Balenciaga
Automne/Hiver 2020/2021
par Demna Gvasalia
"Ne
confondez pas le sombre avec l'obscur. L'obscur accepte l'idée de bonheur
; le sombre accepte l'idée de grandeur.", écrivait Victor Hugo. Quand on
contemple soigneusement le set design de la présentation Balenciaga pour
l'automne/hiver 2020/2021, les mots ténébreux, sombre, terrifiant me viennent
à l'esprit. Un décor de désolation, peut-être de fin du monde ou d'enchainement
de catastrophes écologiques, imbibent ce lieu dévasté. De l'eau envahit
tout le sol. Le premier rang demeure totalement inondé et sous l'eau. Ce
déluge a submergé le monde qu'est en train d'imaginer Demna Gvasalia. Le
ciel numérique colporte des obsessions de prophéties épouvantables : orages,
pluies, tonnerres, flammes. La bande sonore (Violons et autres instruments
à cordes) amplifie ce préambule dramaturgique. La fin d'un monde n'est pas
si loin... la première silhouette portée par Lina
Zhang dessine une longiligne chasuble monacale. Telle une prêtresse,
elle ouvre le show avec un pardessus d'apparence minimaliste mais réellement
technique au niveau de la coupe, toujours au scalpel. Vénération avec ce
col cheminée en velours noir rasé. Les quatorze premiers looks demeurent
intégralement noirs et recouvrent la totalité du corps. Sauf le visage.
On perçoit une réelle envie de se protéger des éléments terrestres, ceux
qui les porteront. Trenchs longilignes, manteaux en nylon, chasuble col
cheminée rebordée de la mention Balenciaga. Comme un sigle d'appartenance
mystique. Il y a toujours des signes d'appartenance. Demna Gvasalia réinvente
le logo Balenciaga en lui ôtant les voyelles pour n'en restituer qu'un "BLNCG".
L'idée avait déjà été exécutée par la maison Valentino en créant le fameux
logo "VLTN". Un imper/chemise vermillon, en nylon, frôle le sol. Il semblerait
presque une chasuble réalisée pour un cardinal. Un style luthérien. Une
chemise rose fuchsia déstructurée s'habille de délicats pois noirs. Un manteau
peut se porter à l'envers. Un pull deuxième peau s'anicroche de milliers
d'épingles à nourrice créant un effet de fine dentelle d'acier. Porté avec
des bottes en cuir mat, à l'allure de pécheur. Une veste se garnit de milliers
de cônes piquants. Référence animale ou à un mystérieux virus. Qui sait
? Une veste et un manteau fausse-fourrure nounours. Beaucoup de noir, de
noir et de noir. Une tonalité pratique au quotidien. Des lentilles de contact
rouge sang habillent certains regards, dramatisant encore plus cette présentation.
Une robe plus classique, en soie peut-être, s'imprime de bouquets de mimosas.
Un rayon de soleil. La robe matelassée "Robe de chambre" se recouvre d'exquises
violettes ou se teinte de couleur "Chamallow" agrémentée de légers bouquets
de Roses "Bumblegum". Peut-être une toilette idéale pour cocooner. Des pétales
de fleurs rebrodées, à l'allure de coquelicots, investissent la totalité
d'une robe cintrée. Cela jusqu'aux gants. L'idée Couture de Cristobal Balenciaga
par Demna Gvasalia. Des looks "Motard" peuvent selon les couleurs choisies
ressembler à des uniformes de "Storm Trooper", dans la trilogie Star-Wars.
Un short de foot bleu électrique ou rouge vif se prolonge par un jogging.
Des maillots de foot génèrent l'idée d'une future équipe sportive au couleur
Balenciaga. On demeure toujours dans des lignes très strictes ou complètement
décontractées, Street Wear. Une doudoune Over size sur des bottes mousquetaires.
Quelques épaulettes aux toitures de temples chinois font leur petit effet
Podium. Pour s'amuser, on se réorientera vers des outfits plus galbés avec
des couleurs chatoyantes mais toujours unicolores : Bleu électrique, paillettes
argentées ou Anthracite, Rouge vif. Pour les garçons, c'est Idem. Mais dans
des looks totalement secondes peaux. Tels des coureurs de Marathons. Il
faut être super, super bien foutu pour oser s'y faufiler. Nombreuses sont
les tailles over size, notamment avec cette exagération à partir des épaules.
Carrées et tombantes. Effaçant toute forme du corps. Toutefois, cette extrapolation
apparaît comme une marque de fabrique maison car redondant au sein des diverses
collections de Demna Gvasalia.
YG
Balenciaga
Automne/Hiver
2020/2021
YG
YG
Chanel
Automne/Hiver 2020/2021
par Virginie Viard
Un
décor d'une blancheur immaculé attend les invités du show Chanel Automne/Hiver
2020/2021. Un set design recouvrant l'esprit de strates géologiques que
l'on peut observer, notamment, sur les maquettes 3D, représentant les lignes
d'altitude des reliefs montagneux. Élémentaire mais basique. On discerne,
depuis le funeste départ de Monsieur Lagerfeld, un dépouillement drastique
des mises en scène des défilés. Une manière, peut-être, de mettre en valeur
plus distinctement la richesse des vêtements Maison. De focaliser l'œil
sur chaque pièce et non plus sur un décor majestueux pouvant masquer les
looks. Ainsi, ces strates géologiques se convertissent en gradins épurés
permettant d'accueillir les invités du jour, toujours plus nombreux et excités
de découvrir la collection Prêt-à-porter de Virginie Viard. Aussi, peut-on
le noter, Chanel sera l'un des derniers défilés à accueillir autant de monde
car la Crise du Covid-19, sous-jacente, viendra mettre un terme définitif
au rassemblement de centaine de personne dans un espace aussi restreint.
Néanmoins, profitons de ce dernier souffle de liberté pour découvrir une
collection résolument vive et pétillante. Les deux visages maison actuels
ouvrent la danse avec empressement. Le trois-pièces vert amande de Rianne
Van Rompaey s'accouple merveilleusement avec le complet Anthracite,
type "Gaucho", que porte Vittoria
Ceretti. Les bottes, en cuir souple sombre, se retournent sur
elles-mêmes pour exhiber une jolie tonalité Tabac. Il y a de la mini-cuissarde
à la sauce "mousquetaire" dans l'air. Mais, attention, ces dernières ne
se rehausseront pas au dessus du genou. On perçoit deux grosses tendances.
La première s'incarne par de nombreux basiques se revêtissant du noir et
blanc. Tout Blanc. Tout Noir. Ou blanc et noir. Bref, on cible la majorité
de la clientèle. C'est primaire mais pas rudimentaire. Ils symbolisent,
inconsciemment, cette mode qui se veut durable, constante, continue et qui
se prolongera certainement plus d'une seule saison dans les gardes robes
internationales. Un style pour tout temps et fondamentalement pour longtemps.
Puis, une deuxième tendance, celle de l'air du temps, incarnant le style
hivernal 2020/2021 avec ce jeu de tonalités bien formulées telles que le
fuchsia ou l'absinthe, s'accouplant avec à des textures savamment choisies
comme le Mohair ou le Tweed brodé et perlé de sequins. Les bijoux aux cabochons
de pierres précieuses habillent un bracelet ou une ceinture à la fameuse
chaine dorée. Un pull en cachemire recouvre une croix géante baroque me
remémorant le look de la première couverture du Vogue américain d'Anna Wintour.
Ce dernier s'agrippe d'un Pantalon "Gaucho", en cuir souple étincelant,
s'ouvrant par un jeu de boutons dorés sur toute la longueur des jambes ;
comme sur le top français Othilia
Simon. Une veste matelassée ébène recouvre l'idée du matelassage
du dernier Sac maison "Star". Les manteaux frôlent le sol avec gravité.
Le froid ne circulera pas. Les imprimés demeurent discrets et moins voyants
que les saisons passées. Le look le plus cool s'incarne par un délicat haut,
blanc cassé, maintenu par deux rubans en "gros grain", combiné par une jupe
ténébreuse aux milles franges plexi, ouverte latéralement. Le tout ennobli
de nombreux colliers de chaines dorées. Un excellent compromis pour un style
Chanel "Sexy-Classy". Un point innovant germe dans la manière de dévoiler
le défilé. Les filles peuvent se la jouer solo, duo ou trio. Des interactions
intéressantes car les filles échangent et sourient sur le podium. Cela fait
du bien. Quelques couvre-chefs "Bombes équestres" étayent certains looks.
Un rappel de circonstance pour ne pas omettre l'une des inspirations de
la collection, l'univers équin. Au cas où on ne l'aurait pas saisi. Si on
souhaite sortir le grand jeu, on peut opter pour une robe sombre, aux manches
"Ballon de rugby". Celles-ci peuvent s'enorgueillir de fines plumes d'autruches
ou recouvrir l'apparence de demi-lune comme sur la robe longiligne et charbonneuse
de Luna Bilj. Ça en jette. Avec une garantie de transformer l'essai. Une
présentation qui se veut bienveillante et plaisante. Pas de chichi ni de
fanfreluches. Seuls les basiques maisons comptent.
