Défilés Printemps/Eté 2025
Par
Yann Gabin pour PlaneteMode.com
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Alaia Printemps/Eté 2025 par Pieter Mulier
Pour sa présentation printemps/été 2025, la maison Alaia a souhaité sortir de sa zone de confort parisienne pour recouvrer une énergie inédite en traversant l'océan Atlantique. Ressentir cette vibration spécifique, radicalement divergente de la capitale française. Opter pour la ville de New-York, c'est s'imprégner d'une vitalité urbaine urgente, d'une effervescence pressante, d'une imprégnation de tendances artistiques avant-gardiste, d'une luminosité aveuglante composée d'une pléthore de néons et leds pour obtenir finalement une dose spécifique d'adrénaline sur-vitaminées. En élisant comme lieu de présentation le musée Guggenheim, dans l'Upper Side, Pieter Mulier annonce cette envie irrépressible d'incorporer l'art contemporain (qui expose notamment les œuvres d'artistes comme Kandinsky, Mondrian, Chagall, Léger ou Delaunay) avec sa vision puissante de la femme Alaia. Ce bâtiment hypnotique, constitué d'un quatuor d'ellipses alcalescentes, imaginé par l'architecte Frank Lloyd Wright, accueille une centaine d'invités regroupée dans le lobby, l'espace centrale du musée. Une longiligne coursive latérale, dévalant tel un toboggan tournoyant, permet d'observer chaque modèle approchant pas à pas. L'immense verrière, à l'allure de toile d'araignée, laisse pénétrer cette luminescence quasiment pieuse, voire mystique. Hiératique, Mona Tougaard s'offre cette première descente impressionnante. Cheveux tirés d'une élémentaire queue de cheval, elle dévale ce tourbillon de béton vêtue d'une jupe ivoirine, plissée, évasée, presque jupette de tennis, relevée d'une brassière élastique rectangulaire couleur café. Un effet bandeau. Basique. On s'amuse des proportions qui jouxtent, à la fois, l'effet collant ajusté avec un porté évasé ample. Vittoria Ceretti escorte Mona Tougaard avec un look similaire amalgamant jupe bleu nuit et top chamois. Il y a une dimension certaine empruntée à l'univers de la danse classique. Les pièces vestimentaires de Pieter Mulier s'autorisent la touche monochromatique, se côtoient mais ne fusionnent pas. Le pantalon en mousseline, bleu opaline, à l'apparence de sarouel, s'offre de joliesses transparences sur Xinye Wang. En jaune pastel sur Mahi Kabra. C'est délicat. Presque fragile. Un nuage textile. Une jupe se configure par une construction à quatre volants superposés, remémorant les quatre cercles concentriques du Guggenheim Museum. Un crop top chair englobe le buste de Liisa Winkler telle une deuxième peau. La transposition de la jupe bleu marine d'Awar Odhiang s'insère, elle, dans un esprit plus conventionnel. Une pièce ordinaire et minimaliste, parfaitement transposable au quotidien. On saisit nettement cette envie de célébrer le corps de la femme chez Pieter Mulier. Celui-ci contourne avec précision et minutie les parcelles corporelles, en les laissant apparaitre ou disparaitre, au grès de ses envies, sous un flot de tissus légers et aériens. Un architecte textile. Un trench en jeans délavé, au boutonnage fantôme, vient envelopper la gracile silhouette de Karolin Wolter. La configuration du pantalon, toujours en jeans de Julia Nobis, demeure captivante par sa construction peu banale. Débutant tel le commencement d'une jupe, il se gonfle puis se divise pour laisser apparaitre deux jambières d'une amplitude volumineuse. Un hybride textile. Les bijoux, discrets, éclosent en de fines chaines argentées, parsemant et dégoulinant sur les vêtements tels d'interminables affluents serpentins. On recouvre les proportions dignes de croquis d'Azzedine Alaia avec la robe virginale de Sara Caballero. Le sac/cartable se porte, propulsé, comme ça à l'épaule. Loli Bahia se voit attribuer une jupe éthérée et asymétrique blanche se maintenant simplement par un lacet entourant l'épaule. On l'ennoblit d'une brassière nude. Les tonalités demeurent douces, presque effacées, copiant harmonieusement les carnations de la peau. Des pièces davantage complexes viennent intégrer ce vestiaire estival comme la jupe de Kendall Jenner dont les nombreux plissés crayonnent un arrondi joli-joli. On reste ébahi par les sculpturaux manteaux aux allures de cumulonimbus volumineux, aux abondants et copieux duvets froufroutant, rose bonbon ou lactescent de Lulu Tenney et d'Ajah Angau Jok. Des pièces créatives, totalement artistique. Les dissymétries textiles font parties récurrentes de ce vestiaire. On apprécie notamment cette robe grège, serpentine et froncée, louvoyant autour du corps athlétique de Rayssa Medeiros. Avec un coup de cœur sur la robe "suspendue" d'Anok Yai d'une blancheur glaciale. Un manteau chocolat se fait cape sur Rosalieke Fuchs. En version turquoise sur Stella Hanan ou vieux rose sur Nyaduola Gabriel. Des apparences de prêtresse contemporaine s'esquissent. Certaines jupes "mini" se composent d'abondants plissés permettant une amplitude harmonieuse. On discerne un certain orientalisme à travers les combinaisons sarouels. Les transparences indécences se laissent apprivoiser via quelques brassières en résille dévoilant les contours de jolies poitrines. La maille résille demeure œuvrée, en divers formats, sur une combinaison aviateur, un pull rectiligne ou un pantalon oversize. Elle parait d'une fluidité extrême telle la vague venant s'échouer sur la grève. Un manteau enveloppe Summer Dirx d'une addition de centaine de brins de laine au format "tire-bouchon". Il y a presque un effet de l'ordre du camouflage. Les doudounes, anthracite ou alcalescente, de Diane Chiu et Chloé Oh se boursoufflent de larges boudins matelassés. Celles-ci produisent une vision directe d'oreillers bien moelleux. Cocooning in the Street. Pieter Muller a su définir, pour cet été 2025, un vestiaire attrayant, original, frais et relativement juvénile. Il propose des looks pouvant être d'un minimalisme sans faille, tout en les agrémentant de pièces d'une complexité avérée. Une mode cérébrale, structurée et charpentée. Avec cette fluidité incontestable qui n'entrave en rien la bonne démarche anatomique. Les gestes paraissent totalement libres et déliés. Pieter Mulier sait, avec main de maitre, souligner une silhouette, tout en lui laissant cette folle indépendance.
 

