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PlaneteMode.com
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Son visage, si singulier, dû à un métissage d'un père japonais et d'une mère américano-germanique, a permis à Devon de se démarquer de ses consoeurs mannequins. Elle débute sa carrière à New-York après qu'un photographe d'Interview l'a découvre lors d'un concert. Après s'être installée à Londres, elle décide d'allier mode et études. Lycéenne jusqu'en juin 2000, elle donne priorité à ses études et n'hésite pas à annuler ou refuser des séances photos. Son premier rédactionnel s'effectue avec le photographe britannique Nick Knight pour la revue Visionnaire. Une séance qui reprend, notamment, un visuel de la pochette de l'album de Björk et dont affectionne tout particulièrement Devon. On a pu la voir dans les campagnes d'Y's par Nathaniel Goldberg, Junko Shimada par Bettina Komenda, Hélèna Rubinstein, Allessandro Dell'Acqua par Juergen Teller, Chanel par Karl Lagarfeld et Atelier Versace par Steven Meisel, Lancôme par Javier Vallhonrat. Après le mannequinnat, Devon serait partante pour faire une carrière au cinéma. On a pu apercevoir la frêle silhouette de Devon dans le film à grande vitesse Fast & Furious. |
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Les
couvertures à retenir au mois de Novembre 2023
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Victoria Beckham pour Vogue Paris ; Carey Mulligan pour Vogue Usa ; Mona Tougaard, Emily Ratajkowski, Adut Akech, Adwoa Aboah et Karen Elson pour Vogue Grande-Bretagne ; Anna Ewers pour Vogue Italie ; Devon Aoki pour Vogue Japon ; Kim Petras pour Vogue Allemagne ; Rosalia pour Vogue Espagne ; Non distribué pour Vogue Russie ; Shalom Harlow pour Vogue Chine ; Ashley Graham pour Vogue Brésil ; Kristina Grikaite pour Vogue Turquie ; Florence Pugh pour Vogue Australie ; Winnie Harlow pour Vogue Netherlands ; Ivanna Mendoza, Marsella Rea, Paloma Suarez, Sara Esparza et Tindi Mar pour Vogue Mexico ; Nature morte pour Vogue Arabie ; Naomi Campbell pour Vogue Koréa ; Eva Green pour Vogue Grèce ; Non distribué pour Vogue Ukraine ; Malgorzata Szumowska pour Vogue Pologne ; Giselle Norman pour Vogue Tchécoslovaquie ; Loreen pour Vogue Scandinavia ; Kirsi Pyrhonen pour Vogue Portugal ; Deepika Padukone pour Vogue Inde ; Kiko Mizuhara pour Vogue Singapore ; Cathy Chui Lee pour Vogue Hong-Kong ; Whitney Peak pour Vogue Thaïlande ; Tony Leung pour Vogue Taiwan ; Hyunji Shin, Paula Soares, Valentina Castro pour Numéro France ; Lex Peckham et Be:First pour Numéro Tokyo ; Anok Yai, Gigi Hadid, Kaia Gerber, Kendall Jenner, Liu Wen, Mona Tougaard pour W Usa ; Amar Akway, Amélia Gray, América Gonzalez, Hailey Bieber, Iris Law, Lulu Tenney, Margaux Lion, Rachel Marx, Raquel Zimmermann, Vivienne Rohner pour V Usa ; Billie Eilish pour Allure Usa ; Irina Shayk pour Elle Usa ; Mayowa Nicholas pour Elle Uk ; Vanessa Paradis pour Harper's Bazaar France ; Leanne De Haan pour Harper's Bazaar Usa ; Pooja Mor pour Harper's Bazaar Uk ; Sun Mizrahi et Tanya Churbanova pour Harper's Bazaar Italie ; Miriam Sanchez pour Harper's Bazaar Espagne ; PinkPantheress, Rema, Sampha, Alex Consani, Colin Jon, Nyajuok G, Paul Ohunyon, Peter Ohunyon, North West pour i-D Magazine ; Sara Eirud pour Marie-Claire Italie ; Noemie Merlant pour Marie-Claire France ; Abby Champion, Celeste Fitzpatrick, Karolina Spakowski pour Self-Service ; Aubrey Plaza, Emma Mackey, Ever Gabo Anderson, Maude Apatow, Penelope Cruz, Arca, Coi Leray, Peggy Gou, V, Alex Consani, Amélia Gray, Kaia Gerber, Karolina Spakowski, Mona Tougaard pour POP Magazine ; Hari Nef, Margaret Qualley, Milla Jovovich, Aylah Peterson, Minttu Vesala, Paul Hameline, Saskia de Brauw, Gabbriette pour Purple Magazine ; Hunter Schafer, Lakeith Stanfield, Rowoon, Ella Mccutcheon, Jennifer Matias, Kristen McMenamy et Mica Argañaraz pour Another Magazine ; |
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Chanel
