièce" me transporte dans le passé. Je revois ce maillot de bain porté par Helena Christensen lors de la campagne Printemps/Eté 1990, photographié par Karl Lagerfeld. Une photo ou Helena sort de la piscine avec cette pièce anthracite, rebrodée d'une fleur de camélia immaculée. Madeleine de Proust de mes jeunes années. J'adore ce visuel. Les cabas matelassés, évasés, serviront de coussins douillets pour somnoler sur la grève. Les cyclistes galbent la silhouette comme jamais. Les jupes en résille, que l'on empile, sont diaboliques. Le micro short d'Adut Akech apparait presque sulfureux. Heureusement que sa veste bicolore investit une configuration plus que monacal. Le "marcel" rikiki, moulant, s'inscrit du mot Chanel. On signe son appartenance. Une robe "parasol", recouverte de paillettes basanées, dramatise l'allure de Lola Nicon. Une veste oversize en éponge s'intègre parfaitement pour une balade en mer. Les tailleurs, en tweed ébène, rebrodés de sequins ton-sur-ton, gansés de gallons dorés, sont à tomber. Indémodable et magnétique sur Rianne Van Rompaey et Louise de Chevigny. Les looks à posséder dans un dressing. La marinière de Mika Schneider se perle aux manches. Des robes en cotonnade, aux rayures bleutées, soufflent un vent marin sur le podium. Les looks bayadères accrochent des tailleurs deux pièces de façon décontractée. On vénère la version robe d'Edie Campbell. On récupère ce tissu analogue en variante neigeux. La combinaison salopette de Vivienne sera idéale pour un brunch ou une balade en bord de mer. Les couleurs de guimauves parent les vestes iconiques en Tweed. Avec des micro-shorts tout de même. Elles peuvent s'alterner avec quelques jupes micro-devant, macro-derrière. Telle une mini-jupe queue de pie. Quelques looks récurrents viennent frayer le podium. Seules les proportions changent, ennoblies ici et là, de détails cachés. Le célèbre logo, double CC, gravite sur quelques robes de cocktails. Puis, l'imprimé "élytres de papillon" parachève les looks ultimes de cette présentation estivale. Une étoffe en mousseline virevoltante et tourbillonnante qui, astucieusement, laisse entrevoir la physionomie de celles qui les enfilent. Cependant avec une décence poétique et une magnanimité assumée. Un défilé souvenir remémorant les meilleurs looks des années 90 de Karl Lagerfeld. Surtout des indémodables qui pourront être transmis, dans une trentaine d'années, de mère en fille. Voila le message sous-jacent de cette collection Chanel 2022.
 

Chanel

Printemps/Eté

2022

 
 
Chanel Cruise Printemps/Eté 2022 par Virginie Viard
Monaco ou Monte-Carlo ? Ce rocher prisé des Happy Few apparait comme le lieu idéal pour dévoiler la collection Croisière Printemps/Eté 2023 de la maison Chanel. Un cadre magnifique avec sa plage, son ciel Azur, ses yachts de millionnaires, ses transats, ses palmiers… N'y a-t-il pas plus bel endroit pour détailler les derniers looks Chanel. La cité monégasque a toujours entretenu un étroit lien avec la maison de la rue Cambon. Notamment avec Karl Lagerfeld, très proche de la princesse Caroline. Mais, aussi, par son acquisition de la célèbre Vigie qu'il aménagea comme lieu de villégiature. Par conséquent, une présentation ou la clientèle fortunée sera honorée de savourer les pièces anticonformistes désignées par la Directrice Artistique, Virginie Viard. Avec l'aide de son équipe, elle a souhaité inscrire et explorer plusieurs thèmes à l'esprit très monégasque : les courses de formule 1, la plage, le casino ou le yachting. Le show débute par un bruit sépulcral de Formule 1. Comme si l'on était barricadé derrière les chicanes du Grand Prix. Loli Bahia, vêtue d'une combinaison pantalon en tweed vermillon, chaussée d'une casquette ton sur ton, ouvre le show sur le rivage de la plage de Monte-Carlo. Sur l'air de Nino Ferrer "Looking for you", elle recoure distinctivement aux iconiques accessoires Maison : le sac matelassé, les créoles au double C, la ceinture aux chaines dorées et les ballerines bicolores. On ne peut pas faire plus Chanel que cela. Les combinaisons de pilotes de Formule 1 s'enchainent les unes après les autres. Bleu marine avec de célestes rayures. Complètement rouge écarlate. Blanc glacier. Anthracite couverte de sequins à n'en plus finir. Mais toujours avec quelques attributs Chanel comme le casque de Moto embelli d'un N°5 démesuré ou d'une casquette au double C. Un top s'inspire du drapeau finalisant une course automobile. Le fameux damier noir et blanc. On récupère cet imprimé iconique sur un foulard en soie que l'on noue dans les cheveux. Celui-ci s'embellit de fanions de couleur pourpre sur le chemisier du mannequin Cris Hermann. Ou se décline sur de longues robes en mousseline astrale. Vole, vole, vole. En vermillon ou monochrome. On distingue sur le podium quelques socialites qui déambulent avec circonspection : la comédienne Lyna Koudri ou la fille de Yannick Noah, Jenaye Noah. Rebecca Longendyke aborde un look flamboyant et éblouissant ; pantalon en cuir doré, veste boutonnée moutarde et corsage "comme il faut" bleu marine. Avec pour boucle de ceinture un camélia Gold. Rutilant, comme le bomber d'America Gonzalez, au cuir mordoré tel le sarcophage de Ramsès II. Les vestes, aux couleurs monochromes, abordent des tonalités franches telles les fanions triangulaires de la capitainerie du port de Monte-Carlo : jaune vif, vermillon, bleu nuit. Des sacs rikiki prennent des configurations de casques de moto, sacs de raquettes de tennis ou machines à sous. Quelques canotiers en paille, de la maison Michel, donnent un air de jeunes filles anglaises. Quelques tailleurs redessinent les silhouettes de Tennis Women. Assurément plus élégant en tweed lactescent. Une manière sportswear de porter l'iconique tailleur Chanel. De couleur homogène ou bien tissé par un savant maillage polychrome, le tweed demeure toujours fort présent. Les twin-sets font leur come-back dans une configuration plus sensuelle et voluptueuse. On les agrémente d'un simple bas carbone, faisant des jambes l'argument principal de la tenue. Le double C s'agrippe urbi et orbi. De manière discrète ou totalement assumée et tapageur. Pour se rendre au casino, une tenue ébène fera bien l'affaire. Cela tombe à pic puisque Virginie Viard a décliné plusieurs propositions classiques mais éclatantes. Chemise longue, col Arlequin et pantalon large sur Jill Kortleve ; Robe chemisier sur Jade Nguyen ; Perfecto pailleté ; Robe bustier dissymétrique, retenue à la taille par une ceinture perlée, sur le top américain Grace Elisabeth ; Une combinaison bustier/pantalon sur Kim Schell ; Ou bien une longue robe/manteau rebrodée à l'infini de sequins sur l'égérie actuelle, Vivienne Rohner. Une touche bleu nuit investit le manteau couvert de paillettes sur Mica Arganaraz. On pourra se raviser en adoptant des tenues aux couleurs pastel. Voire de berlingots de notre enfance. Celles-ci peuvent s'accommoder d'un coton léger, d'un tweed éthéré ou se parer de délicates rayures bayadères bleu et blanc. D'autres s'ornent de minuscules fleurs rebrodées ou bien de logos double C. Quelques robes virginales apparaissent et feront office de robes de mariée comme sur la charmante française Mariam de Vinzelle. Une collection bonbon qui fleure bon l'air de la méditerranée et de l'opulente Monte-Carlo. Une collection intemporelle qui rafraichit les yeux. N'est-ce pas le principal ?
 

Chanel Cruise

Printemps/Eté

2023

 
 
Dior Printemps/Eté 2022 par Maria Grazia Chiuri
Une gigantesque roue de la chance a été déployée sous l'immense chapiteau du jardin des Tuileries. Une installation chimérique créée spécialement pour la collection prêt-à-porter Christian Dior Printemps/Eté 2022. D'autres roues, plus menues cette fois, se disséminent, de-ci delà, sur la périphérie du décor. Il y a, à la fois, un air de fête foraine mais aussi une sensation prégnante de jeux de hasard, de bonne fortune, dont s'imprègne follement ce décor. Un brin folklorique. Maria Grazia Chiuri a brigué, avec l'aide d'Anna Paparatti (85 ans), artiste de l'avant-garde de la scène musicale romaine des années 60, une scénographie enchevêtrant, à la fois, des inspirations Pop Art, night-club et Disco. Une atmosphère de boite de nuit ésotérique. Chaque mannequin se localise sur un palier numéroté, allant du chiffre un à quatre vingt-huit. Pour condenser le propos, quatre vingt huit looks visibles en mode panoramique. Une fois, le show engagé, elles se déplacent, les une derrière les autres, dévalant la case suivante. Un long chemin serpentin commence. Maria Grazia aime toujours à griffonner des mots et phrases. Plutôt en italien : "Pop Oca", "Il Gioco del Nonsense". Sans oublier le duo de chanteuses italiennes aux voix savoureusement suaves. La façon de relater cette collection apparait vraiment charmante car l'ensemble des vêtements se découvre sur le podium. Cela donne le temps d'observer, de scruter et d'apprécier chaque look. Fait rare pour ne pas le mentionner. Les premiers looks restent discrets de part leurs lignes droites et leur "colorimétrie" utilisée : Noir. Minimal mais tellement facile à s'approprier. Cependant, l'armada de couleurs s'échouent rapidement tel un raz-de marré sur la grève. Un manteau strict se façonne d'un trio de segments similaires aux tonalités puissantes : mandarine, absinthe et ébène. Un total esprit monobloc. La robe, du-dessous, s'accorde du même schéma. Un autre manteau subséquent s'habille d'une couleur abricot sur le buste puis d'un bleu ciel sur la partie restante. Un coucher de soleil sur l'océan. La robe triangulaire de Kim Schell résume parfaitement cet esprit Sixties : Sans manches, très courte et s'évasant vers une forme pyramidale. "Swinging Roma". Les looks Hair & Make-up, très aboutis, font partis du succès de cette atmosphère Soixante. Petites franges stricts. Cheveux tirés et laqués fermement. Queues de cheval hautement relevées. Ou cheveux courts à la Jean Seberg. Les yeux se font de biches avec double eye-liner anthracite. Rusé. On se remémore aisément les looks de Purdey dans la série "Chapeau Melon et Bottes de Cuir" ou de "Qui êtes-vous Polly Maggoo" de William Klein. On voyage vers les vestiaires de couturiers précurseurs comme Courrèges, Pierre Cardin ou Paco Rabanne. Un esprit très prégnant. Mais, à la sauce 2022. Le tailleur citron, rectiligne, quatre boutons, s'immobilise à la taille alors que sa jupe fendue, en tout bien tout honneur, s'y acoquine avec brio. Les bottes plates, en daim noir, se couvrent d'un circuit de files jaune fluo. Le sac Lady Dior demeure rikiki. Juste de quoi déposer son Smartphone. Le vestiaire sombre comme la nuit demeure easy-to-wear pour celles qui ne jetteront leur dévolu sur les pièces aux tonalités acidulés : citrouille, bonbon, safran, magenta, émeraude, parme, écarlate. Des bodys seconde-peau, de couleur chair, permettent d'enfiler des minis et bustiers micro-micro, sans perdre sa pudeur. Le Jean s'intercale, dans cette présentation, avec une jupe plissée, reconstituée de différents segments en denim. Peut-être l'idée de réutilisation de chutes de tissus. Enfilé avec une simple chemise en coton blanc, "sérigraphiée" d'une petite abeille marine, la tenue est exemplaire. Des inspirations athlétiques s'immiscent avec quelques looks empruntés au monde de la Boxe avec ses larges shorts de combat et ses brassières adéquates ; ou bien à celui du Tennis avec un ensemble immaculé, prêt pour une partie sur le cours. Deux, trois looks dépeignent ceux d'ouvriers de chantier. Urbain. La surimpression d'animaux de la savane (Lion, zèbre, crocodile, panthère) se fixent sur un manteau, une jupe ou un trench tel un coup de tampon. Mais, avec des couleurs totalement Pop Art : Turquoise, Gazon, Soleil, Parme, Orange. Pour les sorties chics, ces mêmes imprimés se dupliquent sur des robes en satin de soie. Les formes restent simples et basiques. Tout l'esprit demeure dans le dessin et l'agencement des couleurs. Deux robes, à l'esprit années 20, aux fils dorés, passent sur le podium tel que sur Mariel Uchyda. Un brin Charleston. Quelques sequins vifs investissent des minis pour en mettre plein la vue. Les ultimes looks, en mousseline transparente, demeurent sobres dans la forme mais parient sur des couleurs franches : bleu électrique, corail, gazon ou noir. Sofia Steinberg fermant la marche d'une allure virginale. Une mode fluide, graphique, minimal avec une respiration Disco. Une mode ravissante pour celle qui aura envie de se la jouer Pop Art Sixties cet été.
 

Dior

Printemps/Eté

2022

 
 
Dior Cruise Printemps/Eté 2023 par Maria Grazia Chiuri
Séville demeure comme l'une des villes incontournables à visiter en Europe. De par son histoire partisane entre musulmans et chrétiens lors des guerres de religion, mais aussi par ses arts incroyables et son architecture baroque. Elle apparait comme une ville ou il fait bon vivre. Mais, attention à sa chaleur étouffante. Notamment, en période estivale. Capitale de l'Andalousie, Séville est aussi le berceau du Flamenco. Une danse qui relate les émotions sincères de l'être humain : peine, allégresse, amour, chagrin. Ne se souvient-on pas de cette image de belle sévillane robe volantée vermillon, castagnettes aux creux des mains et babies à petites talonnettes en cuir noir, tapant avec entêtement comme le martin pécheur creusant son logis. Elles sont présentes sur le podium. Maria Grazia Chiuri se devait d'initialiser sa présentation Cruise Printemps/Eté 2023 par cette danse bien singulière du Flamenco. Surtout quand on connait l'affection extrême qu'elle porte à cet art rythmique. Sur l'immense place de l'Alcazar, la nuit tombe. Un danseur Gipsy prévient de l'imminence du défilé par ses pas saccadés et répétés. Quarante danseuses germent sur cet immense escalier de l'Alacazar, escortées par un orchestre symphonique. Habillées de robes écarlates identiques, l'énergie dégagée demeure tendre mais caliente. Le premier look, un tantinet garçon manqué, avec son marcel lactescent, son ample pantalon anthracite et les bretelles de titi parisien, s'accommode d'une étole aux longues fibrilles, totalement dans l'inspiration Flamenco. La presque totalité de la collection s'empourprera de trois tonalités prédominantes : vermillon, blanc et noir. Quelques looks beiges. La veste totalement dans la veine d'un toréador que porte Chai Maximus demeure divine car ajustée au scalpel. Son canotier s'inspirant totalement de l'esprit sévillan : court et racé. L'esprit équestre se glisse par le biais d'un tailleur beige, à la jupe longiligne, agrémenté de bottes cavalières et du sac iconique maison, le "Saddle". Une autre fille arrive cravache en main telle un accessoire fatal. Des robes en dentelles Anthracite, neigeuse ou écarlate, murées du cou à la cheville, traduisent cet esprit singulier d'une garde robe espagnole ancestrale ou la moindre parcelle de peau devait être dissimulée. La femme andalouse se devait d'être impeccable tout en diffusant l'image d'une femme respectable et pieuse. Honneur. Religion chrétienne oblige. Maria Grazia s'invite à étudier, à nouveau, des lignes stylistiques dont la référence aux toréros et matadors demeurent sans appel : boléros, corsaires "cigarette" et attaches Brandebourg électrolysant quelques looks. La palette de rouge (avec des tonalités de grenat, cerise, cardinal ou cramoisi) et de noir se marient à merveille. Maria Grazia l'utilise, à bonne escient, afin de galvaniser son thème de la revisite de l'Espagne. Le cuir souple s'insinue sur quelques jupes et tops droits. On le découpe, finement au laser, afin de faire apparaitre des figures en forme d'arabesques d'une excessive finesse. Un travail minutieux et méticuleux. Le fameux Logo Dior, en bleu marine ou grenat, s'estampille sur un pantalon évasé ou sur un blouson bombers over size. Ou tout simplement en doublure. Pondération à l'espagnole. Quelques looks beiges permettront d'affronter sans trop d'effort les fortes chaleurs ibériques, tout en préservant une véritable modération stylistique. Avoir du style sans pour autant afficher un bling-bling désobligeant. C'est le message primordial de Maria Grazia Chiuri lors de ce défilé Cruise 2023. Avoir du style sans pour autant sacrifier sa vertu et ses principes. L'Or sera la vedette des nuits sévillanes. Un véritable clin d'œil à l'histoire du pays, notamment à travers sa ruée lors de l'époque des conquistadors. Une histoire terrible qui a fait la richesse de l'aristocratie et de l'église espagnole. Le soir, on opte donc pour des jupes amples, aux volants en dentelle dorée, agrémentées d'une veste en velours ébène, rebrodée de motifs convoquant à ceux d'herbiers. Une tenue de toréador est enjolivée par ses fils dorés en trois dimensions. Une autre jupe se parsème de fugaces points dorés. On brille. On illumine. On rayonne. La royauté explose dans ce final. Les robes majestueuses d'infantes demeurent aériennes et volumineuses, laissant leurs crinolines caresser les pavés de la place de l'Alcazar avec délicatesse. Un effleurement sensuel qui n'aurait pas déplu à Monsieur Dior.
 

Christian Dior

Printemps/Eté

2023

 
 
Gucci Cruise Printemps/Eté 2023 par Alessandro Michèle
Un coup de tambour. Lina Solomonsson, ouvre le show Gucci Cruise Printemps/Eté 2023, avec une sévérité croisant l'ère glaciaire. Austérité. L'heure est-elle grave ? Certainement. Il semblerait que l'alignement des planètes soit en cause de cette solennité tangible dont chaque parcelle d'air frais vient caresser les invités avec bienveillance. Alessandro Michèle nous invite dans un univers qu'il affectionne tant ou le rationalisme est évincé au profit des atmosphères occultes. Ou de l'appel à l'astrologie, beaucoup moins effrayante. Intitulée "Cosmogonies" (Théorie expliquant la formation de l'Univers, de certains objets célestes), cette collection Gucci devrait être en totale osmose et alignement avec les planètes. Les prises de vues aux drones ajoutent de la dramaturgie, tout en mêlant une majesté certaine, voire splendeur, à la présentation. La vue aérienne du Castel Del Monte, situé à Andria, accélère l'image de force surnaturelle, herculéenne. Cette forteresse du XIIIème siècle, construit par Frederic II de Hohenstaufen, domine la chaine des Murges. On connait l'affection du créateur pour les lieux chargés d'histoires. Au premier et deuxième sens du terme. Mais, aussi pour l'ésotérisme : les fameux enseignements secrets réservés à une poignée d'initiés. Ce soir, ces préceptes seront divulgués à une foule d'invités, triée sur le volet. Toujours les mêmes. On demeure dans une ambiance du film, tel "Le nom de la rose". Surement le lieu y est pour quelque chose. La musique classique, du piano, amplifie ce sentiment de dramaturgie. Une longue robe en panne de velours grenat se brode de fils argentés recouvrant le design de fleurs. Elle se découpe d'un large losange sur le pourtour du nombril. Être le nombril du monde, là demeure la question ? Des bracelets reprennent la configuration de collerettes masculines. D'autres, celles de simples collerettes faisant office de ras du cou. Les cols de chemises se font pics d'hallebardes. Les lunettes mouches se parent d'un chatoiement mandarine. Le sac Jacky 1961 revient en version cuir anthracite Mat et surmonté du logo doré GG. Des looks sobres parcourent aussi le podium. Des robes, au contour minimaliste, pourraient s'inspirer d'une garde-robe de l'inquisition. A contrario, une cape, aux délicats fils dorés, en totale transparence, laisse poindre une poitrine généreuse, une coquine culotte et des cuissardes dignes d'une maitresse appelant à une orgie cosmique. C'est le tout et le rien à la fois. Un bermuda en jean usé s'incruste de cristaux Diamant. Les robes se découpent, se lacèrent dans des configurations allant jusqu'à la configuration de tentacules de pieuvres. Les bijoux argentés, aux différences confluences, un tantinet indien, persan ou marocain, s'accrochent sur le pourtour des visages. Des colliers en perle s'enroulent autour du cou tel un col cheminé. Les emmanchures peuvent s'élargir comme des tunnels. Des silhouettes années 20, incorporent un design Sixties. Avec capeline, s'il vous plait. Un sac bandoulière "Fraise" passe sur le podium comme si de rien n'était. Des robes de folkloriques permettent de cheminer des Carpates jusqu'aux Pouilles. Un manteau en (fausse ?) fourrure, type vison, est enfilé par Audrey Marnay. Une allure totalement vintage et de tendance seconde-main. Un maillot de bain, une pièce, entièrement couvert de sequins dorés. Avec d'oblongues bottes lacées, en cuir ébène. Sans omettre de longs gants rose Barbie. D'autres sont proposés de couleur ivoire et latex. D'autres tenues remémorent fortement ceux de Pierre Cardin. De part leurs aspects, couleurs et tissus utilisés. Les crânes, rasés à 3 millimètres, se parsèment de logos GG. Une kippa attrape la même configuration. Lily McMenamy ferme la marche dans une robe bouffante, bleu nuit, reproduisant des broderies voie lactée. Un look par personnage. Des larges rayures. Des pois. Des carreaux. Des effets d'optiques. Du tartan. Des paillettes. Du long. Du court. Des transparences. On peut se revendiquer chevalier de la table ronde ou bien Jean Harlow. Il y en a pour tous les styles et goûts. On s'inscrit dans une mode qui contente le plus grand nombre sans être destinée à un public ciblé. Une mode transversale qui met de la magie astrale dans les yeux, tout en dévergondant l'esprit par des touches corporelles cosmiques. De l'extravagance jusqu'au minimalisme, Alessandro Michèle tape une fois de plus dans le Mille. Une cosmogonie pour un "cosmogénie".
 

Gucci Cruise

Printemps/Eté

2023

 
 
Isabel Marant Printemps/Eté 2022
Toujours au sein jardin du Palais Royal, et plus précisément dans la cours du Péristyle de Montpensier, Isabel Marant a une fois encore utilisé cet espace dépouillé pour exhiber sa collection prêt-à-porter Printemps/Eté 2022. Un lieu historique par ses bâtiments XVIIème et contemporain par sa proximité avec les colonnes Buren. Cette immense place permet de convier de nombreux invités aisément, tout en imprimant de saison en saison une signature identitaire récurrente. Pour cet été 2022, Isabel Marant a ambitionné une mode gaie et estivale. Les sonorités du morceau "Galacticon", du groupe Lessov, nous propulse de suite dans des vibrations "techno-latines". On a envie de se trémousser. Isabel Marant ambitionne continuellement à ce que ses créations stylistiques soient comme un fluide positif de son propre corps. Que ses vêtements donnent à se mouvoir librement sur n'importe quels rythmes de la vie quotidienne : marche, danse, station assisse. Bref, qu'il n'y ait aucune entrave aux mouvements usuels. Mona Tougaard pénètre d'un pas décidé avec cette combinaison en soie champagne ultra légère, déboutonnée jusqu'au nombril. Une excellente manière de dévoiler son haut de bikini. Ca fleure bon la plage. Avec des escarpins compensés, lacés par de fines brides. Le sweater Ocre de Quinn Elin Mora s'enfile sur un maillot aux dégradés bariolés mais panachés. Focus sur ses cuisses halées. Le bermuda champagne de Lexi Boling s'accorde avec un bikini délicatement volanté. Avec à la main un sac banane démesuré aux reflets irisés. Technoïde. Ca chatoie de mille couleurs. Un simili K-Way se façonne de ce même tissu en plastique nacré. Le top français Malicka Louback noue son haut de maillot de bain sur un pull Topaze. Son short léger telle une plume prend la forme d'une jupe légèrement sphérique. Ca flotte. Ca virevolte. Le Summer Vibe. Une autre combi imprimée de fleurs exquises, aux intonations indiennes, s'envole vers des tonalités de rose incarnadin et d'orange miel. Suave. La patte Marant reconquiert un blouson en Jean aux accents de soufre et safran qu'elle rebrode d'un lès Liberty parcourant les épaules jusqu'à la poitrine. Quelques looks masculins ponctuent cette présentation avec une combinaison short Ocre, ceinturé à la taille par un simple lien ton sur ton. Un blouson et short, au Tie and Dye de coucher de soleil, véhicule "peps" et énergie à celui qui acceptera de les porter. Une chemise et pantalon Bleu Layette confirment aussi une envie de confort discret. Cela fonctionne parfaitement en total look. Ce procédé s'applique, également, sur une salopette agrémentée d'un chemisier en dentelle macramé. Isabel Marant ajoute, déci delà, quelques chemisiers en cotonnade, rebrodés de fleurs de marguerites perforées, via un jeu de fine dentelle. Pourquoi pas pour cette note désuète. Des rayures bayadères, aux dégradés de soleil levant, s'invitent gaiement sur une combi/short, une chemise et un short. Il y a presque un coté enfantin et régressif. Des imprimés plus abstraits, à la touche 80, se glisse par touche sur une chemise col Mao, un maillot de bain ou sur une robe en mousseline au tombé fluide comme sur Cara Taylor. Un second imprimé intègre des dessins ethniques fusionnant une configuration cachemire avec des chevaliers hindous. Des looks éthérés qui seront idéaux pour siroter un cocktail au bord de la piscine ou pour une simple balade. A porter avec les lunettes aviateur. Isabel Marant suggère ces mêmes looks en version unie. En blanc particulièrement. C'est certainement moins affriolant mais plus passe-partout. Du cuir, aux reflets métalliques et moirés, apparait sur une combinaison ou un bermuda parme. Idéal pour une After. Un bomber, aux délectables barbouilles multicolores, telle une palette de peintre, brille de mille feux grâce à l'accumulation et superpositions de paillettes transparentes. Un travail minutieux. Un pantalon en jean s'effiloche sur les ourlets, bordés de gracieuses fleurs en perles Anthracite. Préciosité quand tu nous gagnes. La robe de Sora Choi, manche unique, épaule à nue, recouverte de broderies "folklorico-ethnique", reflète une palpable envie de s'amuser, de faire la fête. On perçoit dans le travail d'Isabel Marant de cet été 2022 une appétence pour des couleurs solaires, d'iles de méditerranée et de plages sauvages. Une mode aux intonations de Sun-Set et de Sun-Rise.
 

Isabel Marant

Printemps/Eté

2022

 
 
Loewe Printemps/Eté 2022 par Jonathan Anderson
Une idée décalée peut être la source d'une collection remarquable et remarquée. Une de celle qui stigmatise l'esprit. Jonathan Anderson me pousse à cogiter sur une question élémentaire mais fondamentale : qu'est-ce ce que la place de la mode aujourd'hui ? Sa collection Printemps/Eté 2022, au delà d'être totalement inventive et inédite, m'interroge sur ce que doit être la fonction primaire d'un vêtement en 2022. Doit-il être fonctionnel ? Usuel ? Rationnel ? Cartésien ? Minimaliste ? Ou à l'opposée des ces items ? Cette manie incessante d'explorer et de proposer des pièces textiles extrêmement élaborées, mais parfois importables en public, me conduit vers cette autre problématique liée à l'économie de la Mode : Qui peut être visée par cette ligne d'"Artements" ? Ici, le vêtement n'investit plus des formes basiques et strictes mais des lignes complexes et architecturées qui s'éloignent incontestablement des frontières corporelles coutumières. On peut se questionner si Jonathan Anderson chez Loewe ne souhaite pas plutôt allouer l'idée qu'il se fait du vêtement comme œuvre d'Art ? Mais mobile et mouvante. Enfiler une œuvre d'Art, par conséquent en faire partie intégrante, demeure une idée concentrique et séduisante. Etre l'œuvre d'Art. Jonathan Anderson a souhaité un set immaculé, baigné de lumière. Un quadrilatère immense laissant entrevoir, en son centre, une cavité sombre. L'échappatoire ultime des mannequins pour briller sur ce podium minimaliste. Première tenue, une robe noire, sans manches, qui enrubanne la silhouette telle une seconde peau. Oups ! Cette simplicité reste apparente. Une modélisation textile 3D place une proéminence de forme carrée sur les hanches. La suivante s'incruste d'une configuration rectangulaire 3D sur le buste. Une autre pointe interminablement telle une pique de proue d'un navire. Protubérances. La structure du corps se métamorphose. Le vêtement se propose t-il d'incorporer d'inédites options "protectives" ? Les escarpins, aux talons recherchés, peuvent se finaliser d'une coquille d'œuf brisée ou d'une simple rose vermillon retournée. "Daliesque". Une cape neigeuse ou céladon recouvre la configuration d'ailes de coléoptère. Un pantalon beige s'enorgueillit aux genouillères de deux alvéoles béantes Opaline. Une robe argentée s'arrange d'un plissé bénitier fuselant la jambe. Un blouson en Denim oversize se réinvente en simple robe. Les pantalons bleu Klein ou cramoisi deviennent extra larges. Presque des similis jupes "corolle". Un bustier "sablier" se bâtit par la grâce d'une étoffe métallisée. Un autre semble en aluminium. Un corset dissymétrique Gold fait office de ceinture. Un dernier bustier se gonfle tel un soufflet d'accordéon. Si l'on devait conserver un unique modèle, il s'incarnerait par la robe anthracite, sans manches, incrustée sur la totalité du buste d'un plastron en métal dorée, à la forme d'un violoncelle. The Master Piece. Des "camisoles" en acrylique translucides, reproduisant le buste féminin, apparaissent sur des robes chasubles dans des tonalités carmin sanguinolent, rose chair ou bleu ciel. Laissant apparaitre avec une subtile indécence les poitrines de nos jouvencelles modèles. La dissymétrie textile demeure un autre atout ensorceleur de cette présentation. Une minijupe se targue d'une oblongue traine latérale. Une unique manche pour un top pastel. Des écharpes drues tourbillonnent autour de la silhouette pour s'achever en longue traine. Les immenses bracelets en cuir, camel ou turquoise, prennent la configuration de poids de musculation. Quelques tissus chamarrés investissent de longues robes moulantes. Quelques tonalités, bleu layette, vert d'eau ou dragée assiègent des looks composés d'un pantalon cigarette et crop top. Jusqu'aux courtes perruques frangées ne laissant apercevoir le regard de celles qui les portent. Quand d'autres mannequins portent un voile aérien. Les robes pailletées rouge, mauve ou noir n'hésitent pas à dévoiler irrésistiblement la jambe par l'intermédiaire d'une dissymétrie relativement bien calculée. Chaque look est véritablement pensé comme un projet architectural. Jonathan Anderson expérimente chez Loewe la distorsion textile, transcendée par l'application vigoureuse de pièces issues de l'univers de la sculpture. Jonathan Anderson se veut sculpteur. Une collection qui aborde autrement la place du vêtement dans la garde robe. Celui-ci n'est plus simplement utilitaire. Il peut-être totalement importable, immettable. Même au delà d'une coupe et structure maitrisé à la perfection. Une collection cérébrale ou se mêle jeu de texture, déformation de l'allure, déterritorialisation de la silhouette.
 