Alaia

Printemps/Eté

2025

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Alexander McQueen Printemps/Eté 2025 par Sean McGirr
 
 

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Printemps/Eté

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Balenciaga Printemps/Eté 2025 par Demna Gvasalia
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Printemps/Eté

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Balmain Printemps/Eté 2025 par Olivier Rousteing
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Printemps/Eté

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Bottega Veneta Printemps/Eté 2025 par Mathieu Blazy
Le concept de création permet d'accomplir tant de fantaisies, rêveries et lubies qui, une fois exécutée, peut permettre de venir titiller l'âme de notre enfance. Matthieu Blazy dissémine dans cet espace dédié à la présentation printemps/été 2025 de la maison Bottega Veneta de gigantesques poufs, créés par la maison Zanotta, dessinant les silhouettes ventripotentes d'une soixantaine d'animaux. Ces derniers tapissent l'endroit avec un charme déraisonnable, cassant cette atmosphère un peu trop policé et orgueilleuse de la mode. Contempler certaines rédactrices de mode, à l'allure bien trop souvent condescendante, et certains acheteurs, qui parfois se questionnent de leur présence, démystifie complètement leur prétendu Aura une fois qu'ils ont posé leur séant sur un pouf à tête d'ours ou d'écureuil. Pour cela, je remercie follement Matthieu Blazy pour cette géniale idée. Qu'en est-il de cette présentation pour le printemps/été 2025 ? Sera t elle dans la veine des ces doudous dodus ? Ana-Clara Falconi, jeune brésilienne, au carrée délié bouclé, présente un outfit classique en apparence. Si ce n'est que Matthieu Blazy s'attaque à déployer le concept original du pantalon/jupe. Jean-Paul Gaultier s'y était déjà risqué avec un certain succès. Mi-jupe, mi pantalon, cette uni-jambe s'enveloppe et se caparaçonne d'une jupe droite. Inventif mais acceptable seulement pour un effet podium. Ardue pour une pièce à porter au jour le jour. Les camaïeux de gris s'enchevêtrent mais se majorent de touches de couleurs par le biais d'accessoires bien choisis. On apprécie notamment l'idée du bouquet de fleurs, que l'on tient à la main, confectionné entièrement en cuir. Même son emballage se pare de la précieuse matière. De simples sacs de supermarché viennent se frotter aux besaces tressées en cuir d'une souplesse sans faille. Quand l'objet du quotidien vient côtoyer le savoir-faire d'exception. Les couleurs demeurent soignées avec des accents brique, mandarine ou bordeaux. L'amazone Anok Yai investit un trio vestimentaire totalement dans l'esprit "Color Block". Chemise ouverte tangerine, veste oversize sanguine et pantalon feu ardent. Un look impétueux qui ne laisse pas de marbre. Mathieu Blazy perdure dans ses propositions de costumes dit de travail, aux coupes affutées, rectilignes, avec toujours ce postulat de base : un néoclassique réitéré. Chez la femme, elle se traduit par une robe droite, en laine acier, sans chichi, comme sur Mayne Filipak. Le minimum pour un effet d'austérité garantie. Seule la broche grenouille véhicule cette gaieté sous controle. La jupe longiligne prend une confirmation pyramidale en sa base. Les hommes peuvent cumuler deux vestes coutumières mais dans des teintes et matières divergentes. Idem pour des gilets sans manches dont les longueurs s'immobilisent aux genoux. On fusionne néanmoins un joli lainage chiné avec un cuir grège pour auréoler et accumuler les effets de matière. Toujours la cravate nouée autour du cou pour dispenser cette panoplie du parfait gentleman. Les pantalons demeurent évasés, amples, un peu dans le style Eliott Ness. Un blouson beige se coiffe du fameux tressage en cuir Bottega Veneta en son col. Les emmanchures s'engouffrent dans un design méga boursoufflé. Un gilet en laine s'amuse d'un imprimé représentant une foule d'allumettes. Le pantalon tricoté prend l'allure d'un pyjama. On recouvre un travail contemporain sur les imprimés géométriques, en noir & blanc ou polychromes, un tantinet "pucciesque" sur les mannequins Sophia Makibdji et Shivaruby. Les plissées et les volants de quelques jupes dénotent d'une inspiration un tantinet gitane, voire sévillane. Natasha Poly fait son retour sur le podium avec cette chemise taupe, aux épaules extra larges, et une jupe asymétrique lie de vin. Toujours une ligne minimaliste. Un sac en cuir carbone se double d'un sac plastique, ornementé d'une effigie de lapin blanc. En duo, il peut s'accompagner d'un bouquet de fleurs. La femme Bottega n'hésite pas à faire quelques emplettes. Quand les sacs empruntent des teintes chamarrées, le vestiaire féminin ou masculin sera composé avec une simplicité déconcertante aussi bien au niveau des formes que des tonalités de couleur. Des pompons en cuir immaculés viennent tanguer aux encoignures de la jupe droite de Mariana Goncalves. Idem sur la version python, mandarine, de la jupe de Karolina Spakowski. La tenue en maille crochetée de Sun Mizrahi se colore d'un Tie & dye orange à la taille qui peps la tenue. La longiligne jupe d'Heija Li, aux volants bénitiers, prend la même carnation pour une intonation complètement Flamenco. Une coiffe surprenante, fabuleuse, composée d'un ensemble de lanières en cuir, se fait presque postiche à la Polnareff. En version bubble-gum, elle demeure presque burlesque. Le manteau/peignoir de Mary Ukech, vieux rose, pactise avec une multitude de brins et lanières en cuir. Une pièce divine. Le juvénile Li Cheng Yuan enfile un pantalon en denim chiffonné comme jamais avec un tee-shirt mastic, à l'effigie lapin, qui se froisse lui aussi comme après un séchage complètement raté. S'ensuit des chemises en popeline de coton et vestes à carreaux qui prennent la même configuration : fripées, fripées, fripées dans des tonalités dragées ou camaïeux de beige. Quelques damiers bucheron viennent effleurer une chemise cintrée, manches courtes, ou une surveste, toujours ajustée à la taille. Maria-Carla Boscono empoignera avec énergie cette robe joyeuse, aux rayures bayadères, qui calque parfaitement à son esprit fou-fou. Liu Wen restera, elle, dans une ambiance plus douce avec un camaïeu de jaune et d'ocre. Mathieu Blazy a œuvré pour une collection se voulant définitivement chic, de bon goût, presque de bon aloi. La démesure, on oublie. Un vestiaire qui désire être totalement décomplexé, décontracté. Une nonchalance se dégage de ces tenues. Une garde-robe que l'on ne remarque pas à fortiori. Mais, à posteriori. La fameuse tendance du Quiet Luxury. Toutefois, cette simplicité apparente permet de mettre en exergue des matières nobles, précieuses, rares seulement utilisées par la maison Bottega Veneta. Un luxe que l'on partage seulement dans un certain entre soi. Bon chic, bon genre. Ne sait que celui ou celle qui le portera ou faisant parti du clan exclusif de BV.
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Bottega Venetta