YG
Chanel
Automne/Hiver
2020/2021
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Céline
Automne/Hiver 2020/2021
par Hedi Slimane
Pour
l'Automne/Hiver 2020/2021 chez Céline, Hedi Slimane revisite le vestiaire
d'une femme et d'un homme classique. Aussi, il serait souhaitable de le
reformuler en le qualifiant de Néo-Classique. L'idée étant de retourner
à la source Maison et d'en restaurer son identité originelle afin de la
sublimer sous la main aiguisée de Monsieur Slimane. Il en ressort un quatre-quarts
stylisé, mêlant un grain de bourgeoisie, un soupçon de bohème, une once
de dandysme et un air rock. N'extrayant que la substantifique moelle afin
d'en générer une recette idyllique pour un hiver sublimé. Néo-classique
ne voulant pas signifier "simple et sans saveur". Les lignes des vêtements
demeurent sommaires, pouvant plaire au plus grand nombre, avec un goût prononcé,
à la fois, pour un minimalisme affiché mais, aussi, pour de délicieux et
exquis détails, d'une richesse inégalable. Des tissus extravagants se parent
de fils dorés, de paillettes et de perles rebrodées, prodiguant à celle
qui la portera des airs de monarques "méga-riche". Toutes les petites robes,
légères à souhait, de même configuration, peuvent s'inscrire dans une tonalité
unicolore, se parer d'imprimés reptile ou à pois, ou entièrement rebrodées
de sequins cuivré. Il y a diverses options pour une même robe. Les chemisiers,
aux rayures bleu-layette ou à la tonalité unicolore, se rehaussent de jabots.
Les jupes-culottes se parent de velours, de laine pied-de-poule ou de simples
carreaux beige. Les pantalons, de velours ras, peuvent se colorer de tabac,
bleu nuit ou noir profond. Les manteaux, aux allures de cabans, se colorent
de moutarde ou de charbon. De longues capes en laine, aux motifs carreaux,
emmitoufleront parfaitement le corps pour un hiver rigoureux. La ligne masculine
fournit de longs manteaux laineux, aux boutons dorés ; des trenchs ; des
pantalons en velours, en jeans ou en cuir sombre ; des chemises lavallières
; des vestes ; des smokings en velours ; des cabans ; des blousons en cuir.
Un blouson en velours, rouge écarlate, se rebrodent de motifs floraux, riche
en sequins dorés. Royal. Une quintessence du luxe impérial. Des longilignes
foulards en soie, aux motifs soixante-dix, s'enroulent simplement autour
du cou. Avec couvre chef, s'il vous plait. On demeure dans des tonalités
classiques allant du bleu marine, anthracite, ivoire, Camel. Jamais rien
de très voyant. Sauf pour les tenues de Gala, un peu plus éclatantes. Certaines
silhouettes me remémorent l'un de mes dessin-animés d'enfance : "Lady Oscar".
Une fille de bonne famille qui osait s'habiller en garçon. Parfois, il y
a de cela dans cette mode dévoilée par Hedi Slimane. Comme s'il y avait
une part de féminité totalement acceptée par celui qui la porte. Une androgynie
totalement assumée. Voire revendiquée. Toutes les propositions stylistiques
édictées par Hedi Slimane pour cet hiver 2020/2021 demeurent portables et
ultra désirables. On hume, cependant, un air de "je suis fortuné mais je
ne souhaite pas le montrer". On s'écarte des silhouettes "ultra-fitées"
pour reconquérir une certaine liberté de mouvements. La collection demeure
précieuse, opulente, ou de nombreuses pièces peuvent être interchangeables
entre la gente masculine et féminine. On érafle les genres pour en sublimer
un type de corps. Mais, pas tous les corps. Là serait le petit Hic.
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Céline
Automne/Hiver
2020/2021
YG
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Dior
Automne/Hiver 2020/2021
par Maria Grazia Chiuri
Le
podium chez Dior demeure, cette saison, une arène ou les femmes prennent
de l'assurance et de l'aplomb. Elles en possèdent depuis la nuit des temps.
Nonobstant, on l'affirme à nouveau sur le podium. Une tribune délivrant
leurs idéaux et revendications ; Un manifeste permettant de se dresser face
aux injustices et discriminations faites à leur encontre. Pro-Active, Maria
Grazia Chiuri, chaque saison, met en valeur le combat d'une femme et en
expose son engagement. Les tee-shirts immaculés "I say I" font référence
à l'activiste italienne Carla Lonzi, fondatrice dans les années soixante-dix
du collectif féministe Rivolta Femminile. Elle défendra, notamment, le droit
des femmes à l'avortement en Italie (légalisé en 1978). On n'hésite pas
à formuler les maux tels qu'ils sont ressentis, notamment face à un univers
régenté par la gente masculine. Toutefois, nous ne sommes pas dans un schéma
ou les femmes demeurent contre les hommes. Mais, au côté des hommes. On
perçoit cette exaltation, cet engagement palpable au travers d'une série
de phrases et brides de mots, qui dévale de la voûte du défilé Dior Automne/Hiver
2020/2021. Des néons lumineux, aux couleurs arc-en-ciel, scandent de simples
phrases comme "When Women strike the world stops", "Women's love is unpaid
Labour", "Consent". Merci Claire Fontaine, artiste de cette lumineuse performance.
Le podium, bardé de feuilles de journaux, recouvre, lui aussi, une image
symbolique. En marchant sur des écrits journalistiques, on insuffle l'idée
qu'il ne faut plus appréhender de s'exprimer. En dénonçant, au travers différents
supports médiatiques, d'immondes scandales liés au sexisme (Ici, l'affaire
"Weinstein" et sa vague MeToo), on peut sortir d'un raz-de-marée vainqueur
et triomphant. Que l'on peut anéantir un système oppressif et oppressant.
Satisfaction. La mode pour cet Automne/Hiver 2020/2021 débute par des looks
classiques et sombres. Ruth Bell ouvre à nouveau le show avec cette fameuse
veste Bar, inventé par Christian Dior. En velours côtelé, elle redessine
une silhouette plutôt rustique. Si l'on souhaite scander et manifester,
il est préférable de se prémunir d'un vestiaire adéquat et bucolique. Du
noir, bien sur. Mais pas que. Les tartans et les carreaux disposent d'une
place importante. Voire prédominante. Notamment au travers de longilignes
manteaux aux tonalités bleu turquoise, gris souris, charbon ou café au lait.
Pas mal de pulls aux losanges, réminiscence des fameuses chaussettes "Burlington".
English School Girl. Il y a comme une atmosphère post soixante-huitarde.
Une insouciance. Bohème avec les foulards noués dans les cheveux ou éventuellement
"bikeuses", prêtes à affronter le bitume. Un pull noir, aux configurations
abstraites, s'enfile sur une jupe crayon aux pavements vermillon, anthracite
et laiteux. Avec la boucle de ceinture mordorée CD. Attention, on tient
à véhiculer un certain chic et afficher son affection pour la maison Dior.
Le look écolière traverse le podium avec une minijupe, un pull en laine
angora, aux géométries abstraites et variables, dont le col chemise immaculé
demeure fermé jusqu'au cou. Impeccable. Un jeans Ciel, au design un tantinet
Flare, traverse le podium. Des tailleurs pantalons, aux coupes soignées
et traditionnelles, investissent de jolis lainages acier ou neigeux. Intemporalité.
Des babys, godillots ou bottes de motardes. C'est selon l'envie. Le soir,
de longues robes se parent de milliers de fils qui bougent en tous sens.
Mouvement stylistique et mouvement féministe vont de pair. C'est bien connu.
A contrario les paillettes, dentelles et broderies pourront enjoliver une
longue robe qui dans les lumières de la nuit, brillera à merveille. On recouvre
une certaine cohérence avec les précédentes collections. Une mode cool et
libre. Peu d'extravagance. Beaucoup d'extras.
YG
Dior
Automne/Hiver
2020/2021
YG
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Dries
Van Noten Automne/Hiver 2020/2021
Dries
van Noten pourrait être qualifié, en tout humilité, comme un poète des imprimés
textiles. Il manie avec une dextérité imparable les patchworks d'imprimés
issus de Dame Nature, en utilisant toute la palette "Pantone", pour en générer
des collages improbables ; Quelle merveille, à chaque fois. Un véritable
magicien des harmonies "colorielles". J'avais vraiment envie de dialoguer
autour de cette présentation Automne/Hiver 2020/2021 parce qu'il en ressort
une charge émotionnelle exceptionnelle. On est au-delà de la mode. On est
dans la vie car on s'y projette. Une émotion similaire mais divergente de
la saison passée ou Dries Van Noten avait fait appel à son ami couturier,
Christian Lacroix, pour faire jaillir une collection féerique, à quarte
mains. Un moment inoubliable. Mais, surtout des leçons de partage et de
gratitude. Cette fois, on perçoit encore cette irrésistible envie de vivre,
de sortir, de se rendre visite, de s'amuser parce que sa proposition mode
coïncide parfaitement avec cette appétence d'allégresse et de jubilation.
Les make-up looks coïncident précisément à la patte du magicien des pinceaux,
Serge Lutens, dans les années 80. Fine bouche ourlée de rouge. Teint blafard.
Yeux ornés de violine, citron ou carmin… Un désir de changer de tête. Mais,
toujours en amalgamant des couleurs vives et subtiles. Un perfecto Over-Size
composé d'un tartan Rocaille ; un énorme chandail chiné moutarde ; une jupe
carmin, rebrodée de milliers de délicates plumes couleur sang. C'est en
cela qu'excelle monsieur Dries Van Noten. Au travers de mélanges et fusions
discutables qui, au final, rendent celle qui choisira ses vêtements, unique
et "Arty". Aujourd'hui, il est rare de croiser une femme risquant de s'approprier
les codes stylistiques de Dries Van Noten. On ne voit que du noir, du gris
et du bleu marine. Pourtant, quelle gratification de s'enrouler dans des
vêtements joyeux et contestables. Par exemple, un long manteau, de couleur
mousse, s'enfile sur un sweater à capuche, au tartan citron, rehaussé d'un
pantalon, panne de velours, aux feuilles de palmiers démesurés, surmontées
de fleurs délicates fuchsia, pamplemousse et grenat. Sans oublier les boots
compensés Python. Un autre manteau entièrement recouvert de petites plumes
rose framboise s'accompagne d'un pantalon Jogging, au tartan jaune poussin.