Loewe

Printemps/Eté

2022

 
 
Louis Vuitton Printemps/Eté 2022 par Nicolas Ghesquière
Le glas sonne longuement sur le parvis du Louvre. Une vue plongeante sur la pyramide en verre, via un vol de drone, consolide cette magie ensorcelante. Et Bang ! Bang ! Bang ! Ca claque. Ca résonne. La musique entêtante de Woodkid, aux sonorités d'orgues "remastérisées", inocule cette sensation de pesanteur. Comme si une mésaventure dramatique allait se produire. La cours du Louvre, au crépuscule Tie & Dye apoplectique, décuple ce sentiment. La maison Vuitton, sous l'égide de son directeur artistique, nous convie vers une virée nocturne, sensationnelle et énigmatique. Dans les corridors du Louvre, le musée s'illumine de mille feux par l'intermédiaire d'une centaine de lustres de cristaux, aux pampilles réfléchissantes. Étincelantes. Elles embrasent et enflamment chaque parcelle de ce podium Printemps/Eté 2022. Quand apparait le premier look, on saisit instantanément le pourquoi du comment de ce décor majestueux. Quand le XVIIIème s'intercale un quart d'heure au XXIème. La robe à paniers ouvre le show. Absolument suspect ici. Une robe à la mode au sein du milieu bourgeois et aristocratique du XVIIIème. Une robe peu commode mais idéale pour générer une distance latérale avec l'autre. Avec les autres. Mais de gauche à droite seulement. Une conséquence de la pandémie ? Probablement. Nicolas Ghesquière, féru d'Histoire, vénère entrechoquer différentes périodes historiques pour en faire émerger de nouvelles configurations stylistiques. Même si l'idée demeure amusante, il me semble qu'elle ne se prêtera finalement qu'à un exercice de podium. Nonobstant, cette silhouette inédite marque les esprits par ses contours peu communs. Il faut se démarquer. Se faire remarquer. Toutefois, on peut gager que ces robes surprenantes feront le bonheur de nombreux supports éditoriaux. Les broderies sur les débardeurs en mousseline apparaissent ravissantes et délicates. En perles irisées ou en dentelles dorées. On valide. Les bottines bigarrées font appel à la configuration de spartiates cosmiques. Les lunettes demeurent incroyables. Elles s'incarnent dans des visières démesurées et reflètent un air de Roi Soleil. Ou peut-être de masques du carnaval de Venise. Les chapeaux perlés, années 20, renforcent cette envie de vicissitude. Les looks se prêtent complètement à des virées nocturnes. On ressasse cette réminiscence de nuits endiablées au célébrissime Palace. Extravagance. Dévergondage. Folie furieuse. Opulence. Le poncho asymétrique, aux échancrures ébène et ivoirines, que revêt le top français Mariam de Vinzelle, dénote d'un souffle Art Déco. Le pantalon en Jeans casse cet effet "Trop habillé". La couleur noire demeure un sujet récurrent de cette présentation. Le Spencer prend une allure Oversize. Une autre veste, rebrodée de galons argentés, totalement Chanel, se rehausse d'une longue queue de pie. On la propose, aussi, en version tweed chiné gris souris. Nombreuses vestes de Smoking, aux larges épaules, redessinent et gonflent l'allure des frêles mannequins. Le sac Malle, créé par Nicolas Ghesquière, se rallonge de quelques centimètres cette saison. La traine demeure un autre détail In avéré. Elle s'immisce urbi et orbi. Sur des chemises, vestes ou tops. En dentelle, brodée ou Jeans. Le pantalon en Denim s'immisce sous de nombreux looks. Il se cache fréquemment par un jeu de superpositions textiles. Quelques pièces font appel à l'identité du vestiaire religieux tel un manteau chasuble aux tonalités de "Ying & Yang". D'ailleurs, Woodkid passe un message de "Faith" au travers les paroles de sa chanson. La robe en cuir de Jade N'Guyen subjugue par ces proportions minimalistes et souples telle une vague s'échouant sur la grève. Quelques ultimes tops, toujours sans manches, prennent l'apparence de carrés géométriques surdimensionnés. Mais, équilibrés. Assurément une proportion un peu écrasante au premier regard. Pourquoi pas. La robe du top espagnol, Miriam Sanchez, mêle une certaine fragilité avec force tranquille. Vulnérable par ce jeu subtil de dentelles légères et extrêmement délectables. Puissant par sa construction stylistique architecturale maitrisée au cordeau. Nicolas Ghesquière invite au voyage entre deux univers qui ne paraisse jamais si éloignés l'un de l'autre. Comme entre Versailles et Venise. On s'abrite derrière des masques mais on convoite la flamboyance. On souhaite rester discret mais on n'hésite pas à enfiler une cape asymétrique rebrodée de sequins. On s'amuse des divergences et des anachronismes pour créer un terrain propice à de nouvelles libertés, autonomies et indépendances. L'été 2022 chez Louis Vuitton sera "baroquement" extravagant.
 

Louis Vuitton

Printemps/Eté

2022

 
 
Vuitton Cruise Printemps/Eté 2023 par Nicolas Ghesquière
Le Salk Institute de San Diego, en Californie, a été choisi comme lieu idéal pour la présentation Louis Vuitton Cruise Printemps/Eté 2023. Qui avait entendu parler du Salk Institute de San Diego, à défaut de quelques éminents scientifiques et citadins de la ville de San Diego. Pas grand monde. Un lieu avant-gardiste ou règne géométrie et rectitude, mettant en valeur la simplicité architecturale des bâtiments en béton préfabriqué. La rigueur de ceux-ci tranche avec un ciel bleu étincelant et un soleil en fin de course, laissant apparaitre déjà la naissance d'un Sunset aux couleurs pastel. Un romantisme postmoderne se dessine devant le regard ébahi de chacun des invités. Un ruisseau rectiligne, coule en son centre, délimitant chacun des deux immeubles et produisant, par conséquent, un effet miroir propice à la création d'un instant magique. On se sent rasséréné d'être là. Mais, quelques notes commencent à faire irruption au sein de cet immense quadrilatère de zenitude. Le morceau des Sparks, "The number one Song in Heaven", enveloppe ce complexe scientifique de ses notes entêtantes. Trois silhouettes apparaissent et pénètrent lentement le podium. De suite, elles me frappent par leur accoutrement d'un autre âge. Je les imagine, à la fois, comme trois prêtresses des temps antédiluviens, tout en étant une évocation d'un avenir lointain. Lous and the Yakuza, Sora Choi et Signe Veitenberg demeurent totalement costumées en portant ces robes "chasuble", un peu chargées, à la configuration turgescente. Une introduction totalement théâtralisée. Comme si ces trois divinités faisaient partie intégrante d'un film d'anticipation à la manière de la saga StarWars. Voire très récemment du méga Blockbuster, Dune. Il y a une certaine âpreté qui jaillit de ces tissus artisanaux qui mélangent préciosité, avec les entrelacs de fils dorés et, technicité imparable par son jeu de tissages en trois dimensions. Puis, la championne de ski acrobatique américaine, Eileen Gu, surgit en quatrième position en ayant enfilée la version plus contemporaine des premiers passages. Jupe volantée boursoufflée, crop-top quadrilatère oversize agrémenté d'une longue ceinture rivetée en cuir anthracite, nouée fermement au nombril. Sans omettre les baskets aluminium. Nicolas Ghesquière dépareille tous les looks. Un crop-top carré, "graffé" de jets Indigo, se porte avec un pantalon noir ceinturé d'un jodhpur/jupe rose poudrée. Un haut, sans manches, se recouvre d'écailles flottantes de couleur Azur. On superpose différentes pièces vestimentaires comme si on avait peur de manquer. América Gonzales, avec sa planche de skate aluminium à la main, se la joue cool avec son pantalon rouille, son crop-top inspirée d'une armure en cuir, enrubannée par une longue toge en lin grège. La version de Steinberg, entièrement rebrodée de sequins argentés, scintille de mille feux sous les cieux californiens. Une jupe, aux lanières triangulaires, recouvre l'idée des jupes de protection des centurions romains. Les bustiers croisés renvoient à la configuration de tops des notables égyptiens de l'ère pharaoniques. Il y a presque des jupes à l'allure de pagnes. Beaucoup de couleurs naturels qui se contrebalancent avec des ors, des cuivres, des argentés. Un perfecto, en cuir, se bombe de graffitis colorés. On s'abrite par l'intermédiaire de nombreuses capuches ou capuchons. Voire quelques turbans tels des touaregs. Un imprimé, renouant la configuration du Salk Institut, prise par une caméra thermique, parent une chemise, une longue veste, un pantalon bouffant. Un avertissement sous-jacent au réchauffement climatique ? Probablement. Les bottes en sequins peuvent changer de couleurs en fonction d'une caresse recto-verso. Les carrures demeurent aussi un focus important des looks de Nicolas Ghesquière lors de cette présentation. Elles peuvent parfois prendre la conformation d'armures de samouraïs. Toutefois, ce sont les trois derniers passages qui impressionnent par leur forme de méduses géantes. Les silhouettes pour cette collection Cruise 2023 dessinent incontestablement le vestiaire d'héroïnes, voire de super héroïnes, qui ne peuvent être incarnées que par de femmes puissantes, des guerrières. Petit clin d'œil aux manchettes dorées à la Wonder Woman. Il faut vraiment avoir une sacrée personnalité pour infiltrer ces vêtements, loin des archétypes stylistiques actuels de la mode qui sont, notamment, caractérisés par les modes du sportswear et du minimalisme. La Cruise Vuitton 2023 n'est pas une mode abordable et accessible à tous. De part son prix, mais aussi par cette vision contemporaine du corps distant des contraintes usuelles et quotidiennes. Un vestiaire artistique pour façonner un personnage, presque équivalent à ceux qui affectionnent le "Cosplay" (Jouer le rôle d'un personnage de fiction en imitant son costume). Merci une fois encore à Nicolas Ghesquière et ses équipes pour avoir fait découvrir ce lieu singulier à l'architecture anticonformiste, issue presque de l'imaginaire de films d'anticipations. Une déconnexion totale.
 

Vuitton Cruise

Printemps/Eté

2023

 
 
Miu Miu Printemps/Eté 2022 par Miuccia Prada
Un court métrage ouvre le défilé Printemps/Eté 2022 de la maison Miu Miu. Une vidéo mêlant des personnages de dessins animés, sous forme d'humanoïdes (silhouettes entre clous et airpods) foulant le podium d'un défilé. Ces derniers sont observés et décortiqués du regard par une assistance composée de personnes issues des pays du Maghreb. L'inclusivité et la diversité raciale s'inviteraient-elles enfin au sein du premier rang des défilés ? Le mannequin Alex Bouthors ouvre le show dans une tenue de garçon manqué. Le fameux mélange des genres. Enfin, le non "genré", très en vogue dans les magazines de mode et de tendance anglaise. Mais, tout n'est qu'affaire de rhétorique. Le Chino Camel, taille basse, s'agrippe d'une étiquette estampée Miu Miu. Cette dernière dépasse de tous les hauts de culotte. Comme Calvin Klein dans les années 90. Le pull bleu marine est torsadé. La chemise en popeline bleu ciel. Toutefois, ces deux derniers s'échouent à la frontière du nombril. Le nombril demeure la star de ce défilé. Doit-on être nombriliste pour ce Printemps/Eté 2022 ? Absolument pas. Même si la question se pose, tout s'incarnera dans l'attitude à adopter face à de nombreuses pièces qui ont tendance à se rapetisser. Le Trench s'effiloche. Toujours porté en complémentarité avec un Chino ton-sur-ton. Une facette Preppy Girl garantie. Un peu le "way of life" de Ralph Lauren. La chemise incolore, escortée d'un Bermuda beige "Skateur", redessine de faux airs de Tom Boy. On demeure toujours dans des tonalités de chamois, de dunes, de sable, de désert complémentées de marine, de ciel et de tons orageux. Les baskets, de tonalité grège, s'affairent autour d'une collaboration inattendue avec la marque New Balance. Miu Miu a ajouté sa patte en effilant le tissu sur l'ensemble du pourtour de la basket. Pour véhiculer une pointe d'usure maitrisée. On peut parier aisément qu'elles seront l'un des hits de cet été. Miu Miu propose, aussi, des escarpins unis ou bicolores, à petits talons dont les bouts sont acérés comme des dents de requins. On aime les agrémenter de chaussettes grises argentines, légèrement retombantes. L'un des codes Maison. L'autre pièce forte de ce défilé se dessine dans la mini-jupe plus que mini-mini. La "rikikimini". Toujours en cotonnade beige, elle laisse dépasser les poches intérieures. Les adolescentes sont friands de ce genre de pièces Mode, dites "cool" ou "kiffant". Le pull en cachemire torsadé, de couleurs chamois ou marine, s'arrête à la frontière de la poitrine. Il s'apparente presque à une brassière. Pour celles qui ne souhaiteront pas adopter la "rikikimini", elles pourront avec bénédiction se rabattre sur la jupe plissée en cotonnade bistre. Avec un simple blouson zippé ou une veste deux boutons, la clientèle Miu Miu sera toujours dans le coup, sans forcément tout dévoiler. La veste et jupe, en organza jaune champagne, rose layette ou bleu dragée, de manufacture classique, se gravent de quelques motifs floraux délicats, rebrodées de perles argentées. La veste en cuir anthracite, ajourée, se fait chemise. Les broderies en perles de jais imprègnent l'ensemble d'une robe sans manches ainsi qu'une veste et sa jupe interminable. Le soutien-gorge ébène se combine avec une longue jupe crayon. Nombreux sont les looks s'inspirant du vestiaire masculin aussi bien dans l'imagerie comme le trench, la chemise banquier agrémentée d'un pull en laine unicolore, col en V, et son pantalon droit ; mais, aussi, dans le choix des tonalités usitées comme le tabac, fauve, ardoise, acier, carbone, marine. Il y a presque un jeu subtil et délectable entre les diverses couleurs des pièces vestimentaires s'accouplant avec les tonalités et intensités de peaux de chaque mannequin. Comme une sorte de nuancier que l'on entrevoit sur certaines campagnes de cosmétiques, plus communément désigné "Arms Watch". Ce sont les différents traits de fonds de teint appliqués sur les bras afin de comparer les diverses nuances de carnations. La maison Miu Miu ne s'essaierait-elle pas à célébrer subtilement, la diversité des couleurs raciales, à travers tous les coloris usités lors de cette collection ? Avec la robe verte pomme pouvant être l'extrapolation de l'humanoïde extra-terrestre…
 

Miu Miu

Printemps/Eté

2022

 
 
Paco Rabanne Printemps/Eté 2022 par Julien Dossena
La mer translucide, le bruit des vagues venant s'échouer sur la grève, quelques arbustes verdoyants disséminés sur le pourtour d'une énorme terrasse suspendue aux carrelages multicolores. Tel un arc-en-ciel colossal, ce set ahurissant servira de décor pour la présentation filmée du prêt-à-porter Paco Rabanne Printemps/Eté 2022. Le soleil étincelant de Monte-Carlo chauffe l'épiderme à brule pourpoint. Jade Nguyen ouvre la danse avec son bob fleuri, au style Hawaïen, une longue robe et son pantalon. Le tout ton sur ton. Un look impeccable mais affirmé pour une balade radieuse sur l'un des Rochers les plus convoités de la planète. La musique du groupe Baccara "Yes Sir, I can Boogie" tourbillonne inlassablement et devient l'hymne de ce "défilmé" festif. Une vibration totalement seventies transparait dans cette présentation, semé de l'imperturbable ADN maison : le métal dans tous ses états. Le paréo métallique frangé s'imprime de losanges Tie & Die, aux tonalités de mauve, violet et grenat. Il s'entour autour de la taille et s'enfile avec un top, col en V, dont les épaules demeurent totalement nues. De dodus bracelets argentés enserrent les poignets. Une corpulente chaine argentée peut sublimer la finesse d'un cou. Le sac, toujours en métal, s'accorde au look. On ne dépareille pas. Un autre top, toujours sans manches, en macramé tricoté beige, s'incruste de perles nacrées et se parachèvent par de longs filins venant se s'échouer sur les jambes. Bohème assumée. La kippa s'enorgueillit de petites franges perlées permettant de dissimuler un regard observateur. Les imprimés, totalement inspirés du peintre Vasarely, embellissent une interminable jupe moulante dont la tonalité reste sur le noir et blanc. Un effet d'optique circulaire redessine, sur un Top seconde peau, les contours d'une poitrine. Cocasse mais déjà vu chez Gaultier. Un gilet au couleur du denim s'incruste de rondelles intercalaires. Un corset en cotonnade bistre enserre une robe rehaussée de pampilles en plexis, renouant l'imprimé en losange Tie & Die. Un véritable travail de minutie et d'ingénierie textile. Les chaussures récupèrent le concept du sabot mais dans une veine plus légère et gracile. Comme une spartiate avec semelles en bois compensées. Un imprimé "Cachemire", aux couleurs d'agrumes, pare une combinaison en soie aérienne. Avec épaulettes s'il vous plait. Un dégradé Outremer s'allie à merveille avec un vert Absinthe. Les graphismes de certains imprimés me font penser à des configurations contemporaines de plumes d'oiseaux ou d'éventails. Ils revêtissent un trois pièces portée par la française Cyrielle Lalande : un total look avec gilet, soutien-gorge et pantalon. Sans omettre le foulard noué sur la tête tel un bandana. Les combinaisons de métal, d'une fluidité exaspérante, s'estampent de délicats motifs géométriques, toujours inspirés par Vasarely. Il y a une accessibilité surprenante pour des pièces vestimentaires qui, une fois enfilées, pèsent son pesant d'or. Les foulards frangés sur la tête, telle une diseuse de bonne aventure, remémorent des looks de certains chanteuses discos des années 70. On demeure dans le Bling-Bling maitrisé. Des pampilles dorées viennent lécher le pourtour d'une robe métallique. Un autre paréo se customise de pampilles carré, en métal, dont le centre se brosse d'un point Outremer. On retrouve les grands classiques de Monsieur Paco Rabanne comme ce top triangulaire agrémenté de son pantalon édifié autour de la pampille dorée de diverses tonalités dorées (Or rose et Or Gold). Beaucoup de couleurs franches pour un printemps/été 2022 qui sera célébré avec gaieté, bienveillance et allégresse. Des looks "bohème" dont les imprimés papier-peints seventies apparaissent indéniables. On hostie l'uni pour jeter son dévolu sur des looks entièrement psychédéliques. Une overdose de couleurs et de formes pour manœuvrer vers une joie qui se veut solaire dans un monde qui en manque tellement.
 

Paco Rabanne

Printemps/Eté

2022

 
 
Prada Printemps/Eté 2022 par Miuccia Prada
Prada innove dans son format de présentation prêt-à-porter de la collection Printemps/Eté 2022. Pour la première fois, deux défilés simultanés sont ordonnancés en deux lieux radicalement opposés : Milan et Shanghai. La pandémie du Covid-19 ne permettant pas de se déplacer librement, la maison italienne a vivement souhaité prendre les devant pour ne pas oublier sa fidèle clientèle asiatique. L'Asie représentant le continent ou la maison milanaise accomplis son plus gros chiffre d'affaires. Au premier semestre 2021, les ventes au détail Asie-Pacifique ont grimpé de 65%, à 599 millions d'Euros. Dont plus de 77% pour la Chine continentale. Ainsi, il demeurait crucial, et stratégique, d'offrir un défilé de même envergure au sein de cette mégalopole chinoise. Décalage horaire oblige, le Live, par écrans interposés, permet finalement de réunir ces deux lieux de la mode internationale en une célébration unique. La technologie numérique dévoile fortement ses atouts, pour un business qui était, il y a peu de temps encore, réfractaire à les utiliser. Dans décor labyrinthique et serpentin, disséminé par quelques plateformes immaculées, le vestiaire pour ce Printemps/Eté 2022 s'incarne par des lignes sobres, courtes et unicolores. Toutefois, la silhouette tranche par des à-coups de couleurs marquées : Le rose se fait dragée ; L'orange mandarine ; Le jaune Citron ; Le vert Chartreuse. Mais, toujours contrebalancé par la facette sombre du noir ardent. Il y a une similitude des tonalités avec la collection Prada de l'été 2021. Comme un tiret entre ces deux collections. Un dialogue se poursuivant. Il y a de la droiture dans les minis en satin de soie qui s'agrippent d'une interminable queue de pie. Un concept stylistique qui apparait peu fameux au quotidien. Quand on se déplace dans les rues, elle paraît brusquement comme un véritable nid à poussière. La mode reste la mode. Les escarpins profilés à mort incorporent un talon "aileron de requin". On retrouve sur les escarpins, les petites fleurs malléables, des souliers de la collection masculine Printemps/Eté 2022. Les collections dialoguent encore entre elles. Comme un écho. Le perfecto en cuir anthracite, aux surpiqures circulaires au niveau des épaules, s'enfile sur la mini-jupe en satin de soie. Un longiligne manteau en cuir charbon remémore le vestiaire de Néo dans Matrix. On décloître des styles prédéfinis pour les mixer ensemble. Rien de nouveau en soi. On est dans l'idée du recyclage des styles, totalement dans l'air du temps. Le fameux "Sustainability" (Durabilité). Des bracelets "Garrots", en satin Dragée, enserrent les triceps avec délicatesse, incluant le logo Prada triangulaire. Ce même logo marque sa discrétion, en préservant son aspect losange, sur de nombreux looks. Il peut prendre une configuration "bavoir" sur un top. Il peut s'agripper légèrement sur la base du cou. Ou se fondre sur un tissu ton sur ton. Il demeure urbi et orbi mais dans une imperceptibilité extrême. Tel le signe d'appartenance discret pour les aficionados les plus intégristes. Les ensembles en nylon défilent et subsistent dans une allure néo-classique. Une robe, jaune canari flashy, épouse le corps avec bénédiction. La taille peut s'affiner par l'intermédiaire d'une ceinture intérieure ou un laçage corseté. Les jupes peuvent s'allonger au delà du genou. Il y a un dépouillement dans cette collection qui met en valeur les lignes et les détails stylistiques. Très peu d'imprimés cette fois. Les uniques représentants s'incarnent par des dessins/tatouages aux formes d'hirondelles, serpents, caravelles, roses, papillons, toile d'araignée ou ancre de marine. Elles s'apposent sur des tops sans manches, dé-corsetés d'une délicatesse extrême. Ces effets "Corset" enveloppent une veste, une chemise en popeline ou un simple top. Miuccia Prada et Raf Simons soulignent quelques parties incontournables de la silhouette féminine comme la taille ; le pourtour des seins par un jeu subtil de baleines de soutien gorge ou de surpiqures sur quelques pulls en laine ou en cachemire. Un pull, presque robe, laisse le choix d'une tonalité acidulée comme le citron ou plus savoureuse comme l'aubergine. Une robe en dentelle vermillon insuffle comme un coup de poing dans une collection qui se veut stricte, racée et minimaliste. Véritablement portable. Une excellente introduction à découvrir Prada pour tous ceux qui restait réticent à ce style souvent décrié comme pointu et décalé.
 

Prada

Printemps/Eté

2022

 
 
 
 
Défilés Automne/Hiver 2021/2022
Par
Yann Gabin pour PlaneteMode.com
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Balenciaga Automne/Hiver 2021/2022 par Demna Gvasalia
La maison Balenciaga, sous l'égide de Demna Gvasalia, a entièrement digitalisé sa collection Prêt-à-porter Automne/Hiver 2021/2022. Une numérisation totale avec la réplique d'avatar unique pour chaque look. Sur le site E-commerce, ceux-ci sont dévoilés, dressés sur un quadrilatère blanc, tels des personnages imaginaires que l'on choisirait au début d'une partie de jeu vidéo lambda. Un travail technologique dément et rarement vu pour une maison de prêt-à-porter. Etonnant que de scruter tous ces "Ghosts" d'êtres réels en version numérique. Il y a presque quelque chose de glaciale et de dérangeant. L'inhumanité immanente de ces technologies s'insinue grandement dans nos sociétés contemporaines, et par conséquent, peut tendre à déshumaniser le lien social. Chacun dans son monde. Une allégorie du film "Real Player One", alors qu'en ces temps bousculés, le désir d'humanité devient plus prégnant et essentiel. Balenciaga a, pourtant, opté pour cette présentation virtuelle. Pour cibler aussi une clientèle Geek et totalement cyber connecté. Pas forcément acquise à la cause Balenciaga. On bascule dans le monde d'après en "remastérisant" les vieux codes du défilé de mode du monde d'avant. Avec un long podium charbonneux, tout en ligne droite, les silhouettes défilent les unes après les autres d'une allure cadencée. Si la mode Balenciaga hivernale perdure dans une veine oversize et sportswear, Demna Gvasalia a introduit quelques inspirations historiques, plus précisément moyenâgeuse. Les cuissardes en cuir argentées reprennent l'iconographie exacte des protections et jambières des chevaliers du Moyen-âge. On aperçoit aussi quelques coudières et gants. Un télescopage temporel entre 21eme siècle et temps des vaillants protecteurs. Une mode sans peur et sans reproche pour celui ou celle qui décidera de les adopter. Il y a toujours de jolies pièces classiques comme l'imper bleu électrique ou la veste de costume sombre. Le jean intégralement déchiqueté se porte par dessus un simple jogging carmin. Le sous-pull, col cheminé, se peinture de turquoise et demeure totalement seconde peau. Un tee-shirt safran s'orne de l'inscription : "Je m'appelle Benjamin. Si je suis perdu ramène-moi au magasin Balenciaga". Dans le monde virtuel Balenciaga, cela va sans dire. On superpose toujours plusieurs pièces chez Balenciaga. Un bermuda oversize en nylon ébène chevauche un jean baggy. Une accumulation assumée depuis quelques saisons. La marque Balenciaga s'appose sur des sacs à dos, sacs "banane", Tote bags mais aussi sur des chemises et vestes de jogging. Le pantalon de Jogging, en cotonnade chiné, laisse apparaitre un caleçon étiqueté Balenciaga, of course. Les claquettes mandarine s'inspirent de tongs Sumo. Un imprimé camouflage pour une combattante du 21eme siècle. La doudoune à l'allure Babouchka s'incruste de délicates petites fleurs, au camaïeu Indigo. Le bomber saphir est à se damner. Le blouson reprenant l'allure d'ouvrier de chantier, jaune fluo et bandes réfléchissantes, s'accorde avec les jambières du chevalier. Le tartan prend des tonalités de coquelicot ou de tabac. Les lunettes au regard de mouche se colore d'outremer ou de réglisse. Les looks make-up peuvent être totalement inexistant ou sauvagement outrancier tels les artistes du groupe "Kiss". Des pièces totalement folles comme les escarpins thermo-moulés, en caoutchouc fuchsia ou grège, s'inspirent complètement du vestiaire de Barbie. Balenciaga aime verbaliser au travers ses vêtements : PS5, Nasa, Balenciaga, Space Shuttle, BLNCG, eXtr3me. Des mots choisis qui expriment totalement les terrains du gaming et de la conquête spatiale. Le vocable "Nasa" apparait, ici et là, pour s'incruster sur un look recouvrant l'imagerie de l'astronaute. Avec pour point final, la muse de Demna Gvasalia, Eliza Douglas, costumée d'une armure de chevalier. Quand Balenciaga revisite les vestiaires du temps, des chevaliers de la table ronde jusqu'au voyage vers l'espace infini. Cela donne cette présentation.
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Balenciaga