Printemps/Eté

2025

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Chanel Printemps/Eté 2025 par le studio Chanel
Après la rénovation de ce monument iconoclaste de la ville de Paris pour les Jeux Olympiques Paris 2024, le Grand-Palais rouvre enfin ses portes à la maison Chanel pour l'ensemble de ses présentations. Un lieu unique, idéal pour mettre en valeur les tweeds de la maison du 31, rue Cambon. Un emplacement spécial qui avait déjà côtoyé de nombreuses collections passées de Karl Lagerfeld, de même que celles de Virginie Viard, avant sa fermeture pour rénovation. Un endroit extraordinaire permettant l'élaboration de set-designs originaux, fantaisistes, souvent des plus impressionnants. Avec cette lumière étincelante engendrée par l'immensité de ces verrières centenaires. L'espace du Grand-Palais a été utilisé dans son ensemble, étirant un linéaire de chaises sur une centaine de mètre, consentant à chacun des invités à scruter avec précision l'ensemble des détails de cette collection printanière. Une gigantesque volière stylisée, opaline, trône en son centre, faisant office d'intersection entre les deux podiums adjacents. Les mannequins s'entrecroiseront sous ce chapiteau, référence à la fameuse campagne publicitaire "Coco" de Jean-Paul Goude, ou la jeune Vanessa Paradis incarnait le rôle d'un frêle canari se ballottant dans cette cage dorée. Alors, que nous réserve le nouveau cru Chanel piloté par l'équipe orpheline du studio. Peu de risques encourus en laissant l'ouverture du show au top Vittoria Ceretti, visage de la mode et de la beauté Chanel. Un deux pièces en tweed, col amplement béant, à l'intonation d'une marinière, permet d'entrapercevoir délicatement le nombril de cette belle italienne. Avec une jupe fendue sur le devant de la jambe. Aïe Aïe Aïe. Les sandales demeurent compensées avec cette allure très quarante. La chemise en mousseline vaporeuse se fait vareuse sur Loli Bahia. La veste en tweed prend des proportions trois-quarts. Beaucoup de blanc, de noir et de noir et blanc. Très Chanel en somme. Des plumes d'autruches amincies, flottant au vent, viennent encercler un col ou les ourlets d'une manche comme sur la veste de Selena Forrest. Quelques plumes savamment dosées gravitent sur les branches de solaire diffusant de faux air de danseuse du "Lac des cygnes" de Tchaïkovski. Les sequins cristallins illuminent un tweed neigeux comme sur le top américain Rebecca Leigh Longendyke. Une cape céleste, en mousseline crayeuse, se noue autour du cou de Binx Waxon. Les jupes se raccourcissent et laissent la part belle aux jolies jambes fuselées comme sur la juvénile Ella McCutcheon, nouvelle égérie maison. Idem pour les shorts qui peuvent se faire bermudas ou tout simplement rikikis. Des cols légers s'empilent les uns sur les autres comme les pages d'un roman audacieux. Les lignes restent, somme toute, traditionnelles mais s'additionnent de brefs détails détonants qui propulsent les silhouettes vers un néo-classique inspirant. Certaines silhouettes pourraient laisser à penser à des allures hivernales. Edie Campbell déambule sur le podium avec une simple combinaison aviateur immaculé, enlacé à la taille par une chaine dorée maintenue par une ramure recouverte de brillants. La veste et bermuda en cuir pétrole de Libby Bennett viennent d'un coup trancher avec toute cette blancheur ambiante. Les petites robes noires, un brin strict, col claudine ou vareuse, se fendent d'une double fente à la proue. Troublant. La mousseline est remise à l'honneur dans cette présentation avec un parti-pris pour des teintes pastel passant du vert d'eau au rose guimauve, du jeune mimosa au rose saumon. Des teintes fraiches qui ragaillardiront un été, espérons-le, chaleureux. La mousseline effleure juste une épaule en prenant l'apparence d'une cape ; ou enjolive l'ensemble d'une silhouette avec une jupe crayon et un body stretch Tie&Dye sur la néerlandaise Jill Kortleve. Quelques cardigans aux rayures inspirées de pulls marins diffusent une certaine indolence comme sur He Cong. Le tweed se tisse de lignes géométriques qui se colorent de rose bonbon, mandarine, vert pistache, mimosa. Il est souvent dévoilé en total look comme sur le deux pièces/pantalon vert sapin de Jeanne Cadieu. En ivoirin sur Natasha Poly. En carbone sur Giselle Norman. La maille, à l'effet macramé, fait son apparition sur l'ensemble bleu ciel de Penelope Ternes. Un look composé d'une mini, d'une veste déboutonnée manches trois quart et d'une brassière. Minimal. La robe rectiligne, aux genoux, rose bubble-gum, de Sihana Shalaj apparait complètement dans l'esprit de Coco Chanel. Complémenté d'un fugace boléro. Une ligne simple mais efficace. Un marcel en tweed multicolore, au décolleté profond, vient rehausser une ordinaire chemise laiteuse qu'Amélia Gray défend facétieusement. Un look décontracté mais cependant bien tenu. Le soir Chanel opte pour divergentes propositions comme la jupe crinoline, rigide, recouvrant la configuration d'une volière, dont les broderies s'inspirent des lignes architecturales de la tour Eiffel comme arborée par Felice Nova Noordhoff. Un imprimé plumes d'autruche aux tonalités colorées s'exposent joyeusement sur Alex Consani ou Karolina Spakowski. Cette reprographie singulière de la plume devient plus juvénile en usant du jeans, amplifiés par quelques micro-strass comme sur le look de Kim Schell. Puis, une dizaine de propositions en total look anthracite, couleur même de l'indéfinissable charme, mêlent mousseline, légèreté, volants, incrustation de duvets, sequins et perles de jais. Cependant, Lulu Tenney clôturera le show par un longiligne déshabillé en mousseline de soie blafard, presque virginale. L'ultime surprise est incarnée par Riley Keough, petite fille d'Elvis Presley, qui se manifeste discrètement, en reprenant l'une des chansons iconiques de Prince, "When doves cry". Riley contourne cette immense cage, y entre, pour venir s'asseoir sur cette balancelle éthérée telle que Vanessa Paradis avait pu le faire avant elle pour le lancement du parfum "Coco", au début des années 90. Une collection qui se veut transitoire en attendant la venue du nouveau directeur artistique. Un vestiaire charmant car permettant de mettre en valeur les fondamentaux même de la mode Chanel. Parfois, cette proposition mode peut paraitre lisse. Toutefois, cette collection printemps/été 2025 a l'audace de rafraichir la mémoire, de réajuster et réaffirmer ce qui définit les traits absolus de la maison Chanel : du tweed, des épaules maintenues, des chaines dorées, un tailleur droit, des escarpins bicolores, des twin-sets, des perles ou des nœuds. Ce qui finalement ne parait pas si mal. Bref, toute une série de codes identitaires iconiques qui devraient être rapidement redéfinit par le style très attendu de Matthieu Blazy.
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Chanel