Automne/Hiver
2023/2024 par Virginie Viard
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Chanel possède, dans son ADN, toute une oriflamme de codes identitaires maison fondant sa richesse et son fond de commerce. Une façon élémentaire de la reconnaître sans l'interpeller. Le fameux "Savoir" entre initiés. Cette saison Automne/Hiver 2023/2024, Virginie Viard a dédié ce défilé à la fleur de camélia tant glorifiée par Mademoiselle Chanel. Elle lui offre une surexposition médiatique et l'impose, urbi et orbi, dans un vestiaire hivernal assez traditionnel. Le décor parachève ce discours en imposant deux ilots centraux composés d'un quatuor gigantesques de camélias immaculés. Ces derniers servant d'écrans géants à des projections cinématographiques en noir & blanc. La lyonnaise Loli Bahia ouvre le show avec un longitudinale manteau/peignoir, en tweed noir et blanc, qui consigne une foule de camélias éthérés. Une corpulente chaîne gourmette enserre son cou s'achevant par un double C, mi-or mi-diamant. De délectables gants, en dentelle de camélias ébène, dispersent un romantisme suranné qui aurait comblé ce cher Monsieur Lagerfeld. Le trench de Merlijne Schorren, en cuir macassar, convoque sur son col une rivière de camélias anthracite. Ses bottes, en cuir sombre, aux talons compensés, gainent les chevilles telles les chausses des danseuses du Moulin Rouge. Quant à Vivienne Rohner, nouvelle égérie maison, elle se dandine dans une interminable robe/chasuble enchevêtrant camélias, C entrelacés et rayures "marinière". Le camélia se glisse dans les broderies, damassées, dentelles, guipures, cuir. Différents types de boutons personnifient cette fleur exquise. Il vient juste à se glisser dans le sommet de la chevelure naturelle d'Angelina Kendall, en version pétrole. Ou sur les poches de la combinaison short d'Akon Changkou. Le bermuda, en jean réglisse, d'Adwoa Aboah s'agrafe d'abondant camélias tels des pins's des années 80. Le design rectiligne du manteau d'Alix Bouthors alterne avec un quadrillage, à intervalles réguliers, de camélia et double C. Semblablement au jeu du morpion. Nonobstant, c'est sur le top allemand Anna Ewers, égérie de la ligne "Les beiges", que le sens strict du terme "chanelissime" prend tout son éclat. Son Aura. Sa veste anthracite épingle, de manière aléatoire, des minis et médians camélias lactescents. Du pur Chanel. S'il fallait retenir une unique veste, ce serait celle-ci. Idem sur la britannique Giselle Norman dont le bermuda en tweed flamboyant s'enorgueillit d'une flopée de camélias laiteux. On est "camé" et shooté aux camélias. Le bermuda peut s'édifier autour d'une dentelle légère. Un esprit absolument lingerie. A enfiler avec des collants alcalescents continuellement aspergés d'arabesques florales. Un pantalon ample, quasiment jupe, détourne le fameux matelassé maison en y incrustant, en ses intersections, de mini strass Diamant. Des propositions de looks assez sombres qui propagent une classe inhérente et intemporelle à la femme Chanel. Certains looks se font couture notamment lorsque la veste en tweed se pare de camélias en plumes ; d'un teeshirt, col circulaire, entièrement brodé de sequins reconstituant la fleur maison. Le tout enfilé sur un pantalon opalin, entièrement couvert de paillettes, damasquinant à un rythme constant ce fameux camélia. Avec pour touche ultime, deux ventrus camélias s'agrafant sur les bottines en paillettes charbon. Il n'y a pas meilleur exemple pour décliner ce look d'apparence couture en un prêt-à-porter de luxe "plus-plus". Des plumes d'autruches blafardes s'apposent sur les poches du gilet d'Apolline Rocco Fohrer ou bien sur les épaules du pull en cachemire de Grâce Elizabeth telle une brume fougueuse descendant les flancs rocheux d'une montagne. Beaucoup de tailleurs classiques demeurent destinés pour subsister pour une vie entière. La fameuse interrogation sur la durabilité. La maison