Et ça fonctionne. Une robe chair, col cheminé et manches "ballon", uniquement
aux poignets, s'habille de milliers de pampilles vertes fluorescents, alignées
de manières géométriques. Les jeux de textures s'entrechoquent. Notamment,
avec ce perfecto en cuir lustré anthracite, agrémenté d'un body second peau,
au motif de papier peint floraux sixties, noué à la taille par une surchemise
en laine tartan bleu outremer. On achève le look par une jupe rebrodée de
fils dorés calquant des ailes d'oiseaux s'entrechoquant. Le tout avec les
fameuses bottes Python. L'esprit de Dries Van Noten réside totalement en
ce look. Il fusionne l'improbable pour en créer le look insolite "ment"
gracieux. Une combinaison bleue Jean s'exécute autour d'un velours côtelé
aux fleurs exotiques alcalescentes. Celles-ci sont partout. Elles demeurent
colorées, chamarrées, psychédéliques voire unicolores ; elles s'expriment
psychédéliquement sur une chemise aérienne à la tonalité mandarine, étayée
d'un pantalon moirée lie-de-vin. Un pull, tout doux, récupère le graphisme
d'une fleur stylisée à la Warhol. Les couleurs unies sont franches comme
le Grenat ou le Corail, soufflant une certaine légèreté aux tenues plus
bigarrées. Une veste, en velours émeraude, se marie parfaitement avec une
jupe aux plumes Rubis. Une robe de cocktail, "Châle", pourra être parfaite
lors d'une soirée de fin d'année. Comme sur Mona
Tougaard.
Un manteau Anthracite, rebrodé de perles ambrées et dorées prennent la forme
de circonvolution géométrique. Tels des tourbillons. Incroyable travail
de broderie. Une robe de chambre, en velours ébène, se fait plus sobre si
l'on ne dévoile pas sa doublure de couleur Mer caribéenne. Comme lui expliquait
Christian Lacroix, avec qui il a collaboré lors de sa collection Printemps/Eté
2020, "si tu en mets trop, n'hésite pas à en rajouter". Une maxime qui a
toujours été le fond de commerce de Dries Van Noten. Appliquée avec une
certaine distinction et finesse. Une collection précieuse, riche, opulente
ou certains modèles paraissent presque Haute-Couture, avec des tissus Jacquards
dorés, d'une finesse extrême, des broderies, des sequins et des pièces totalement
bardées de plumes fugaces. Avec des touches Années Trente et Sixties. Une
collection à absolument contempler, dévoilant, une fois de plus, le génie
de ce créateur belge qui sublime et exhale la féminité. La femme qui s'habillera
cet hiver chez Dries van Noten mythifiera sa silhouette.
YG
Dries Van Noten
Automne/Hiver
2020/2021
YG
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Louis
Vuitton Automne/Hiver 2020/2021
par Nicolas Ghésquière
Pour
l'ultime journée de la Fashion Week parisienne, Louis Vuitton clôt cette
semaine par un show d'une féerie digne des plus grandes scènes de la capitale.
Un véritable feu d'artifice que nos pupilles ne pourront plus stopper de
mirer pendant quinze minutes, montre en main. Un décor monumental et majestueux
; qui en jette. Une chorale, composée de plus de 300 personnages, vêtue
de costumes de différentes époques, chante sous la houlette d'un véritable
chef d'orchestre. On allie représentation musicale de haute volée, dignes
des meilleurs productions des Opéras Garnier et Bastille, avec un défilé
qui ne pourra être, irrévocablement, magistral. Tout ne peut qu'être irréprochable.
On est émerveillé et suffoqué, dès le levé du rideau, par ce chœur traversant
des siècles et des siècles. Un tableau mirifique, hypnotisant. Ce décor
gigantesque, animé par cette arène de personnages, les plus incroyables
les uns que les autres, a été imaginé par l'équipe Vuitton, sous l'égide
du visionnaire Nicolas Ghésquière. Alors dès que le premier modèle foule
ce long parquet sombre, on appréhende immédiatement que le patchwork temporel
sera le fil conducteur de cette présentation. On souhaite cette bousculade
des genres vestimentaires. Quand le XVème, XVIème, XVIIème, XVIIIème, XIXème,
XXème se confrontent, se comparent et finalement se lient merveilleusement
au XXIème siècle. Des Blousons K-Way multicolores, à la réminiscence des
sports d'Hivers des années 80, s'enfilent sur une jupe aux froufrous et
volants s'envolant. On y entrevoit certaines formes de la collection Balenciaga
Printemps/Eté 2006. Ces dernières, aux configurations pyramidales, préfigurent
inconsciemment cet espace de délimitation qu'il est préconisé entre deux
individus pour cette crise du Covid-19. Les parkas et manteaux s'édifient
autour de patchworks de tissus techniques que Nicolas Ghésquière affectionne
tant. Les couleurs usitées nous renvoient dans une palette graphique digne
des années 80. Les proportions ne sont pas les mêmes entre haut et bas du
corps : les coupes épousent parfaitement le buste mais, en dessous, la ligne
s'évase et se gonfle. Le top sans manches de Signe
Veiteberg, aux lignes strictes de losanges écarlates, tranche
avec une jupe "tutu", rebondissant en tous sens comme un ressort. De couleur
"Nude", celle-ci peut se parachever par une large bande textile, de couleur
Pétrole, Kaki, Argenté ou Dorée. Ca trésaille, ca sursaute, ça frisonne,
ça vie. Une allure me renvoyant au look iconique de Madonna dans le Vidéo
Clip "Like Virgin". La robe, construite de la même sorte, couleur chair,
cabriole de tous cotés. Le pantalon peut s'ériger à partir d'une simple
mousseline et se s'enfilera sous ce "tutu" bondissant à tout va. Les diverses
formes géométriques, souvent tricolores, apposées sur divers "outfits",
me font penser aux vêtements caractéristiques de motards. Le tailleur-pantalon
classique, aux rayures tennis, s'imposera carrément pour un emploi au quotidien.
Quelques looks masculins pour celles qui souhaiteront un tailoring exécuté
à la perfection, dans des matières inédites et exclusives Vuitton. Du cuir
souple, de la couleur vive, du nylon pour un bomber bleu ciel ; de longs
manteaux, en cuir monochrome, se bordent de lés de moutons frisottés ; Quelques
imprimés, aux réminiscences de peaux de pythons ou zèbres, pour épicer des
jupes ou robes pailletées. Le travail sur le jacquard, aux fils argentés
et dorées, prennent la forme abstraite de nuages japonisants, et demeurent
d'une étonnante beauté. Vraiment remarquable. J'adore ce mélange de pièces
précieuses avec des pièces plus basiques. Une combinaison aviateur en lainage
immaculée ou bien en nylon, agrémentée de nombreux zips, semblent parfaite
pour un moment cocooning maison. Sans omettre d'enfiler les bottes, aux
allures de "MoonBoots" épurées. Chaque mannequin tient son sac, besace,
cartable, cabas ou vanity. Les fans se régaleront des diverses propositions
faites par l'équipe Accessoires. Définitivement, on flashe sur le boléro
de Mariam
de Vinzelle, empoigné d'un pantalon cigarette gris acier
rehaussé de touches de lapis-lazulis. Ce dernier apparait comme un clin
d'œil au design des pantalons de la collection Balenciaga de l'Automne/Hiver
2008/2009. Les deux derniers Boléros, en noir et blanc pour celui de Masha
Skokova et Emeraude pour Klara Kristin, apparaissent tels de véritable pièce
de Haute-Couture. Rien à dire. Une garde-robe hivernale 2020/2021 qui demeure
riche en propositions vestimentaires. Il ne manque rien. Toutefois, on souhaite
vivement que cette collection audacieuse exaucera les désirs intimes de
la clientèle fortunée, aficionados de la marque. Une collection originale,
inventive, ingénieuse mais parfois, un peu trop avant-gardiste à mon goût.
Néanmoins, cet état d'esprit innovant, appartenant à Nicolas Ghésquière,
en fait l'un des premiers prescripteurs en son domaine. Alors, je ne peux
dire que Bravo.
YG
Louis
Vuitton
Automne/Hiver
2020/2021
YG
YG
Miu
Miu Automne/Hiver 2020/2021
par Miuccia Prada
Miu
Miu apparaît comme l'un des derniers défilés du calendrier de la Fashion-Week
parisienne. Un défilé toujours très attendu car validé et désigné sous l'égide
d'une des papesses de la Mode, Madame Miuccia Prada. Pour l'Automne/Hiver
2020/2021, Miu Miu entreprend sa présentation par de très longues robes,
près du corps, en soie chiffonnée de tonalité Camel, Vert Gazon, Jaune Lemon,
rose poudrée ou Gris Alu. C'est minimaliste dans la forme mais excentrique
parfois dans le choix des tonalités. J'adhère intégralement. C'est un peu
criard pour certains. Et, pas assez vibrant pour d'autres. Nonobstant, certaines
pièces vestimentaires demeurent réalisées pour être vue. On souhaite être
contemplé. Surtout dans le petit milieu de la mode. Ouste les classiques
ennuyants qui ressortent chaque saison. Toutefois, de longilignes manteaux
en feutrine de laine, de couleurs moutarde, cacao, tabac ou gris souris,
peuvent les recouvrir afin d'en atténuer les tonalités exubérantes. Pragmatique
étant, on peut concevoir que ces derniers apparaissent comme un excellent
rempart contre les éléments déferlants. Les chaussures, compensées, remémorent
celles de la collection Prada de l'Automne/Hiver 2012/2013. Quand celles-ci
ne se recouvrent pas de peaux de moutons frisées écarlate, elles peuvent
être amusantes pour une soirée entre copines. A contrario, quelques boots,
type rangers, se teintent de vermillon avec des pics de métal argenté. Agressive
attitude. Bye Bye la Girly attitude. Des manteaux et cabans, au design traditionnel,
se recouvrent de lès de fausse fourrure aux couleurs naturelles. D'autres
pièces recouvrent, en totalité, cette fausse fourrure. Nonobstant, avec
un effet garanti d'ours polaire ou d'ours brun. Enfance quand tu nous tiens.