Printemps/Eté

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Coperni Printemps/Eté 2025 par S. Meyer et A. Vaillant
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Printemps/Eté

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Courrèges Printemps/Eté 2025 par Nicolas Di Felice
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Dior Printemps/Eté 2025 par Maria Grazia Chiuri
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Louis Vuitton Printemps/Eté 2025 par Nicolas Ghesquière
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Printemps/Eté

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Loewe Printemps/Eté 2025 par Jonathan Anderson
Toujours circonscrit au sein de la cour intérieure du château de Vincennes, la présentation Loewe demeure l'un des rendez-vous inratable de la fashion-week parisienne. Une marque ultra désirée par les fanas de mode mais encore plus par les réseaux sociaux qui célèbrent et étalent les looks déjantés de son directeur artistique Jonathan W. Anderson. On savoure particulièrement son point de vue visionnaire et singulier. Un voyage cérébral qui nous convie perpétuellement dans des univers fantaisistes et surréalistes, avec cette mode pointue comme vecteur et langage de sa prolixe pensée. Jonathan W. Anderson ne propose pas uniquement des vêtements enchanteurs mais des idées novatrices pour enchanter la mode et le monde qui nous entoure. Ne jamais s'ennuyer demeure le mot clef. Il pousse ses fidèles, ses fanas de mode, à expérimenter l'anatomie singulière d'un vêtement ; à exprimer son être profond au travers de pièces spécifiques reflétant son soi intérieur du moment. Par conséquent, les bousculant dans leurs retranchements les plus intimes. Aussi, Jonathan W. Anderson aime révéler des artistes mineurs ou célébrer des artistes majeurs, comme au sein de cette collection. Mais aussi des mouvements artistiques insolites ou simplement classiques. Il ne cherche jamais la complaisance. Ses pièces, parfois, frisent le génie artistique ou bien frôlent le burlesque. Cependant toujours avec bienveillance. Comme la robe bustier Anthurium ou la camisole en plexi cristalline. Subséquemment, pour ce printemps/été 2025, la salle s'incarne dans un minimalise virginal. Seul un longiligne piquet en bronze surmonté d'une minuscule corneille trône au centre de la pièce tel un repère temporel. Une luminosité clinique accueille le premier look de la collection. Une robe aérienne, à l'imprimé florale, probablement en mousseline, dont la configuration se matérialise par une conformation totalement XVIIIème. La fameuse robe crinoline, volumineuse et à cerceaux. Toutefois, cette tournure textile désuète se stoppe aux genoux alors que la délicate mousseline poursuit sa route derechef, provoquant un flottement virevoltant à chaque pas. Comme la danse d'une méduse. Ca sautille, dansote, bondit et gigote. On décale ce look avec quelques chaussures bateau, baskets ou chaussures de boxes, pouvant bien faire l'affaire. Les mousselines se suivent mais ne se ressemblent pas. Seules des myriades de fleurs, diverses et variées, créent le trait d'union entre le trio des premiers looks. Quasi pèlerine, un blouson en cuir carbone convoite une forme pyramidale. Le pantalon chocolat se plisse et se replie à la hanche par l'intermédiaire d'une étiquette rectangulaire poinçonnée d'un Loewe dorée. Le travail de bâtit autour des fronces du pantalon demeure d'une indéfectible ingénierie textile. Comme un entrechoquement et collision d'ondes. Le top français, Loli Bahia, revêt cette transposition du blouson triangulaire, en cuir gris souris, complémentée d'un bermuda au camouflage militaire. L'analogue veste/cape, en simili-croco, de Karolin Wolter se teinte d'un profond brou de noix. Loewe excelle continuellement dans son savoir-faire et son traitement minutieux du cuir. Cela se perçoit dans chaque pièce qui demeure d'une souplesse sans faille. Et d'une solidité sans faute. Alix Bouthors, mannequin français incontournable des fashion weeks, s'harnache d'une robe baby-doll en sequins Majorelle, dont la mensuration mini-mini laisse naitre les prémices d'une crinoline. Un look étincelant. Ardent. La transposition mastic semble beaucoup moins coruscante. Chocolat pour Libby Bennett avec une allure au demeurant gourmande. Mandarine pour Diane Chiu. On pousse le vice de modeux en les agrémentant de bottillons de trekking ou pourquoi pas de derbys. Si la veste regagne une taille plus normée aux épaules, elle laisse, cependant, divaguer les manches aux poignets. Des tee-shirts thermocollés de plumes affichent une allure sportive avec l'effigie de motocross estampés "moto race" ; une note musicale avec le portrait d'Amadeus Wolfgang Mozart ou de Bach ; une touche picturale avec les reproductions du vase d'iris ou de tournesols de Van Gogh ou bien du "joueur à la flute" d'Edouard Manet. Idem pour un bermuda oversize reprographiant des motos trials. Un body filet s'harnache d'un croissement de filins de micro plumes créant un ensemble de losanges constants. Une sorte de résille ultra légère. Un trench anthracite, de facture commune, aux stigmates crocodile, se voit subdivisé d'un coup de scalpel sur le flanc gauche, dénudant ainsi le haut de la hanche. Sexy. Un second trench, celui de Penelope Ternes, se courbe en son revers par un système ingénieux s'achevant en trompette. Un effet cerceau. Jonathan W. Anderson a souhaité aussi intégrer cette forme pyramidale ou triangulaire à de nombreuses pièces de cette collection. Ce qui profile des visuels fascinants à la silhouette. Un design peu commun, rarement utilisé. Jusqu'à l'apparition d'une jupe beige se maintenant par elle-même dans ce format inédit. "Walk like an Egyptian" chantonnait The Bangles, groupe phare à la fin des années 80. Mica Argañaraz se voit affabuler d'une simple robe irisée trigone à la tonalité bleutée de petite sirène. Julia Nobis valorise une jupe neige recouverte de plumes immaculées. Quelques sacs bien sélectionnés éclosent au compte-goutte sur le podium dont le fameux puzzle, hit maison depuis plusieurs années. Le triangle et le cercle, formes découlant de la géométrie basique, seront finalement les deux axes architecturaux majeurs de l'ensemble du vestiaire Loewe pour cet été 2025. Additionnés d'une variété d'imprimés floraux flamboyants qui pourraient être assimilés à l'imagerie séculaire de la britannique Laura Ashley. On perçoit absolument cette leçon d'architecture textile qui se dissémine tout au long de cette présentation de prêt-à-porter. Captivant mais qui, néanmoins, interroge sur l'intérêt d'enfiler au quotidien de telles proportions déraisonnables.
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Loewe