Automne/Hiver

2021/2022

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Balmain Automne/Hiver 2021/2022 par Olivier Rousteing
Le désir de s'évader. Avec ce "défilmé", la maison Balmain plonge son auditoire dans une odyssée aéronautique, un univers sublimé et fantasmagorique imaginé par son Directeur Artistique Olivier Rousteing. Une immense envie de voyager, de circuler d'un pays à un autre, de prendre l'air se dégage de cette proposition Mode. Le but étant de nous dépayser après des mois de confinement répété. Un voyage aéronautique d'abord, puis terrestre jusqu'à nous expédier sur la lune. Quel beau programme. Derrière des écrans d'ordinateurs, incrustés d'un monde lunaire, Olivier Rousteing lance le décompte pour le démarrage de son défilé prêt-à-porter Automne/Hiver 2021/2022. La première fille jaillie par la porte d'un Airbus A360 pour cheminer sur son aile. Sa robe en mousseline kaki virevolte au vent. Normal puisque Kerolyn Soares se trouve perché à plus de quatre mètres du sol. Les ailes longilignes feront donc office de podium aérien dont on pourra apercevoir, en arrière plan, l'aileron de la compagnie aérienne Air France. Une excellente publicité pour notre compagnie nationale restée clouée au sol depuis des mois. Les vêtements apparaissent moins clinquants. Plus évasés. Une jupe plissée Kaki effleure presque le sol. Un bomber matelassé absinthe fourmillent de milliers de cristaux de Swarovski. Des silhouettes qui s'échafaudent vers des lignes minimalistes et davantage techniques. Au-delà d'être plaisant ou charmant, il y a comme une nécessité d'une mode plus fonctionnelle : Le pantalon kaki s'enorgueillit de nombreuses poches ; les Pataugas à la configuration de bottes d'astronautes adressent un message de protection, par exemple. Un top tricoté, sans manches, totalement élaboré de fils dorés, s'enfile avec un pantalon jodhpur Olive. L'interminable manteau de Kim Schell, en laine tricoté, caresse le tarmac avec ardeur. Une dernière silhouette propage un look à la configuration de parachute. Il n'y a plus qu'à sauter de l'aile pour atterrir tranquillement sur le sol. Un deuxième tableau survient avec une armée de mannequins qui s'agglutine sur le tarmac, sous les ailes d'un majestueux Airbus. Elles sillonnent entre les roues avec des looks flashy mais subsistant dans une "Vibe" aviateur. Du kaki, du charbon, de l'argent, des blousons en veaux retournés, des cabans marine, des manteaux militaires, des marinières, des pulls à col cheminé orange ou jaune fluo. Des combinaisons de pilotes se parent de tonalité mousse ou anthracite. Olivier Rousteing les décline en version similicuir ou en imprimé labyrinthe créé par Pierre Balmain lui-même. Un blouson en visons seconde-peau se fond dans un pantalon ample, en cuir argenté. Beaucoup de bagages tout en rondeur qui remémorent les boites à chapeau de nos ancêtres. Des "Tote bags", des sacs bandoulière, des micros sacs représentant des boussoles s'attachent autour du cou. Les looks en maille, aux rayures rouge/bleu marine ou simplement basiques comme le blanc/marine demeurent portables sur plusieurs saisons. Les pulls torsadés, jaune fluo, demeurent en mohair tout doux. Des tissus argentés et dorés, fluides et éthérés, s'agrippent en total look sur de longues robes, célébrant des configurations de dieux égyptiens ou mayas. Spaceman. Encore des tenues argentées ou bien aux tonalités fluorescentes s'accommodent de tissages complexes et laçages aux millimètres, si cher à Olivier Rousteing. Le dernier tableau expose des mannequins marchant sur un podium de lumière déambulant dans l'espace intersidéral. Avec pour arrière-plan une lune spectrale. Beaucoup de looks monochromes composés de combinaisons d'aviateurs aux couleurs vives telles le vermillon, fuchsia, citron ou mandarine, tout en laissant une place prépondérante aux tonalités plus douces comme le bubble gum ou le bleu dragée. La palette des matières usitées s'étend du cuir au latex, du nylon à la laine bouillie. Des pièces vestimentaires totalement faites mains dont on ne peut comptabiliser, pour certaines, le nombre d'heures. Absolument couture mais dans une veine actuelle. Olivier Rousteing demeure un véritable adepte de l'artisanat textile lorsqu'il crée ces pièces ultra-complexes. Et totalement infalsifiable. Balmain, une collection portable de la terre à la lune.
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Balmain

Automne/Hiver

2021/2022

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Chanel Automne/Hiver 2021/2022 par Virginie Viard
Sur l'air de musique qui questionne le public d'un fameux "Do you know where you going to?", la française Lola Nicon sort d'un immeuble classé du quartier historique de Saint-Germain. Elle se balade, la frange vive et l'œil charbonneux, entre le magasin de vêtements Hartford et le restaurant Alégria qui se situent entre les rues Guisarde et des canettes. Des rues iconiques ou l'on aime à se retrouver entre amies pour boire un verre, s'amuser et finir dans un club du quartier. Avec son look seventies, Lola Nicon rejoint ses copines pour une virée chez Castel afin de dévoiler la dernière collection Automne/Hiver 2021/2022 de la maison Chanel. Toujours sous la direction artistique de Virginie Viard. Un film Noir & Blanc d'Inez Lamsweerde et Vinoodh Matadin qui génère une atmosphère feutrée et élégante, notamment au travers des coulisses ou l'on ressent l'adrénaline des mannequins prêt à en découdre. On adore observer ces moment privilégiés ou les filles se préparent, se regardent, se taquinent. Comme si elles incarnaient nos amies proches. Puis, la couleur fait son apparition sur l'écran. Back to the reality. La présentation débute avec l'irremplaçable et incandescente Rianne von Rompaey qui avec son longiligne manteau en Tweed mordoré et son serre-tête aux délicates chaines dorées en cascade, impulse une énergie solaire. Le manteau en tweed de Mica Arganaraz, aux fines stries arc-en-ciel, reflète cette gaieté enchanteresse, qui, il est vrai, fait défaut depuis quelques mois. Même si la Mode reflète souvent l'air du temps, l'une des ses fonctions inhérentes doit s'exprimer dans la propagation de bienveillance et de bonne humeur. Un manteau "Robe de chambre", enfilé par Felice Nova Noordhoff, à la tonalité vert pétrole, se marie avec une délicate robe en mousseline anthracite à la configuration de chevrons. Les manteaux précieux que l'on discerne sur les tops Malicka Louback et He Cong accélèrent les jeux de lumière par le biais de tissus confondant laine vierge et lurex. Les boots, aux couleurs charbon ou neige, se parent de toisons bouclées. Les longilignes manteaux en tweed laissent apparaitre, une fois déboutonnés, des mini-jupes, des culottes, des robes seconde-peau. Du court, court, court. On camouffle pour laisser détaler la friponne en soi. Les tweeds demeurent toujours très présents mais dans des intonations classiques : blanc et noir. Quelques tailleurs s'envolent dans des coloris de vieux mauve ou de bleu nuit. Une combinaison pantalon se molletonne de camélias et de numéros cinq, enserrée à la taille par une chaine au cœur immaculé, sur Louise de Chevigny. Des jeans délavés parcourent le podium ennoblis de double C argentés comme sur Blesnya Minher ou Loli Bahia. Beaucoup de colliers, de chaines dont les références à l'univers Chanel sont flagrantes : N°5, trèfle, N°22, double C. Des pulls courts, s'étayent d'un body seconde-peau ou d'une simple chemise blanche. Les cardigans classiques subsistent toujours dans des accents bicolores : orangé/cramoisi, gris chiné/rose bonbon. Quelques doudounes oblongues pour se balader à Courchevel ou Megève. Les manteaux et micro-blousons en fausse fourrure Anthracite se bordent d'ourlets aux couleurs de jus de fruits : citron ou framboise. Des looks "clin d'œil" au défilé Automne/Hiver 1994/1995 ou Karl Lagerfeld avait opté pour de nombreux ensembles en fausse fourrure aux couleurs détonantes. Le tailleur/pantalon grenadine laisse apercevoir la délicatesse d'une simple chaine dont le double C s'appose à merveille sur le nombril de Vivienne Rohner. Une salopette matelassée se griffe du mot Chanel et des fameux double C. On oublie les imprimés patronyme Arc-en-ciel, un tantinet suranné. La robe cocktail, sans manches, se pare de perles argentées ou de sequins aux reflets Laser. Pour rester simple le soir et ne pas faire de faux pas, on se vêtit de noir. Une robe droite, aux fines bretelles, enroule tout le corps de petites plumes d'autruches effilochées. Si la toquade nous gagne telle Rianne von Rompaey, on se glissera dans le trench d'une longueur interminable au cuir dorée tel le sarcophage d'un pharaon. Le look numéro Un de cet hiver.
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Automne/Hiver

2021/2022

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Dior Automne/Hiver 2021/2022 par Maria Grazia Churi
Versailles, le palais de Louis XIV. Le joyau de la couronne française. L'un des monuments les plus admirés au monde s'offre pour une seule nuit aux délicatesses des fourreaux de la maison Dior. Une invitation au palais des rêves et de la démesure pour cette présentation prêt-à-porter Automne/Hiver 2021/2022, intitulée "beauté dérangeante". Une rêverie nocturne ou une nuée de jeunes filles défilent au sein de la célèbre galerie des glaces, parsemées d'œuvres contemporaines crées par l'artiste italienne Silvia Giambrone. Des miroirs démesurés, cadrés d'oblongues aiguilles belliqueuses, ponctuent ce lieu mirifique et magique, reflétant une atmosphère baroque, inspiré de contes enfantins. Peut-être celui de la "la Belle et la Bête" ou de "Maléfique". C'est selon l'imagination de chacun et de ses propres références culturelles. Mais revenons au début du film. Des danseurs et danseuses s'observent au travers d'un brouillard diffus, chassant quelques pas gracieux dans une forêt brumeuse, nuageuse, vaporeuse. Puis, ils se glissent imperceptiblement au sein du château endormi. Esseulée, la valeureuse Sofia Steinberg, perçoit, sans doute, l'arrivée de ces hôtes inattendus. Descendant à vive allure le gigantesque escalier de pierres austères, elle ouvre le bal diurne d'un pas hardi et frondeur. Muse actuelle de Maria Grazia Chiuri, Steinberg demeure ingénue avec cette chemise immaculée, au plastron de dentelle, ajustée par une longue jupe bleu nuit et de godillots d'alpiniste. C'est l'esprit Dior de la saison. Le manteau, en nylon sombre, se matelasse du fameux cannage maison. La veste, en laine, mouchetée des deux couleurs primaires, s'harnache d'une capuche toute simple. La jupe s'immobilise juste au dessus des genoux et se fronce à la taille par une série de pinces. De même facture, le manteau se maintient juste par un lien en cuir. Une robe courte, en cuir mat, à l'allure Baby Doll, se fronce de manches ballons sur Loli Bahia. Un collier à l'aspect de Col de chemise s'ajoute juste par-dessus. Le petit serre-tête en velours ébène achève le look. Des ballerines s'ornent de brides en cuir, surmontées d'épines de roses. Perforantes. Le pantalon gris, aux ourlets retroussés, se couple d'une chemise en popeline blanche minimaliste. Les lunettes noires et le foulard enchâssé sur la tête dégainent d'une imagerie des comédies hollywoodiennes des années 50. Le tailleur bar se rallonge et se plisse d'un lainage en chiné macassar et lactescent. Avec quatre boutons cette fois. Un blouson, deux poches, en cuir châtaigne véhicule une Aura d'aviatrice. Le bonnet aviateur est surement pour quelque chose. Un manteau bleu nuit se pimente d'inspiration militaire dont le pantalon laisse distinguer des rayures rouges externes. En version Caban, il est parfait. Une robe longiligne, en dentelle immaculé, se structure de motifs ciselés aux millimètres. Une coupe au laser. Une collection qui reste dans des tonalités classiques : marine, bleu nuit, charbon, neige, kaki, beige, alternées de pointes rouge sang. Au crépuscule, le vermillon prend le dessus. L'écarlate éclatant. L'épaule se dénude totalement et la robe se maintient par le biais d'une seule bribe comme sur Merlijn Schorren. Un manteau cape prend la configuration du petit chaperon rouge. Avec le bustier et le pantalon cigarette, ton sur ton. Un rouge sanguinolent. Une autre silhouette, très 40 cette fois, s'embellit d'un imprimé kaléidoscope à la configuration de fleurs compressées, comme sur Evelyn Nagy. Une jupe évasée, très sixties, au tartan pourpre, s'accouple avec une chemisette en denim et des ballerines couleur cerise. Le même tartan investit un sweater à capuche, un manteau droit, un bustier simple ou un pantalon cigarette. Quelques imprimés léopard de-ci delà. La panne de velours, peu présente, prend des tonalités d'émeraude, rubis ou saphir. Toutefois, Maria Grazia Chiuri aime à proposer d'autres styles. Une robe de princesse plissée anthracite s'enorgueillit de volants aériens et se froncent au niveau des épaules. Une autre aux mille et un volants s'enlumine d'un Tie&Dye s'étirant du vert d'eau pale au bleu nuit profond. Les carreaux d'Arlequin habillent la totalité d'une autre, qui sur son rivage se brode d'une nuée de roses rouges. Une ultime robe explose le buste par une énorme corolle framboise dont la tige et feuilles suintent délicatement sur le plissé de la jupe. Sofia Steinberg sonne la fin de cette nuit mystérieuse par une robe en tulle rouge sang dont le buste dessine un cœur démesurée. Quand on aime, on ne compte pas. L'amour pour la femme et sa sublimation flotte dans cette présentation Dior ébauchée par le talent indéfectible de Maria Grazia Chiuri.
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Dior

Automne/Hiver

2021/2022

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Gucci Automne/Hiver 2021/2022 par Alessandro Michele
Gucci Gang, Gucci Gang, Gucci Gang, un refrain entêtant s'insérant subrepticement dans le crâne de ceux qui visionneront la nouvelle présentation Gucci. Pour cette saison Automne/Hiver 2021/2022, la maison Gucci s'est recentrée vers une mise en scène filmée. Surtout ultra filmographique. Un gigantesque tube immaculé recouvert de milliers de lampes et flashs crépitant et scintillant à chaque passage. Une énorme boite photographique que l'on pourrait repérer aisément dans les clips de rap actuel. Gucci Gang, Gucci Gang, Gucci Gang, Gucci Gang : Stop ! Je visionne alors la présentation sans son. Peut-être moins fun mais beaucoup plus paisible. Cependant, cette rengaine rébarbative dévoile discrètement qu'Alessandro Michele souhaite proposer, à sa clique des plus fidèles, un vestiaire qui va les rendre dingue et les transcender pour intégrer son Gucci Gang. Cette collection réintègre la substantielle moelle de la maison Gucci. Ses fondamentaux. Mais, avec quelques surprises de taille. Le premier look s'inspire du défilé Gucci Automne/Hiver 1996/1997 par Tom Ford avec son smoking en velours rouge, porté par Trish Goff. Une réplique exacte ouvre le show. Ce look avait cartonné dans les années 90 et nombreuses sont les stars à l'avoir enfilé. De Gwyneth Paltrow à Madonna, de Sarah Jessica Parker à Nicole Kidman. Les versions émeraude ou Saphir seront la nouveauté de la saison. La tendance de ce défilé se caractérise par la revisite des basiques Gucci. On réplique des pièces anciennes pour les faire à nouveau défiler. On ne s'en cache pas. Une excellente manière de faire découvrir des pièces phares et iconiques à la jeune génération. L'escarpin à bout carré, rehaussé de Strass Diamant, reprenant le logo GG se faufile sur quelques looks. On recouvre le fameux tissu GG beige de l'automne/hiver 1999/2000 qui apparaissait sur toutes les unes des magazines branchées fin 1999, début 2000. Alessandro Michèle l'utilise à nouveau sur une longiligne cape, rehaussée d'une bombe cavalière. Un trench, aux poches en cuir, recouvre le même tissu logo, de couleur chocolat. Toute en légèreté, une robe bleu layette, col Claudine immaculé, aux épaules rectilignes, au tombé asymétrique s'inspire des robes strass portées par Jacquetta Wheeler et Hannelore Knuts lors du défilé Printemps/Eté 2000. Une réappropriation culturelle. Alessandro Michele met en exergue l'univers équestre qui apparait comme une carte maitresse de la maison Gucci. Notamment, avec le fameux mord qui s'insère régulièrement sur les sacs et les chaussures. Bombe cavalière, cravache, harnais, bottes, corset en cuir naturel harnaché, pantalon Jodhpur ponctuent tout le défilé. L'art équestre se maintient au plus haut niveau cette saison chez Gucci. Le fameux Savoy Club. Jusqu'à l'arrivée du look charnière, incorporant la bannière ou écharpe aux couleurs identitaire Gucci (Sapin/vermillon/Sapin). Gros Boom : Ne serait-ce pas un look totalement Balenciaga, désigné par Demna Gvasalia. Affirmatif. Un co-branding entre les deux géants du luxe, appartenant au groupe Kering, a été préparé secrètement. Du jamais vu dans un monde de la mode ou chacun joue cavalier seul. Une innovation qui va forcément faire jaser la presse mode mondiale. Et, accessoirement égayer nos pupilles Fashion. Quand Alessandro demande à Demna d'imaginer quelques pièces Gucci, sous la houlette du style Balenciaga, cela engendre une allure clinquante et totalement déjanté. On habille à nouveau les "pantabottes" à la sauce GG. Les tops seconde-peau Balenciaga se parent des couleurs Gucci. L'imprimé floral Gucci se tamponne de ribambelle Balenciaga. Jusqu'à la veste et jupe en strass Diamant estampillé des noms Gucci et Balenciaga. Pour condenser, des combinaisons "Fusion" insolites. Alessandro Michele recentre les pièces vestimentaires vers un classique assumé, non genré. Tout le monde peut porter les pièces sans distinction de sexe. Manteau à la coupe impeccable, en cachemire beige ; complet croisé fumée, émeraude, outremer souffre ou vanille. Les couleurs demeurent vives. Les pièces peuvent se dépareiller afin de créer des looks Color-Block. Beaucoup de sacs traditionnels, en cuir ocre, cuivre et tanné. Les colliers s'harnachent autour du cou de mille et une façons. Des looks pouvant être moins excentriques que les collections précédentes. L'extravagance se jouant seulement dans l'alliance inédite entre les maisons Gucci et Balenciaga. Un nouveau monde s'ouvre.
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Isabel Marant Automne/Hiver 2021/2022 par Isabel Marant
C'est dans un parking de la région parisienne, à l'architecture toute en sphéricité, qu'Isabel Marant a souhaité mettre en scène sa collection prêt-à-porter Automne/Hiver 2021/2022. Un lieu inhabituel qui, à la fois, peut faire penser à un bâtiment du futur mais aussi du passé. Incontestablement une allégorie pour une réinterprétation de ses basiques à la sauce 2021/2022. Du béton, des dénivelés, du gris, du blanc, pas âmes qui vivent, un endroit surprenant pour analyser la silhouette hivernale d'Isabel Marant. Rianne von Rompaey ouvre la marche avec un pullover tricoté, en laine lactescent, bardé de pompons en filins recouvrant en partie les épaules. Tels des tentacules filamenteux de méduses. La jupe échancrée, en macramé de dentelle de fleurs, se maintient par une ceinture anthracite, à la boucle en forme de feuille de fougère ; le tout agrémenté de cabochons de différentes tailles. Mica Arganaraz, décontractée avec une chemise fuchsia, à l'allure de perfecto, s'embellit d'un pantalon immaculé de matelot. Les bottines s'inspirent du Far-West avec ses embouts acérés. Isabel Marant accroît ses proposition de pièces coutumières mais toujours avec une touche de nouveauté. Le manteau en laine, porté par Blesnya Minher, prend une configuration stylistique à la Pierre Cardin. Etonnant chez la créatrice française qui s'inspire rarement d'autres designers ou couturiers. Mais, incontestablement ici, un hommage à la disparition de ce génial créateur en 2020. Quand elle se déplace brusquement, le blouson oversize du jeune top français Loli Bahia se gonfle dans le dos tel une baudruche. Beaucoup de silhouettes blanches pour nous envelopper d'une certaine douceur, d'une envie de cocooning. Les broderies florales jonglent avec des inspirations folkloriques russes ou éventuellement mexicaines. D'autres motifs, de type persan, estampent à merveille le pantalon de Birgit Kos. Un imprimé, mixant cachemire et fleurs, s'inscrit sur le chemisier col cheminé d'He Cong et sur la robe portefeuille de Klara Kristin. Un simili cuir bleu pétrole investit un total look qu'Alexis Carrington aurait pu porter sans aucun état d'âme dans la série des années 80, Dynastie. On distingue une robe, en simili cuir Corail, aux épaules évasées, à la taille étranglée qui répand une prestance indéniable à Malicka Louback. Ca clash. On découvre toujours quelques looks au masculin qu'Isabel Marant aime allier avec ceux au féminin. Les chemises se superposent et se doublent sur un manteau en veau retourné. L'allure sportive s'inscrit dans un caban incorporant des sections de tissus techniques aux tonalités bleu roi et émeraude. La parka bleu nuit d'Adut Akech prend presque une allure de manteau pour faire du Ski. Le noir demeure toujours le vainqueur pour les looks de nuit. Une longue robe, en panne de velours noir, resserrée à la taille par un corset intégrée, sera du plus grand effet. Surtout indémodable. Telle la veste de smoking porté par Malick Bodian, à la fois, mannequin et photographe. La touche mode s'atèle en cette longiligne cravate incrustée de filins argentés. Le lamé et le lurex exhalent brillance et clinquant pour des soirées enchantées. Le boléro de Mica Arganaraz et le pull d'Adut Akech rebrodés de fines perles en verre, aux accentuations fleuries des pays de l'Est, seront du plus bel effet pour briller en société. Il y a toujours cette fluidité et liberté dans le style et la mode d'Isabel Marant. Une précieuse alchimie que cette dernière maitrise à la perfection. Elle arrive, à chaque fois, à marier looks de tous les jours, comme un jeans ou une chemise, avec des pièces plus saillantes sans qu'on les discerne distinctement. Seuls les fans le savent. Et, c'est bien le principal.
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Isabel Marant

Automne/Hiver

2021/2022

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Jacquemus Automne/Hiver 2021/2022 par Simon Porte Jacquemus
Simon Porte Jacquemus possède un flair singulier à réinventer un univers qui lui est propre (Le sud de la France), sans rogner son identité et lasser son auditoire. Ce n'est pas si aisé à accomplir lorsque l'on connait le monde particulier de la mode, friand et avide de perpétuels changements. Simon Porte Jacquemus aurait pu se laisser entrainer, lors de cette présentation Automne/Hiver 2021 /2022, vers une découverte de ses nouvelles silhouettes au travers d'un champ d'oliviers, une prairie bucolique et verdoyante ou une garigue aride traversée par le mistral. Trop patent. Simon Porte Jacquemus n'a pas chu dans ce piège élémentaire et réducteur. Après des présentations au travers d'une mer de lavandes ou d'un champ de blé serpentin, il n'a pas ambitionné réitérer le concept de la présentation en extérieur. Mais simplement synthétiser son esprit stylistique au travers d'un décor minimaliste et totalement lisible par tous. Intitulé la montagne, on perçoit intégralement le vert des pâturages sur le podium et le bleu cristallin d'un ciel alpin sur les gigantesques parapets. Presque un sentiment d'être plongé dans un univers de bande dessinée pastoral. Avec une fortification ovoïdale, le défilé Jacquemus se jouera à guichet fermé auprès d'une centaine d'invités, au sein d'un grand studio de cinéma parisien. Privilège. Toutes les silhouettes demeurent dans des tonalités unicolores. Du beige, blanc cassé, noisette, chamois, vermillon, rose fuchsia, voire rose fluo, un seul pull jaune fluo. Du charbon, rocailles, mousse, on demeure toujours dans des nuances de délicatesse ou de rigueur organique. Soit l'un, soit l'autre. Seulement un imprimé "pâquerettes", aux tirés naïfs, amalgamant la couleur mandarine sur un background aubergine pour un blouson ; ou d'un camaïeu parme repeignant une doudoune masculine. Ces pâquerettes, au tracé enfantin, peuvent se rebroder au format 3D sur une doudoune aux couleurs des secours héliportés. Quelques looks mono blocs réitèrent les tonalités qu'Yves Saint-Laurent aimé à agencer dans ses collections comme le rose fuchsia, le rouge sang et le mandarine. Cela fonctionne toujours autant. On recouvre tous les signes d'une collection s'inspirant de la bonne vie à la montagne, été comme hiver. Le Covid-19 aura donné, au moins, des envies de grands espaces mais surtout de bonnes bouffées d'airs frais. La doudoune fleurie ; le bonnet ; le treillis, deux en un, se convertissant en short ou pantalon ; le blouson Boléro en mouton retourné ; les lunettes solaires ; la cagoule ; le short de randonnée ; le blouson sans manche ; les chaussures pour le Trek ; la casquette intégrale ; le caban doudoune ; les sangles ou harnais de-ci delà ; le "Pantollant" (pantalon/collant) ; le cabas en mouton retourné ; Quelques pièces plus créatives avec cette chemise zippée, au tombé porte-jarretelle, s'achevant juste au dessus du nombril, porté par Mona Tougaard. Une brassière masculine triangulaire, en maille chamois, s'intégrant parfaitement sous une veste, deux boutons grège. Ou le soutien pecs au masculin. Enfin quand on en a. Vu sur Jonas Glöer. Les shorts cyclistes moulant concèdent des envies de longues randonnées à deux. La taille des pantalons s'achèvent en col smoking. Certains se brodent sur les tibias d'un zigzag filaires remémorant les cordées d'alpinistes. Il y a aussi un travail séduisant au niveau des découpes et des laçages sur quelques pièces vestimentaires qui se veulent plus techniques. Pour trancher, les looks Anthracite véhiculent un autre point de vue sur la collection. Au-delà d'affiner la silhouette, ils permettent de "focuser" sur les détails vestimentaires. De les révéler plus commodément auprès du grand public. Une collection vibrante dont les tonalités voguent entre unicolore et camaïeux, entre "Color block" et imprimés ingénus. Un vestiaire aisé à enfiler, parfois criard (dans un sens positif). Mieux vaut être vu en altitude. Parfaitement adapté aux rigueurs météorologiques aléatoires de la montagne. Un sans faute chez Simon Porte Jacquemus pour cet Automne/Hiver 2021/2022.
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Jacquemus

Automne/Hiver

2021/2022

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Louis Vuitton Automne/Hiver 2021/2022 par Nicolas Ghesquière
Les ailes des galeries Michel Ange et Daru, au sein du Musée du Louvre, se sont prêtées au jeu du défilé en accueillant la nouvelle collection prêt-à-porter Automne/Hiver 2021/2022 Louis Vuitton. Un écrin fantastique pour une présentation qui ne pourra que l'être. Ce lieu, qui depuis des siècles, voient cheminer pléthore de visiteurs provenant des quatre coins de la planète, accueillera exceptionnellement, cette fois, les jeunes filles de la cabine Vuitton. Toutes les muses de Nicolas Ghesquière répondent présentes à l'invitation singulière : Mariam de Vinzelle, Oudey Egone, Sora Choi, Mica Arganaraz, Mika Schneider , Klara Kristin, Clémentine Balcaen ou Akon Changkou. Immuable loyauté. Ouvrir partiellement ce lieu mirifique, fermé depuis belle lurette, dénote d'une lueur d'espoir pour toute personne férue d'Art et de Mode. Toutefois, la vidéo débute par un prompt message de Nicolas Ghesquière. Il souhaite à son auditoire de poursuivre à se protéger de cette pandémie, tout en prenant plaisir à visionner ce "défilmé". Il remercie chaleureusement son équipe sans qui cette collection aurait pu naitre et avoir lieu. "Around the World" des Daft Punk commence à envahir les longs couloirs du musée, avec un podium se situant sous les regards bienveillants d'une longue rangée de statues en marbre blanc, de sarcophages, de guerriers d'origine grecque, romaine et étrusque. Le tout dominé de hauts murs hybrides composés de néons horizontaux. Reflétant une lumière froide et immaculée. Toujours, ce discours perpétuel entre Histoire et Science-Fiction. Premier look. La danoise Ida Heiner, au bas de l'immense escalier ou se situe la Victoire de Samothrace, apparaît avec une longiligne jupe en tulle bleu layette, à la forme "méduse", rehaussé d'une parka de ski oversize champagne. Avec le fameux masque de ski emberlificotant le cou. La jupe "méduse" peut se colorer de tonalité chamallow, vert mousse ou mauve. Elle se contorsionne tel un yoyo. Les bottes, zippées ou dezippées, de couleurs neige ou charbon, achèvent la silhouette d'un esprit négligé, inachevé. Elles s'enfilent débouclées sur la jambe, tout en s'attachant d'une simple pression, à la base du genou. Se dessine cette impression de déflagration. Toutes les parkas demeurent oversize. Elles peuvent se couvrir de reflets d'or et d'argent ou de tonalités monochromes. Les tops et chemises col cheminé s'incrustent de fines rangées de perles en cristaux diamant, émeraude, saphir ou rubis. Avec des reliefs de chaines, bijoux baroques ou d'arabesques à l'infinie. L'opulence des broderies, notamment celle en forme d'étoiles de mer de Mika Schneider, encourage une envie pressante de se parer de ses plus beaux atouts. De briller en société. Sans omettre la présence de dentelles incrustées et graciles donnant l'apparence de haute-couture. Les pantalons en denim, aux tonalités de ciel très clair, se bâtissent autour de surpiqures qui gainent les jambes à la perfection. Des médaillons, représentant des visages antiques, tels des camées, s'inspirent de dessins du célèbre illustrateur italien "Fornassetti". Ils se damasquinent sur des blousons ou de maroquinerie. Avec un coup de cœur pour la gibecière "Tête". Toujours l'idée de s'inspirer des éléments du passé pour les propulser dans le moment présent, afin de les ré-enchanter entre dans l'ère contemporaine. Telle une mise à jour. L'Up-date historique. Les silhouettes peuvent être protéiformes. Les doudounes se parent de couleurs chatoyantes ou se laissent sublimer par un blanc alcalescent. Un manteau bicolore, à la forme de corolle ou de fraise, englobe toute la silhouette telle une carapace. Quelques blousons en cuir, des doudounes sans manches, des pulls en laine côtelés, une veste cintrée en laine bouillie, des parkas en laine polaire, on discerne parfaitement l'esprit d'une collection hivernale. Les silhouettes finales redessinent et empruntent totalement l'allure de centurions romains. Ou l'idée que l'on pourrait s'en faire. A travers cette collection, Nicolas Ghesquière a su engendrer des vêtements herculéens pour se protéger d'un quotidien incertain et fortuit.
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Automne/Hiver