Des robes et jupes, en mousseline légère et cristalline, se bardent, de-ci
delà, de cabochons "diamants", de formes variées. Ca brille. C'est bling-bling.
Un effet givré que j'approuve intensément. On retrouve cette disposition
de broderies, en croisillon Joaillère, sur quelques pulls en cachemire.
Précieusement cocasse. Quelques bodys, à l'inspiration marine, orientent
notre regard vers des cuisses qui ne pourront être que fuselées. Euh ? Mais
quand ? Des robes, en taffetas de soie, inspiration eighties, se la jouent
ballonnées, gonflées, boursouflées. Il y a du volume pour un effet de distanciation
assurée. Des tartans, aux couleurs chocolat, s'invitent sur des cardigans
cintrés et des robes élancées. Une allure remémorant certains looks de charmantes
dames de Westerns hollywoodiens. Toutefois, le tartan se décline dans différents
agencements de tonalités. Comme sait si bien le faire Vivienne Westwood.
Quelques robes de "bals de débutantes" égayent le podium par leurs couleurs
de guimauves coruscantes : rose poupon, jaune layette, mauve, melon. Toujours
ennoblis de broderies chatoyantes de perles ou de strass Diamants.
YG
Miu Miu
Automne/Hiver
2020/2021
YG
YG
Prada
Automne/Hiver 2020/2021
par Miuccia Prada
C'est
un décor à la fois étrange, contemporain, intriguant et hypnotisant qui
accueille les invités de la présentation Prada Automne/Hiver 2020/2021.
Telle une tribune de stade, les spectateurs perchés sur des gradins, peuvent
discerner deux cours jumelles, scindées par des patios de couleur vermeil.
Cette double arène, aux proportions équilibrée, demeure étayée, au sol,
par un jeu de lignes sombres et laiteuses ébauchant, de ci-delà, des fleurs
de lotus stylisées. N'omettons pas de mentionner en son milieu, le canevas
de deux Atlas gigantesques, à la tonalité carmin, désigné par le studio
OMA ; Studio de l'architecte Rem Khoolas. Les arches de l'atrium s'enluminent
de faisceaux lumineux rouge vif. Tel l'enfer. Ou telle la couleur du cœur,
de la fougue amoureuse. Une allégorie des plaisirs infernaux. Regard flegmatique
et distant, stature engagée, pas cadencés, Meghan
Collinson ouvre le show avec détermination. Avec un look strict,
à la "Working Girl". Cheveux longilignes, tirés en arrière. Sa veste gris-souris,
aux larges épaules, un tantinet boursouflé, ne laisse pas loisir à l'amusement.
Classique mais efficace, cette dernière se resserre par une ceinture à la
boucle cabochon. La jupe longue s'étire aux genoux par une myriade de fils
fugaces Charbonneux. Ca virevolte, ça vole, ça pirouette, ça dévoile les
jambes subrepticement. Jusqu'il faut pour rester bienséant. On demeure circonspect
chez Prada. Le manteau s'immobilise à la cheville. Il se découpe en deux
parements distincts afin de laisser entrevoir quelques segments de peau.
Les pull-overs, en cachemire, se façonnent sans manches, et s'enfilent sur
une chemise sans manches ; aussi. Seul le col dépasse avec les fameux imprimés
Maison : iris stylisées, cubes 3D ou à géométrie variable. C'est selon.
Les tonalités de "jour" glissent vers des Noir mat, gris souris ou Camel.
Les épaules demeurent très marquées, quasiment musculeuses avec les dodues
doudounes aux tonalités grenat, sable ou gris acier. Des teddys, en fausse
fourrure, habillent de longues jupes fendues sur toute la longueur des jambes.
Des pulls douillets, chinés ou pas, aux couleurs automnales, se brodent
de longs lanières perlées. Les transparences font leur apparition autour
de jupes en mousseline légère dont les tonalités oscillent entre le clair
et l'obscur. Seul le désir orientera le choix de la couleur. La tunique
transparente Chair de Rianne
Van Rompaey se rehausse de délicats volants jabots, sur le pourtour
du buste. Cette combinaison aérienne s'enfile sur une simple brassière et
un collant, couleur rocaille. Un "outfit" parfait pour rester chic à la
maison ou s'encanailler tout en maintenant une respectabilité certaine.
Toutefois, deux robes cristallines en jettent plein la vue. Celle de Maike
Inga, couleur mimosa et celle d'Adut
Akech, couleur Parme. Célestes et rebrodés de milles sequins,
elles sont les deux joyaux de la collection. Pour celles qui auront les
moyens, pas de choix possibles. On empoigne les deux. A point c'est tout.
Nombreux manteaux s'inscrivent dans une veine "d'éco-responsabilité " puisque
ceux-ci sont confectionnés à partir de matières recyclées. Quelques uns
se vernissent de teintes dragées ou caramel. A croquer. D'autres sont, cependant,
réalisés en peau de mouton retourné chocolat. Quelques looks de la ligne
Linéa Rosa viennent ponctuer la collection. Les blousons en nylon, aux cols
cheminés, se colorent de violine, vieux rose ou ébène. Avec la fameuse ligne
rouge sur la poitrine. Les collants demeurent dans des tonalités vives d'émeraude,
lapis-lazulis, citron, fuchsia. Des bottes de chantier se brossent d'intonation
de guimauves. On valide même s'il y a une petite pointe extravagante. Le
soir, on demeure dans la même veine que la journée mais avec un peu plus
d'éclat et de préciosité. Les robes en mousseline se cousent de milliers
de filins, s'agrippent de broderies géométriques, mais s'enfilent avec des
baskets futuristes de la collection masculine, aux couleurs turquoise, rubis
ou simplement blanc immaculé. Deux pyjamas, en soie, closent la présentation
par un imprimé fleuri de toute beauté. Peut-être d'oblongues roses sauvages,
avec un savoureux accent asiatique. Surement japonais. Une collection radieuse
et désirable qui donne une envie irrésistible de pousser les portes des
boutiques parisiennes.
YG
Prada
Automne/Hiver
2020/2021
YG
YG
Valentino
Automne/Hiver 2020/2021
par Pierpaolo Piccioli
Les
vingt-cinq premiers looks chez Valentino demeurent totalement Anthracite.
C'est noir, à point c'est tout. Sombre. Un présage de catastrophe. Peut-être
? Pas forcément. Une vision rare au sein de la maison romaine pour ne pas
le souligner. Voire le surligner. Une tonalité à la consonance négative,
symbole de tristesse, de désespoir et de deuil. Le noir, c'est aussi l'inconnu,
le secret, l'obscurité. Tout ce que l'on ne voit pas. Qui reste dissimulé.
Alors, Pierpaolo Piccioli souhaiterait-il nous faire parvenir un message
subliminal, nous susurrer certains mystères de la maison Valentino. Pas
nécessairement. Mais, assurément, il ambitionne un changement de langage.
Dire certaines choses différemment permet d'ouvrir l'esprit vers de nouvelles
perspectives. Et même pour celui qui sait si bien aborder le langage des
couleurs, en prônant celles-ci comme idéal de vie, le changement, parfois,
demeure vital et essentiel. La démonstration vestimentaire s'effectue, subséquemment,
dans les coupes généreuses, les formes plus ou moins évasées, le choix des
tissus techniques et matières précieuses. L'alliance se réalise, à la fois,
dans l'aspect néo-classique de cette collection qui s'allie de touches fantaisistes,
déci delà. Il y a presque l'envie d'un recommencement à recouvrer le langage
fondamental du style Valentino. Celui créé par son fondateur Valentino Garavani.
Comme si les différents juxtapositions de couleurs avaient noyé et estompé,
petit à petit, l'identité intrinsèque de la maison. Travailler sur une seule
couleur, d'autant plus profonde et mystérieuse, permet d'œuvrer vers plus
de précision, d'exactitude et de minutie. En résumé, privilégier le contenu
et non le contenant. Pierpaolo Piccioli affine sa conception personnelle
du rôle d'un vêtement. Il se questionne, aussi, sur l'être qui, au final,
portera sa mode Valentino ? Il y a quelques années, la clientèle visée était
celle d'une femme plutôt riche, svelte et caucasienne. Aujourd'hui, la représentation
de sa clientèle a muri, comme pour beaucoup d'autres créateurs d'ailleurs.
Cela se dessine au travers d'un casting inclusif qui élabore des silhouettes
pour des tailles au-delà d'un simple 34, avec des femmes plus âgées, de
différentes couleurs ; mais aussi des être humains différents, binaires,
Trans, et même des hommes ; ce qui apparait comme une première chez Valentino.
Même si une majorité des looks demeurent portées par de magnifiques mannequins,
le fait d'être visible sur des podiums si prestigieux apparait, au final,
comme une consécration pour ces invisibles. Quelques robes éthérées et transparentes
allègent tous ces passages sombres et inquiétants. Une simple robe, en mousseline
de soie alcalescente, s'incruste de délicats morceaux de dentelles noires,
roses bonbon et opalescentes, recouvrant les configurations de sublimes
coraux océanographiques. Une autre robe se fait monobloc avec ce vert Mousse
à tomber par terre. Un herbier de fleurs multicolores se brode sur un manteau
en cachemire Camel. J'achète. Quelques fleurs de Dahlia et Orchidées, grossies
à une échelle puissance dix, embellissent robes en soie anthracite de configuration
minimaliste. Quand ces dernières sont apposées en Noir & Blanc, l'effet
dramaturgique et cinématographique se démultiplie. Ce travail floral me
remémore un tantinet la collection Prada Automne/Hiver 2019/2020. Mais,
aussi, le travail, peut-être plus accompli de Dries van Noten, avec son
amour inconditionnel pour tout type de fleurs. Les dix derniers looks égayent
l'ensemble de la collection. On est presque au bout du tunnel ou l'on voit
jaillir le rai de lumière tant attendu. Kaia
Gerber apparait comme royale avec son tricot, rebrodé
de sequins bleu céruléen. Une robe en mousseline émeraude, portée par Amar
Akway, s'habille, de-ci delà, de milliers de paillettes ton sur ton. He
Cong se parent d'un herbier de fleurs des champs. Angélique démone.