Printemps/Eté

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Miu Miu Printemps/Eté 2025 par Miuccia Prada
 
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Miu Miu

Printemps/Eté

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Paco Rabanne Printemps/Eté 2025 par Julien Dossena
Pour le printemps/été 2025 de Rabanne, Julien Dossena a voulu présenter sa collection simplement. Dans un écrin sans chichi. Toujours au sein du Grand-Palais, il délaisse le podium pour une allée en béton lissé. Ce fera bien l'affaire, ma foi. Frontons immaculés, duo de podiums parallèles, un minimalisme revendiqué voire un tantinet brutalisme. Probablement un souhait pour provoquer cette spontanéité, cette sincérité, qui permet de révéler la personnalité de chacune des pièces. La présentation doit être focus sur son vestiaire Rabanne. Aux oubliettes les distractions latentes. Le méga top Gigi Hadid, nouveau visage du parfum One Million, apparait mains dans les poches, complètement décontractée. Plusieurs pièces vestimentaires s'empilent les unes sur les autres, dans des tonalités douces quasiment pastel : une parka aux minces rayures, une chemise bariolée, un tee-shirt "preppy" strié que l'on additionne d'un bermuda souple dont le tissu coïncide à la toile Denim. Une allure pouvant coller aussi bien à un surfeur ayant du caractère qu'à un financier relax. Ce look fera son come-back plusieurs fois dans des coloris et agencement légèrement divergent. Une veste beige, assez ample, parait aussi élancée que la mini robe argentée portée par Liu Wen. On perçoit rapidement cette envie impérieuse de mixer vêtements d'allure classique avec des pièces plus aiguës, à l'identité bien marquée. Les sacs, en cuir rivetés, se tapissent d'une surcouche en plexi indolent. Excellent pour les cuirasser face aux ravages d'une météo incertaine. Un imprimé végétal, à l'allure de tapisserie chic, s'agrippe prestement sur le blazer d'Angelina Kendall. On s'amuse à l'ordonner d'une chemise en popeline bleu Majorelle surplombée d'un tee-shirt aux lignes incarnadin et lavande. Nombreuses sont les tenues aux accents streetwear avec cette accumulation de hoodies, tee-shirts, parkas ou blousons. Julien Dossena a souhaité, me semble t-il, transmettre cette envie à la jeunesse actuelle de redécouvrir différemment ce que peut être la mode Rabanne. Une mode plus accessible en termes de lignes, formes et matières pour des pièces qui se veulent moins ardues à enfiler. Eventuellement, moins onéreuse à produire. Toutefois quelques pièces subsistent dans ce processus de création artistique intégrale. Stella Hanan enfile cette robe hybride dont l'imprimé kaléidoscope se métamorphose en bouquets fleuris, se démarquant vigoureusement par le biais d'un background carbone. La robe se couple d'un bustier, en cuir pétrole, au design de corset contemporain. Il désigne un adorable losange en son centre permettant la mise en valeur du nombril de la belle. On recouvre cet imprimé floral à travers d'autres collections Rabanne. Une itérative maison. Le pull, vert d'eau, de Chloé Oh se tricote en maille organique, à l'embrouillamini de cuirasse argentée, dont l'irisé discret s'accomplit par l'intermédiaire d'un simple fil argenté. On exalte. En version incolore, il se manifeste de manière douceâtre sur l'américaine Rebecca Leigh Longendyke. La mini-jupe en dentelle, se teinte elle aussi, de ce vélum plastifié argenté qui saisit complètement l'univers codifié de Monsieur Paco Rabanne. Les jupes courtes, en cotonnade sable, peuvent prendre aussi une forme bouffante telle une corolle inversée. Annemary Aderibigbe diffuse cette aura magnétique avec sa robe sans manches azurin à l'allure Poiret et aux aplats argentins divaguant. La flamboyance étincelle encore plus sur la française Seng Khan avec la version rose poudrée embellie et dominée d'aplats de feuilles dorées. Un effet rouleau de peinture. Julien Dossena aime se challenger en amalgamant des matières de densité différente telle que le métal et la mousseline. D'ailleurs, la robe de Dru Campbell valide ce travail minutieux en fusionnant un puzzle de triangles métalliques argentés sur le buste, bardés de micro-perles ovales, avec une mousseline transparente aérienne de tonalité aigue-marine. En simple bustier triangulaire, il magnifie l'allure de Mona Tougaard. Les bottes, à l'apparence de shar-peï, se parent de cette intonation argentine comme les escarpins acérées, presque aiguisées. D'autres se parent de housses en plexi afin d'être protégées d'éventuelles éclaboussures comme sur le top néerlandais Felice Nova Noordhoff. Le tee-shirt rectiligne, longiligne, à la tonalité pastel, se recouvre d'un voile cristallin incrusté de fines broderies en fils d'or représentant des artefacts de feux d'artifice que l'on peut contempler sur les silhouettes de la franco-japonaise Mika Schneider ou la chilienne Sara Caballero. Le tee-shirt complexe d'Apolline Rocco Fohrer, aux rayures bicolores marines, se blinde lui aussi de cette mousseline éthérée sertie de bouquets floraux. Il en résulte un amalgame de juvénilité et préciosité qui finalement s'enchevêtre convenablement. Julien Dossena poursuit inlassablement son travail assidu et méticuleux pour renouveler son propos sur les textiles en métal. Fondement identitaire maison, on ne peut imaginer une collection prêt-à-porter sans insérer cette spécificité incontournable. Le métal parait d'une fluidité extrême lorsqu'il englobe, telle une seconde peau, la silhouette de Heija Li. Une cuirasse de Wonder Woman à la fois au sens propre et figuré. Il peut être totalement figé sur une robe droite et courte, en billes de métal argentées et dorées, portée par Victoria Fawole. Avec des proportions carrément sixties. La pépite de la collection assiège la robe de métal de Libby Bennett enduite entièrement de pampilles d'or 24 carats. La quintessence du bling-bling. Une strate florale, en cuir argenté, traverse la robe sans manches de Rosalieke Fuchs. L'effet clouté peut venir honorer le simple tee-shirt de Julia Nobis, le col du smoking d'Alix Bouthors ou le bermuda de Loli Bahia. Julien Dossena parvient, avec une habilité déconcertante, à propager élégamment cet effet métal au sein du vestiaire Rabanne tout en demeurant innovant et créatif. En pampilles, en perles, sous forme cloutée, en aplat pictural tel un coup de pinceau, en fines broderies, sous forme de dentelle ou de cuir, en ourlet, il utilise de nombreuses manières et matières pour sublimer cet effet singulier. Une collection qui parvient à connecter avec aisance les notions de décontraction et relaxation avec une préciosité que l'on pourrait qualifier de "pas tape à l'œil".
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Paco Rabanne