2021/2022

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Miu Miu Automne/Hiver 2021/2022 par Miuccia Prada
La neige, la montagne, les sapins, le froid, l'air glacial qui fouette délicatement le visage, Miu Miu achemine sa ligne de prêt-à-porter Automne/Hiver 2021/2022 en dehors de son podium habituel de la rue d'Iéna, à Paris. Que ces paysages montagnards apparaissent magnifiques et grandioses. Ce milieu naturel fantastique, parfois hostile de part ces éléments vigoureux, demeure un écrin merveilleux, d'une exceptionnelle beauté. Prenons tous un grand bol d'air frais. Respirer. Expirer. Exhaler. Covid oblige. Ensoleillé, brumeux, rude et glaciale, Miu Miu a fait le choix de télé-transporter ses mannequins à Cortina d'Ampezo, au sein des somptueux paysages des Dolomites. Un excellent moyen de tester les qualités fonctionnelles et bénéfices réels de ce vestiaire de sports d'hiver. Des looks totalement conçus pour affronter les éléments glaçants. Des cagoules en laine, s'agrègent d'un simili masque que l'on pourrait croire directement sorti du bloc chirurgical. Des cagoules à baquet en quelque sorte. Les combinaisons de ski s'allègent de tonalité pastel. Toutefois, des reflets irisés paraissent sous la lumière du soleil. Les anoraks et pantalons se matelassent par le biais de fines surpiqures feignant les traces de slalom laissées par un skieur. Celles-ci peuvent se porter avec de délicates nuisettes en satin de soie "Nude", rehaussées de patchwork en macramé ton sur ton. Mais, la combinaison de ski, totalement noire (ou grège), reste le Must Have pour dévaler les pentes enneigées. Pour celles qui ne sont pas fan de duvets, on pourra se laisser séduire par des vestes en peaux retournées dont les tonalités oscillent du camel au tabac, du beige au fauve. Le tricot, type macramé, encercle plusieurs pièces comme des cardigans, nuisettes ou robes légères. Les bottes reprennent l'aspect poilu de Chewbacca, personnage phare de la trilogie Star Wars. Ces dernières peuvent même s'incarner en version cuissardes. Se parsème quelques sabots fourrés aux talons hauts. Peu recommandable pour se balader sur un chemin verglacé. Les longs gants se parent aussi de poils bouclés ou peuvent se concrétiser dans un tissu technique avec la marque Miu Miu en énorme. Les besaces paraissent comme de gros doudous en fourrure. Des écharpes au tricotage nid d'abeilles ou jeu d'échec s'enroulent autour de cou comme une cravate dénouée. Les chaussettes, aux genoux, sont framboise, bouton d'or, émeraude. Des cardigans zippés, tricotés, se crayonnent de rayures bayadères marine, ciel, vermillon, neige. Des combinaisons et blousons, tous unis, se recouvrent d'un matelassage à chevrons. En mauve, vermillon, beige ou bleu nuit. Il y a même quelques maillots de bain matelassés que l'on pourra, si la confiance nous habite, enfilés par-dessus un pantalon de ski. MDR. Les looks paraissent toujours très colorés. On n'hésite pas à mélanger une multitude de tonalités fortes. On dépareille. On customise. Des pulls cachemire, à maille légère, s'enfilent à même la peau. Toutefois avec une grosse doudoune tout de même. Le soir venu, une robe droite et légère, rose chair, se greffe de milliers de cristaux de Svarowski. D'amples manteaux se cloutent et se piquent de pointes aux épaules. Et, se parsèment de fugaces perles métallisées sur l'ensemble du lainage. Des robes, aux fines bretelles, prennent les mêmes configurations que les manteaux. Une collection qui se veut fonctionnelle et cartésienne, totalement adaptée aux changements climatiques. Miu Miu a mêlé avec fantaisie des pièces vestimentaires qui seront absolument accordé pour cet hiver 2021/2022.
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Miu Miu

Automne/Hiver

2021/2022

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Prada Automne/Hiver 2021/2022 par Miuccia Prada
Porter du prêt-à-porter Prada n'apparait pas si simple au premier abord. Ardue même. Choisir une de ces tenues ne reste pas anodin. Il définit une partie de sa personnalité qui sera exposé ensuite aux yeux de l'entourage ; des autres. Mieux vaux être bien armé. Cela demeure une démarche personnelle et intime. Voire intellectuelle. On se questionne souvent en revêtant une pièce Prada. On se confronte aux lignes, aux formes, aux imprimés en premier lieu qui demeurent insolites et totalement à part. Pourquoi convoite t-on absolument un look dont 95% de la population ne voudrait jamais se procurer ? Voire porter ? Est-ce que ma physionomie va pouvoir absorber ce profilage Oversize ? Vais-je pouvoir m'y sentir confortable ? L'imprimé n'est-il pas trop criard ? Éclatant ? Vieillot ? Dérangeant ? L'alliance des imprimés et des formes n'est-il pas risible et caricatural ? Même burlesque ? Quand on opte pour une tenue Prada, on se pose toujours pléthore d'interrogations. Mon arrivée au bureau occasionne toujours, auprès de mes collègues, des visages interrogateurs, observateurs, inquisiteurs lorsque je porte du Prada. C'est probablement l'idée de la création de ces émotions qui me pousse à enfiler régulièrement des pièces maison. Car cette mode suscite de l'émoi, du trouble et, parfois, du dégout. J'aime le déchiffrer sur les visages ébahis de mes proches et collaborateurs. Bonne ou mauvaise, peu importe. Quelle jouissance intime que de les surprendre s'émotionner à propos d'un imprimé loufoque, par exemple. Prada demeure une mode plus que vivante. Ce n'est pas un style ou l'on passe inaperçu, ne fomentant aucune réaction. Peut-être est-ce ce plaisir fugace que je recherche lorsque j'enfile la chemise à l'imprimé original. Pour l'Automne/Hiver 2021/2022, les émotions demeurent exponentielles. Miuccia Prada en harmonie avec son compère Raf Simons collaborent sur l'idée d'une collection en temps de confinement. Cette mode précise demeure une réflexion de notre temps. De nos habitudes. Sur notre manière de vivre. Lorsque le télétravail devient la norme du moment, à quoi bon pourrait ressembler ce nouveau vestiaire ? Une collection prêt-à-porter qui se veut graphique par le choix des imprimés dans la mouvance informatique du début des années 80 : fleurs pixélisées, réseaux de cartes mère ou circuits électroniques, kaléidoscope géométrique indicible. Un travail remarquable sur les accessoires démontrent la créativité maison : Bottines et bottes, seconde peau, compensées aux semelles "sabots d'équidés", dont les estampillés demeurent totalement dans une veine psychédélique. Gants en cuir mandarine, émeraude ou améthyste, incrustés d'un porte-monnaie triangulaire au logo maison. Le Sac Cléo en cuir brillant s'agrandit en version XXL. Les boucles d'oreilles, au logo triangulaire, se peignent d'un rouge vif ou d'un vert kaki. Ces derniers se complètent d'une enchère de manteaux rectilignes, aux manches corolles ou forme traditionnelles ; de bombers oversize aux doublures de tricots de laine ; de manteaux en laine bouillie aux tonalités jaune, rose ou bleu pastel ; de cabans marin six boutons dont la configuration remémore celle de pièces d'argent, toujours estampillés Prada. Les matières adoptées sont élémentaires pour l'hiver : fausse fourrure plus vraie que nature ; laine bouillie ; nylon réutilisé ; sequins absinthe ou outremer ; velours dévoré par de larges bandes citron, émeraude, turquoise, marine. Le tout souvent enfilés au-dessus d'un ensemble de combinaisons "Léotard" en laine légère dont les imprimés ahurissants ne laissent pas indifférents. Ces combinaisons peuvent être l'image sublimée d'un pyjama que l'on garderait toute la journée. A la maison comme au bureau. Le cocooning à l'état pur. De nombreux pulls, col en V, col cheminée, cardigans réchauffent l'atmosphère mais dont le design reste souvent hors "Air du temps". Souvent anobli, dans le cou, par un triangle en laine tricoté. Beaucoup de looks aux superpositions de pièces comme le sous-pull qui s'insère en dessous d'une chemise tricoté, surmonté d'un manteau en velours côtelé. Cette collection prêt-à-porter Automne/Hiver 2021/2022, réalisée à quatre mains et murement réfléchi, intègre parfaitement les enjeux d'un monde qui a radicalement changé sous les contraintes de la pandémie mondiale. On récupère des basiques et pièces phares pour un vestiaire qui se veut dans la mouvance du bien être chez soi mais aussi à son bureau. Le bémol étant le prix des pièces qui a véritablement flambé. Une mode désirable et attrayante qui ne sera malheureusement pas accessible à toutes les bourses.
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Saint-Laurent Automne/Hiver 2021/2022 par Anthony Vacarello
Froideur minéral ; fumeroles volcaniques ; vent agressif ; icebergs cristallins ; cascade gigantesque ; glacier féroce : "Where the silver wind blows". L'Islande, l'île de tous les superlatifs, intimement liée à la force des quatre éléments telluriques : la terre, le feu, l'air et l'eau. D'une désolation totalement romantique avec ses promontoires rocheux et ses plages infinies de sable noir. L'île des éléments extrêmes. Que les mannequins ont du avoir froid ainsi que du courage pour tourner ce film dévoilant la collection Automne/Hiver 2021/2022 de la maison Saint-Laurent. Une île photogénique par ses paysages. Un joyau exceptionnel de dame nature, mais, tellement austère. Un "défilmé" presque tragique. Une représentation de ce que l'on pourrait s'imaginer d'une fin du monde. Ou la Nature reprendrait ses droits. Peut-être que les dernières femmes vivantes sur cette terre obscure et glacée seront vêtues en Saint-Laurent. On ne le croit guère. Les prises de vues, par drones, demeurent somptueuses. Si on avait souhaité promouvoir l'Islande comme île fantastique à découvrir, on n'aurait pas pu mieux faire. Perdues dans des décors minéraux d'une rare beauté, les filles déambulent, à talons hauts, dans la Land islandaise, entre rochers d'un anthracite inhabituel et sable noir, icebergs échoués ou cascade géante, suintant d'humidité. Il est notoire que les talons surdimensionnés apparaissent comme propices à une ballade dans cette nature récalcitrante. Sincèrement, on se questionne à savoir ce qu'elles font, habillées de la sorte, dans des décors désertiques et inhospitaliers ? Ne sont-elles pas égarées ? Que cherchent-elles réellement ? Est-ce un mirage ? Non, juste la vision insensée du directeur artistique. On perçoit fortement les codes de la maison Chanel à travers cette collection avec des tweeds, des sacs matelassés, des ceintures chaines, des escarpins bicolores, des croix byzantines ou des cardigans en cachemire. L'hiver sera très court chez Saint-Laurent mais en tweed de laine, avec des couleurs franches : bleu roi, vert absinthe, outremer, rose chair, vermillon, turquoise. Les tailleurs deux pièces s'enfilent sur des maillots de bain, à la coupe classique, en lamé or ou argent. Quelques vestes en tweed s'incrustent de légères perles en verre. Subtilité. Quant aux minis, elles s'ennoblissent d'un lé de fausse fourrure aux couleurs contrastées et acidulées. Un marcel en lurex turquoise se brode à l'encolure d'une bordure en faux vison. On l'espère. L'apparente fausse fourrure s'incruste sur de nombreux looks : robe sans manches, mini-jupe, top sans manches, veste/tailleur. Un pull fuchsia, à l'encolure rectangulaire, s'accorde parfaitement avec un corsaire slim, en cuir charbon. Avec la toque en fourrure sur la tête, s'il vous plait. Le micro short, le pull zippé en lurex émeraude et les cuissardes en cuir pétrole s'inspirent d'une réminiscence d'une Barbarella contemporaine. Certaines vestes brodées demeurent totalement dans une veine couture. On pense à la veste grège rebrodée de fines perles dont les motifs reprennent la corolle d'une fleur reproduite à l'infini. Mais, aussi, à la veste en lamé total Gold de Laiza de Moura, très Yves Saint-Laurent. Les coupes apparaissent simplifiées mais ajustées aux millimètres. Elles épousent parfaitement la silhouette. Si l'on souhaite une élégance plus parisienne, on optera pour le fameux smoking, la veste pailletée ajustée ou la veste Double-Match. Pour une sensualité affirmée, celle-ci reste toujours assidue au couleur du ying et du yang. Le top immaculé, à la forme de nœud papillon, pourra être envisageable lors d'une soirée de fin d'année. On peut axer son jeu de jambes en se faufilant dans des micro-shorts gonflés. Avec un rikiki gilet comme sur Sofia Steinberg. Pour celles qui aiment briller, le doré, les broderies et les damassés Or seront au rendez-vous. Une collection ou le corps de la femme est subtilement soulignée. Anthony Vacarello a joué avec les divergentes envies des femmes. De la femme la plus pudibonde à celle qui assume avec fierté sa féminité. Des tenues plus faciles à enfiler à Paris qu'à Reykjavik.
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Saint-Laurent

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2021/2022

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Valentino Automne/Hiver 2021/2022 par Pierpaolo Piccioli
C'est sur la scène de la salle de concert inoccupée du Milano's Piccolo Teatro, entièrement assombrie, que la maison Valentino, sous la houlette de son designer Pierpaolo Piccioli, présente sa collection prêt-à-porter Automne/Hiver 2021/2022. Les salles de concert étant closes pour des raisons de pandémie évidente, Pierpaolo Piccioli a, aussi, souhaité ne pas oublier le monde de la musique, en invitant une chanteuse et son groupe. Une revendication positive pour ne pas omettre la détresse de l'industrie musicale privée de concerts. Une collection hivernale qui se résumera à 95% en des looks totalement noir et blanc. Deux couleurs qui incarnent, à elles seules, toute une palette identitaire de nos sociétés contemporaines. Pour ces raisons, elles sont fantastiques et magiques. Indémodables. Classiques, minimalismes, virginales, diaboliques mais aussi punks et gothiques. Tout dépendra de l'attitude que l'on adoptera en les enfilant. Les mannequins zigzaguent sur la scène pour se positionner en arrière-plan tel un jeu d'échec, permettant de visualiser l'ensemble de la collection. Un long manteau se drape de losanges aux réminiscences de sols de château, à la française. Une veste neigeuse, type caban, s'habille de stries et doubles stries charbonneuses. L'originalité s'effectue au niveau des emmanchures qui s'ouvrent délicatement au niveau des coudes. Un pull/robe est sillonné de coup de scalpels constants, laissant apparaitre un jeu géométrique de losanges béants. On œuvre sur les vêtements pour leur concéder des effets graphiques tels des croisillons, chevrons, entretoises, traverses géométriques, crayonnant des configurations de filets, échiquiers, nids d'abeille ou dallages feutrés. Le vestiaire masculin se mélange parfaitement aux looks féminins. Les pantalons demeurent évasés mais se raccourcissent d'une main. Une chemise, col cheminée, se compose de chantilly de dentelle sur l'ensemble de la boutonnière. Un autre pullover, alcalescent, fixe des conformations de longues algues marines. Beaucoup de pièces, découpées au laser, permettent d'insuffler une certaine grâce et caractère à un sweater ou un manteau. Presque une certaine fragilité sur quelques pièces car l'on se questionne comment celles-ci peuvent bien se maintenir entre elles. Les bottes se font militaires ou bien s'incrustent de fleurs matelassées en trois dimensions, faisant penser à des punks romantiques. Les coiffures s'inspirent de "coupe au bol" tels des moines Bénédictin. Strict et radical. Une robe en mousseline transparente s'incruste, de-ci delà, de quelques segments de dentelles comme sur le top italien Maria Carla Boscono. Seulement deux looks Gold injectent de l'éclat à cette prestation mélancolique. La fameuse lumière au bout du chemin. Sequins et paillettes, toujours dans une veine sombre, habillent un pull-over à l'accent marin ou un simple caban. Des vêtements bien manufacturés qui seront à terme indémodables. Une collection austère qui demeurera un excellent investissement pour ceux qui souhaiteront une garde robe sur du long terme. On reste dans les fondamentaux de la maison Valentino pour au moins vingt années. On dépouille pour ne laisser que la ligne directrice maison ; sévère mais juste.
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Valentino

Automne/Hiver

2021/2022

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Défilés Printemps/Eté 2021
Par
Yann Gabin pour PlaneteMode.com
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Céline Printemps/Eté 2021 par Hedi Slimane
Des vues aériennes ; le casino ; le grand hôtel ; un lustre en cristal ; la mer ; les dorures d'une colonne dorique ; un plafond en stuc ; un ange au somment d'un toit en zinc ; des barres d'immeubles ; des yachts ; l'horizon bleu azur ; le port ; une musique entêtante ; les sons récurrents de touches téléphoniques ; le logo Céline, immaculé, apposé de manière grandiloquente sur une pelouse du stade Louis II, tondu au millimètre. Des prises de vues éphémères sans distinguer un seul être humain. Des prémices d'une vie sans contact, distant de tous. Hedi Slimane a posé ses caméras au sein du stade de la principauté de Monaco pour dévoiler sa vision pour le Printemps/Eté 2021. Quelques fanions suspendus, au nom de la maison Céline, flottent au vent. Une arène titanesque mais entièrement vide. Quelle étrange impression d'isolement m'envahit soudainement. Un sentiment qui se déculpe lors de l'apparition de la première silhouette, microscopique, au centre de ce vaste terrain. On perçoit la petitesse de l'humain dans ce vaste monde encore confiné. Les couloirs de courses s'inscrivent des six lettres Céline, encadrées par le fameux logo inspiré des chaines de l'Arc de Triomphe. Un, deux, trois, défilez. Les prises de vues aux drones sont fantastiques car elles permettent un point de vue divergent sur le vêtement, tout en insufflant une énergie, vivacité et précision digne des compétitions d'Athlétisme. Les spots lumineux, perchés sur le fronton, clignotent les uns après les autres tels des flashs incessants. Sur le morceau de princesse Nokia, "I like him", les mannequins commencent à marcher dans chaque couloir qui leur est attribué. Le débit véloce des paroles serine constamment "je l'aime, je le veux, il est mignon". Un message à l'intention de Mr Slimane ? Ou pour les pièces de sa collection ? A méditer. Casquettes, lunettes solaire et sacs "Triomphe" seront les accessoires phares de cette présentation. Ceux-ci escortent presque tout le vestiaire pluriel Céline. Des jeans Baggy ; des blazers XL déboutonnés ; des robes pailletées ; des mules fourrure bubble-gum ; une veste en cuir matelassée ; des tee-shirts marin, rebrodés de ligne paillettes Azur ; Un sweet capuche couleur Mastic se porte avec une micro veste mimosa, type Chanel ; des baskets montantes blanches ; des rangers ; des bottes de pécheurs ; des blousons imprimé chaine (Hermès) ; un duffle-coat en mouton retourné ; des ballerines ; une robe Baby Doll avec col Claudine ; un cardigan en fine laine pastel ; une veste à carreaux pied-de-poule châtaigne ; une chemise banquier aux stries ivoire et céruléenne ; une robe liberty, au trois volants, se rebrode de fines paillettes ; un short basket année 70 ; un Teddy damasquiné des lettres Céline en son dos ; une chemise bucheron ; une robe et chemise Lavallière, en mousseline de soie, imprimée toile de Jouy, représentant des monuments parisiens ; une parka rouge s'enfile sur une robe légère de type mormon ; un pantalon de jogging charbon, aux bandes latérales immaculées, avec juste un C posé sur le haut de la poche gauche. Une description aussi monotone que les looks proposés. Toutefois, une mode facile à enfiler comme le style Charlotte Gainsbourg (Jean, tee-shirt blanc, perfecto et baskets blanches). Le mot Céline s'inscrit partout de manière discrète ou bien en évidence. Sur l'élastique d'une brassière ; sur un imprimé short de bain ; en simple C sur une casquette ; disproportionné sur le dos d'un blouson ; sur des micro-bottes pécheur. Cette saison, il faut se focaliser sur les pièces d'exception car le reste du vestiaire, à mon humble avis, demeure un simple exercice de stylisme. Comme les robes du soir qui se couvrent de sequins et paillettes. C'est à ce moment là qu'on en prend pleins les yeux. Non pas que les vêtements dessinés par Hedi Slimane soient dénués d'intérêt ou de sens. Mais, seulement qu'une majeure partie demeure accessible au travers nos dressings respectifs. Peut-être sous-entend t-il qu'avec nos vêtements, on puisse, cette saison, les accorder avec une casquette Céline, un blouson bayadère pailleté, un K-Ways à l'imprimé chaine de bracelet doré ou un simple sac Céline "Triomphe" en cuir beige. A cet instant précis son discours prend tout son sens. On est dans le fameux concept de " Sustainability ". De Durabilité. On réutilise et pioche dans son vestiaire un jean, un tee-shirt blanc et on l'accorde avec quelques belles pièces Maison. Une mode pratique pour la vie au grand air et à la maison, débroussaillée de tous artifices. On se s'interroge finalement : est-ce une proposition simpliste ? Ou carrément une mode géniale et dans l'air du temps ?
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Céline