Néanmoins, le coté obscur de la Mode revient, à nouveau, déferler tel un
raz de marré sur le podium Valentino. Du noir, du noir et encore du noir.
Toutefois, le point final verra poindre une note d'optimisme avec la magnifique
Adut
Akech qui revêt un longiligne fourreau vermillon. Rebrodée de
millier de sequins scintillants, cette couleur finale symbolise, à la fois,
danger et honneur. En espérant qu'elle soit, surtout, gage de passion et
d'amour fou. Gardons espoir.
YG
Valentino
Automne/Hiver
2020/2021
YG
YG
Défilés
Printemps/Eté
2020
Par Yann
Gabin pour PlaneteMode.com
Alexander
McQueen Printemps/Eté 2020 par Sarah Burton
Sarah
Burton excelle, une fois de plus, dans sa vision spécifique et personnelle
de réinterprétation de l'univers de feu Alexander McQueen. Elle poursuit,
sans faille et sans relâche, son œuvre de redéfinition stylistique pour
maintenir et faire évoluer l'esprit McQueen. Quelle incroyable créatrice
! Talentueuse, elle possède tous les atouts nécessaires pour créer sa maison
éponyme. Que Neni. Elle préfère user et abuser de son énergie afin de poursuivre
l'œuvre de ce génie perdu. Alexander McQueen n'aurait pas pu trouver plus
loyale collaboratrice que Miss Burton. Pour ce Printemps/Eté 2020, Sarah
Burton a ébauché des silhouettes qui se parent presque totalement de Noir&Blanc,
fusionnant de-ci delà, quelques dentelles fines et cuirs ultra souples,
tout en enchevêtrant légèreté et rigueur. Un univers que l'on pourrait qualifier,
sans aucun doute, de Gothico-romantique. Un peu trop réducteur à mon goût.
Car le sens esthétique aiguisé de Sarah Burton va bien au delà des quelques
clichés bien ancrés. Toutefois, on le perçoit quand même, au travers des
longues robes, aux réminiscences victoriennes, aux manches "ballon", aux
tailles menues et cintrées, le tout très architecturé. Des lignes stylistiques,
coupées aux millimètres, subliment ce corps féminin à la perfection, tout
en laissant une certaine liberté de mouvement à celle qui s'y glissera.
Le tailleur/pantalon, en cuir Anthracite, apparaît d'une beauté ahurissante.
Les vestes se sectionnent par des ouvertures latérales laissant apparaitre
des tailles "menue-menue" comme sur Chai Maximus. Des découpes réalisées
au scalpel. On s'amuse de la juxtaposition de deux tonalités textiles afin
d'enfanter des distorsions graphiques et visuels. Un classique McQueen.
Elle use de jeux de lacets que l'on peut retrouver sur les looks de Miriam
Sanchez ou Vivien
Solari. Des constructions techniques maitrisées à la perfection.
Oublions, aussi, l'image de la maîtresse femme engoncée dans des carcans
oppressants et suffocants. S'habiller en McQueen, de nos jours, demeure
une manière de s'affirmer, de se rendre plus puissante (Powerfull), à la
fois envers les femmes et les hommes. Mais, aussi envers soi-même. Sarah
Burton glisse quelques touches de gaieté au sein de cette présentation qui
prône des tonalités obscures et mystérieuses. Particulièrement au travers
de quelques robes, sans manches, rebrodées d'immenses fleurs polychromes
que portent Hyun
Ji Shin, Mika Schneider et Jean
Campbell. La même version est proposée, cette fois, de
couleur Carbone, rebrodée de fils d'argent. C'est selon l'envie du moment.
Quelques éruptions "colorielles" d'une somptueuse beauté traversent fugacement
cette collection au travers de deux robes, Outremer ou Rose Thé. Leurs plissés
minutieux laissent ébaucher des milliers de plumes à la manière d'oiseaux
de Paradis. Une merveille de précision que l'on peut admirer sur Kaia Gerber.
Sarah Burton a opté pour la longueur cette saison pour l'ensemble de ses
robes, jupes et pantalons. La mini "is Over". Pas de jambes. That's enought.
Des vêtements qui se veulent comme des protections corporelles. Une carapace
qui finalement parait bien commode par ces temps de pandémie mondiale.
YG
A.
McQueen
Printemps/Eté
2020
Chanel
Printemps/Eté 2020
par Virginie Viard
Les
toits en zinc de Paris, ses cheminées, gouttières, velux et chiens assis,
demeurent à perte de vue sous les verrières du Grand Palais. Probablement
une vue des toits des ateliers du 29 et 31 rue Cambon. Pourquoi pas ? Un
décor un peu tristounet à mon goût ; nous éloignant de la contemplation
et la rêverie si cher à l'imaginaire du Kaiser Karl Lagerfeld. Après les
reconstitutions du rivage de la Mer de Sylt, d'un petit village suisse enneigé,
d'une forêt automnale, d'un paquebot de croisière ou des chutes d'eau tropicales,
on recouvre promptement une réalité que l'on a qu'une envie : "fuir". On
ne veut pas de grisaille. Toutefois, et heureusement, les silhouettes en
tweed colorées apparaissent rapidement et égayent ces couvertures aux couleurs
orageuses. Des tweeds complétement classiques dont les couleurs carmin,
anthracite, outremer et immaculé me font méditer aux couleurs de notre chère
nation française. Idée cocasse que d'affabuler quelques looks de collants
opaques charbonneux. Surtout pour l'été caniculaire. Peut-être est-ce une
réminiscence des exhalaisons de suie des cheminées parisiennes. Des imprimés
en mousseline sombre reprennent les contours de toitures parisiennes, mais
tout en discrétion. Quelques profils de bâtiments Parisiens sur une robe
et trench. Des combi-shorts en tweed donnent un coup de fouet aux frêles
silhouettes de Sophie Dahl ou d'Abby
Champion.
Les codes Chanel se retrouvent avec parcimonie autour d'un T-shirt manche
longue s'estampillant de logo au double C, de quelques escarpins à bouts
noirs ou de colliers en pâte de verre. Des shorts en cuir s'agrémentent
d'une simple veste en Tweed. Quand ils ne deviennent pas presque seconde
peau pour les tenues du soir comme sur Grace
Elizabeth, Luna
Bilj ou Gigi
Hadid.
Tels les shorts lycra de Zizi Jeanmaire. Beaucoup de noir et blanc pour
les derniers passages. Une collection qui s'exprime autour d'un minimalisme
assuré, tout en conservant les fondamentaux identitaires maison. Une rigueur
assumée qui se définit par une éradication certaine de fantaisie. Parfois,
cela fait du bien de revenir aux bases strictes. Une collection parfaitement
adaptée à plusieurs saisons, et non seulement au Printemps/Eté 2020.
Chanel
Printemps/Eté
2020
Dior
Printemps/Eté 2020
par Maria Grazia Chiuri
Un
jardin ? Un parc ? Une forêt ? Des arbres, beaucoup d'arbres, des lignées
d'arbres. Une allée, deux allées, de nombreuses allées. Une odeur végétale
flotte sur le podium de la présentation prêt-à-porter Dior pour le Printemps/Eté
2020. Cette armée d'arbustes rempotés, posée à même la terre, insuffle ce
sentiment d'un retour imminent aux sources, à l'essentiel, à notre mère
nature tant aimée. Un univers si souvent mal traité mais tellement inspirant
et stimulant. Même si ce n'est qu'un décor joliment réalisé, le message
de Maria Grazia Chiuri demeure limpide : le Printemps/Eté 2020 se fera au
vert, en vert, envers et contre tous. Cependant, pas forcement à Anvers.
Si Maria Grazia avait su que cette proposition idyllique allait être, dans
les mois à venir, un des désirs tant attendus de nos concitoyens, elle ne
l'aurait surement pas cru. Après ce confinement de plus de deux mois, ce
fameux petit coin de nature demeure, aujourd'hui, plus que convoité. On
affectionne ce petit coin de jardin ou l'on pourrait s'abriter sous un platane
sereinement, s'allonger sur un parterre bien vert et douillet, cueillir
des fleurs à foison pour orner une table rustique ou tout simplement récolter
des fruits frais, gorgés de soleil. Quand la puissance de l'imagination
se met au service d'une réalité tant espérée. Maria Grazia opte, cette saison,
pour une ballade Nature afin de mettre en valeur un large panel de tissus
estivaux. On fait appel au lin, au coton, au jute ou à la paille. Aussi,
le subtil fil conducteur de cette collection s'incarne au travers de toute
une série de chapeaux et canotiers en paille qui se décline dans des tonalités
naturels ou sombres. Ils peuvent être rustiques, façonnés avec un tressage
résille ou avec le fameux motif iconique de la maison Dior : le cannage
de l'assise Napoléon III. Référence absolue chez Dior. Avec les tresses
latérales, s'il vous plait, évoquant l'image d'une belle des champs. Ruth
Bell, muse maison, ouvre le show une fois encore. Elle
joue excellemment ce rôle de charmant jardinier. Avec une chemise en cotonnade
d'un bleu Majorelle, elle la combine avec un combi/short, sans manches,
réalisé dans un tissu s'apparentant à celui usité pour la confection de
sacs de jute. Celui-ci peut se parer de rayures bayadères bleu nuit ou d'immenses
chardons unicolores. On opte soit pour la géométrie radicale ou l'herbier
champêtre. A voir selon l'humeur. Quand préciosité fusionne à merveille
avec rusticité. Les imprimés Tie & Dye apparaissent facétieusement sur une
jupe plissée interminable, une combinaison d'aviateur ou un costume deux
pièces déstructurés. Le panel de couleurs peut être celui du ciel et de
ses nuages ou simplement d'un sous-bois verdoyant. On ne reste pas insensible
à la chemise en denim portée par Giselle
Norman
qui utilise un chamarré "coloriel" fantastique mêlant vert absinthe, bleu
Lapis-lazuli, jaune safran et Mandarine. Un arc-en-ciel énergétique digne
de rééquilibrer tous les chakras. Un travail de décoloration, à partir de
la technique du Tie & Dye, recouvre des effets de tissus africains sur des
pantalons à la "Baba Cool". Comme sur Sarah
Grace Wallerstedt
ou Maike
Inga.