Printemps/Eté

2025

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Prada Printemps/Eté 2025 par Miuccia Prada et Raf Simons
Comment aborder la thématique de l'héritage sans trébucher vers une redondance soporifique, tout en tentant de sublimer l'air du temps, le futur proche ? Une manœuvre compliquée et, avouons-le peu aisée, particulièrement au sein du business de la mode dont le fond de commerce s'instaure dans la parution récurrente de nouveautés. Un rythme effréné soulignant sans cesse l'obsolescence d'une mode de saison.Une interrogation primordiale dont le duo Miuccia Prada & Raf Simons tente d'apporter des réponses à travers cette proposition de mode pour cet été 2025. S'orienter vers une mode raisonnée et durable, tel sera le propos. Un écueil dont Miuccia Prada reste convaincu depuis plusieurs années déjà. Avec notamment la mise en place de nylon recyclé au sein de différentes vestiaires (Re-Nylon par exemple) ou bien avec la collection capsule de chemises Time-Capsule, en vente 24 heures, qui piochent dans des stocks de tissus demeurés inemployés. Une thématique raisonnée, devenue essentielle et non négociable dans nos sociétés industrialisées, particulièrement auprès des jeunes générations n'hésitant plus à se vêtir de vêtements de seconde-main. Une mode qui se veut moins onéreuse et plus vertueuse. Pour ce printemps/été 2025, la maison Prada a désiré ouvrir ses placards pour en extraire de nombreux looks iconiques. Ceux des années passées qui se sont mutés en des pièces incontournables. Comment intégrer d'anciennes pièces, toujours aussi plaisantes et admirables, dans le vestiaire de la fille d'aujourd'hui. Car on recouvre d'anciens codes identitaires maison tels que les rayures chocolat, ciel et blanc ; les escarpins compensées aux embouts en caoutchouc de l'automne/hiver 2012/2013 ; les broderies en perles géométriques ; la jupe en cuir percée de rivets ; les escarpins "origami" ainsi que l'ensemble des chaussures provenant de collections passées. Bref, comment remettre ces pièces textiles en circulation sans pour autant qu'elles n'apparaissent dépassées, démodées, voire vieillottes. C'est tout l'enjeu et le message subtil que tend, ici, de véhiculer la maison Prada à travers cette collection éclectique et inventive. Quand Noor Khan, nouvelle venue des podiums, déambule sur le podium serpentin, elle dégage cette illustre fraicheur que l'on aimerait dispenser en baguenaudant. Sa robe champêtre, apostrophant un tissu Liberty, orne cette mousseline aérienne. De délicats fils en métal, cachés subrepticement au sein de la robe, permet de faire tenir la pièce droitement telle une rigidité poétique. Une habile idée. Une robe, en cuir carbone, sans manches, se damasquinent d'anneaux argentés sur la totalité du look telle une cascade de piercings. La mini jupe en cuir miroir s'imprime d'un paysage de bords de mer, déjà vu lors de la collection printemps/été 2010 sur la robe de Lara Stone ou le manteau de Kasia Struss. Un pantalon fuchsia, extra slim, a un effet collant. Idem pour son polo de teinte caramel. Quelques leggings pour une silhouette plus athlétique. Un focus clinquant est cependant perpétré au travers des accessoires dit de tête. Bob/lunette, foulard noué sur le crane avec verres intégrés au niveau du regard, solaires surréaliste au format toile d'araignée. Bref, on en prend pleins la figure. On recouvre quelques looks analogues à la collection masculine printemps/été comme le pantalon, impression chevron, embelli d'un ceinturon châtaigne en décalcomanie. La chemise banquier se carne d'un rose dragée. Il sera ciel chez l'homme. Le col et manches intègrent ce fil de fer fantôme, permettant de générer des circonvolutions textiles, à sa guise. Des pièces sur lesquelles je conseille de jeter son dévolu. Idem pour le pull trompe l'œil vermillon, seconde peau, vu aussi chez l'homme. On l'additionne d'une oblongue jupe pyramidale, effet miroir, trouée de rivets démesurés. Un pur effet de style. Des vêtements qui semblent être un trait d'union entre les générations. L'idée d'une jeune fille qui, après avoir subrepticement considéré le dressing maternel, ambitionnerait d'en extraire quelques looks afin de les dépoussiérer et les remettre au gout du jour. A sa sauce finalement. Ainsi, une jupe plissée, plutôt classique, s'accroche d'un système d'anneaux qui, ensuite, se relie à une ceinture. La marinière de Julia Nobis se crible d'anicroches et de fils décousus au niveau des rayures immaculées comme corrodée par le temps. Pourquoi pas. Beaucoup de tonalités vigoureuses comme le vert gazon, violet, bleu azur, jaune mimosa, pourpre. Alix Bouthors dévale le podium en petite culotte, aux rayures bayadères multicolores, agrémentée de sandales issues de la collection printemps/été 2020. Une micro brassière vermillon, complémenté de deux poches au niveau de la poitrine, parait carrément malséante. Une autre, en velours vert émeraude, prend une configuration de soutien-gorge de pin-up des années 40. Le manteau absinthe, de maman, se cramponne d'un col en fausse fourrure en renard roux. Comme si cette jeune fille voulait chiner des vêtements de seconde-main dans le dressing maternel. Remettre au gout du jour d'anciennes pièces vintage pour qu'elles puissent devenir à nouveau désirables, attrayante et enchanteresse, c'est un peu l'idée de ce défilé. En les fusionnant avec quelques pièces novatrices maison. Redonner à la fois de la valeur ajoutée et de la personnalité à un look. Un trench, vieux rose, intègre le fameux fil de fer caché permettant de chiffonner le tissu à souhait. Il peut aussi emprunter l'imprimé panthère pour un effet plus voluptueux. Une robe entièrement en plumes carbone, à l'aspect de jets d'eau jaillissant, s'adjoint d'une parka technique mandarine. Un pull en cachemire, aux losanges "Burlington" bleu marine et gris souris, me remémore cette couverture du mensuel Harper's Bazaar Américain avec la comédienne Nicole Kidman. Une chemise lavallière lilas côtoie une chemise sans manches aux imprimés délicats de petites fleurs des champs. Une longiligne robe en sequins argentés, à la réminiscence du style Paco Rabanne, s'incruste de miroirs en diverses tailles complémentés de strass diamant. Les idées se bousculent dans un melting-pot tutti-frutti des plus joyeux. Prada nous appel cette saison à explorer quelques pistes captivantes mais on s'attardera préférablement sur celle du "reconditionnement" d'anciennes collections. Un acte vigoureusement politique. Pas de gâchis et un geste vertueux pour le bien-être de la planète. Parce qu'un vêtement non jeté ne viendra pas polluer un fleuve, un océan ou les décharges des pays du tiers-monde. Alors, réintégrer intelligemment dans nos vestiaires d'anciennes pièces vintage avec d'inédites doit être un acte fort du quotidien. Surtout un excellent moyen de restaurer de la personnalité à un vestiaire. N'est-ce pas ce qui compte finalement : avoir du caractère.
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Prada

Printemps/Eté

2025

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Sacai Printemps/Eté 2025 par Chitose Abe
 