Printemps/Eté

2021

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Chanel Printemps/Eté 2021 par Virginie Viard
Les six lettres Chanel, d'un blanc magnétique, mesurant au moins dix mètres, renforcées par un attirail d'échafauds métalliques, à intervalles réguliers, font office de décor pour la nouvelle collection prêt-à-porter Chanel Printemps/Eté 2021. Au première abord, un ressenti de "Chanelwood" ou de Way of Life, à la californienne, s'offre à nos regards ébahis. Ce désir si prégnant d'embaumer cet Air si spécifique provenant de l'océan pacifique. Cependant, j'y verrai plutôt une version angélique de la chose. Une allégorie de la page blanche afin de réécrire une nouvelle histoire de la saga Chanel. Virginie Viard, dont le style s'incarne dans une épure néo-classique, propose des silhouettes, sans extravagances. Pas d'incartades. Pas de touches humoristiques. Rien que du pragmatique. Et, n'est-ce pas ce dont nous avons besoin actuellement ? Du fondamental, du pratique. Des tenues confortables pour rester tranquillement chez soi. Juste se sentir bien, sans en mettre plein la vue. Pourtant, une des règles fondamentales du prêt-à-porter de luxe prend en horreur les termes de confortable, aisée, simple. Cette fois, c'est un habile parti pris. La mode doit également prendre en compte nos façons de vivre et s'y adapter. Nos contraintes journalières évoluent et changent. Et, cette épure commode demeure totalement appropriée. Lorsque la bande originale lance la chanson de Christophe, "Voix sans issue", sept magnifiques tops jaillissent de l'arrière plan ; Des fameuses lettres herculéennes. Chacune avec un look clair et lisible mais tellement complémentaire. L'une avec un tailleur en tweed sombre, au tissage géométrique, très marqué ; l'autre avec une longue robe, parsemée de petits volants, en crêpe de chine, dont le micro imprimé Chanel fait penser à un liberty ; la suivante avec une veste en tweed rose guimauve et son corsaire assorti ; une dernière avec sa combinaison/pantalon et une veste en tweed mouchetée. On recouvre les codes Chanel réunis dans une simplicité de Tweeds, de chaines dorées, de cardigans en cachemire tout doux et de gros nœuds Ebène, éparpillés de-ci delà. Au-delà du simple vocable Chanel qui s'affiche directement sur le textile. Le pull vermillon du mannequin Sofia Steinberg reprend la calligraphie Chanel, sous forme de collier de perles. Le N°5 s'imprime à la tonalité de Néons sur des tee-shirts obscurs. Un perfecto anthracite se voit injecter d'énormes lettres CHANEL argentées, uniquement sur les emmanchures. D'éphémères "C" entrelacés s'agrippent sur un pantalon aux fines rayures bleu layette. Certains plus évasés, en denim, harponnent des couleurs vives comme le fuchsia ou bleu turquoise. Ou bien la version corsaire en tweed pourrait être la bienvenue. Au choix. Beaucoup de Rose cette saison s'incarnant dans des tonalités de dragée, magenta, mauve, fuchsia, parme, lilas, incarnadin, thé, chair ou pêche. Notamment à travers un peignoir de plage, une veste en Jean ou un cardigan en cachemire. Quelques jupes s'enroulent autour de la taille telle une serviette de plage. Beaucoup de noir et blanc, couleurs traditionnels de la maison Chanel. Des voilettes pour le coté mystérieux. Voire cinématographique. Le total look, veste étriqué et corsaire en sequin pétrole de Maria Miguel, renforce cette image de Red Carpet. Quelques plumes d'autruches retaillées, viennent se greffer délicatement sur une jupe en mousseline aux délicats volants transparents. Des robes en macramé de dentelle, découpé au scalpel, font rejaillir le pan virginal de la jeune fille Chanel. On discerne cette simplicité et fluidité au travers presque toutes les silhouettes présentées au sein du grand palais. La tendance de la logomania fait son come-back autour des robes du final qui s'érigent de broderies en sequins ou d'imprimé démesuré aux formes du double C ou terme Chanel. Illuminée et radieuse sera cette collection Chanel printemps/Eté 2021, tout en épousant un certain conformiste, concordant parfaitement à l'esprit du temps.
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Dior Printemps/Eté 2021 par Maria Grazia Chiuri
Un cube entièrement sombre accueille les invités pour le show prêt-à-porter Dior Printemps/Eté 2021. Un lieu obscur pour une rédemption salvatrice ? Deux murs se recouvrent d'immenses collages et patchworks visuels, à la forme de vitraux, projetant une atmosphère de méditation et d'introspection. Est-ce une chapelle ? Une salle monacale ? Un endroit propice au recueillement et à la réflexion ? Après le premier confinement, n'y a t-il pas comme une envie soudaine de revenir goûter aux joies simples d'un défilé de mode. De regrouper toutes ses ouailles pour communier ensemble ? Quand les lumières s'éteignent, un cœur de quelques chanteuses psalmodient des chants "A capella". Un mélange de chants dévots qui s'aiguillent vers des chants liturgiques mais rapidement vers des moments cacophoniques choisies, voir hystériques. Des refrains et répétitions qui bousculent et décrient la fragilité de la vie. Celle-ci ne tient qu'à un fil. Un type de chant qui se prête parfaitement au lieu défini par Maria Grazia Chiuri. On perçoit, à la fois, cet apaisement nécessaire mais aussi cette urgence d'exister. Une atmosphère étrangement calmante mais aussi dérangeante. Irons-nous nous promener dans des contrées moyenne-orientales cet été 2021. Je le constate en étudiant les premières silhouettes. Tout du moins les premiers passages qui fleurent bon l'Orient avec ses impressions cachemire, ses couleurs d'épices (safran, cannelle, curcuma, piment, etc) et le design de vêtements tout en rondeur, riche en détails comme des pompons, des broderies délicates ou bijoux ethniques. Une imagerie chimérique qui me fait flâner au travers de bazars grouillant pouvant être ceux d'Istanbul ou de Samarcande. Tout apparait raffiné. Les broderies en dentelle se lient avec une infime délicatesse aux mousselines aux effigies de champs et jardins suspendus. Une robe, en macramé de tonalité naturel, se noue simplement avec une double cordelette en cuir, au sigle CD. Les étoffes s'estampent de motifs cachemire dont leur beauté se mire dans un chatoiement de tonalités heureuses. On peut noter le travail de teinture fantastique qui attribue au tissu une patine charmante, un vieillissement imperceptible. Des colorations naturelles tirant sur des tonalités d'alluvions. Comme si ces pièces avaient passé un long moment dans une malle perdue. Beaucoup de motifs Paisley (cachemire), emblème du cyprès, symbole de vie et d'éternité, s'agrippent sur de luxuriantes pièces allant de jupes volumineuses, robes chasubles, manteaux réversibles, pantalons larges, vestes kimonos. C'est l'une des stars de ce défilé. Les transparences exhibent les corps autour de mousselines, macramés, résilles ou dentelles. Souvent dans des tons neutres et couleurs alcalines. Des dégradées de grèges assiègent des robes aux allures de déesses grecques. Du denim, ornementé d'impressions feuillages et fleurs, exécuté par un procédé laser, donne un coup de fouet aux tenues à la saveur un peu trop traditionnel. Les tonalités de bleu demeurent abondantes et crépitent autour de Majorelle, saphir, outremer, bleuet, Cobalt ou lapis-lazulis. Marine et ses palettes de mers et d'océans. Une tenue idéale pour se rendre en bord de plage avec ce Shorty taille haute et brassière orthogonale, s'ornant de fleurs sauvages, véhiculant cette touche de sensualité réservée. Le bandeau noué dans la chevelure redessine une silhouette de starlettes Hollywoodiennes des années 50. Quelques silhouettes "Bar", signature identitaire de la maison Dior, empreignent une ligne plus "Casual" et moins charpentée. On déstructure à fond. La fameuse toile "Oblique" enveloppe une jupe longue et rectiligne. Avec l'idéogramme Christian Dior sur le flanc, au cas où on n'aurait pas saisis. Le travail sur le procédé du Tie&Dye semble un autre lien fort de cette présentation. Particulièrement, au travers des rayures bayadères qui s'exposent de diverses formes et coloris. Un poncho, forme V, s'habille de ce tricotage linéaire. Les robes, rose pâle, safran, vert d'eau, aux cols Mao froufroutant, exposent avec grâce des transparences osées. De fines broderies, dignes d'herbiers de musées renommés, comme des chardons, épis de blé ou bleuets gravitent sur le pourtour d'une mousseline vaporeuse. Les broderies florales demeurent chatoyantes, étincelantes, coruscants. Les patchworks se chevauchent, s'entrechoquent, se superposent. Maria Grazia Chiuri émet l'idée d'un vêtement réversible, aussi précieux à l'intérieur qu'à l'extérieur. Une double fonctionnalité ingénieuse. Le fameux deux en un. C'est encore un merveilleux voyage que Maria Grazia Chiuri a fourni à son assistance de privilégiés. Un dialogue sur la nature et sa flore qui parait comme une ample problématique de nos années à venir. Un éloge de sa beauté mais aussi de sa fragilité. Nonobstant, chez Dior avec Maria Grazia Chiuri, il y a toujours plus qu'un simple vêtement. Un défilé qui fait sens avec un discours politique sous-jacent. Conquis l'on est.
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Isabel Marant Printemps/Eté 2021
Festivité et joie. Deux vocables pouvant condenser et incarner entièrement l'esprit de la collection prêt-à-porter Printemps/Eté 2021 d'Isabel Marant. Il y a telle une allégorie ; une trame de ce que pouvait être l'échappée vers un night-club avant cette fichue pandémie de Covid-19. Il y a une année, à peine, tout était permis. Insouciance. Cependant, tout a changé si vite. La désinvolture est alors mise en sommeil. Aujourd'hui, prohiber le contact devient presque la règle immanente de l'humanité. Toutefois, Isabel Marant, avec sa gaieté communicative et sa bonne humeur, arrive à raviver cette flamme intérieure pendant ce défilé d'une quinzaine de minutes. Nous faire oublier les interdictions factuelles. Notamment, sur scène ou elle a invité le collectif de jeunes danseurs de la troupe la "Horde", incitant une libération des passions. Ce groupe, composé d'une trentaine de jeunes filles et garçons, apparait aussi légitime que les modèles. Voire plus. Car ils insufflent une âme supplémentaire aux silhouettes. Les vêtements respirent et frétillent sur leurs corps tendus par les mouvements saccadés de la danse. Une autre dimension se dessine. Au delà d'accompagner les mannequins dans une chorégraphie contemporaine, ils soulignent la fluidité et simplicité de se mouvoir avec des tenues techniques. Une performance. On a chaud. Dans le jardin du palais royal, lieu usuel des défilés maison, Klara Kristin ouvre la marche avec cette silhouette rose layette dont le pantalon bouffant me fait repenser à nos papillotes de Noël. Humour. Le chemisier, rose chair, frime avec des épaules extra dominantes et bouffantes. Un code essentiel du dressing Isabel Marant qui les affectionne et les travaillent régulièrement. Pour l'été 2021, seules quelques tonalités franches ont été abordées comme le rose chair, l'améthyste, le grenadine ou le saphir. Puis les tonalités, aluminium, anthracite et zinc contrebalancent la vigueur profonde de ces couleurs. Des imprimés aux motifs floraux et tags parsèment déci delà combinaisons, chemisiers en mousseline légère et robes bustier. Beaucoup de micro shorts, micro jupes, micro salopettes. Les jambes, les jambes, les jambes. Isabel Marant aime mettre en valeur quelques pièces plus compliquées comme le boléro fuchsia porté par Blesnya Minher ou la mini veste rebrodée de fleurs Saphir et Grenadine. Des combinaisons de pompistes s'impriment de tags aux formes de petits cœurs stylisés. On peut distinguer ces combis en version cuir clouté sur Rebecca Leigh Longendyke ou en Denim sur Amar Akway. C'est selon le club ou l'on souhaitera se rendre. Les bustiers prennent la forme de papillons de dentelle. Et virevoltent. Une longue robe immaculée, portée par Kiki Whillems, se fait virginale. La vision dévote du défilé. La matière métallisée coule sur des pantalons, blousons ou chemisettes, des bobs. Des santiags ou des escarpins aux talons légers. Au choix. Les derniers étant parfaits pour aller danser. Le soir, du lurex, sur un bustier bénitier, fera surement l'affaire pour se déhancher jusqu'à ce que mort s'ensuive. Avec sa mode convoitée, on a envie de danser, rire, bouger, exploser. Un style de vie, qui se veut, après le confinement de mars et avril, à vouloir bannir restrictions, gestes barrières et autres règles excluant l'autre des autres. On ne désire plus que se rencontrer, se toucher, se déhancher sur les dance-floors, after-parties ou simplement lors d'une fête organisé en last minute. On perçoit cette énergie très puissamment. Le message a été transmis et c'est une réussite totale.
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Jacquemus Printemps/Eté 2021 par Simon Porte Jacquemus
Jacquemus à Us, qui l'eut crUs. Petit jeu de mots bien aisé. Cette commune du Vexin, perdu en rase campagne, accueille une centaine d'invités, triés sur le volet, débarqués de notre chère capitale. Quel lieu mirifique et surprenant pour présenter une collection Printemps/Eté 2021 ; tout particulièrement en pleine pandémie de Covid-19 ou les règles barrières doivent être absolument appliquées. Alors n'y a-t-il pas meilleur endroit que celui-ci, avec cet air pur à gogo et ce champ de blé à perte de vue. J'ovationne ardemment l'équipe Jacquemus pour cette idée complètement démente mais tellement géniale. Ce champ de blé se couvre d'un interminable podium en bois, sinueux et de couleur céréale, qui ébauche les pourtours d'un reptile tortueux. Les fauteuils disséminés, de-ci delà, embrassent des essaims d'épis tels des cocons. Dommage que ce temps nuageux soit au rendez-vous. Un rayon de soleil aurait illuminé ce cadre champêtre et idyllique. Bref, le confinement a éveillé une collection prêt-à-porter dont l'idée de départ demeure l'Amour. L'Amour pouvant épouser diverses formes allant de l'amour avec un A majestueux à l'amour amical, de l'amour pour un animal à l'amour de la cuisine. Comment développer ce thème au temps du confinement, ou chacun vit reclus chez soi, éloigné de toute vie sociale. L'amour confiné en somme. Simon Porte Jacquemus a œuvré en s'accrochant à l'idée du bien-être chez soi. Ainsi on n'est pas étonné de recouvrer de nombreuses inspirations provenant de l'univers de la maison : Sacs et soutien-gorge coussins, porté par la surprenante Anok Yai ; imprimé torchon de cuisine pour des chemises amples ; bracelets "poignée de porte" ; Sac en cuir "porte-assiette" ; Boucles d'oreilles inspirées des "mobiles de Calder" ; Imprimé faïences de cuisine en bleu et blanc ; cuillères et fourchettes rikiki en cuir, échafaudé autour d'un complet ; Broderie chaise de jardin sur la poche d'une chemise ; Besace en cotonnade rectangulaire issu de l'outiller du jardinier ; Porte-clés "Pince à linge" ; Bracelet avec du véritable savon Cube de Provence. Nombreux sont les clins d'œil à nos antres respectifs. Beaucoup de carnations autour du beige et ocre s'inspirant des intérieurs des maisons du Sud de la France. Mais aussi du blanc et des couleurs solaires comme l'ambre, le blé, le champagne, le souffre, le mimosa, le paille ou le sable. Un vert tilleul à se pâmer investit une chemise aérienne masculine, une robe aux fines bretelles de Luna Bilj ou un micro top/chemise de Grace Elizabeth. Une veste, couleur mimosa, se découpe de petits cœurs au laser. La même, chez l'homme via un complet gris orage, se double boutonne du côté droit. Les chemises masculines se font Arty avec des imprimés jets et éclaboussures de peinture, de broderie fauteuil à la Calder ou d'objets stylisés de l'art de la table (brocs d'eau, bol à soupe, coupelle de fruits). Le pantalon peut s'anoblir d'imprimé fougères bleu pastel tout en discrétion. Il demeure ample et me plonge dans les années 40 avec une petite touche Zazou. Mais, on le contrebalance avec des Baggys aux poches évasées. Pour celles qui souhaiteront investir des couleurs plus classiques, des pièces anthracite défilent aussi. Une mode ou se mêle, à la fois, l'homme et la femme, avec une diversité au niveau des tailles et du casting. Des tailles hautes chez la femme mais toujours cintrées et maintenues. Des perles aux allures d'épis de blé s'harnachent sur une longue jupe droite anthracite. Ou bien sur une robe mini, portée par Kris Grikaite. Beaucoup de jeux de liens et de ficelles au niveau du col et du buste chez la femme. Des vestes se font soutien-gorge. Ces dernières s'immobilisent juste à la frontière de la poitrine pour laisser le nombril apparent. Jacquemus construit avec poésie ses robes, maintenues par de savant jeu d'attaches qui soutiennent juste ce qu'il faut ou il faut pour continuer d'être sensuelle sans être sexuelle. Un exercice de style sur le fil du rasoir. Une linéarité charnelle en somme. Anna Ewers clôt le défilé dans une longiligne robe nuisette champagne dont les courbes en affoleront plus d'un. Une collection réalisée à la maison comme aime à le souligner Simon Porte Jacquemus. Une célébration en soi. Une ode à la vie pour une mode qui se veut réconfortante et apaisante. Quinze minutes de rêve éveillé.
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Louis Vuitton Printemps/Eté 2021 par Nicolas Ghèsquière
Nicolas Ghésquière a opté comme lieu de son défilé Louis Vuitton Printemps/Eté 2021 pour le grand magasin de la Samaritaine ; actuellement en fin de rénovation. Ce lieu avait suscité beaucoup de tristesse, de colère et d'exhortation lors de sa fermeture définitive en 2005. Central, il apparaissait comme le lieu privilégié de shopping pour de nombreux parisiens. Qui avouons-le adoraient se promener dans les étages vieillots et les rayons aux allures désuètes et surannées. Plus de quinze années ont passé et ce lieu magique demeure encore une belle endormie. Pour combien de temps ? Même si les bureaux de Nicolas Ghésquière se situent face à la "Samar", quelle excellente idée d'utiliser, en avant première, cet immense magasin afin de dévoiler la nouvelle collection prêt-à-porter féminine. Tellement parisien. Un lieu qui se voudra être contemporain par ses matériaux utilisés, tout en conservant son charme 19ème concernant son décorum. Les invités, triés sur le volet, ont été conviés au dernier étage, un endroit lumineux. Le podium immaculé s'entrechoque de plein fouet avec des murs, dont de nombreux pans sont encollés de toiles vertes, créant une distorsion "colorielle". La fameuse tonalité utilisée notamment au cinéma afin d'incruster vidéos ou images lors du déroulement de la présentation. De petites webcams s'intercalent entre deux chaises pour les invités n'ayant pu se déplacer. Covid-19 oblige. Chic de posséder sa propre Web Cam. Avec un mixage de sons techno, wave planante et pales d'hélicoptères, Emily Miller, look de garçon manqué et nouvelle venue dans le mannequinat, ouvre d'un pas intrépide cette nouvelle présentation. Avec un "chino" à pince crémeux, elle se pare d'un pull immaculé en maille légère dont le mot "Vote", de tonalité tournesol sur un périmètre rose bonbon, frappe instantanément l'attention. Le ton est donné : Militantisme. En pleine élection américaine, Nicolas Ghesquière prend le parti de véhiculer des avertissements fermes et sensés. Des mots anglophones, compréhensibles par tous, frappent pulls, tee-shirts et robes aux connotations de "Vote", "Drive", "Skate", "Bounce", "Climb" ; pouvant être traduit par "Votez" ; "Prenez le contrôle de votre vie" ; "Rebondissez" ; "Prenez des risques" ; "Visez l'ascension sociale" ; "Soyez maitre de votre vie" ; "Agissez". Bref, des vêtements réveillant les consciences citoyennes pour s'orienter vers un monde aux horizons moins conflictuels. Espérons-le. Le trench se fait hyper large, longiligne à souhait et peut prendre une couleur de crème Vanille ou de Turquoise, notamment vu sur la nouvelle pépite française Jade Nguyen. Le pullover ample de Cyrielle Lalande, col en V…uitton, sanglé aux hanches, s'enfile sur une jupe plissée jacquard rose poudrée et dorée. Ensemencé de brefs éclairs déci delà. Opulence dissimulée. Beaucoup de pantalons Baggys et de vêtements à la proportion Oversize. On perdure dans cette appétence pour le confort, l'aisance, le cocooning. Quelques réinterprétations de créateurs effleurent certains looks, avec bienveillance. Une multitude de fragments circulaires "Nénuphars" s'appose sur une robe courte à la manière de Paco Rabanne, porté par Maryel Uchida. Un petit triangle, soulignant le mot Louis Vuitton, diffuse, non intentionnellement, le logo notoire de la maison Prada. Quand au sac seau, on se remémore parfaitement celui de la maison Lancel lors des années 80/90. Le travail sur les chaussures demeure captivant et hyper inventif car mêlant, à la fois, l'escarpin classique avec le sabot hollandais. Un hybride pouvant être qualifié d'escarbot Vuitton. Les bottes, type Ugg, évoquent subrepticement cette idée de confort et de bien être. On veut déjà s'y glisser. On découvre continuellement une pléthore de tissus techniques comme le tissu métallisé à effet "goute d'eaux", les paillettes argentées posées sur un tissage de perles tubulées à effet matelassé ou un cuir s'incrustant d'effet Miroir. Cela en fait la richesse de cette collection. Une exclusivité LV. Frappant. Les divers looks finaux, ultra colorés, agrémentés de patchworks plissés et de vocables, me remémore d'anciens modèles qu'avaient dessinés Nicolas Ghesquière sous l'ère Balenciaga. Il faut absolument revoir le défilé Automne/Hiver 2010/2011. En pleine réélection américaine, la mode Vuitton Printemps/Eté 2021 milite pour des perspectives économiques, culturelles et juridiques plus réjouissantes. Cette mode précise, sous le coup de crayon de Nicolas Ghesquière, demeura toujours conceptuelle et en perpétuelle recherche technique et technologique.
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Miu Miu Printemps/Eté 2021 par Miuccia Prada
Ensorcelant set-design que celui de la présentation Miu Miu Printemps/Eté 2021. Une réinterprétation du terrain de sport, en trois dimensions, très familier de celui du Squash. Avec des cloisons incurvées, d'une blancheur imparable et de longilignes couloirs, à la typographie de goulets d'étranglement, s'étendent, de-ci delà, des lignes aux tonalités vermillon et anthracite. Miu Miu convoite fortement l'idée du dépassement de soi, au travers d'une mode inspirée par l'univers sportif qui, de plus en plus, apparait très présent dans nos dressings actuels. Alors, bienvenue dans le Miu Miu Club. La fille de Kate Moss, Lila Moss, ouvre le show en exclusivité. Elle investit cette arène convexe, fusionnant sols fuchsia et alcalescent, complétée de demi-sphères Ebène. Un cirque ou l'attend les reines des "Socialites" via écrans interposés : Alexa Chung, Emmanuelle Seigner, Elle Fanning, Anh Duong, les mannequins Birgit Koss, Karen Elson, Paloma Elsesser, Xaio Wen Ju, etc... L'ère du "défilmé" s'ancre dans cette pandémie ininterrompue. Une veste bleue marine, un micro short, inexistant de dos, des mules bijoux à croquer, rebrodées de perles et de strass, feront l'affaire pour une journée délurée. Les vestes se font abruptes et se rehaussent au buste par d'adorables segments horizontaux aux tonalités diverses et variées. L'encolure se duplique en col chemise. Attitude strict. Le manteau rectiligne, de couleur chamallow, se damasquine de cristaux diamants sur l'ensemble du col. Réflexion étincelante. On s'apprête à réintégrer, dans son armoire, des pulls seconde-peau aux rayures bayadères. Une inspiration Sixties qui nous projette directement au sein de l'univers Courrège. Voire Cardin. Quelques looks colportent l'allure élégante des uniformes d'hôtesses de l'air de cette époque. Les robes, sans manches, sont totalement droites. A point c'est tout. Les couleurs s'apposent les unes aux autres sans jamais se mélanger. Le carotte se marie au bleu céleste. Le fuchsia au rouge ardent. D'ailleurs, des vestes de jogging étriquées apparaissent totalement unisexes et aux couleurs tranchées : jaune vif ou mandarine, surmontées de l'étiquette élémentaire Miu Miu. Ces vestes peuvent se recouvrir de motifs géométriques aux effets visuels graduels. A la Vasarely. Idem pour les jupes crayons. Mon look préféré s'investit dans la veste Jogging Anthracite/Citron dont les lignes de points rythmés (A la Yoyoi Kusama) se rejoignent les uns aux autres pour s'effacer sur leur périphérie. Idem pour la culotte. Les pièces, au design athlétique, s'inscrivent autour de tee-shirts, marcels, combinaisons et micro-shorts seconde peau. Un chemisier cristallin froufroutant, de couleur citron, dont la mousseline convoite celle d'un nuage, habille les courbes athlétiques d'un jeune mannequin. Celui en rose pastel s'enfile sur un pantalon bleu marine. Quelques tartans parme et souffre pour des jupes fendues de la taille aux genoux. Les imprimés font appel fréquemment à une iconographie surannée, des années 60, voire 70 au couleur du Swinging London, de Twiggy et du célébrissime magasin Biba. Un détail Make-up se joue au niveau de l'arcade sourcilière qui se voit lacérée d'un trait de rasoir, voire deux. Pour bien nous rappeler que l'on est bien en 2021. Des lunettes rectangulaires se bardent en totalité de diamants ultra brillant. Certains escarpins, à la configuration de chaussures de foot, se griffent de légers crampons. Les mini-jupes sont totalement "rikiki" et se recouvrent entièrement de broderies perlées. Une robe Baby Doll, bleue layette, surmonté d'un joli nœud poussin, redessine la silhouette de Lila Moss. Le soir, des robes en satin déstructurées se parent d'écharpes dorsales. Des broderies en forme de croisillons ou triangulaires, discrètes ou criardes, s'apposent sur un buste, une épaule, une fente pour faire briller la silhouette de mille feux. Un tissu moiré, aux reflets nacrés, enflamment une robe nuisette. Les couleurs noir et blanc sont à bannir cette saison chez Miu Miu. Lila Moss clôt cette présentation avec une micro jupe intégralement perlée mandarine, ajourée d'un top plastron magenta. Une collection juvénile, radieuse, fraiche, pêchue avec cette fameuse pointe Rétro si chère à Miu Miu.
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Paco Rabanne Printemps/Eté 2021 par Julien Dossena
Le défilé Paco Rabanne Printemps/Eté 2021 s'inspire plus que jamais des fondamentaux Maison. Le décor, réalisé à partir d'un interminable rideau de pampilles argentées, fait office de disjonction entre les deux salles de présentation. Cette frontière originale fera office de set design pour cette saison. Seule une poignée de rédacteurs en chef, journalistes et acheteurs incontournables demeureront présent, en chair, lors ce défilé. Tous triés sur le volet. Toutefois, les mannequins arrivant par l'entrée du porche permettent à une foule de connaisseurs, accumulée dans la venelle, de pouvoir contempler le coup de crayon génial de Julien Dossena. Une véritable leçon de mode contemporaine. Malgré les restrictions sanitaires, le designer souhaitait montrer sa mode auprès des gens de la rue, tout en laissant l'avis professionnel et d'expertise aux gens du métier. Un défilé plus court que d'habitude car composé seulement de vingt-sept passages. Alors, il faudra condenser sa vision vers l'essentiel. Un tailleur/jupe oblongue, de couleur ébène, s'agrippe de quelques pompons en perles de geais. La doublure se meut de délicates fleurs de cerisiers "Chamallow". L'important se nichant dans l'invisible. Peut-être est-ce là la philosophie de cette présentation. Nonobstant, on focus sur les bottes seconde peaux qui s'édifient par un long jeu de fil de fer encerclant pied et talon. Tel le circuit d'une montagne russe démente. Malgré cela, le deuxième passage, de Cyrielle Lalande, valide immédiatement l'univers Paco Rabanne. Son longiligne manteau, incontestablement pesant, constitué d'une fine cote de maille, s'estampille d'un camouflage Léopard. Avec un simple Jean et mini-bustier Anthracite, ce look parait entériné pour une sortie carnassière. Une nuisette, à la tonalité chair, s'incruste d'une dentelle argentée. Elle s'enfile sur un Marcel Léopard. Arghhhhh. Une interminable robe, en sequin métallisé, se la joue papillon au niveau du bustier. La version dorée renvoie à l'imagerie des péplums hollywoodiens. Exquis. J'aime beaucoup le travail sur la robe d'Ashley Radjarame qui allie la poésie et la légèreté de la lingerie avec l'impression de dessins de parures de joaillerie précieuse. La dentelle s'invite partout. Elle peut être florale, nude ou colorée, agrémentée de perles et de broderies. Toutefois, Julien Dossena œuvre avec autant d'aisance pour des tenues portées au quotidien. Pantalon en tartan charbonneux ; manteau en maille, sans manches, rayures Bayadères ; Col roulé Anthracite, au zip à la tige créole argenté. Un caban sombre prend la forme d'un smoking. Une longue veste rayures tennis se fait redingote. Un trench Camel embellit ses manches d'un tissu plexi cristallin. Des tee-shirts, seconde peaux, reprennent l'imagerie des pierres précieuses, se composant de diamants, saphirs, émeraudes ou rubis. Un gilet en plastique transparent s'incruste de broderies Brandebourg dorées. Militarisme ? Militantisme ? Comme on s'y attend, les robes en pampilles demeurent éclatantes. En plexi sombre ou métal argenté, ces dernières s'enorgueillissent de broderies joaillières florales composées de pétales diamant et de pistils "péridot". La présentation s'achève par trois "armures" étincelantes ou "burqas", en cote de mailles argentées ou dorées, toujours musicales, dont les pampilles prennent des formes pyramidales, ovoïdes ou triangulaires pointues. Une parure bijou. Un vetement pour être vue et entendue. Si on devait condenser cette présentation, elle pourrait se définir par "Quand la délicatesse de la lingerie s'allient à la puissance du métal".
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Paco Rabanne

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Prada Printemps/Eté 2021 par Miuccia Prada
Solaire. Energisant. Eclatant. Un longiligne rideau plastifié, agrémenté d'une moquette mimosa, compose le set-design de la collection Prada Printemps/Eté 2021. Interrogation ? Une couleur primaire savoureuse qui, d'un point de vue pragmatique, permet aisément de faire ressortir à la perfection le contour des silhouettes. Why not ? Lorsque l'on contemple cette tonalité, on perçoit intensément une chaleur se dispersant dans l'ensemble de cette pièce hermétique. Confiné mais en luminosité. Celle-ci apporte clairvoyance, présentant le monde tel qu'il est. Par conséquent, une couleur primaire adéquate pour illuminer cette collection avec scansion. Une musique ronronnant, aux accents graves, diffuse cependant une atmosphère inquiétante et alarmante. Rien de rassurant avec cette installation technologique, aux formes robotiques, constituée de myriade d'écrans, investissant l'ensemble du plateau. Pourtant, ce jeu de caméras apparait comme la deuxième star du show, après le vestiaire maison. Sans ces dernières, pas de diffusion du show en live. La nouvelle recrue d'Ashley Brokaw, Lydia Kloos, apparait avec une détermination inquiétante, voire menaçante. Son regard transperçant et sa silhouette androgyne dégagent un sentiment d'immédiateté. C'est maintenant ou jamais. On discerne pleinement cette urgence. Lydia maintient son manteau en nylon ébène, fortement avec ses deux mains. Telle une couverture de survie. Le logo Prada, version XXL, se greffe sur son buste. Au cas où on ne saurait plus ce que l'on contemple. Du noir, du blanc, du nylon. Les bases identitaires de la marque. Des coupes rectilignes. Droiture et austérité. On reste dans le pratique. Dans l'intemporel. Mais, avec quelques touches d'originalité. Les ensembles deux pièces, en nylon prune ou immaculé, sans manches, sont élémentaires mais tellement efficaces à appréhender. Les trenchs évasés demeurent sans cols et s'ornent de simples boutons pression noirs. Des cols roulés, perforés, "énergisent" la collection par leurs tonalités d'agrumes. Le petit détail se grave, à la base du cou, par l'écriture discrète de la marque. Sur Dija Kallon, on les superpose afin d'insuffler du relief au buste tout en cassant un certain classicisme de son interminable jupe gris souris. Ces longilignes jupes rappellent celles de nos ainées, au temps des années 50. Élancées et froncées, elles demeurent contemporaines de part le jeu novateur du plissé non-conventionnel. Les touches funky apparaissent via les escarpins acérés, taille basse, qui recouvrent des couleurs flashy comme le mandarine, bleu layette, jaune tournesol, lapis-lazulis, turquoise, rose, aubergine. On s'amuse du bout des pieds. Les robes droites, en satin de soie, aux couleurs pastel, peuvent s'auréoler de corolles en fleurs 3-D, ton sur ton, ou d'origamis floraux. Des mots et de phrases les parsèment comme "Panorama of Quiet", "Panorama of Us", "Panorma of still", "Absorbed/Exalted", "Signaux volent vers nous", "Exchange perplex", "Echo, Echo". Une mode qui questionne, qui cogite, qui communique, qui tente de transmettre un message, un code. Des messages. Des codes. Une mode qui se veut confortable avec des sweaters amples, des jupes évasées, toujours rehaussés de jeux de tampons inspirés de la flore. Un imprimé floral, en soie rouge sang, inonde un manteau over-size immaculé. La même silhouette, hachurée, cette fois, s'enorgueillit de semblant de feuillages noirs et blancs. Une inspiration japonisante. Des mini-jupes s'incrustent de poche "sac en Nylon". Primordial. Miuccia Prada et Raf Simons utilisent à nouveau d'anciens imprimés maison, en forme de U ou fer à cheval et le damier aux couleurs mousse et fauve. Une revisite de ces tissus identitaires afin de les faire redécouvrir aux jeunes générations. "Instagrammable" à souhait. Un probable monde à la Georges Orwell se dessine. Les filles apparaissent énigmatiques et dérangeantes car contemplant les spectateurs directement dans les yeux. Avec des regards distants, voire robotiques. Cela peut décontenancer. Inversement, le téléspectateur étant pris à parti, peut se sentir soudainement appartenant à cet univers. Etre observé, c'est être vu. N'est-ce pas ce que tout label de mode souhaite finalement. A priori, avec 54 millions de personnes connectées au live, Prada a cartonné avec ce show. Sous l'ère de la pandémie mondiale du Covid-19, et pour cette première collaboration entre Miuccia Prada et Raf Simons, la "Prafda" Team a réussi à signer à quatre mains une collection désirable, attrayante et captivante.
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Prada

Printemps/Eté

2021

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Saint-Laurent Printemps/Eté 2020 par Anthony Vacarello
Saint-Laurent s'offre le Sahara pour décor de sa présentation prêt-à-porter Printemps/Eté 2021. Un lieu majestueux, d'une infinie "zénitude" et d'une immense quiétude. Seul demeure les dunes à perte de vue, au chamarré de beiges, et ce ciel d'un bleu d'une profonde clarté. Un paradis qui se suffit à lui-même. Pas besoin de plus pour s'enivrer de cette beauté minérale et brute. Anthony Vacarello a souhaité, pour ce premier "défilmé", marquer le téléspectateur par la magnificence de Mère Nature. Mais pas seulement. Monsieur Yves Saint-Laurent avait ce goût affirmé pour les paysages désertiques et les affectionnaient tout particulièrement. Il venait s'y balader lorsqu'il était, notamment, en villégiature à Marrakech. De ces immensités lui étaient venus l'inspiration pour ces fameuses sahariennes, jodhpurs en cotonnade Camel et imprimés Savane. Essentiellement ceux provenant de la faune animale telle les girafes, zèbres ou léopards. Alors quoi de plus d'émouvant que de revenir aux sources de ce désert, en estampant l'une de ces cimes par ce fameux sigle YSL. Une scarification désertique. Toutefois, un temps soit peu ce paysage magnifique, il me semble qu'il y a un véritable décalage entre la forme (Représentation idyllique du lieu) et le fond (la mode dévoilée pour ce Printemps/Eté 2021). Car si on observe un temps soit peu ce défilé, en se projetant dans notre réalité d'européen, on discerne immédiatement, que l'image de la femme renvoyée par Anthony Vacarello demeure totalement irréaliste et chimérique. Je suis catégorique pour valider ce lieu comme féerique. Je suis conscient que ceratins vêtements apparaissent envoûtants et séduisants. Mais quelle femme pourra se projeter dans cette fiction mythifiée. L'allégorie ne marche absolument pas. Qui a pu se targuer d'avoir vu dans un désert, une femme portant un total look anthracite en plein soleil (Au lieu de couleurs claires, plus propice aux températures), avec des talons de dix centimètres pour crapahuter dans les dunes (de simples sandales auraient totalement fonctionnées) et des cheveux rasés sur les tempes en plein soleil sub-saharien. Sans compter les petites culottes en soies et dentelle enfilées sur des collants noirs opalescents, en pays musulmans. Les vestes étriquées, en cuir ou laine souple, seront, en plein " cagnard ", parfaites pour prendre un bon coup de chaud. Surtout avec ce longiligne manteau ébène aux accents militaires. Les robes transparentes ceinturées de fourrures plumes de cygnes dégagent cependant une certaine grâce. Mais le manteau " nuisette ", si beau soit-il, bordé de lès en fourrure Cygne, en devient presque risible. Les bermudas " cyclistes " pourraient infiltrer avec bienveillance le cadre de cette présentation. Mais pas avec cette polychromie sombre. Les imprimées floraux investissent des designs des années 70. Pourquoi pas ? La quintessence de l'absurdité s'incarnant dans la combinaison/Maillot turquoise, aux fleurs multicolores, enfilé sur un collant rose fuchsia. Le summum du bon gout. A vouloir surenchérir, on se plante littéralement. Pour résumer, j'ai eu du mal à contempler cette collection. Mais plutôt ces filles filiformes, perdues dans le désert, à cheminer sur cette dune infinie, perchées sur des talons aiguilles, en m'interrogeant ce qu'elles y faisaient et qui elles étaient ? Nonobstant, qui est cette femme ? Existe-t-elle ? Une hallucination. On ne transpose pas si facilement l'idée de la parisienne dans un tel cadre. Ou pas de cette manière. Saint-Laurent par Anthony Vacarello demeure véritablement l'ovni de la saison.
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Saint-Laurent