Toutefois, toujours enfilé d'une veste Camel, très comme il faut. Une seule
robe immaculée, mêlant patchworks de délicates dentelles fleuries et motifs
géométriques récursifs, permet une respiration entre toutes ces tenues riches
en détails et couleurs. Les broderies polychromes s'inspirent de chardons,
pâquerettes, dahlias qui s'harnachent sur un ensemble de robes vaporeuses,
stationnant dans un panel de couleurs "Nude". Une explosion de bouquets
rustiques donnant l'envie de s'y piquer pour mieux s'y lover. Les robes
du final concèdent la part belle aux fines broderies florales, tout en se
focalisant, sur une fleur démesurée relative à nos prairies ou nos herbages
provinciaux. On choisira avec tact celle qui nous définira le mieux pour
une Garden Party bucolique. Un clin d'œil à Mr Christian Dior dont la passion
notoire pour tous types de fleurs, de la sauvage à l'apprivoisé, n'était
un secret pour personne. Mignonne, allons voir si la rose...
YG
Dior
Printemps/Eté
2020
YG
Isabel
Marant Printemps/Eté 2020
Isabel
Marant a souhaité mettre en exergue une collection joyeuse, frétillante,
vibrante, pour le Printemps/Eté 2020. Une présentation aux rythmes de la
Samba et aux sonorités des tambours endiablés. Il y a un air, avant l'heure,
de carnaval brésilien et de cariocas sous le dôme bondé du jardin du Palais-Royal.
Une bonne humeur ambiante s'installe illico. Isabel Marant sait engendrer
l'envie grâce aux tonalités de couchers de soleil, de jardins tropicaux
ou de rivages balnéaires. On constate des inspirations de nature luxuriante,
au travers de total-looks orangé (Rianne
Van Rompaey), sable (Gigi
Hadid ou Birgit
Kos) ou Bleu Charon (Grace
Elizabeth). Les courbes de vaguelettes, remémorant celle
du célèbre design du front de mer de Rio, barde, de-ci delà, le tee-shirt
manches longues de Vittoria
Ceretti. Mais attention, pas noir
et blanc. Seulement violine et rose bonbon. On s'engouffre dans un bain
de gaieté, de vacances et de repos bien mérité. Les petits hauts peuvent
se bâtir autour de délicats macramés, au forme frêle de "Marguerites",
dont les tonalités émeraude, mimosa ou céruléen détonnent sur la fille du
moment, Rebecca
Leigh Longendyke. Les jambes sont fuselées et bronzées,
à souhait. Indispensable avec toutes ces micro shorts ou culottes de bain
que l'on distingue sur Félice Nova, Mathilde Henning, Blesnya
Minher,
Vittoria
Ceretti
ou Fran
Summers.
Les jupes et robes s'efforcent de conserver cette tendance du court, très
court, voire "rikiki". C'est extrêmement plaisant et désirable mais avertissement
ou l'on décidera de les enfiler. Les imprimés floraux se balancent d'une
tenue à l'autre avec panache. Quelques combinaisons "Aviateur" cheminent
sur le podium, pièces qui demeurent comme l'un des hits Maison. Hiandra
Martinez, qui a ouvert le show avec opiniâtreté, porte
une jupe agrémentée de longs fils perlés et un tee-shirt anthracite, noué
sur le nombril. Elle est prête à se défouler sur les pistes de danse d'Ipanema.
Caliente. Les épaules peuvent se permettre d'être plus amples via une robe
fleurie sur Irina
Shayk, une veste fusionnant Denim et tissus ethniques
sur Fran
Summers
ou bien légèrement bouffantes avec un chemisier en soie Anthracite sur Anna
Ewers. La robe du Top japonais, Chiharu
Okunugi, se brode d'un cacatoès camouflage, surligné d'un
"Tropicana" ton sur ton, le tout se dissimulant dans un Liberty fleuri.
Ingénieux. Les pantalons, légèrement amples, se nouent juste un peu au-dessus
des chevilles, mettant en valeur des Stilettos aux longilignes lanières
en cuir. Quelques besaces frangées à la main. Ou à l'épaule. C'est selon
le mood. Chez Isabel Marant, pas de fioritures superflues. Les filles demeurent
brutes de décoffrage mais inlassablement avec ce petit détail qui fait que
l'on se retourne sur leur silhouette athlétique, saine et sensuelle. Isabel
Marant possède ce talent indéniable pour rendre les filles attirantes avec
ce style urbain maison, ou la définition du sexy prend toujours sa place,
mais avec subtilité.
YG
Isabel Marant
Printemps/Eté
2020
YG
Louis
Vuitton Printemps/Eté 2020
par Nicolas Ghèsquière
Une
mode bigarrée, chamarrée, ou la couleur éclate de tout son long. On mélange
un chemiser au tartan franc, aux épaulettes bouffantes et éminentes, enfilé
sur un gilet sans manches, aux paillettes multicolores recouvrant des chevrons
à l'infini. Le pantalon Anthracite, au zip continu et argenté, s'adjoint
des plis linéaires parfaits, laissant des jambes libres de tous mouvements.
Le tout étayé par des mocassins compensés, surmontés du logo LV. Ce look
résume en totalité l'esprit Louis Vuitton pour le Printemps/Eté 2020. On
perçoit un ton d'indépendance, de liberté, d'envie de croquer la vie à pleines
dents. D'allégresse. Du lâcher prise. On peut se rêver en total look Tailleur/Pantalon,
au délicieux Vert pastel, ou, à contrario, en robe chemisier immaculée aux
proportions "volumineuse-ment" arrondies, tels de légers Cumulonimbus. Seul
dénominateur commun entre toutes ces allures hétérogènes : d'adorables orchidées
multicolores, suspendues à la boutonnière, insufflant un air de printemps
avant l'heure. Les vestes, partiellement architecturées, se resserrent à
la taille par une simple ceinture. La jupe "pyramide" de Klara Kristine,
en satin noir, se dessine autour de quatre volants distincts. Une autre,
à la forme d'une tulipe inversée, se surmonte d'un chemisier en soie dont
les imprimés me remémorent la collection Automne/Hiver 2011/2012 de Nicolas
Ghèsquière pour Balenciaga. D'énormes fleurs, un tantinet effrayantes, tapissaient
des jupes dissymétriques. Toutefois, ici, elles sont réconfortantes et naturalistes.
Un clin d'œil aux soieries Hermès. Le petit détail, qui change tout, se
situant au travers du large jabot plissé, neigeux, qui donne du Peps au
chemisier de "Mémé". D'immenses arabesques florales, aux allures d'Iris
et muses cinématographiques des années 20, impactent certaines silhouettes
afin d'en briser la forme classique. Un manteau Seventies se pare d'une
forêt de végétaux impénétrables. C'est Green, Green, Green. Les vestes resserrées
s'allient de manches en cuir verni châtaigne. Ces dernières pouvant se glisser
dans une jupe triangle aux imprimés fantaisistes. La ceinture enserrant
la taille aux millimètres. Effets de style. Le look de Mica
Argañaraz mêle la délicatesse extrême d'un corsage de dentelle
rosé, rebrodé de délicieux lierres floraux, aux épaulettes bombées, qui
s'achèvent par une rivière de vaguelettes sur un long corsaire Mimosa. Embelli
d'une fine raie Carbone à l'entre-jambe, ce dernier se combine parfaitement
avec des bottines rétro ajustées par le logo LV. Quelques looks capillaires,
début 20ème, sur Clémentine
Balcaen ou Oudey Egone que je trouve cocasse. Des simili casques
immaculés, aux lignes de soucoupes spaciales, donnent des airs de Marie
Pervenche avant-gardiste. Quelle allure que ce trench Camel stylisé par
un long pantalon éthéré agrémenté de ce couvre-chef rétro-futuriste. Les
accessoires demeurent séduisants : la besace "Oocyte" se construit autour
d'une succession de strates céruléenne, vermillon, ciel et de toile basique
LV. Un "Tote Bag" se damasquine d'un visuel d'autocollants de cassettes
vidéo ou l'on peut déchiffrer "1854" (date de création de LV), "The back
pack is back", "Trunfs and Bags", "Gaston & Louis", "Louis big adventure",
qui demeure des clins d'œil aux films générationnels des Eighties et Nineties.
Un "Vanity Case" et sac VHS débarquent sur le podium et nous replongent
dans nos souvenirs d'enfance. Les chaussures, aux quatre talons colonnes
fusionnées, s'habillent de tissus techniques colorées qui reprennent le
design d'architectures futuristes. Une collection optimiste, pour une femme
qui ne craint rien. Sa limite étant, peut-être, elle-même. Nicolas Ghèsquière
ne nous propose pas un vestiaire conformiste mais des looks puissants et
divergents pour exprimer sa fantaisie de mille et une manières.
YG
Louis Vuitton
Printemps/Eté
2020
YG
Martin
Margiela Printemps/Eté 2020
par John Galliano
Ce
sont des présentations inlassablement déjantées, dégingandées, aux looks
extravagants, que John Galliano affectionne tout particulièrement mettre
en scène lors de ses défilés pour la Maison Martin Margiela. Les aprioris
doivent être balayés d'un coup de main. "Open Mind", à point c'est tout.