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Sacai

Printemps/Eté

2025

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Saint-Laurent Printemps/Eté 2025 par Anthony Vacarello
La maison Saint-Laurent aime propager l'idée d'un certain mystère lors de ses présentations prêt-à-porter. Rien ne doit filtrer. Tout doit rester dans un suspens suspendu. Faire sentir à ses invités cette sensation ultime que l'on intègre un club ultra confidentiel. Faire partie de ces rares privilégiés à vivre l'expérience unique qu'est un show Saint-Laurent. La team Saint-Laurent désire absolument rester dans ce concept particulier d'exclusivité. L'un des Graals de la sphère Mode. Probablement, la quintessence d'un certain luxe à la française ou la femme parisienne demeure sublimée. Parfois déifiée. Parfois fantasmée. Pour le printemps/été 2025, Anthony Vacarello a engendré, une fois de plus, un set design de folie. Majestueux. Solennel. Imposant. Les mots me manquent. A la fois simple dans son architecture élégante et minimaliste, mais complexe et grandiose par un espace démesuré, hors norme. Un ovale immense, peint à la feuille d'or, trône et flotte au dessus des invités telle une couronne. Le sol se brosse d'un lapis-lazulis magnétisant. Un écrin dont le duo de tonalité pourrait être inspiré d'un bijou antique de l'Egypte des pharaons. Quand l'esprit vagabonde, l'imaginaire laisse place à de célestes rêveries. Un espace propice à la visualisation de cette collection. Toutes les maisons de prêt-à-porter n'ont pas ce don inné pour la mise en valeur d'un espace, ni les moyens financiers d'ailleurs. C'est le cas chez Saint-Laurent. La française Topsy a l'honneur immense d'ouvrir le show, toute de beige vêtue. Son blouson à la carrure de déménageur s'enfile par dessus un blazer croisé ton sur ton. Le pantalon ample, à la pliure parfaite, vient frôler délicatement le sol lapis-lazulis détrempé. La chemise blanche s'agrège d'une cravate au duo de stries sapin et carbone. Seuls quelques pansus bracelets dorés et talons aiguilles dégainent cette touche, dirons-nous, plus féminine. Un premier look réitérant les codes de la mode masculine classique. On dirait presque une réminiscence du vestiaire de Monsieur Yves Saint-Laurent. Toutefois, il me semble que le discours d'Anthony Vacarello va bien au-delà de la simple dichotomie vestimentaire homme/femme, avec cette notion fondamentale intégrant le précepte que tout type de vêtements peut être porté par tous ceux et celles qui le souhaiteront. Peu importe le genre. Le genre n'étant plus une revendication mais une approbation. Un concept très Saint-Laurent. Les coiffures se transcrivent par un bref chignon, retenu à la va vite au creux du cou, ou bien par un mulet stylisé et déstructuré. Une vision du cadre supérieur s'impose amplement sur l'ensemble des les premiers looks. Le blouson en cuir s'étoffe par cette superposition de veste et chemise. Il peut être graphite ou miel. Presque brute de décoffrage. Les couleurs s'échafaudent autour de beige, de carbone sur Apolline Rocco Fohrer ou Liu Wen, de gris sur Mica Argañaraz, chataigne, chocolat, prune sur Loli Bahia. Des tonalités de circonstance au sein des secteurs de la finance et du commerce. Les vestes demeurent entrelacées et se maintiennent seulement par l'ultime bouton. La cravate vient enserrer les cols pour insuffler ce sérieux impeccable des cols-blanc. Une cravate qui ne vole pas au vent. On ne dédaigne pas l'introduire subrepticement au niveau du ceinturon. Les lunettes de vue font partie intégrante du look. Mais pas n'importe lesquelles. Ceux de Mr Saint-Laurent lui-même. Elles peuvent être aussi solaires, demi-fumées, pour un regard voilé. Voir sans être vu. L'imperméable tombe, tombe, tombe comme une pluie interminable