Printemps/Eté

2021

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Valentino Automne/Hiver 2020/2021 par Pierpaolo Piccioli
C'est dans un vaste entrepôt désaffecté, ventilé à 360 degrés, que la présentation Valentino Printemps/Eté 2021 s'est déroulé. Spacieux, minimaliste et lumineux, agencé d'une foule de cubes, séparés par les fameux deux mètres réglementaires, les convives avaient la place de voir les looks et d'êtres vus. Sans pour autant prendre de risques sanitaires puisque les masques étaient de rigueur. Cela à son importance. La mode a toujours su se réinventer pour exister. N'est-ce pas le propre de ce business. Et, c'est encore le cas ici. Une résilience constante et incessante. Pierpaolo Piccioli a souhaité projeter une vision gaie et emplie d'espoir pour la mode de cet été. Même s'il débute avec des looks plutôt sombres ou à l'inverse virginaux, pour bien nous signifier que les temps actuels sont moroses, il aiguille, cependant, sa présentation vers des looks joyeux et incisifs. Des pièces colorées. Ou, par exemple, la chemise oversize Rose Barbara Cartland, en soie luisante, cache un micro short en cuir noir. En version violine, elle s'enfile sous un chandail de dentelle fleurie Anthracite. Impeccable. Une interminable robe/poncho, col lavallière, toujours en soie, s'estampe de juxtapositions multi-florales de coloris divers. Ces fresques florales s'apposent les unes aux autres sans jamais s'amalgamer. On peut cohabiter les uns avec les autres mais, attention, on ne fusionne pas. Inconsciemment, une allégorie de la vie sous l'ère de ce maudit virus. Aussi, on discerne une inclination pour se débarrasser des fioritures habituelles. Moins de Chichi pour s'orienter vers des versions dépouillées, des formes plus light. Des vêtements qui pourront sensiblement côtoyer des Street looks. Valentino, cette saison, inclue quelques pièces portées avec des jeans. C'est rare pour le souligner. Ce peut-être une chemise vaporeuse Camel, une longue chemise en macramé immaculé, une veste noire à une accroche. On peut allier un vêtement d'exception avec une pièce familière, facile à enfiler au quotidien. On recouvre certains fondamentaux Maison, notamment les sandales pointues embellies de clous dorés "pyramide" ainsi que les besaces cloutées. En beige ou noire. Certains imprimés floraux demeurent disproportionnés par association à leurs sources d'inspiration originale. Prisme de la loupe, elles sont comme une bouffée et envie pressente de fleurs. Quelques effigies me remémorent ceux d'Emmanuel Ungaro. Nombreuses sont les couleurs vives pour des looks monoblocs comme le carotte, magenta, vert mousse, parme, corail ou coquelicot. Ca en jette. Pour sortir, les transparences sont de mises avec des robes chasubles, évasées, rehaussées de micros volants verticaux. Avec le choix pour des versions fleuries ou unicolores. Tout dépendra de l'état d'esprit. Quelques petites robes de cocktail, en macramé beige, tabac ou ébène, s'ennoblissent d'une multitude de Marguerittes et pâquerettes, aux couleurs de soleils couchants. Une robe à bretelles, en cotonnade élémentaire, se troque, à la taille, par un jeu de découpage kaléidoscopique de marguerites, afin de dévoiler des gambettes de compétition. Il demeure une certaine simplicité dans les coupes que l'on distingue merveilleusement sur les passages incolores. Une sincérité ressort de cette présentation. On va à l'essentiel tout en préservant l'identité et le style Valentino c'est-à-dire une certaine idée de la féminité, toujours élégante, une magnificence des matières utilisées et un effet Waouh quand cette femme parade devant nos regards ébahis. Tout le reste ne demeure que superflu.
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Versace Printemps/Eté 2021 par Donatella Versace
Les ruines d'une cité grecque oubliée, perdue dans les tréfonds de l'océan, ébauchent les pulsations de cette nouvelle présentation Versace Printemps/Eté 2021. Quelques statues grecques, des colonnes de temples brisées, une tête de Médusa, un sable grège inondent le podium sinueux. Les reflets diffus de la lumière se meuvent dans l'eau avec une quiétude sans faille. Un bleu caverneux habite ce lieu ou tout n'est plus que calme et tranquillité. Peut-être un peu trop insensible à mon goût. Donatella Versace réinvestit l'idée de ce que pourrait être un monde sous-marin égaré (peut-être l'Atlantide), avec ses déesses ultra chaloupées, sensuelles à souhait. Mais, aussi, ses Apollons aux corps musclés, huilés et extrêmement fermes. A la sauce 2021. Une thématique mythologie qui apparait redondante et identitaire au sein de l'univers Versace. Des profondeurs de l'océan, apparait le top argentin Mica Arganaraz. Elle ouvre le défilé, suivi de son frère. Avec son look wet wet wet et ce regard Caliente, Mica semble l'incarnation parfaite de la déesse Thalassa, toute juste sortie des flots. Mais somme toute vêtue en Versace. Des premiers passages plutôt sobres, aux lignes noires. Mais, survient très rapidement les saturations d'imprimés qu'affectionnent tant la maison Versace, fusionnant points, rayures et imprimés de saison (Ici, l'étoile de mer). Le voyage nautique peut commencer. On retrouve, de suite, l'imagerie Versace au travers ses codes identitaires récurrents comme l'étoile de mer, la tête de méduse ou la coquille Saint-Jacques. Des looks très marqués par deux autres collections réalisées par Gianni Versace pour les Printemps/Eté 1991 et 1992. Donatella Versace adorant piocher dans les archives de son frère pour faire renaître des looks iconiques et intemporels. D'ailleurs la jeune génération demeure friande de new-vintage. Donatella Versace vivifie ses silhouettes par une palette de tonalités ultra-colorées. Elles les pimentent de quelques accessoires bien choisis qui devraient être Sold-Out dès leur sortie en magasins. Comme les sockets Versace, les porte-clefs "tête de Méduse" aux couleurs Pop, la house de I-phone monochrome, le sac à main flashy ou le sac banane rectangulaire, porté sur le buste. Le défilé mélange silhouettes féminines et masculines. Des pulls, col roulé, reprennent le design de combinaison de plongée. Des tee-shirts, au tissu très léger, se superposent, fusionnant imprimés linéaires et Vasarely. Causant des effets optiques improbables. Les polos s'agrippent de zips et prennent la configuration de Shorty de surf, étayés par des shorts de boxeurs. Avec claquettes de plage, s'il vous plait. Chez la femme, on se focus sur les bikinis ultra désirables. Des looks impeccables pour parfaire sa page Instagram. Comme Bella Hadid ou Hailey Bieber dans le dernier parfum maison. Une "Instagramable Collection". Les chemises "Stabilo" chevauchent un tee-shirt immaculé et une simple veste sombre. Quant aux chemises, en soie bayadère, elles s'accordent absolument avec un pantalon ample Ebène. Des looks totalement relax. Beaucoup de couleurs piquantes comme le Bouton d'Or, le Saphir, l'Ecarlate, le Fuchsia, le Carotte. On érige les silhouettes autour d'une allure Color-Block, avec, par exemple, cet agencement surprenant : veste bleu électrique, pantalon fuchsia, tee-shirt vert pomme et sac jaune citron. On dépareille. On désassorti. On s'affiche. Les robes tubulaires, aux rayures bayadères, s'inspirent du fameux tissu extensible de la maison Please Pleats d'Issey Miyake. Des froufrous hispanisant, totalement dans la veine flamenco, dessinent le pourtour de robes longilignes. On aime les petits ourlets corolle. Une jupe peut prendre l'air de Bénitier. Avec en ligne de mire le nombril. Etre le nombril du monde, n'est-il pas l'un des buts ultimes de la maison Versace ? Quelques looks anthracite ponctuent la fin de ce défilé. On retiendra le smoking Guimauve pour un adorable Apollon. Les robes du soir chez Versace apparaissent toujours chatoyante et ultra glamour. Le bustier, à la forme de coquilles Saint-Jacques, chatoient de milliers de cristaux de Swarovski. Flamboyance. Adut Akech clôt ce défilé, telle une princesse des mers. Donatella explore une fois encore cet univers fantasmagorique au travers de pièces iconiques. On perçoit encore fortement l'esprit de Gianni Versace dans cette collection. La pieuvre irisée 3D, incrustée à l'écran, viendra mettre un terme à ce doux rêve.
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Versace

Printemps/Eté

2021

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Défilés Automne/Hiver 2020/2021
Par
Yann Gabin pour PlaneteMode.com
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Alexander McQueen Automne/Hiver 2020/2021 par Sarah Burton
La présentation Alexander McQueen pour l'Automne/Hiver 2019/2020 demeure indéniablement mon défilé favori de cette saison. Tout n'est qu'harmonie. La musique avec des tonalités mélancoliques, accompagnées de voix, de sonorités de torrents, de sifflements d'oiseaux invite à une envie irrépressible de retour aux valeurs terriennes. Même si l'ensemble de la collection apparait sombre, on ne pense qu'à ce désir incoercible de verdure. Sarah Burton aime s'inspirer, dans ses créations, des éléments qui l'entourent ainsi qu'aux signes symboliques comme le cœur ou la croix qu'elle utilisera à plusieurs reprises lors de cette présentation. Trois couleurs fortes ressortent pour cet hiver 2020/2021 : le noir, le rouge agrémenté de touche de rose. C'est concis, mais le message apparait cohérent. On ne s'éparpille pas. Les manteaux des premiers passages sont sculptés pour épouser la forme du corps. Une ceinture très fine peut venir affiner la taille. Des cuissardes galbent les mollets telle une seconde peau. Une petite flasque, portée à même m'épaule, peut faire office de sac de soirée. Le manteau anthracite de Lara Mullen se recouvre de longs segments géométriques gris souris exhibant un effet optique captivant sur le podium. Une large ligne noire peut traverser, de part et d'autre, un manteau cintré en laine, couleur acier. Impact graphique sur Saskia de Brauw. Sarah Burton aime jouer l'illusion en inversant le même effet graphique via un tailleur/Pantalon sombre, embelli cette fois de larges lignes gris acier. Ludique. La robe bustier, au décolleté vallonné, s'édifie autour d'une asymétrie ensorcelante entre avant et arrière. Comme un levé de jambe lors d'un French Cancan. Une robe immaculée, aux emmanchures ailes d'oiseaux, se relève gaiement devant pour s'achever en queue de pie à l'arrière. On aime l'accessoiriser par un jeu de ceintures/harnais, toujours en cuir noir, qu'on glisse sur le pourtour du buste. Masochisme. La robe chemise d'Amar Akway semble Easy à porter. On l'adopte immédiatement. Les robes en cuir, angélique ou rouge sang, demeurent d'une souplesse sans faille. On les agrémente d'un demi-bustier caché, de couleur charbon, afin de donner du piment au corsage de la demoiselle. D'autres s'incrustent de longilignes lès en macramé de dentelle alcalescente. L'art du patchwork est utilisé pour la réalisation de tailleur/pantalon mais aussi de robes asymétriques en cuir. Il apparait divin sur le manteau de la hollandaise Kiki Willems. Un manteau robe de chambre, rose poudré, porté par Fran Summers, s'édifie autour d'un matelassé pyramide des plus ensorcelants. L'art du plissé. Sarah Burton n'hésite pas à faire appel aux mannequins Jill Kortleve et Paloma Elsesser afin de magnifier deux looks aux tailles au-delà du 40. Les tailleurs/pantalons sont de belles manufactures et reprennent parfaitement les codes esthétiques et stylistiques des fameux tailleurs de Saville Row, si cher à Alexander McQueen. Avec la discrète gourde en métal se balançant de droite à gauche au niveau de la taille. Le soir des robes en mousseline, rose poudré ou chair, se font presque inexistantes. Quelques jeux de chaines, en métal argenté, rehaussés de cœurs permettront de faire oublier leurs légèretés indécentes. Un tissu en soie s'imprime de larges cœurs, investissant une robe volumineuse de princesse. Un macramé, en dentelle argentées, enivre le corps sculptural d'Adut Akech. Le final demeure grandiose avec les kilomètres de soies et de mousseline Anthracite pour enfanter des robes dignes des plus beaux visuels d'une barrière de corail. Ésotérique. Même si Sarah Burton poursuit et maintien avec ardeur l'œuvre d'Alexander McQueen, elle réussit avec brio et magnificence l'évolution du style McQueen, tout en l'imprégnant avec audace et féerie de son essence. Merci Sarah Burton pour ces douze minutes de merveilleux.
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Alexander McQueen

Automne/Hiver

2020/2021

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Balenciaga Automne/Hiver 2020/2021 par Demna Gvasalia
"Ne confondez pas le sombre avec l'obscur. L'obscur accepte l'idée de bonheur ; le sombre accepte l'idée de grandeur.", écrivait Victor Hugo. Quand on contemple soigneusement le set design de la présentation Balenciaga pour l'automne/hiver 2020/2021, les mots ténébreux, sombre, terrifiant me viennent à l'esprit. Un décor de désolation, peut-être de fin du monde ou d'enchainement de catastrophes écologiques, imbibent ce lieu dévasté. De l'eau envahit tout le sol. Le premier rang demeure totalement inondé et sous l'eau. Ce déluge a submergé le monde qu'est en train d'imaginer Demna Gvasalia. Le ciel numérique colporte des obsessions de prophéties épouvantables : orages, pluies, tonnerres, flammes. La bande sonore (Violons et autres instruments à cordes) amplifie ce préambule dramaturgique. La fin d'un monde n'est pas si loin... la première silhouette portée par Lina Zhang dessine une longiligne chasuble monacale. Telle une prêtresse, elle ouvre le show avec un pardessus d'apparence minimaliste mais réellement technique au niveau de la coupe, toujours au scalpel. Vénération avec ce col cheminée en velours noir rasé. Les quatorze premiers looks demeurent intégralement noirs et recouvrent la totalité du corps. Sauf le visage. On perçoit une réelle envie de se protéger des éléments terrestres, ceux qui les porteront. Trenchs longilignes, manteaux en nylon, chasuble col cheminée rebordée de la mention Balenciaga. Comme un sigle d'appartenance mystique. Il y a toujours des signes d'appartenance. Demna Gvasalia réinvente le logo Balenciaga en lui ôtant les voyelles pour n'en restituer qu'un "BLNCG". L'idée avait déjà été exécutée par la maison Valentino en créant le fameux logo "VLTN". Un imper/chemise vermillon, en nylon, frôle le sol. Il semblerait presque une chasuble réalisée pour un cardinal. Un style luthérien. Une chemise rose fuchsia déstructurée s'habille de délicats pois noirs. Un manteau peut se porter à l'envers. Un pull deuxième peau s'anicroche de milliers d'épingles à nourrice créant un effet de fine dentelle d'acier. Porté avec des bottes en cuir mat, à l'allure de pécheur. Une veste se garnit de milliers de cônes piquants. Référence animale ou à un mystérieux virus. Qui sait ? Une veste et un manteau fausse-fourrure nounours. Beaucoup de noir, de noir et de noir. Une tonalité pratique au quotidien. Des lentilles de contact rouge sang habillent certains regards, dramatisant encore plus cette présentation. Une robe plus classique, en soie peut-être, s'imprime de bouquets de mimosas. Un rayon de soleil. La robe matelassée "Robe de chambre" se recouvre d'exquises violettes ou se teinte de couleur "Chamallow" agrémentée de légers bouquets de Roses "Bumblegum". Peut-être une toilette idéale pour cocooner. Des pétales de fleurs rebrodées, à l'allure de coquelicots, investissent la totalité d'une robe cintrée. Cela jusqu'aux gants. L'idée Couture de Cristobal Balenciaga par Demna Gvasalia. Des looks "Motard" peuvent selon les couleurs choisies ressembler à des uniformes de "Storm Trooper", dans la trilogie Star-Wars. Un short de foot bleu électrique ou rouge vif se prolonge par un jogging. Des maillots de foot génèrent l'idée d'une future équipe sportive au couleur Balenciaga. On demeure toujours dans des lignes très strictes ou complètement décontractées, Street Wear. Une doudoune Over size sur des bottes mousquetaires. Quelques épaulettes aux toitures de temples chinois font leur petit effet Podium. Pour s'amuser, on se réorientera vers des outfits plus galbés avec des couleurs chatoyantes mais toujours unicolores : Bleu électrique, paillettes argentées ou Anthracite, Rouge vif. Pour les garçons, c'est Idem. Mais dans des looks totalement secondes peaux. Tels des coureurs de Marathons. Il faut être super, super bien foutu pour oser s'y faufiler. Nombreuses sont les tailles over size, notamment avec cette exagération à partir des épaules. Carrées et tombantes. Effaçant toute forme du corps. Toutefois, cette extrapolation apparaît comme une marque de fabrique maison car redondant au sein des diverses collections de Demna Gvasalia.
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Automne/Hiver

2020/2021

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Chanel Automne/Hiver 2020/2021 par Virginie Viard
Un décor d'une blancheur immaculé attend les invités du show Chanel Automne/Hiver 2020/2021. Un set design recouvrant l'esprit de strates géologiques que l'on peut observer, notamment, sur les maquettes 3D, représentant les lignes d'altitude des reliefs montagneux. Élémentaire mais basique. On discerne, depuis le funeste départ de Monsieur Lagerfeld, un dépouillement drastique des mises en scène des défilés. Une manière, peut-être, de mettre en valeur plus distinctement la richesse des vêtements Maison. De focaliser l'œil sur chaque pièce et non plus sur un décor majestueux pouvant masquer les looks. Ainsi, ces strates géologiques se convertissent en gradins épurés permettant d'accueillir les invités du jour, toujours plus nombreux et excités de découvrir la collection Prêt-à-porter de Virginie Viard. Aussi, peut-on le noter, Chanel sera l'un des derniers défilés à accueillir autant de monde car la Crise du Covid-19, sous-jacente, viendra mettre un terme définitif au rassemblement de centaine de personne dans un espace aussi restreint. Néanmoins, profitons de ce dernier souffle de liberté pour découvrir une collection résolument vive et pétillante. Les deux visages maison actuels ouvrent la danse avec empressement. Le trois-pièces vert amande de Rianne Van Rompaey s'accouple merveilleusement avec le complet Anthracite, type "Gaucho", que porte Vittoria Ceretti. Les bottes, en cuir souple sombre, se retournent sur elles-mêmes pour exhiber une jolie tonalité Tabac. Il y a de la mini-cuissarde à la sauce "mousquetaire" dans l'air. Mais, attention, ces dernières ne se rehausseront pas au dessus du genou. On perçoit deux grosses tendances. La première s'incarne par de nombreux basiques se revêtissant du noir et blanc. Tout Blanc. Tout Noir. Ou blanc et noir. Bref, on cible la majorité de la clientèle. C'est primaire mais pas rudimentaire. Ils symbolisent, inconsciemment, cette mode qui se veut durable, constante, continue et qui se prolongera certainement plus d'une seule saison dans les gardes robes internationales. Un style pour tout temps et fondamentalement pour longtemps. Puis, une deuxième tendance, celle de l'air du temps, incarnant le style hivernal 2020/2021 avec ce jeu de tonalités bien formulées telles que le fuchsia ou l'absinthe, s'accouplant avec à des textures savamment choisies comme le Mohair ou le Tweed brodé et perlé de sequins. Les bijoux aux cabochons de pierres précieuses habillent un bracelet ou une ceinture à la fameuse chaine dorée. Un pull en cachemire recouvre une croix géante baroque me remémorant le look de la première couverture du Vogue américain d'Anna Wintour. Ce dernier s'agrippe d'un Pantalon "Gaucho", en cuir souple étincelant, s'ouvrant par un jeu de boutons dorés sur toute la longueur des jambes ; comme sur le top français Othilia Simon. Une veste matelassée ébène recouvre l'idée du matelassage du dernier Sac maison "Star". Les manteaux frôlent le sol avec gravité. Le froid ne circulera pas. Les imprimés demeurent discrets et moins voyants que les saisons passées. Le look le plus cool s'incarne par un délicat haut, blanc cassé, maintenu par deux rubans en "gros grain", combiné par une jupe ténébreuse aux milles franges plexi, ouverte latéralement. Le tout ennobli de nombreux colliers de chaines dorées. Un excellent compromis pour un style Chanel "Sexy-Classy". Un point innovant germe dans la manière de dévoiler le défilé. Les filles peuvent se la jouer solo, duo ou trio. Des interactions intéressantes car les filles échangent et sourient sur le podium. Cela fait du bien. Quelques couvre-chefs "Bombes équestres" étayent certains looks. Un rappel de circonstance pour ne pas omettre l'une des inspirations de la collection, l'univers équin. Au cas où on ne l'aurait pas saisi. Si on souhaite sortir le grand jeu, on peut opter pour une robe sombre, aux manches "Ballon de rugby". Celles-ci peuvent s'enorgueillir de fines plumes d'autruches ou recouvrir l'apparence de demi-lune comme sur la robe longiligne et charbonneuse de Luna Bilj. Ça en jette. Avec une garantie de transformer l'essai. Une présentation qui se veut bienveillante et plaisante. Pas de chichi ni de fanfreluches. Seuls les basiques maisons comptent.
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Chanel

Automne/Hiver

2020/2021

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Céline Automne/Hiver 2020/2021 par Hedi Slimane
Pour l'Automne/Hiver 2020/2021 chez Céline, Hedi Slimane revisite le vestiaire d'une femme et d'un homme classique. Aussi, il serait souhaitable de le reformuler en le qualifiant de Néo-Classique. L'idée étant de retourner à la source Maison et d'en restaurer son identité originelle afin de la sublimer sous la main aiguisée de Monsieur Slimane. Il en ressort un quatre-quarts stylisé, mêlant un grain de bourgeoisie, un soupçon de bohème, une once de dandysme et un air rock. N'extrayant que la substantifique moelle afin d'en générer une recette idyllique pour un hiver sublimé. Néo-classique ne voulant pas signifier "simple et sans saveur". Les lignes des vêtements demeurent sommaires, pouvant plaire au plus grand nombre, avec un goût prononcé, à la fois, pour un minimalisme affiché mais, aussi, pour de délicieux et exquis détails, d'une richesse inégalable. Des tissus extravagants se parent de fils dorés, de paillettes et de perles rebrodées, prodiguant à celle qui la portera des airs de monarques "méga-riche". Toutes les petites robes, légères à souhait, de même configuration, peuvent s'inscrire dans une tonalité unicolore, se parer d'imprimés reptile ou à pois, ou entièrement rebrodées de sequins cuivré. Il y a diverses options pour une même robe. Les chemisiers, aux rayures bleu-layette ou à la tonalité unicolore, se rehaussent de jabots. Les jupes-culottes se parent de velours, de laine pied-de-poule ou de simples carreaux beige. Les pantalons, de velours ras, peuvent se colorer de tabac, bleu nuit ou noir profond. Les manteaux, aux allures de cabans, se colorent de moutarde ou de charbon. De longues capes en laine, aux motifs carreaux, emmitoufleront parfaitement le corps pour un hiver rigoureux. La ligne masculine fournit de longs manteaux laineux, aux boutons dorés ; des trenchs ; des pantalons en velours, en jeans ou en cuir sombre ; des chemises lavallières ; des vestes ; des smokings en velours ; des cabans ; des blousons en cuir. Un blouson en velours, rouge écarlate, se rebrodent de motifs floraux, riche en sequins dorés. Royal. Une quintessence du luxe impérial. Des longilignes foulards en soie, aux motifs soixante-dix, s'enroulent simplement autour du cou. Avec couvre chef, s'il vous plait. On demeure dans des tonalités classiques allant du bleu marine, anthracite, ivoire, Camel. Jamais rien de très voyant. Sauf pour les tenues de Gala, un peu plus éclatantes. Certaines silhouettes me remémorent l'un de mes dessin-animés d'enfance : "Lady Oscar". Une fille de bonne famille qui osait s'habiller en garçon. Parfois, il y a de cela dans cette mode dévoilée par Hedi Slimane. Comme s'il y avait une part de féminité totalement acceptée par celui qui la porte. Une androgynie totalement assumée. Voire revendiquée. Toutes les propositions stylistiques édictées par Hedi Slimane pour cet hiver 2020/2021 demeurent portables et ultra désirables. On hume, cependant, un air de "je suis fortuné mais je ne souhaite pas le montrer". On s'écarte des silhouettes "ultra-fitées" pour reconquérir une certaine liberté de mouvements. La collection demeure précieuse, opulente, ou de nombreuses pièces peuvent être interchangeables entre la gente masculine et féminine. On érafle les genres pour en sublimer un type de corps. Mais, pas tous les corps. Là serait le petit Hic.
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Dior Automne/Hiver 2020/2021 par Maria Grazia Chiuri
Le podium chez Dior demeure, cette saison, une arène ou les femmes prennent de l'assurance et de l'aplomb. Elles en possèdent depuis la nuit des temps. Nonobstant, on l'affirme à nouveau sur le podium. Une tribune délivrant leurs idéaux et revendications ; Un manifeste permettant de se dresser face aux injustices et discriminations faites à leur encontre. Pro-Active, Maria Grazia Chiuri, chaque saison, met en valeur le combat d'une femme et en expose son engagement. Les tee-shirts immaculés "I say I" font référence à l'activiste italienne Carla Lonzi, fondatrice dans les années soixante-dix du collectif féministe Rivolta Femminile. Elle défendra, notamment, le droit des femmes à l'avortement en Italie (légalisé en 1978). On n'hésite pas à formuler les maux tels qu'ils sont ressentis, notamment face à un univers régenté par la gente masculine. Toutefois, nous ne sommes pas dans un schéma ou les femmes demeurent contre les hommes. Mais, au côté des hommes. On perçoit cette exaltation, cet engagement palpable au travers d'une série de phrases et brides de mots, qui dévale de la voûte du défilé Dior Automne/Hiver 2020/2021. Des néons lumineux, aux couleurs arc-en-ciel, scandent de simples phrases comme "When Women strike the world stops", "Women's love is unpaid Labour", "Consent". Merci Claire Fontaine, artiste de cette lumineuse performance. Le podium, bardé de feuilles de journaux, recouvre, lui aussi, une image symbolique. En marchant sur des écrits journalistiques, on insuffle l'idée qu'il ne faut plus appréhender de s'exprimer. En dénonçant, au travers différents supports médiatiques, d'immondes scandales liés au sexisme (Ici, l'affaire "Weinstein" et sa vague MeToo), on peut sortir d'un raz-de-marée vainqueur et triomphant. Que l'on peut anéantir un système oppressif et oppressant. Satisfaction. La mode pour cet Automne/Hiver 2020/2021 débute par des looks classiques et sombres. Ruth Bell ouvre à nouveau le show avec cette fameuse veste Bar, inventé par Christian Dior. En velours côtelé, elle redessine une silhouette plutôt rustique. Si l'on souhaite scander et manifester, il est préférable de se prémunir d'un vestiaire adéquat et bucolique. Du noir, bien sur. Mais pas que. Les tartans et les carreaux disposent d'une place importante. Voire prédominante. Notamment au travers de longilignes manteaux aux tonalités bleu turquoise, gris souris, charbon ou café au lait. Pas mal de pulls aux losanges, réminiscence des fameuses chaussettes "Burlington". English School Girl. Il y a comme une atmosphère post soixante-huitarde. Une insouciance. Bohème avec les foulards noués dans les cheveux ou éventuellement "bikeuses", prêtes à affronter le bitume. Un pull noir, aux configurations abstraites, s'enfile sur une jupe crayon aux pavements vermillon, anthracite et laiteux. Avec la boucle de ceinture mordorée CD. Attention, on tient à véhiculer un certain chic et afficher son affection pour la maison Dior. Le look écolière traverse le podium avec une minijupe, un pull en laine angora, aux géométries abstraites et variables, dont le col chemise immaculé demeure fermé jusqu'au cou. Impeccable. Un jeans Ciel, au design un tantinet Flare, traverse le podium. Des tailleurs pantalons, aux coupes soignées et traditionnelles, investissent de jolis lainages acier ou neigeux. Intemporalité. Des babys, godillots ou bottes de motardes. C'est selon l'envie. Le soir, de longues robes se parent de milliers de fils qui bougent en tous sens. Mouvement stylistique et mouvement féministe vont de pair. C'est bien connu. A contrario les paillettes, dentelles et broderies pourront enjoliver une longue robe qui dans les lumières de la nuit, brillera à merveille. On recouvre une certaine cohérence avec les précédentes collections. Une mode cool et libre. Peu d'extravagance. Beaucoup d'extras.
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Dries Van Noten Automne/Hiver 2020/2021
Dries van Noten pourrait être qualifié, en tout humilité, comme un poète des imprimés textiles. Il manie avec une dextérité imparable les patchworks d'imprimés issus de Dame Nature, en utilisant toute la palette "Pantone", pour en générer des collages improbables ; Quelle merveille, à chaque fois. Un véritable magicien des harmonies "colorielles". J'avais vraiment envie de dialoguer autour de cette présentation Automne/Hiver 2020/2021 parce qu'il en ressort une charge émotionnelle exceptionnelle. On est au-delà de la mode. On est dans la vie car on s'y projette. Une émotion similaire mais divergente de la saison passée ou Dries Van Noten avait fait appel à son ami couturier, Christian Lacroix, pour faire jaillir une collection féerique, à quarte mains. Un moment inoubliable. Mais, surtout des leçons de partage et de gratitude. Cette fois, on perçoit encore cette irrésistible envie de vivre, de sortir, de se rendre visite, de s'amuser parce que sa proposition mode coïncide parfaitement avec cette appétence d'allégresse et de jubilation. Les make-up looks coïncident précisément à la patte du magicien des pinceaux, Serge Lutens, dans les années 80. Fine bouche ourlée de rouge. Teint blafard. Yeux ornés de violine, citron ou carmin… Un désir de changer de tête. Mais, toujours en amalgamant des couleurs vives et subtiles. Un perfecto Over-Size composé d'un tartan Rocaille ; un énorme chandail chiné moutarde ; une jupe carmin, rebrodée de milliers de délicates plumes couleur sang. C'est en cela qu'excelle monsieur Dries Van Noten. Au travers de mélanges et fusions discutables qui, au final, rendent celle qui choisira ses vêtements, unique et "Arty". Aujourd'hui, il est rare de croiser une femme risquant de s'approprier les codes stylistiques de Dries Van Noten. On ne voit que du noir, du gris et du bleu marine. Pourtant, quelle gratification de s'enrouler dans des vêtements joyeux et contestables. Par exemple, un long manteau, de couleur mousse, s'enfile sur un sweater à capuche, au tartan citron, rehaussé d'un pantalon, panne de velours, aux feuilles de palmiers démesurés, surmontées de fleurs délicates fuchsia, pamplemousse et grenat. Sans oublier les boots compensés Python. Un autre manteau entièrement recouvert de petites plumes rose framboise s'accompagne d'un pantalon Jogging, au tartan jaune poussin. Et ça fonctionne. Une robe chair, col cheminé et manches "ballon", uniquement aux poignets, s'habille de milliers de pampilles vertes fluorescents, alignées de manières géométriques. Les jeux de textures s'entrechoquent. Notamment, avec ce perfecto en cuir lustré anthracite, agrémenté d'un body second peau, au motif de papier peint floraux sixties, noué à la taille par une surchemise en laine tartan bleu outremer. On achève le look par une jupe rebrodée de fils dorés calquant des ailes d'oiseaux s'entrechoquant. Le tout avec les fameuses bottes Python. L'esprit de Dries Van Noten réside totalement en ce look. Il fusionne l'improbable pour en créer le look insolite "ment" gracieux. Une combinaison bleue Jean s'exécute autour d'un velours côtelé aux fleurs exotiques alcalescentes. Celles-ci sont partout. Elles demeurent colorées, chamarrées, psychédéliques voire unicolores ; elles s'expriment psychédéliquement sur une chemise aérienne à la tonalité mandarine, étayée d'un pantalon moirée lie-de-vin. Un pull, tout doux, récupère le graphisme d'une fleur stylisée à la Warhol. Les couleurs unies sont franches comme le Grenat ou le Corail, soufflant une certaine légèreté aux tenues plus bigarrées. Une veste, en velours émeraude, se marie parfaitement avec une jupe aux plumes Rubis. Une robe de cocktail, "Châle", pourra être parfaite lors d'une soirée de fin d'année. Comme sur Mona Tougaard. Un manteau Anthracite, rebrodé de perles ambrées et dorées prennent la forme de circonvolution géométrique. Tels des tourbillons. Incroyable travail de broderie. Une robe de chambre, en velours ébène, se fait plus sobre si l'on ne dévoile pas sa doublure de couleur Mer caribéenne. Comme lui expliquait Christian Lacroix, avec qui il a collaboré lors de sa collection Printemps/Eté 2020, "si tu en mets trop, n'hésite pas à en rajouter". Une maxime qui a toujours été le fond de commerce de Dries Van Noten. Appliquée avec une certaine distinction et finesse. Une collection précieuse, riche, opulente ou certains modèles paraissent presque Haute-Couture, avec des tissus Jacquards dorés, d'une finesse extrême, des broderies, des sequins et des pièces totalement bardées de plumes fugaces. Avec des touches Années Trente et Sixties. Une collection à absolument contempler, dévoilant, une fois de plus, le génie de ce créateur belge qui sublime et exhale la féminité. La femme qui s'habillera cet hiver chez Dries van Noten mythifiera sa silhouette.
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Dries Van Noten