Toutefois, attention, les sourires peuvent vite se produire aux commissures
des lèvres. Pas un sourire moqueur et sournois, mais un sourire libérateur
et bienfaiteur. John Galliano adore raconter des histoires, théâtraliser
ses silhouettes, provoquer l'indignation, avec des touches de frivolité,
de dévergondage, voire de dépravation maitrisée. Cette fois encore, pour
le Printemps/Eté 2020, il ne déroge à la règle. Les silhouettes éclaboussent
de créativité, d'inventivité et de looks rocambolesques. On sur joue les
styles pour s'orienter vers un anticonformiste assumé. Les détails apparaissent
comme primordiaux chez John Galliano, cet "endiablé" de la mode. C'est cela
même qui définit l'atmosphère, la vibration intense, de sa mode singulière
et, finalement, signature. Au premier abord on pourrait se laisser happer
par le sillage d'une pseudo femme guindée, peut-être autrichienne des années
40 ; Mais, trop cliché. D'une infirmière besognant pour les gars de la marine
; Trop cliché, aussi. Anicroche. John Galliano transcende les catégories
sociales, les mouvements historiques, les genres, les croyances, afin de
définir une allure "évolutionnaire" qui tente, à chaque fois, de bousculer
les codes normatifs. La norme c'est OUT. Les manteaux demeurent oblongs,
évasés ; l'idée étant de s'incliner une fois de plus vers des carrures "Oversize".
Plus clairement, un homme lambda pourra glisser sa carrure, d'athlète ou
pas, dans le manteau de sa copine. Les femmes peuvent être extrêmement féminines.
Mais, également masculines. Certains looks demeurent inspirés par des confréries
comme la none, le militaire ou le marin. L'indication se lit au travers
des petits chapeaux, couvre-chefs, bérets incorporés sur chaque look. Les
cercles apparaissent comme un lien essentiel sur l'ensemble de la présentation
: ils peuvent être imprimés, découpés, perforés. Quelques imprimés contemporains
intègrent la taille d'un manteau ou d'un caban, toujours maintenus par une
large ceinture. L'arrivée des silhouettes masculines, qui ponctuent une
silhouette sur trois, interrogent sur la notion de genre octroyée aux vêtements.
Il n'y a pas de genre de vêtements. Mais, des vêtements. Cette saison, chez
Martin Margiela par John Galliano, l'homme peut porter des bottes en cuir
stretch, aux talons effilés de 10 cm, avec un micro short immaculé. Pas
d'embarras. Ces bottines occasionnent aux mannequins masculins une démarche
et un maintien des plus originaux. Parfois clownesque comme avec Léon Dame.
Jonas Gloer, grand blond, un peu glacial, s'accapare d'un long manteau en
laine chocolat, perforés de centaines de cercles réguliers laissant apparaitre
sa frêle silhouette longiligne. Le pantalon en denim s'ouvre sur toute la
longueur de jambe. Bref, on s'éloigne de l'image caricaturale de l'homme
musclé et viril pour laisser éclater sa part de féminité au grand jour.
Maniéré serait, peut-être, le terme approprié. On trans-joue. John Galliano
réaffirme, au travers de sa mode, que n'importe qui peut piocher dans ce/son
vestiaire, quel que soit son genre, sa corpulence, son âge, sa couleur de
peau. L'important étant que l'on reste Soi. N'est ce pas l'essentiel ?
YG
Martin Margiela
Printemps/Eté
2020
YG
Miu
Miu
Printemps/Eté 2020
par Miuccia Prada
C'est
d'abord une coiffure crantée, bouclée, bombée, courbée, pouvant être qualifiée
à la "Cicci Impératrice", qui marque les esprits et yeux avertis des premiers
passages de cette présentation Miu Miu Printemps/Eté 2020. On scrute ce
look capillaire, impeccablement réalisé, qui insuffle un vent suranné aux
vêtements d'aspects plutôt classiques. Un classique revisité comme aime
narrer les magazines de mode. Mais loin d'un classicisme ordinaire. Celui-ci
s'exprime favorablement dans l'apparence générale de la présentation. Toutefois,
le patronage s'éloigne des coupes habituelles pour prendre de la longueur
ou rétrécir selon le gré ou l'envie de la future cliente. Avec des temps
incertains, il y a une véritable inclination à réintégrer de nouveaux classiques
dans la garde robe, parfois un peu trop axée sur le Street Wear et le confortable.
Ne se rassure t-on pas lorsque l'on revient aux chers basiques. Miu Miu
voyage vers des horizons stylistiques pouvant, sans aucun doute, remémorer
le style rétro de la jeunesse de nos grands-parents. Nonobstant à la sauce
d'aujourd'hui. Ne serait-ce que par des couleurs précises et des imprimés
Arty. La robe devient beaucoup plus canaille lorsque son pull en cachemire
gris Mastic disparait en dessous. Les larges bretelles ne cacheraient que
le minimum syndical. Les bottines chair lacées jusqu'aux genoux distribuent
un air de "Cocottes" fin 19eme siècle. De jolies couleurs mono-block s'éparpillent
sur une série de tailleurs, manteaux, jupes, robes, tops sans manches. Du
bleu marine, du carbone, du lacté. Une veste, deux boutons, se plissent
au niveau de l'épaulée afin d'engager une amplitude exhalée. Ces mêmes épaules
peuvent se repiquer de plissés fleurant l'apparence de bénitiers. Un long
manteau, sans manche, déploie ce motif classique du "pied de poule". Les
jupes "Slim" s'évasent au niveau des genoux par le biais d'un sobre volant
ou, à contrario, par de nombreuses surpiqures de plissés-volantés ultra
affirmés. De mini pulls, en cachemire, s'enfilent comme l'icône Isabelle
Adjani l'avait fait dans un de ses films Cultes "L'été meurtrier". De longs
manteaux vernis, de couleur chair ou émeraude, sans manches, se parent à
leurs extrémités de fourrures type " moutons lainés ". Une collection qui
se veut un brin traditionnel dans son design mais qu'il l'est beaucoup moins
quand on examine avec attention la réalisation de certaines pièces. On accoutre
vestes et manteaux d'un double boutonnage dont le deuxième rang dépareillée
ne fera office que d'ornement joaillère. Un trench, en cuir lacté, s'imprime
de petites fleurs des champs, rehaussé de jets latéraux de peinture. La
facette Arty de Miu Miu s'en ressent, ici, fermement. Une robe filiforme
Carbone (ou Nude), au col Claudine, s'empare de lès volantés, chaloupant
la silhouette telle une silhouette de Kylie Jenner. Les accessoires demeurent
inédits. Le collier peut être une imbrication de rangs perlés, entremêlé
d'une délicate roue en bambou, le tout fixé à une corpulente chaine en fer
forgé. Les lunettes de vue demeurent dans une vague fifties. Le panier en
paille se retrouve emprisonné dans un tressage en cuir anthracite, aux entrelacs
de fleurs. Bref, il y a une véritable expérimentation artistique stylistique
qui peut se mêler à merveille avec la vie de tous les jours. La robe Acier
de Kaia
Gerber, ceinturée à la taille, s'enorgueillit de deux
volants aériens anthracite, dégringolant des épaules à la taille. On valide
l'entremêlement des délicats motifs floraux avec les coulures et ruissèlements
de peintures "Arty". Cette alliance et fusion picturale inédite devient
une redondance stylistique sur l'ensemble de la collection. S'il fallait
n'en retenir qu'une, ce ne pourrait qu'être celle-là.
YG
Miu
Miu
Printemps/Eté
2020
YG
Paco
Rabanne Printemps/Eté 2019/2020
par Julien Dosenna
Des
vêtements solaires, avec une touche japonisante et une allure, somme toute,
un peu vintage, ce sont les premières impressions qu'exhalent le défilé
Paco Rabanne Printemps/Eté 2020. Une mode qui se veut multiculturelle, pointue
et créative à souhait. Le mannequin Sofia
Steinberg
ouvre le show avec une longiligne robe cintrée, dont l'imprimé aux pastilles
multicolores, recouvre les effets lumineux du podium. Tel un prolongement
entre l'atmosphère du défilé et la collection qui s'inscrit dans cette fraicheur
élémentaire. Un cœur démesuré, carmin, recouvre l'ensemble du buste. On
peut acquiescer par l'affirmative : Julien Dossena veut nous concéder et
adresser de l'amour dès le premier look. Avec ses longues bottes écarlates,
agrémentées de laconiques fleurs naïves, Sofia
Steinberg
joue le rôle d'une cowgirl citadine et volontaire. Le deuxième look se bâtit
autour d'une longiligne robe en métal, aux imprimés fleuris, matière de
prédilection du légendaire Paco Rabanne. Mais, avec une petite fantaisie
de Julien Dossena : elle sera polarisée de tonalités Pastels. De nombreuses
propositions stylistiques, plus joyeuses les une que les autres, s'immortalisent
autour d'une gaieté assumée : Un pull cintré "couché de soleil" ; Un jean
"Slim", rebrodée de délicates roses rouges sur les poches ; Quelques chemises
aux imprimés "liberty" et soie légère se déboutonnent jusqu'au nombril,
pouvant faire pâlir d'envie sa voisine. Quant au polo mandarine, il se porte
sous une interminable robe, aux pampilles métalliques. Le pull bleu Klein
se pare, lui, d'une myriade d'étoiles "Strassées". Le marcel métallique
s'érige autour d'un jeu de pampilles, au forme de losanges, crayonnant le
pourtour de fleurs pixélises. Une robe, en dentelles immaculées, se ré-incrustent
de broderies composées de bouquets floraux, aux couleurs de pierres précieuses,
comme sur la silhouette de Rebecca
Leigh Longendyke.
Un col roulé arc-en-ciel, enfilé sur un pantalon crème, peut apparaitre
comme un clin d'œil à la culture Queer. Le boléro de Sora Choi, toujours
en cuir, s'organise autour de motifs floraux dont les références à la culture
Pop japonaise sont incontestables. Le perfecto se couple de rayures argentées
et anthracite comme sur le Top italien Vittoria
Ceretti.