Chanel y répond favorablement. Quelques touches de couleurs avec ce rose pastel pour une veste en tweed à l'allure de chandail ; Des pulls en mohair dont le graphisme pourrait référer à des pétales stylisés s'apposent d'une tonalité dragée. Virginie Viard glisse un total look pied-de-poule en version grenat : cardigan cinq boutons, jupe droite et manteau peignoir sur l'athlétique Alaato Jazyper. Amar Akway porte une longue jupe en tweed, au quadrillage chair, qui se parachève en jupe asymétrique. Sa courte veste à la carrure rectiligne s'immobilise net au nombril. La juvénile Anouk Smit rajeunie son tricot en cachemire avec une jupe saumonée qui matérialise un certain esprit bohème et insouciant. Celui de Rachel Marx se fait seconde peau. Son pantalon en taffetas de soie noire s'agrémente de fleurs menues en perles de jais. Pour le soir, les looks se font plus décontractés et tempérés. Dans une certaine épure contenue. Toujours en noir et blanc. Ca fonctionne parfaitement. Mais, on restera sur sa faim avec un bémol sur les ultimes passages, dont les imprimés fleuris, aux camaïeux de Vermeil, Corail et Cerise, un tantinet "Petite maison dans la prairie", auraient pu stationner en coulisse du show. Pour être honnête, des robes à l'allure ultra-vieillotte. La collection aurait pu simplement se clôturer par le passage d'Ida Heiner. Chanel a souhaité se réapproprier ce code identitaire puissant dont certaines maisons de couture s'étaient dernièrement emparées. N'est-ce pas Valentino ? Amalgamant cette jouissance intellectuelle de la maison Chanel. Finalement, cette magistrale présentation se voudra être une ode véritable à cette délicate fleur qu'est le Camélia. Et, Chanel en demeure bien le maitre. |
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Azzedine Alaia au Palais Galliera
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Azzedine Alaia était un collectionneur avisé, passionné, compulsif et surtout très discret. Presque obsessionnel. Azzedine avait un tel amour pour les vêtements que cela en dépassait l'endentement. Il gardait cette passion secrète. Presque clandestine. Seulement pour son bonheur personnel. Il dépensait sans compter, parfois sans savoir comment payer. Il n'hésitait pas à courir les salles de ventes, les magasin de seconde main, les brocantes, ou simplement le placard de ses amies pour dénicher, acquérir et sauver des vêtements de la dégénérescence temporelle. Un vêtement à sa durée de vie mais aussi une confection propre, un squelette toujours captivant à étudier. La structure intrinsèque du vêtement demeure sa monomanie. En 2017, après son décès, on découvre à son domicile une collection impressionnante de pièces exceptionnelles qu'il avait accumulé tout au long de sa vie. Azzedine Alaia était reconnu pour son génie des proportions et ses coupes au scalpel autour du corps féminin. Il avait toujours à l'esprit de glorifier la femme. De la rendre extrêmement sure d'elle-même. De la magnifier. Il était en quête perpétuelle de nouveau design afin d'exalter son énergie, sa puissance. Cette enivrement stylistique a débuté avec l'enthousiasme qu'il portait aux précédentes générations de couturiers. Tout se déclenche, en 1968, lorsqu'il commence sa collection de pièces rares, notamment avec la fermeture de la maison Balenciaga dont il récupéra de précieuses pièces. Azzedine Alaia agglutinera plus de vingt-mille pièces qui s'étalent du XIXème siècle jusqu'au XXIème siècle englobant des créateurs comme Cristobal Balenciaga, Jeanne Lanvin, Jean Patou, Madame Grès, Paul Poiret, Worth, Gabrielle Chanel, Madeleine Vionnet, Elsa Schiaparelli, Christian Dior, Jean-Paul Gaultier, Comme des Garçons, Alexander McQueen, Thierry Mugler ou Yohji Yamamoto... Le musée Galliera a opté pour un éventail de cent quarante modèles phares qui retracent le parcours de ce collectionneur fou de vêtements. Une exposition, en collaboration avec la fondation Azzedine Alaia, qui restera visible jusqu'au 21 janvier 2024, au Palais Galliera. | ||||||||