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Louis Vuitton Automne/Hiver 2020/2021 par Nicolas Ghésquière
Pour l'ultime journée de la Fashion Week parisienne, Louis Vuitton clôt cette semaine par un show d'une féerie digne des plus grandes scènes de la capitale. Un véritable feu d'artifice que nos pupilles ne pourront plus stopper de mirer pendant quinze minutes, montre en main. Un décor monumental et majestueux ; qui en jette. Une chorale, composée de plus de 300 personnages, vêtue de costumes de différentes époques, chante sous la houlette d'un véritable chef d'orchestre. On allie représentation musicale de haute volée, dignes des meilleurs productions des Opéras Garnier et Bastille, avec un défilé qui ne pourra être, irrévocablement, magistral. Tout ne peut qu'être irréprochable. On est émerveillé et suffoqué, dès le levé du rideau, par ce chœur traversant des siècles et des siècles. Un tableau mirifique, hypnotisant. Ce décor gigantesque, animé par cette arène de personnages, les plus incroyables les uns que les autres, a été imaginé par l'équipe Vuitton, sous l'égide du visionnaire Nicolas Ghésquière. Alors dès que le premier modèle foule ce long parquet sombre, on appréhende immédiatement que le patchwork temporel sera le fil conducteur de cette présentation. On souhaite cette bousculade des genres vestimentaires. Quand le XVème, XVIème, XVIIème, XVIIIème, XIXème, XXème se confrontent, se comparent et finalement se lient merveilleusement au XXIème siècle. Des Blousons K-Way multicolores, à la réminiscence des sports d'Hivers des années 80, s'enfilent sur une jupe aux froufrous et volants s'envolant. On y entrevoit certaines formes de la collection Balenciaga Printemps/Eté 2006. Ces dernières, aux configurations pyramidales, préfigurent inconsciemment cet espace de délimitation qu'il est préconisé entre deux individus pour cette crise du Covid-19. Les parkas et manteaux s'édifient autour de patchworks de tissus techniques que Nicolas Ghésquière affectionne tant. Les couleurs usitées nous renvoient dans une palette graphique digne des années 80. Les proportions ne sont pas les mêmes entre haut et bas du corps : les coupes épousent parfaitement le buste mais, en dessous, la ligne s'évase et se gonfle. Le top sans manches de Signe Veiteberg, aux lignes strictes de losanges écarlates, tranche avec une jupe "tutu", rebondissant en tous sens comme un ressort. De couleur "Nude", celle-ci peut se parachever par une large bande textile, de couleur Pétrole, Kaki, Argenté ou Dorée. Ca trésaille, ca sursaute, ça frisonne, ça vie. Une allure me renvoyant au look iconique de Madonna dans le Vidéo Clip "Like Virgin". La robe, construite de la même sorte, couleur chair, cabriole de tous cotés. Le pantalon peut s'ériger à partir d'une simple mousseline et se s'enfilera sous ce "tutu" bondissant à tout va. Les diverses formes géométriques, souvent tricolores, apposées sur divers "outfits", me font penser aux vêtements caractéristiques de motards. Le tailleur-pantalon classique, aux rayures tennis, s'imposera carrément pour un emploi au quotidien. Quelques looks masculins pour celles qui souhaiteront un tailoring exécuté à la perfection, dans des matières inédites et exclusives Vuitton. Du cuir souple, de la couleur vive, du nylon pour un bomber bleu ciel ; de longs manteaux, en cuir monochrome, se bordent de lés de moutons frisottés ; Quelques imprimés, aux réminiscences de peaux de pythons ou zèbres, pour épicer des jupes ou robes pailletées. Le travail sur le jacquard, aux fils argentés et dorées, prennent la forme abstraite de nuages japonisants, et demeurent d'une étonnante beauté. Vraiment remarquable. J'adore ce mélange de pièces précieuses avec des pièces plus basiques. Une combinaison aviateur en lainage immaculée ou bien en nylon, agrémentée de nombreux zips, semblent parfaite pour un moment cocooning maison. Sans omettre d'enfiler les bottes, aux allures de "MoonBoots" épurées. Chaque mannequin tient son sac, besace, cartable, cabas ou vanity. Les fans se régaleront des diverses propositions faites par l'équipe Accessoires. Définitivement, on flashe sur le boléro de Mariam de Vinzelle, empoigné d'un pantalon cigarette gris acier rehaussé de touches de lapis-lazulis. Ce dernier apparait comme un clin d'œil au design des pantalons de la collection Balenciaga de l'Automne/Hiver 2008/2009. Les deux derniers Boléros, en noir et blanc pour celui de Masha Skokova et Emeraude pour Klara Kristin, apparaissent tels de véritable pièce de Haute-Couture. Rien à dire. Une garde-robe hivernale 2020/2021 qui demeure riche en propositions vestimentaires. Il ne manque rien. Toutefois, on souhaite vivement que cette collection audacieuse exaucera les désirs intimes de la clientèle fortunée, aficionados de la marque. Une collection originale, inventive, ingénieuse mais parfois, un peu trop avant-gardiste à mon goût. Néanmoins, cet état d'esprit innovant, appartenant à Nicolas Ghésquière, en fait l'un des premiers prescripteurs en son domaine. Alors, je ne peux dire que Bravo.
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Louis Vuitton

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Miu Miu Automne/Hiver 2020/2021 par Miuccia Prada
Miu Miu apparaît comme l'un des derniers défilés du calendrier de la Fashion-Week parisienne. Un défilé toujours très attendu car validé et désigné sous l'égide d'une des papesses de la Mode, Madame Miuccia Prada. Pour l'Automne/Hiver 2020/2021, Miu Miu entreprend sa présentation par de très longues robes, près du corps, en soie chiffonnée de tonalité Camel, Vert Gazon, Jaune Lemon, rose poudrée ou Gris Alu. C'est minimaliste dans la forme mais excentrique parfois dans le choix des tonalités. J'adhère intégralement. C'est un peu criard pour certains. Et, pas assez vibrant pour d'autres. Nonobstant, certaines pièces vestimentaires demeurent réalisées pour être vue. On souhaite être contemplé. Surtout dans le petit milieu de la mode. Ouste les classiques ennuyants qui ressortent chaque saison. Toutefois, de longilignes manteaux en feutrine de laine, de couleurs moutarde, cacao, tabac ou gris souris, peuvent les recouvrir afin d'en atténuer les tonalités exubérantes. Pragmatique étant, on peut concevoir que ces derniers apparaissent comme un excellent rempart contre les éléments déferlants. Les chaussures, compensées, remémorent celles de la collection Prada de l'Automne/Hiver 2012/2013. Quand celles-ci ne se recouvrent pas de peaux de moutons frisées écarlate, elles peuvent être amusantes pour une soirée entre copines. A contrario, quelques boots, type rangers, se teintent de vermillon avec des pics de métal argenté. Agressive attitude. Bye Bye la Girly attitude. Des manteaux et cabans, au design traditionnel, se recouvrent de lès de fausse fourrure aux couleurs naturelles. D'autres pièces recouvrent, en totalité, cette fausse fourrure. Nonobstant, avec un effet garanti d'ours polaire ou d'ours brun. Enfance quand tu nous tiens. Des robes et jupes, en mousseline légère et cristalline, se bardent, de-ci delà, de cabochons "diamants", de formes variées. Ca brille. C'est bling-bling. Un effet givré que j'approuve intensément. On retrouve cette disposition de broderies, en croisillon Joaillère, sur quelques pulls en cachemire. Précieusement cocasse. Quelques bodys, à l'inspiration marine, orientent notre regard vers des cuisses qui ne pourront être que fuselées. Euh ? Mais quand ? Des robes, en taffetas de soie, inspiration eighties, se la jouent ballonnées, gonflées, boursouflées. Il y a du volume pour un effet de distanciation assurée. Des tartans, aux couleurs chocolat, s'invitent sur des cardigans cintrés et des robes élancées. Une allure remémorant certains looks de charmantes dames de Westerns hollywoodiens. Toutefois, le tartan se décline dans différents agencements de tonalités. Comme sait si bien le faire Vivienne Westwood. Quelques robes de "bals de débutantes" égayent le podium par leurs couleurs de guimauves coruscantes : rose poupon, jaune layette, mauve, melon. Toujours ennoblis de broderies chatoyantes de perles ou de strass Diamants.
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Miu Miu

Automne/Hiver

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Prada Automne/Hiver 2020/2021 par Miuccia Prada
C'est un décor à la fois étrange, contemporain, intriguant et hypnotisant qui accueille les invités de la présentation Prada Automne/Hiver 2020/2021. Telle une tribune de stade, les spectateurs perchés sur des gradins, peuvent discerner deux cours jumelles, scindées par des patios de couleur vermeil. Cette double arène, aux proportions équilibrée, demeure étayée, au sol, par un jeu de lignes sombres et laiteuses ébauchant, de ci-delà, des fleurs de lotus stylisées. N'omettons pas de mentionner en son milieu, le canevas de deux Atlas gigantesques, à la tonalité carmin, désigné par le studio OMA ; Studio de l'architecte Rem Khoolas. Les arches de l'atrium s'enluminent de faisceaux lumineux rouge vif. Tel l'enfer. Ou telle la couleur du cœur, de la fougue amoureuse. Une allégorie des plaisirs infernaux. Regard flegmatique et distant, stature engagée, pas cadencés, Meghan Collinson ouvre le show avec détermination. Avec un look strict, à la "Working Girl". Cheveux longilignes, tirés en arrière. Sa veste gris-souris, aux larges épaules, un tantinet boursouflé, ne laisse pas loisir à l'amusement. Classique mais efficace, cette dernière se resserre par une ceinture à la boucle cabochon. La jupe longue s'étire aux genoux par une myriade de fils fugaces Charbonneux. Ca virevolte, ça vole, ça pirouette, ça dévoile les jambes subrepticement. Jusqu'il faut pour rester bienséant. On demeure circonspect chez Prada. Le manteau s'immobilise à la cheville. Il se découpe en deux parements distincts afin de laisser entrevoir quelques segments de peau. Les pull-overs, en cachemire, se façonnent sans manches, et s'enfilent sur une chemise sans manches ; aussi. Seul le col dépasse avec les fameux imprimés Maison : iris stylisées, cubes 3D ou à géométrie variable. C'est selon. Les tonalités de "jour" glissent vers des Noir mat, gris souris ou Camel. Les épaules demeurent très marquées, quasiment musculeuses avec les dodues doudounes aux tonalités grenat, sable ou gris acier. Des teddys, en fausse fourrure, habillent de longues jupes fendues sur toute la longueur des jambes. Des pulls douillets, chinés ou pas, aux couleurs automnales, se brodent de longs lanières perlées. Les transparences font leur apparition autour de jupes en mousseline légère dont les tonalités oscillent entre le clair et l'obscur. Seul le désir orientera le choix de la couleur. La tunique transparente Chair de Rianne Van Rompaey se rehausse de délicats volants jabots, sur le pourtour du buste. Cette combinaison aérienne s'enfile sur une simple brassière et un collant, couleur rocaille. Un "outfit" parfait pour rester chic à la maison ou s'encanailler tout en maintenant une respectabilité certaine. Toutefois, deux robes cristallines en jettent plein la vue. Celle de Maike Inga, couleur mimosa et celle d'Adut Akech, couleur Parme. Célestes et rebrodés de milles sequins, elles sont les deux joyaux de la collection. Pour celles qui auront les moyens, pas de choix possibles. On empoigne les deux. A point c'est tout. Nombreux manteaux s'inscrivent dans une veine "d'éco-responsabilité " puisque ceux-ci sont confectionnés à partir de matières recyclées. Quelques uns se vernissent de teintes dragées ou caramel. A croquer. D'autres sont, cependant, réalisés en peau de mouton retourné chocolat. Quelques looks de la ligne Linéa Rosa viennent ponctuer la collection. Les blousons en nylon, aux cols cheminés, se colorent de violine, vieux rose ou ébène. Avec la fameuse ligne rouge sur la poitrine. Les collants demeurent dans des tonalités vives d'émeraude, lapis-lazulis, citron, fuchsia. Des bottes de chantier se brossent d'intonation de guimauves. On valide même s'il y a une petite pointe extravagante. Le soir, on demeure dans la même veine que la journée mais avec un peu plus d'éclat et de préciosité. Les robes en mousseline se cousent de milliers de filins, s'agrippent de broderies géométriques, mais s'enfilent avec des baskets futuristes de la collection masculine, aux couleurs turquoise, rubis ou simplement blanc immaculé. Deux pyjamas, en soie, closent la présentation par un imprimé fleuri de toute beauté. Peut-être d'oblongues roses sauvages, avec un savoureux accent asiatique. Surement japonais. Une collection radieuse et désirable qui donne une envie irrésistible de pousser les portes des boutiques parisiennes.
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Valentino Automne/Hiver 2020/2021 par Pierpaolo Piccioli
Les vingt-cinq premiers looks chez Valentino demeurent totalement Anthracite. C'est noir, à point c'est tout. Sombre. Un présage de catastrophe. Peut-être ? Pas forcément. Une vision rare au sein de la maison romaine pour ne pas le souligner. Voire le surligner. Une tonalité à la consonance négative, symbole de tristesse, de désespoir et de deuil. Le noir, c'est aussi l'inconnu, le secret, l'obscurité. Tout ce que l'on ne voit pas. Qui reste dissimulé. Alors, Pierpaolo Piccioli souhaiterait-il nous faire parvenir un message subliminal, nous susurrer certains mystères de la maison Valentino. Pas nécessairement. Mais, assurément, il ambitionne un changement de langage. Dire certaines choses différemment permet d'ouvrir l'esprit vers de nouvelles perspectives. Et même pour celui qui sait si bien aborder le langage des couleurs, en prônant celles-ci comme idéal de vie, le changement, parfois, demeure vital et essentiel. La démonstration vestimentaire s'effectue, subséquemment, dans les coupes généreuses, les formes plus ou moins évasées, le choix des tissus techniques et matières précieuses. L'alliance se réalise, à la fois, dans l'aspect néo-classique de cette collection qui s'allie de touches fantaisistes, déci delà. Il y a presque l'envie d'un recommencement à recouvrer le langage fondamental du style Valentino. Celui créé par son fondateur Valentino Garavani. Comme si les différents juxtapositions de couleurs avaient noyé et estompé, petit à petit, l'identité intrinsèque de la maison. Travailler sur une seule couleur, d'autant plus profonde et mystérieuse, permet d'œuvrer vers plus de précision, d'exactitude et de minutie. En résumé, privilégier le contenu et non le contenant. Pierpaolo Piccioli affine sa conception personnelle du rôle d'un vêtement. Il se questionne, aussi, sur l'être qui, au final, portera sa mode Valentino ? Il y a quelques années, la clientèle visée était celle d'une femme plutôt riche, svelte et caucasienne. Aujourd'hui, la représentation de sa clientèle a muri, comme pour beaucoup d'autres créateurs d'ailleurs. Cela se dessine au travers d'un casting inclusif qui élabore des silhouettes pour des tailles au-delà d'un simple 34, avec des femmes plus âgées, de différentes couleurs ; mais aussi des être humains différents, binaires, Trans, et même des hommes ; ce qui apparait comme une première chez Valentino. Même si une majorité des looks demeurent portées par de magnifiques mannequins, le fait d'être visible sur des podiums si prestigieux apparait, au final, comme une consécration pour ces invisibles. Quelques robes éthérées et transparentes allègent tous ces passages sombres et inquiétants. Une simple robe, en mousseline de soie alcalescente, s'incruste de délicats morceaux de dentelles noires, roses bonbon et opalescentes, recouvrant les configurations de sublimes coraux océanographiques. Une autre robe se fait monobloc avec ce vert Mousse à tomber par terre. Un herbier de fleurs multicolores se brode sur un manteau en cachemire Camel. J'achète. Quelques fleurs de Dahlia et Orchidées, grossies à une échelle puissance dix, embellissent robes en soie anthracite de configuration minimaliste. Quand ces dernières sont apposées en Noir & Blanc, l'effet dramaturgique et cinématographique se démultiplie. Ce travail floral me remémore un tantinet la collection Prada Automne/Hiver 2019/2020. Mais, aussi, le travail, peut-être plus accompli de Dries van Noten, avec son amour inconditionnel pour tout type de fleurs. Les dix derniers looks égayent l'ensemble de la collection. On est presque au bout du tunnel ou l'on voit jaillir le rai de lumière tant attendu. Kaia Gerber apparait comme royale avec son tricot, rebrodé de sequins bleu céruléen. Une robe en mousseline émeraude, portée par Amar Akway, s'habille, de-ci delà, de milliers de paillettes ton sur ton. He Cong se parent d'un herbier de fleurs des champs. Angélique démone. Néanmoins, le coté obscur de la Mode revient, à nouveau, déferler tel un raz de marré sur le podium Valentino. Du noir, du noir et encore du noir. Toutefois, le point final verra poindre une note d'optimisme avec la magnifique Adut Akech qui revêt un longiligne fourreau vermillon. Rebrodée de millier de sequins scintillants, cette couleur finale symbolise, à la fois, danger et honneur. En espérant qu'elle soit, surtout, gage de passion et d'amour fou. Gardons espoir.
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Valentino

Automne/Hiver

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Défilés Printemps/Eté 2020
Par Yann Gabin pour PlaneteMode.com

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Alexander McQueen Printemps/Eté 2020 par Sarah Burton
Sarah Burton excelle, une fois de plus, dans sa vision spécifique et personnelle de réinterprétation de l'univers de feu Alexander McQueen. Elle poursuit, sans faille et sans relâche, son œuvre de redéfinition stylistique pour maintenir et faire évoluer l'esprit McQueen. Quelle incroyable créatrice ! Talentueuse, elle possède tous les atouts nécessaires pour créer sa maison éponyme. Que Neni. Elle préfère user et abuser de son énergie afin de poursuivre l'œuvre de ce génie perdu. Alexander McQueen n'aurait pas pu trouver plus loyale collaboratrice que Miss Burton. Pour ce Printemps/Eté 2020, Sarah Burton a ébauché des silhouettes qui se parent presque totalement de Noir&Blanc, fusionnant de-ci delà, quelques dentelles fines et cuirs ultra souples, tout en enchevêtrant légèreté et rigueur. Un univers que l'on pourrait qualifier, sans aucun doute, de Gothico-romantique. Un peu trop réducteur à mon goût. Car le sens esthétique aiguisé de Sarah Burton va bien au delà des quelques clichés bien ancrés. Toutefois, on le perçoit quand même, au travers des longues robes, aux réminiscences victoriennes, aux manches "ballon", aux tailles menues et cintrées, le tout très architecturé. Des lignes stylistiques, coupées aux millimètres, subliment ce corps féminin à la perfection, tout en laissant une certaine liberté de mouvement à celle qui s'y glissera. Le tailleur/pantalon, en cuir Anthracite, apparaît d'une beauté ahurissante. Les vestes se sectionnent par des ouvertures latérales laissant apparaitre des tailles "menue-menue" comme sur Chai Maximus. Des découpes réalisées au scalpel. On s'amuse de la juxtaposition de deux tonalités textiles afin d'enfanter des distorsions graphiques et visuels. Un classique McQueen. Elle use de jeux de lacets que l'on peut retrouver sur les looks de Miriam Sanchez ou Vivien Solari. Des constructions techniques maitrisées à la perfection. Oublions, aussi, l'image de la maîtresse femme engoncée dans des carcans oppressants et suffocants. S'habiller en McQueen, de nos jours, demeure une manière de s'affirmer, de se rendre plus puissante (Powerfull), à la fois envers les femmes et les hommes. Mais, aussi envers soi-même. Sarah Burton glisse quelques touches de gaieté au sein de cette présentation qui prône des tonalités obscures et mystérieuses. Particulièrement au travers de quelques robes, sans manches, rebrodées d'immenses fleurs polychromes que portent Hyun Ji Shin, Mika Schneider et Jean Campbell. La même version est proposée, cette fois, de couleur Carbone, rebrodée de fils d'argent. C'est selon l'envie du moment. Quelques éruptions "colorielles" d'une somptueuse beauté traversent fugacement cette collection au travers de deux robes, Outremer ou Rose Thé. Leurs plissés minutieux laissent ébaucher des milliers de plumes à la manière d'oiseaux de Paradis. Une merveille de précision que l'on peut admirer sur Kaia Gerber. Sarah Burton a opté pour la longueur cette saison pour l'ensemble de ses robes, jupes et pantalons. La mini "is Over". Pas de jambes. That's enought. Des vêtements qui se veulent comme des protections corporelles. Une carapace qui finalement parait bien commode par ces temps de pandémie mondiale.
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A. McQueen

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Chanel Printemps/Eté 2020 par Virginie Viard
Les toits en zinc de Paris, ses cheminées, gouttières, velux et chiens assis, demeurent à perte de vue sous les verrières du Grand Palais. Probablement une vue des toits des ateliers du 29 et 31 rue Cambon. Pourquoi pas ? Un décor un peu tristounet à mon goût ; nous éloignant de la contemplation et la rêverie si cher à l'imaginaire du Kaiser Karl Lagerfeld. Après les reconstitutions du rivage de la Mer de Sylt, d'un petit village suisse enneigé, d'une forêt automnale, d'un paquebot de croisière ou des chutes d'eau tropicales, on recouvre promptement une réalité que l'on a qu'une envie : "fuir". On ne veut pas de grisaille. Toutefois, et heureusement, les silhouettes en tweed colorées apparaissent rapidement et égayent ces couvertures aux couleurs orageuses. Des tweeds complétement classiques dont les couleurs carmin, anthracite, outremer et immaculé me font méditer aux couleurs de notre chère nation française. Idée cocasse que d'affabuler quelques looks de collants opaques charbonneux. Surtout pour l'été caniculaire. Peut-être est-ce une réminiscence des exhalaisons de suie des cheminées parisiennes. Des imprimés en mousseline sombre reprennent les contours de toitures parisiennes, mais tout en discrétion. Quelques profils de bâtiments Parisiens sur une robe et trench. Des combi-shorts en tweed donnent un coup de fouet aux frêles silhouettes de Sophie Dahl ou d'Abby Champion. Les codes Chanel se retrouvent avec parcimonie autour d'un T-shirt manche longue s'estampillant de logo au double C, de quelques escarpins à bouts noirs ou de colliers en pâte de verre. Des shorts en cuir s'agrémentent d'une simple veste en Tweed. Quand ils ne deviennent pas presque seconde peau pour les tenues du soir comme sur Grace Elizabeth, Luna Bilj ou Gigi Hadid. Tels les shorts lycra de Zizi Jeanmaire. Beaucoup de noir et blanc pour les derniers passages. Une collection qui s'exprime autour d'un minimalisme assuré, tout en conservant les fondamentaux identitaires maison. Une rigueur assumée qui se définit par une éradication certaine de fantaisie. Parfois, cela fait du bien de revenir aux bases strictes. Une collection parfaitement adaptée à plusieurs saisons, et non seulement au Printemps/Eté 2020.
 