Une robe argentée, cotte de maille, s'orne d'éphémères cristaux de Swarovski,
de couleur Saphir. Avec des bottes argentées, rehaussées de fleurs psychédéliques.
Of course. On mélange les pièces, même si elles ne possèdent pas de liens
entre elles. Le syndrome Miuccia Prada, peut-être. Quelques pièces masculines
demeurent assez marquées car vraiment originales. Le total look, en Denim,
s'enorgueillit d'écussons en forme de cœurs sur le col, d'étoiles argentées
sur la boutonnière et de pigeons brodés sur les parements. Le costume totalement
argenté, surmonté d'un pull couché de soleil, fera sensation pour une soirée
Seventies. Quant à Mica
Argañaraz, elle a tiré le look le plus "Kawai" de la soirée
: manteau en cuir argenté, surmonté d'un énorme soleil citron, disséminé
de nuages laiteux, le tout reposant sur un Océan Violine. Une pièce excentrique
que je valide totalement. Heureusement que la veste queue de pie subséquente,
portée par la jeune Fran
Summers,
radoucit d'un coup l'excès de looks exubérants. Les deux derniers looks,
en pampilles de métal, composés d'un tee-shirt et d'une longue robe, mettent
en avant le motif du " cœur vermeil", cher à Julien Dossena. On ressent
véritablement un amour inconditionnel du vêtement dans cette présentation
Printemps/Eté 2020. Une fantastique collection.
YG
Paco Rabanne
Printemps/Eté
2020
YG
Défilé
Prada Printemps/Eté
2020
J'ai
toujours cette même excitation à attendre le défilé Prada. Un moment d'exception
que je ne raterai pour rien au monde. Cinq lettres me faisant toujours rêver,
excitant toujours mon imagination. Il apparait comme l'un des seuls défilés
à me faire trépigner d'impatience et pour lequel je pourrai faire un Aller/Retour
Milan. Juste pour y être. Prada reste un pur plaisir inextinguible pour
les yeux. Avec un set entièrement recouvert de dallage, en céramique multicolore,
combiné de colonnes tapies de feuilles dorées, il est légitime de s'interroger
sur la vision singulière de Miuccia Prada pour ce Printemps/Eté 2020. Ou
a-t-elle pu aller chercher cette conception de ce décor assez improbable.
Une piscine ? Une cuisine ? Un palais de mille et une nuits ? Peu importe.
Un décor joyeux, solaire, aux vibrations positives. Alors, quand le show
débute, on reste assez décontenancé entre ce décor joyeux et une mode classique.
Le top danois Freja
Beha, égérie actuelle de la maison, ouvre le show avec une simplicité
déconcertante. Avec un long tee-shirt côtelé gris souris, aux manches oblongues,
enfilé sur une jupe crayon aux genoux. Peut-être un peu vielle fille. De
longs manteaux, aux coupes rectilignes, abordent des couleurs chocolat,
bleu nuit ou violet profond. De dodus boutons nacrés tranchent sur ces tonalités
sombres. Désuet. Stricte et commode. Il y a presque une réminiscence des
premières collections Prada au travers ces premiers looks. Aussi, n'est-ce
pas là ou on devrait attendre Miuccia Prada cette saison ? Eliminer simplement
le superflu pour se focaliser vers une silhouette proche du quotidien. Effectivement,
après une précédente collection, riche en imprimés psychédéliques et lignes
militaires, n'a-t-elle pas souhaité schématiser des lignes stylistiques
plus minimalismes pour un Eté 2020 plus aisé. Un dressing basique dans la
forme, moins dans le fond. On perçoit véritablement qu'il y a eu une interrogation
fondamentale sur ce qu'est un dressing traditionnel, moins identifiable.
Nonobstant de qualité. Quelques pièces demeurent bien marquées comme tous
les "Outfits" rebrodées de longilignes fougères. J'adore le manteau mandarine,
rebrodé de petites perles de verres turquoise, aux formes de fougères. La
pièce à posséder. L'utilisation du cuir demeure assez présente et reste
proposé dans des tonalités audacieuses comme l'Or, le noir mat ou le tabac.
De rares imprimés géométriques apparaissent sur un tailleur deux boutons
que porte, à merveille, le Top australien Adut
Akech. Des robes légères, fluides,
retenues aux épaules par de délicats lacets, à la grecque, donnent une mouvance
aérienne à celles qui les choisiront. Les robes de cocktails demeurent délicates,
restant dans des tonalités feutrées comme le rose poudré ou le blanc neigeux.
Les "bobs" déstructurés, en chevreaux très flexibles, insufflent un petit
air suranné, voire années 20. Les colliers et boucles d'oreilles peuvent
prendre la forme d'escargots nacrés, mais démesurés. Pourquoi pas. Pour
celles qui sont fanas de chaussures, elles pourront s'en donner à cœur joie
: Bottes cavalières vieillies, de couleur Tabac ; Derbys compensées vert
émeraude d'inspiration 40 ; Babies argentés ; Chaussures plates, finement
tressées, dorées ; Escarpins argentés aux découpes exquises de Fougères
; Sandalettes en cuir tricolores ; Ainsi, on perçoit une réappropriation
d'un classicisme affirmé au travers cette collection. Moins de chichi. Des
couleurs faciles et plutôt discrètes à approprier pour le quotidien. Des
lignes minimalismes. Même si pour les aficionados de la marque, ces derniers
pourront se sentir décontenancés par cette proposition de mode plus commerciale.
Toutefois, n'est-ce pas le verbe idéal pour définir la mode Prada : décontenancer.
YG
Prada
Printemps/Eté
2020
YG
Saint-Laurent
Printemps/Eté 2020
par Anthony Vacarello
La
tour Eiffel, monument emblématique de notre chère capitale, Paris, illumine
de sa silhouette majestueuse chaque nuit parisienne. Mais, aussi, depuis
quelques saisons déjà, l'esplanade du bassin du Trocadéro pour les podiums
YSL. Un impact visuel incontestable et incontournable, qui ne peut que sublimer
n'importe quelle mise en scène théâtrale, cinématographique ou un simple
défilé. Particulièrement, ici, les silhouette Yves Saint-Laurent par Anthony
Vacarello. Ce dernier l'a bien saisi et n'a pas choisi ce lieu au hasard.
Il a su tirer profit de cette référence architecturale mondiale pour encrer
les fondamentaux identitaires de la maison Saint-Laurent comme une marque
profondément parisienne. Quoi de plus iconique que la Tour Eiffel pour signifier
son appartenance à Paris ? A notre chère patrie Francaise. Paris demeure
la capitale de la mode. Et, le restera encore longtemps. Saint-Laurent fait
partie de ses "incontournables". Un monument iconoclaste qui fait rêver
à hauteur des collections Saint-Laurent. Une fois encore, Anthony Vacarello,
a su créer, avec brio, des silhouettes désirables pour le Printemps/Eté
2020. Les shorts sont micros-micros. Toutefois, portés avec des vestes aux
carrures strictes et de longilignes bottes caramel, ils en atténuent le
côté un peu trop affriolant. Parfois licencieux. Un bermuda en denim, aux
ourlets effilés, "grungy" à souhait, s'accommode d'une veste droite, en
velours Anthracite, gansée de galons en satin opaque et de boutons dorés.
La veste smoking, manches courtes, s'enfile juste "comme ça". Avec semble-t-il
avec un microshort en cuir. Toutefois, on ne le discerne pas. Démoniaque.
Beaucoup de looks bleu marine insufflent cet esprit intemporel si cher à
monsieur Yves Saint-Laurent. Les escarpins aux lanières de cuirs fines se
ligotent du fameux logo YSL. Puis, arrivent les silhouettes aux tissus somptueux,
à la fois de part leur complexité technique mais aussi de part leurs broderies
intenses et alambiquées. Des arabesques, des lamés, des motifs floraux,
de l'or, beaucoup d'Or, des velours intenses aux couleurs Saphir, Emeraude,
Améthyste. Les promesses d'un Orient sublimé. Mais pas que. Yves Saint-Laurent
aimait se confronter aux différentes cultures pour sublimer un vêtement.
Il y a de la collection Opéra et Ballets Russes. On en retrouve, ici, les
prémices avec ces couleurs chatoyantes et matières luxueuses. Mousselines,
soies, velours lamés et jeux de transparence. Puis, Anthony Vacarello achève
cette présentation par des tenues beaucoup moins pompeuses. Totalement anthracite,
les robes bustiers se découpent par de savantes formes concaves ou convexes.
On contourne un sein pour le sublimer. On le cache pour en magnifier et
surligner un autre aspect. Les smokings font la part belle à cette dernière
partie de présentation. Ils se parent de sequins, portés sur un pantalon,
corsaire ou mini short. Il y en a tellement qu'il serait ardu de ne pas
repérer son smoking cette saison. Quelle femme ne peut se projeter dans
ces silhouettes attrayantes, séduisantes, enchanteresses. L'allure demeure
classique dans la forme. Toutefois, le fond, et particulièrement au sein
de l'agencement du stylisme, on perçoit cette recherche subtile pour allier
configurations habituelles stylistiques avec allures irrévocablement proches
des "Milléniales". On discerne une envie palpable de donner un enseignement
"Mode" à ceux qui n'ont pas connu les belles années de Monsieur Saint-Laurent.
Autrement dit, faire redécouvrir une époque disparue. Yves Saint-Laurent
aimait explorer l'art et les diverses cultures afin d'idéaliser l'idée de
son vêtement. Ce fut le cas avec la collection Opéra et Ballets Russes de
1976, ou Monsieur Saint-Laurent avait adoré mixer la Russie des Tsars avec
celle du faste de l'Opéra. Anthony Vacarello a su, une fois encore, restituer
totalement cet esprit Saint-Laurent, tout en le projetant entièrement dans
ce fameux "air du temps". Un triomphe de plus.