jusqu'à frôler ce sol bleu nuit. Les carrures paraissent un tantinet plus amples que les épaules, permettant de dessiner cette carrure d'haltérophile, de bodybuilder. Un long trench en cuir carbone semble d'une légèreté sans pareil puisque virevoltant aux pas de Tanya Churbanova. Un bombers olive vient se superposer à une veste croisée comme sur Ajah Angau Jok. Des clones stylisés qui auraient absolument contenté Monsieur Saint-Laurent. Puis, tout change d'un coup. On file d'une silhouette très masculine à une allure féminine exacerbée. Comme si la femme Saint-Laurent, en un claquement doigt, comme par magie, avait mutée dans cette féminité exclusive. Tel un numéro de Quick Change. On passe de couleurs sobres et modérés à un chatoiement de tonalités chamarrées. Une robe, dans un esprit bohème, s'intercale de motifs floraux délicats. Presque des motifs cachemire. Une seconde en mousseline éthérée investit un accent de sous-bois. Accompagné d'un blouson en cuir carbone, ce dernier permet de contrecarrer un look un peu trop "Da dame". Des colliers de perles en bois et pierres semi-précieuses, totalement dans l'esprit créatif de Loulou de la Falaise, viennent égayer cette tenue sombre de Fatou Kebbeh. Sur Sara Caballero, sa robe gitane s'amuse de minces rayures tennis dorées. Vibrance textile. La veste-peignoir, en soie, diffuse l'aspect d'un adorable déshabillé de soirée. Un effet lingerie chic. Il parait d'une élégance sans faille lorsqu'il est complémenté d'un pantalon cigarette tel le total look de Stella Hanan. Des couleurs vives, mais toujours monochrome, viennent dérider une chemise lavallière anis et mordorée de Sascha Rajasalu ou la mini-jupe vermillon aux plissés millefeuille d'Awar Odhiang. La dentelle demeure sublimée à travers un jeu de superpositions savamment ordonné, notamment sur la pimpante Penelope Ternes. Elle recouvre une chemise vermillon, col fontaine, complémentée d'une mini vert opaline dont un pull "skin-dress", col rond tabac, vient recouvrir l'ensemble du look d'une transparence plus que légère. Une seconde peau charnelle. Le jacquard damasquine des vestes à l'allure de boléro, leur promulguant des accents eighties. On les associe de chemises à collerette cheminée, toujours en dentelle, de couleurs turquoise, carmin, aubergine ou tabac. Les jupes demeurent rikiki. Elles troublent le regard par une superposition des rangées de plissés saccadés, rehaussées de terminaison en dentelle au résultat jarretelle. Finalement se présente l'iconique veste smoking, maintes fois interprétés par Mr Saint-Laurent, supportée par le top incontournable du moment, Bella Hadid. Qui aurait pu l'attendre dans ce rôle ? Anthony Vacarello aime œuvrer à la répétition, à la ritournelle jusqu'à n'en plus pouvoir. Jusqu'à plus soif. Répéter, récidiver, reproduire, rabâcher pour marteler un discours distinct, simple et concis. On adoptera aisément les propositions de deux pièces, sans aucune complexité. Un choix pragmatique et stratégique pour des basiques récurrents du vestiaire journalier. Simple d'utilisation, cet uniforme dessine toujours une silhouette impeccable. Toutefois, pour les moments plus festifs, on pourra se lâcher en lamé, jacquard et autre brillance de tout genre. Une présentation prêt-à-porter en dualité qui allie ce gout raisonné pour un style informel, presque passe-partout, avec une allure parfois un tantinet plus provocante mais tellement plus "powerfull".
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Saint-Laurent

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Schiaparelli Printemps/Eté 2025 par Daniel Roseberry
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Valentino Printemps/Eté 2025 par Alessandro Michele
 
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