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Dior Printemps/Eté 2020 par Maria Grazia Chiuri
Un jardin ? Un parc ? Une forêt ? Des arbres, beaucoup d'arbres, des lignées d'arbres. Une allée, deux allées, de nombreuses allées. Une odeur végétale flotte sur le podium de la présentation prêt-à-porter Dior pour le Printemps/Eté 2020. Cette armée d'arbustes rempotés, posée à même la terre, insuffle ce sentiment d'un retour imminent aux sources, à l'essentiel, à notre mère nature tant aimée. Un univers si souvent mal traité mais tellement inspirant et stimulant. Même si ce n'est qu'un décor joliment réalisé, le message de Maria Grazia Chiuri demeure limpide : le Printemps/Eté 2020 se fera au vert, en vert, envers et contre tous. Cependant, pas forcement à Anvers. Si Maria Grazia avait su que cette proposition idyllique allait être, dans les mois à venir, un des désirs tant attendus de nos concitoyens, elle ne l'aurait surement pas cru. Après ce confinement de plus de deux mois, ce fameux petit coin de nature demeure, aujourd'hui, plus que convoité. On affectionne ce petit coin de jardin ou l'on pourrait s'abriter sous un platane sereinement, s'allonger sur un parterre bien vert et douillet, cueillir des fleurs à foison pour orner une table rustique ou tout simplement récolter des fruits frais, gorgés de soleil. Quand la puissance de l'imagination se met au service d'une réalité tant espérée. Maria Grazia opte, cette saison, pour une ballade Nature afin de mettre en valeur un large panel de tissus estivaux. On fait appel au lin, au coton, au jute ou à la paille. Aussi, le subtil fil conducteur de cette collection s'incarne au travers de toute une série de chapeaux et canotiers en paille qui se décline dans des tonalités naturels ou sombres. Ils peuvent être rustiques, façonnés avec un tressage résille ou avec le fameux motif iconique de la maison Dior : le cannage de l'assise Napoléon III. Référence absolue chez Dior. Avec les tresses latérales, s'il vous plait, évoquant l'image d'une belle des champs. Ruth Bell, muse maison, ouvre le show une fois encore. Elle joue excellemment ce rôle de charmant jardinier. Avec une chemise en cotonnade d'un bleu Majorelle, elle la combine avec un combi/short, sans manches, réalisé dans un tissu s'apparentant à celui usité pour la confection de sacs de jute. Celui-ci peut se parer de rayures bayadères bleu nuit ou d'immenses chardons unicolores. On opte soit pour la géométrie radicale ou l'herbier champêtre. A voir selon l'humeur. Quand préciosité fusionne à merveille avec rusticité. Les imprimés Tie & Dye apparaissent facétieusement sur une jupe plissée interminable, une combinaison d'aviateur ou un costume deux pièces déstructurés. Le panel de couleurs peut être celui du ciel et de ses nuages ou simplement d'un sous-bois verdoyant. On ne reste pas insensible à la chemise en denim portée par Giselle Norman qui utilise un chamarré "coloriel" fantastique mêlant vert absinthe, bleu Lapis-lazuli, jaune safran et Mandarine. Un arc-en-ciel énergétique digne de rééquilibrer tous les chakras. Un travail de décoloration, à partir de la technique du Tie & Dye, recouvre des effets de tissus africains sur des pantalons à la "Baba Cool". Comme sur Sarah Grace Wallerstedt ou Maike Inga. Toutefois, toujours enfilé d'une veste Camel, très comme il faut. Une seule robe immaculée, mêlant patchworks de délicates dentelles fleuries et motifs géométriques récursifs, permet une respiration entre toutes ces tenues riches en détails et couleurs. Les broderies polychromes s'inspirent de chardons, pâquerettes, dahlias qui s'harnachent sur un ensemble de robes vaporeuses, stationnant dans un panel de couleurs "Nude". Une explosion de bouquets rustiques donnant l'envie de s'y piquer pour mieux s'y lover. Les robes du final concèdent la part belle aux fines broderies florales, tout en se focalisant, sur une fleur démesurée relative à nos prairies ou nos herbages provinciaux. On choisira avec tact celle qui nous définira le mieux pour une Garden Party bucolique. Un clin d'œil à Mr Christian Dior dont la passion notoire pour tous types de fleurs, de la sauvage à l'apprivoisé, n'était un secret pour personne. Mignonne, allons voir si la rose...
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Isabel Marant Printemps/Eté 2020
Isabel Marant a souhaité mettre en exergue une collection joyeuse, frétillante, vibrante, pour le Printemps/Eté 2020. Une présentation aux rythmes de la Samba et aux sonorités des tambours endiablés. Il y a un air, avant l'heure, de carnaval brésilien et de cariocas sous le dôme bondé du jardin du Palais-Royal. Une bonne humeur ambiante s'installe illico. Isabel Marant sait engendrer l'envie grâce aux tonalités de couchers de soleil, de jardins tropicaux ou de rivages balnéaires. On constate des inspirations de nature luxuriante, au travers de total-looks orangé (Rianne Van Rompaey), sable (Gigi Hadid ou Birgit Kos) ou Bleu Charon (Grace Elizabeth). Les courbes de vaguelettes, remémorant celle du célèbre design du front de mer de Rio, barde, de-ci delà, le tee-shirt manches longues de Vittoria Ceretti. Mais attention, pas noir et blanc. Seulement violine et rose bonbon. On s'engouffre dans un bain de gaieté, de vacances et de repos bien mérité. Les petits hauts peuvent se bâtir autour de délicats macramés, au forme frêle de "Marguerites", dont les tonalités émeraude, mimosa ou céruléen détonnent sur la fille du moment, Rebecca Leigh Longendyke. Les jambes sont fuselées et bronzées, à souhait. Indispensable avec toutes ces micro shorts ou culottes de bain que l'on distingue sur Félice Nova, Mathilde Henning, Blesnya Minher, Vittoria Ceretti ou Fran Summers. Les jupes et robes s'efforcent de conserver cette tendance du court, très court, voire "rikiki". C'est extrêmement plaisant et désirable mais avertissement ou l'on décidera de les enfiler. Les imprimés floraux se balancent d'une tenue à l'autre avec panache. Quelques combinaisons "Aviateur" cheminent sur le podium, pièces qui demeurent comme l'un des hits Maison. Hiandra Martinez, qui a ouvert le show avec opiniâtreté, porte une jupe agrémentée de longs fils perlés et un tee-shirt anthracite, noué sur le nombril. Elle est prête à se défouler sur les pistes de danse d'Ipanema. Caliente. Les épaules peuvent se permettre d'être plus amples via une robe fleurie sur Irina Shayk, une veste fusionnant Denim et tissus ethniques sur Fran Summers ou bien légèrement bouffantes avec un chemisier en soie Anthracite sur Anna Ewers. La robe du Top japonais, Chiharu Okunugi, se brode d'un cacatoès camouflage, surligné d'un "Tropicana" ton sur ton, le tout se dissimulant dans un Liberty fleuri. Ingénieux. Les pantalons, légèrement amples, se nouent juste un peu au-dessus des chevilles, mettant en valeur des Stilettos aux longilignes lanières en cuir. Quelques besaces frangées à la main. Ou à l'épaule. C'est selon le mood. Chez Isabel Marant, pas de fioritures superflues. Les filles demeurent brutes de décoffrage mais inlassablement avec ce petit détail qui fait que l'on se retourne sur leur silhouette athlétique, saine et sensuelle. Isabel Marant possède ce talent indéniable pour rendre les filles attirantes avec ce style urbain maison, ou la définition du sexy prend toujours sa place, mais avec subtilité.
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Louis Vuitton Printemps/Eté 2020 par Nicolas Ghèsquière
Une mode bigarrée, chamarrée, ou la couleur éclate de tout son long. On mélange un chemiser au tartan franc, aux épaulettes bouffantes et éminentes, enfilé sur un gilet sans manches, aux paillettes multicolores recouvrant des chevrons à l'infini. Le pantalon Anthracite, au zip continu et argenté, s'adjoint des plis linéaires parfaits, laissant des jambes libres de tous mouvements. Le tout étayé par des mocassins compensés, surmontés du logo LV. Ce look résume en totalité l'esprit Louis Vuitton pour le Printemps/Eté 2020. On perçoit un ton d'indépendance, de liberté, d'envie de croquer la vie à pleines dents. D'allégresse. Du lâcher prise. On peut se rêver en total look Tailleur/Pantalon, au délicieux Vert pastel, ou, à contrario, en robe chemisier immaculée aux proportions "volumineuse-ment" arrondies, tels de légers Cumulonimbus. Seul dénominateur commun entre toutes ces allures hétérogènes : d'adorables orchidées multicolores, suspendues à la boutonnière, insufflant un air de printemps avant l'heure. Les vestes, partiellement architecturées, se resserrent à la taille par une simple ceinture. La jupe "pyramide" de Klara Kristine, en satin noir, se dessine autour de quatre volants distincts. Une autre, à la forme d'une tulipe inversée, se surmonte d'un chemisier en soie dont les imprimés me remémorent la collection Automne/Hiver 2011/2012 de Nicolas Ghèsquière pour Balenciaga. D'énormes fleurs, un tantinet effrayantes, tapissaient des jupes dissymétriques. Toutefois, ici, elles sont réconfortantes et naturalistes. Un clin d'œil aux soieries Hermès. Le petit détail, qui change tout, se situant au travers du large jabot plissé, neigeux, qui donne du Peps au chemisier de "Mémé". D'immenses arabesques florales, aux allures d'Iris et muses cinématographiques des années 20, impactent certaines silhouettes afin d'en briser la forme classique. Un manteau Seventies se pare d'une forêt de végétaux impénétrables. C'est Green, Green, Green. Les vestes resserrées s'allient de manches en cuir verni châtaigne. Ces dernières pouvant se glisser dans une jupe triangle aux imprimés fantaisistes. La ceinture enserrant la taille aux millimètres. Effets de style. Le look de Mica Argañaraz mêle la délicatesse extrême d'un corsage de dentelle rosé, rebrodé de délicieux lierres floraux, aux épaulettes bombées, qui s'achèvent par une rivière de vaguelettes sur un long corsaire Mimosa. Embelli d'une fine raie Carbone à l'entre-jambe, ce dernier se combine parfaitement avec des bottines rétro ajustées par le logo LV. Quelques looks capillaires, début 20ème, sur Clémentine Balcaen ou Oudey Egone que je trouve cocasse. Des simili casques immaculés, aux lignes de soucoupes spaciales, donnent des airs de Marie Pervenche avant-gardiste. Quelle allure que ce trench Camel stylisé par un long pantalon éthéré agrémenté de ce couvre-chef rétro-futuriste. Les accessoires demeurent séduisants : la besace "Oocyte" se construit autour d'une succession de strates céruléenne, vermillon, ciel et de toile basique LV. Un "Tote Bag" se damasquine d'un visuel d'autocollants de cassettes vidéo ou l'on peut déchiffrer "1854" (date de création de LV), "The back pack is back", "Trunfs and Bags", "Gaston & Louis", "Louis big adventure", qui demeure des clins d'œil aux films générationnels des Eighties et Nineties. Un "Vanity Case" et sac VHS débarquent sur le podium et nous replongent dans nos souvenirs d'enfance. Les chaussures, aux quatre talons colonnes fusionnées, s'habillent de tissus techniques colorées qui reprennent le design d'architectures futuristes. Une collection optimiste, pour une femme qui ne craint rien. Sa limite étant, peut-être, elle-même. Nicolas Ghèsquière ne nous propose pas un vestiaire conformiste mais des looks puissants et divergents pour exprimer sa fantaisie de mille et une manières.
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Martin Margiela Printemps/Eté 2020 par John Galliano
Ce sont des présentations inlassablement déjantées, dégingandées, aux looks extravagants, que John Galliano affectionne tout particulièrement mettre en scène lors de ses défilés pour la Maison Martin Margiela. Les aprioris doivent être balayés d'un coup de main. "Open Mind", à point c'est tout. Toutefois, attention, les sourires peuvent vite se produire aux commissures des lèvres. Pas un sourire moqueur et sournois, mais un sourire libérateur et bienfaiteur. John Galliano adore raconter des histoires, théâtraliser ses silhouettes, provoquer l'indignation, avec des touches de frivolité, de dévergondage, voire de dépravation maitrisée. Cette fois encore, pour le Printemps/Eté 2020, il ne déroge à la règle. Les silhouettes éclaboussent de créativité, d'inventivité et de looks rocambolesques. On sur joue les styles pour s'orienter vers un anticonformiste assumé. Les détails apparaissent comme primordiaux chez John Galliano, cet "endiablé" de la mode. C'est cela même qui définit l'atmosphère, la vibration intense, de sa mode singulière et, finalement, signature. Au premier abord on pourrait se laisser happer par le sillage d'une pseudo femme guindée, peut-être autrichienne des années 40 ; Mais, trop cliché. D'une infirmière besognant pour les gars de la marine ; Trop cliché, aussi. Anicroche. John Galliano transcende les catégories sociales, les mouvements historiques, les genres, les croyances, afin de définir une allure "évolutionnaire" qui tente, à chaque fois, de bousculer les codes normatifs. La norme c'est OUT. Les manteaux demeurent oblongs, évasés ; l'idée étant de s'incliner une fois de plus vers des carrures "Oversize". Plus clairement, un homme lambda pourra glisser sa carrure, d'athlète ou pas, dans le manteau de sa copine. Les femmes peuvent être extrêmement féminines. Mais, également masculines. Certains looks demeurent inspirés par des confréries comme la none, le militaire ou le marin. L'indication se lit au travers des petits chapeaux, couvre-chefs, bérets incorporés sur chaque look. Les cercles apparaissent comme un lien essentiel sur l'ensemble de la présentation : ils peuvent être imprimés, découpés, perforés. Quelques imprimés contemporains intègrent la taille d'un manteau ou d'un caban, toujours maintenus par une large ceinture. L'arrivée des silhouettes masculines, qui ponctuent une silhouette sur trois, interrogent sur la notion de genre octroyée aux vêtements. Il n'y a pas de genre de vêtements. Mais, des vêtements. Cette saison, chez Martin Margiela par John Galliano, l'homme peut porter des bottes en cuir stretch, aux talons effilés de 10 cm, avec un micro short immaculé. Pas d'embarras. Ces bottines occasionnent aux mannequins masculins une démarche et un maintien des plus originaux. Parfois clownesque comme avec Léon Dame. Jonas Gloer, grand blond, un peu glacial, s'accapare d'un long manteau en laine chocolat, perforés de centaines de cercles réguliers laissant apparaitre sa frêle silhouette longiligne. Le pantalon en denim s'ouvre sur toute la longueur de jambe. Bref, on s'éloigne de l'image caricaturale de l'homme musclé et viril pour laisser éclater sa part de féminité au grand jour. Maniéré serait, peut-être, le terme approprié. On trans-joue. John Galliano réaffirme, au travers de sa mode, que n'importe qui peut piocher dans ce/son vestiaire, quel que soit son genre, sa corpulence, son âge, sa couleur de peau. L'important étant que l'on reste Soi. N'est ce pas l'essentiel ?
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Miu Miu Printemps/Eté 2020 par Miuccia Prada
C'est d'abord une coiffure crantée, bouclée, bombée, courbée, pouvant être qualifiée à la "Cicci Impératrice", qui marque les esprits et yeux avertis des premiers passages de cette présentation Miu Miu Printemps/Eté 2020. On scrute ce look capillaire, impeccablement réalisé, qui insuffle un vent suranné aux vêtements d'aspects plutôt classiques. Un classique revisité comme aime narrer les magazines de mode. Mais loin d'un classicisme ordinaire. Celui-ci s'exprime favorablement dans l'apparence générale de la présentation. Toutefois, le patronage s'éloigne des coupes habituelles pour prendre de la longueur ou rétrécir selon le gré ou l'envie de la future cliente. Avec des temps incertains, il y a une véritable inclination à réintégrer de nouveaux classiques dans la garde robe, parfois un peu trop axée sur le Street Wear et le confortable. Ne se rassure t-on pas lorsque l'on revient aux chers basiques. Miu Miu voyage vers des horizons stylistiques pouvant, sans aucun doute, remémorer le style rétro de la jeunesse de nos grands-parents. Nonobstant à la sauce d'aujourd'hui. Ne serait-ce que par des couleurs précises et des imprimés Arty. La robe devient beaucoup plus canaille lorsque son pull en cachemire gris Mastic disparait en dessous. Les larges bretelles ne cacheraient que le minimum syndical. Les bottines chair lacées jusqu'aux genoux distribuent un air de "Cocottes" fin 19eme siècle. De jolies couleurs mono-block s'éparpillent sur une série de tailleurs, manteaux, jupes, robes, tops sans manches. Du bleu marine, du carbone, du lacté. Une veste, deux boutons, se plissent au niveau de l'épaulée afin d'engager une amplitude exhalée. Ces mêmes épaules peuvent se repiquer de plissés fleurant l'apparence de bénitiers. Un long manteau, sans manche, déploie ce motif classique du "pied de poule". Les jupes "Slim" s'évasent au niveau des genoux par le biais d'un sobre volant ou, à contrario, par de nombreuses surpiqures de plissés-volantés ultra affirmés. De mini pulls, en cachemire, s'enfilent comme l'icône Isabelle Adjani l'avait fait dans un de ses films Cultes "L'été meurtrier". De longs manteaux vernis, de couleur chair ou émeraude, sans manches, se parent à leurs extrémités de fourrures type " moutons lainés ". Une collection qui se veut un brin traditionnel dans son design mais qu'il l'est beaucoup moins quand on examine avec attention la réalisation de certaines pièces. On accoutre vestes et manteaux d'un double boutonnage dont le deuxième rang dépareillée ne fera office que d'ornement joaillère. Un trench, en cuir lacté, s'imprime de petites fleurs des champs, rehaussé de jets latéraux de peinture. La facette Arty de Miu Miu s'en ressent, ici, fermement. Une robe filiforme Carbone (ou Nude), au col Claudine, s'empare de lès volantés, chaloupant la silhouette telle une silhouette de Kylie Jenner. Les accessoires demeurent inédits. Le collier peut être une imbrication de rangs perlés, entremêlé d'une délicate roue en bambou, le tout fixé à une corpulente chaine en fer forgé. Les lunettes de vue demeurent dans une vague fifties. Le panier en paille se retrouve emprisonné dans un tressage en cuir anthracite, aux entrelacs de fleurs. Bref, il y a une véritable expérimentation artistique stylistique qui peut se mêler à merveille avec la vie de tous les jours. La robe Acier de Kaia Gerber, ceinturée à la taille, s'enorgueillit de deux volants aériens anthracite, dégringolant des épaules à la taille. On valide l'entremêlement des délicats motifs floraux avec les coulures et ruissèlements de peintures "Arty". Cette alliance et fusion picturale inédite devient une redondance stylistique sur l'ensemble de la collection. S'il fallait n'en retenir qu'une, ce ne pourrait qu'être celle-là.
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Miu Miu

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Paco Rabanne Printemps/Eté 2019/2020 par Julien Dosenna
Des vêtements solaires, avec une touche japonisante et une allure, somme toute, un peu vintage, ce sont les premières impressions qu'exhalent le défilé Paco Rabanne Printemps/Eté 2020. Une mode qui se veut multiculturelle, pointue et créative à souhait. Le mannequin Sofia Steinberg ouvre le show avec une longiligne robe cintrée, dont l'imprimé aux pastilles multicolores, recouvre les effets lumineux du podium. Tel un prolongement entre l'atmosphère du défilé et la collection qui s'inscrit dans cette fraicheur élémentaire. Un cœur démesuré, carmin, recouvre l'ensemble du buste. On peut acquiescer par l'affirmative : Julien Dossena veut nous concéder et adresser de l'amour dès le premier look. Avec ses longues bottes écarlates, agrémentées de laconiques fleurs naïves, Sofia Steinberg joue le rôle d'une cowgirl citadine et volontaire. Le deuxième look se bâtit autour d'une longiligne robe en métal, aux imprimés fleuris, matière de prédilection du légendaire Paco Rabanne. Mais, avec une petite fantaisie de Julien Dossena : elle sera polarisée de tonalités Pastels. De nombreuses propositions stylistiques, plus joyeuses les une que les autres, s'immortalisent autour d'une gaieté assumée : Un pull cintré "couché de soleil" ; Un jean "Slim", rebrodée de délicates roses rouges sur les poches ; Quelques chemises aux imprimés "liberty" et soie légère se déboutonnent jusqu'au nombril, pouvant faire pâlir d'envie sa voisine. Quant au polo mandarine, il se porte sous une interminable robe, aux pampilles métalliques. Le pull bleu Klein se pare, lui, d'une myriade d'étoiles "Strassées". Le marcel métallique s'érige autour d'un jeu de pampilles, au forme de losanges, crayonnant le pourtour de fleurs pixélises. Une robe, en dentelles immaculées, se ré-incrustent de broderies composées de bouquets floraux, aux couleurs de pierres précieuses, comme sur la silhouette de Rebecca Leigh Longendyke. Un col roulé arc-en-ciel, enfilé sur un pantalon crème, peut apparaitre comme un clin d'œil à la culture Queer. Le boléro de Sora Choi, toujours en cuir, s'organise autour de motifs floraux dont les références à la culture Pop japonaise sont incontestables. Le perfecto se couple de rayures argentées et anthracite comme sur le Top italien Vittoria Ceretti. Une robe argentée, cotte de maille, s'orne d'éphémères cristaux de Swarovski, de couleur Saphir. Avec des bottes argentées, rehaussées de fleurs psychédéliques. Of course. On mélange les pièces, même si elles ne possèdent pas de liens entre elles. Le syndrome Miuccia Prada, peut-être. Quelques pièces masculines demeurent assez marquées car vraiment originales. Le total look, en Denim, s'enorgueillit d'écussons en forme de cœurs sur le col, d'étoiles argentées sur la boutonnière et de pigeons brodés sur les parements. Le costume totalement argenté, surmonté d'un pull couché de soleil, fera sensation pour une soirée Seventies. Quant à Mica Argañaraz, elle a tiré le look le plus "Kawai" de la soirée : manteau en cuir argenté, surmonté d'un énorme soleil citron, disséminé de nuages laiteux, le tout reposant sur un Océan Violine. Une pièce excentrique que je valide totalement. Heureusement que la veste queue de pie subséquente, portée par la jeune Fran Summers, radoucit d'un coup l'excès de looks exubérants. Les deux derniers looks, en pampilles de métal, composés d'un tee-shirt et d'une longue robe, mettent en avant le motif du " cœur vermeil", cher à Julien Dossena. On ressent véritablement un amour inconditionnel du vêtement dans cette présentation Printemps/Eté 2020. Une fantastique collection.
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Défilé Prada Printemps/Eté 2020
J'ai toujours cette même excitation à attendre le défilé Prada. Un moment d'exception que je ne raterai pour rien au monde. Cinq lettres me faisant toujours rêver, excitant toujours mon imagination. Il apparait comme l'un des seuls défilés à me faire trépigner d'impatience et pour lequel je pourrai faire un Aller/Retour Milan. Juste pour y être. Prada reste un pur plaisir inextinguible pour les yeux. Avec un set entièrement recouvert de dallage, en céramique multicolore, combiné de colonnes tapies de feuilles dorées, il est légitime de s'interroger sur la vision singulière de Miuccia Prada pour ce Printemps/Eté 2020. Ou a-t-elle pu aller chercher cette conception de ce décor assez improbable. Une piscine ? Une cuisine ? Un palais de mille et une nuits ? Peu importe. Un décor joyeux, solaire, aux vibrations positives. Alors, quand le show débute, on reste assez décontenancé entre ce décor joyeux et une mode classique. Le top danois Freja Beha, égérie actuelle de la maison, ouvre le show avec une simplicité déconcertante. Avec un long tee-shirt côtelé gris souris, aux manches oblongues, enfilé sur une jupe crayon aux genoux. Peut-être un peu vielle fille. De longs manteaux, aux coupes rectilignes, abordent des couleurs chocolat, bleu nuit ou violet profond. De dodus boutons nacrés tranchent sur ces tonalités sombres. Désuet. Stricte et commode. Il y a presque une réminiscence des premières collections Prada au travers ces premiers looks. Aussi, n'est-ce pas là ou on devrait attendre Miuccia Prada cette saison ? Eliminer simplement le superflu pour se focaliser vers une silhouette proche du quotidien. Effectivement, après une précédente collection, riche en imprimés psychédéliques et lignes militaires, n'a-t-elle pas souhaité schématiser des lignes stylistiques plus minimalismes pour un Eté 2020 plus aisé. Un dressing basique dans la forme, moins dans le fond. On perçoit véritablement qu'il y a eu une interrogation fondamentale sur ce qu'est un dressing traditionnel, moins identifiable. Nonobstant de qualité. Quelques pièces demeurent bien marquées comme tous les "Outfits" rebrodées de longilignes fougères. J'adore le manteau mandarine, rebrodé de petites perles de verres turquoise, aux formes de fougères. La pièce à posséder. L'utilisation du cuir demeure assez présente et reste proposé dans des tonalités audacieuses comme l'Or, le noir mat ou le tabac. De rares imprimés géométriques apparaissent sur un tailleur deux boutons que porte, à merveille, le Top australien Adut Akech. Des robes légères, fluides, retenues aux épaules par de délicats lacets, à la grecque, donnent une mouvance aérienne à celles qui les choisiront. Les robes de cocktails demeurent délicates, restant dans des tonalités feutrées comme le rose poudré ou le blanc neigeux. Les "bobs" déstructurés, en chevreaux très flexibles, insufflent un petit air suranné, voire années 20. Les colliers et boucles d'oreilles peuvent prendre la forme d'escargots nacrés, mais démesurés. Pourquoi pas. Pour celles qui sont fanas de chaussures, elles pourront s'en donner à cœur joie : Bottes cavalières vieillies, de couleur Tabac ; Derbys compensées vert émeraude d'inspiration 40 ; Babies argentés ; Chaussures plates, finement tressées, dorées ; Escarpins argentés aux découpes exquises de Fougères ; Sandalettes en cuir tricolores ; Ainsi, on perçoit une réappropriation d'un classicisme affirmé au travers cette collection. Moins de chichi. Des couleurs faciles et plutôt discrètes à approprier pour le quotidien. Des lignes minimalismes. Même si pour les aficionados de la marque, ces derniers pourront se sentir décontenancés par cette proposition de mode plus commerciale. Toutefois, n'est-ce pas le verbe idéal pour définir la mode Prada : décontenancer.
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Saint-Laurent Printemps/Eté 2020 par Anthony Vacarello
La tour Eiffel, monument emblématique de notre chère capitale, Paris, illumine de sa silhouette majestueuse chaque nuit parisienne. Mais, aussi, depuis quelques saisons déjà, l'esplanade du bassin du Trocadéro pour les podiums YSL. Un impact visuel incontestable et incontournable, qui ne peut que sublimer n'importe quelle mise en scène théâtrale, cinématographique ou un simple défilé. Particulièrement, ici, les silhouette Yves Saint-Laurent par Anthony Vacarello. Ce dernier l'a bien saisi et n'a pas choisi ce lieu au hasard. Il a su tirer profit de cette référence architecturale mondiale pour encrer les fondamentaux identitaires de la maison Saint-Laurent comme une marque profondément parisienne. Quoi de plus iconique que la Tour Eiffel pour signifier son appartenance à Paris ? A notre chère patrie Francaise. Paris demeure la capitale de la mode. Et, le restera encore longtemps. Saint-Laurent fait partie de ses "incontournables". Un monument iconoclaste qui fait rêver à hauteur des collections Saint-Laurent. Une fois encore, Anthony Vacarello, a su créer, avec brio, des silhouettes désirables pour le Printemps/Eté 2020. Les shorts sont micros-micros. Toutefois, portés avec des vestes aux carrures strictes et de longilignes bottes caramel, ils en atténuent le côté un peu trop affriolant. Parfois licencieux. Un bermuda en denim, aux ourlets effilés, "grungy" à souhait, s'accommode d'une veste droite, en velours Anthracite, gansée de galons en satin opaque et de boutons dorés. La veste smoking, manches courtes, s'enfile juste "comme ça". Avec semble-t-il avec un microshort en cuir. Toutefois, on ne le discerne pas. Démoniaque. Beaucoup de looks bleu marine insufflent cet esprit intemporel si cher à monsieur Yves Saint-Laurent. Les escarpins aux lanières de cuirs fines se ligotent du fameux logo YSL. Puis, arrivent les silhouettes aux tissus somptueux, à la fois de part leur complexité technique mais aussi de part leurs broderies intenses et alambiquées. Des arabesques, des lamés, des motifs floraux, de l'or, beaucoup d'Or, des velours intenses aux couleurs Saphir, Emeraude, Améthyste. Les promesses d'un Orient sublimé. Mais pas que. Yves Saint-Laurent aimait se confronter aux différentes cultures pour sublimer un vêtement. Il y a de la collection Opéra et Ballets Russes. On en retrouve, ici, les prémices avec ces couleurs chatoyantes et matières luxueuses. Mousselines, soies, velours lamés et jeux de transparence. Puis, Anthony Vacarello achève cette présentation par des tenues beaucoup moins pompeuses. Totalement anthracite, les robes bustiers se découpent par de savantes formes concaves ou convexes. On contourne un sein pour le sublimer. On le cache pour en magnifier et surligner un autre aspect. Les smokings font la part belle à cette dernière partie de présentation. Ils se parent de sequins, portés sur un pantalon, corsaire ou mini short. Il y en a tellement qu'il serait ardu de ne pas repérer son smoking cette saison. Quelle femme ne peut se projeter dans ces silhouettes attrayantes, séduisantes, enchanteresses. L'allure demeure classique dans la forme. Toutefois, le fond, et particulièrement au sein de l'agencement du stylisme, on perçoit cette recherche subtile pour allier configurations habituelles stylistiques avec allures irrévocablement proches des "Milléniales". On discerne une envie palpable de donner un enseignement "Mode" à ceux qui n'ont pas connu les belles années de Monsieur Saint-Laurent. Autrement dit, faire redécouvrir une époque disparue. Yves Saint-Laurent aimait explorer l'art et les diverses cultures afin d'idéaliser l'idée de son vêtement. Ce fut le cas avec la collection Opéra et Ballets Russes de 1976, ou Monsieur Saint-Laurent avait adoré mixer la Russie des Tsars avec celle du faste de l'Opéra. Anthony Vacarello a su, une fois encore, restituer totalement cet esprit Saint-Laurent, tout en le projetant entièrement dans ce fameux "air du temps". Un triomphe de plus.
 

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