Victoria Fawole apparait comme l'un des mannequins à suivre absolument. Sa silhouette a été vue sur les plus importantes campagnes prêt-à-porter Automne/Hiver 2022/2023 pour des maisons comme Alaia par Willy Vanderperre, Fendi par Craig McDean, Zara par Steven Meisel et Louis Vuitton par David Sims. Quatre extraordinaires shootings qui la propulsent parmi les mannequins qu'il faut confirmer pour les défilés de New-York, Londres, Milan et Paris. Victoria est née à Lagos, au Nigéria. Avant de devenir mannequin, Victoria était, à la fois, jeune enseignante et couturière. Etant diplômée du lycée très jeune, elle enseigne la langue "Yoruba", qu'elle parle couramment, et l'anglais pendant deux à trois années auprès d'enfants âgés de 5 ans et plus. Ayant encore du temps libre, elle cogite à d'autres métiers qui pourraient la captiver. Pas forcément le mannequinat. Toutefois, elle poste quelques photos sur le réseau social Facebook de ses diverses activités. Elle est repérée en février 2021 par Anani Model Management qui la contacte et souhaite la rencontrer. Toutefois, avec des parents très religieux, Victoria se sent hésitante à entamer cette potentielle carrière. Sa mère étant pasteur au Nigéria, et aussi enseignante, Victoria sait que cette dernière n'est pas favorable à l'industrie de la mode et ne la soutiendra pas dans cette voie hasardeuse. Sa mère souhaite surtout que ses enfants réussissent dans la même voie qu'elle : l'enseignement. Aussi, manquant de confiance, Victoria ne s'est jamais vraiment trouvée assez jolie pour prétendre à une carrière dans le modeling. Toutefois, après le rendez-vous chez Anani Model Management, elle convainc son grand frère, qui croit aussi en sa bonne étoile, de persuader ses parents de la laisser tenter sa chance. Ses parents refusent et veulent que leur fille aille à l'université pour devenir enseignante. Et, surtout vivre une vie normale. Mais, son grand frère persiste et obtient finalement gain de cause auprès de ses parents. Son agence mère croit tellement en son potentiel qu'elle la fait " fligher " directement en Europe pour les Fashion Weeks. Elle débute sur le show prêt-à-porter Automne/Hiver 2021/2022 de Simone Rocha à Londres. Puis ouvre les shows de The Row à Paris et Philosophy à Milan. Elle clôt Dsquared² and Conner Ives. Avec un visage comme le sien et l'apothéose des beautés noires sur la scène internationale, Victoria possède tous les atouts pour connaitre un succès fou. Les castings directors la remarquent et l'optionnent pour les shows les plus prestigieux : Saint-Laurent, Chanel, Miu Miu, Alaia, Versace, Louis Vuitton, Hermès ou Prada. Les magazines qui comptent s'arrachent celle qui est promise à une carrière XXL : M Le Monde par Robin Galiègue, Self-Service par Alasdair McLellan, W Usa par Karim Sadli ou Tim Elkaim, AnOther Magazine par Thue Norgaard, British Vogue par David Sims, Mario Sorrenti ou Marc Hibert, Matsremind par Julien Martinez Leclerc, The New-York Times par Joshua Wood, More or Less Magazine par Nadine Ljewere ou Finanial Times par Louise et Maria Thornfeldt. Aujourd'hui, sa famille, même s'ils n'apprécient pas vraiment l'idée de travailler dans le secteur de la mode, la soutient totalement dans ce choix. Même si tout est arrivé très vite, Victoria considère le mannequinat comme le début de sa nouvelle vie. | ||||||||
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L'irlandais
Sean McGirr à la tête d'Alexander McQueen
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Le départ de Sarah Burton de la maison Alexander McQueen en a médusé plus d'un. Comment s'attendre à une telle déflagration médiatique pour celle qui était à la tête de la direction artistique depuis le décès du feu regretté Alexander McQueen. Adoubée de tous, elle avait tout appris avec Alexander McQueen. A la fin de la présentation prêt-à-porter Printemps/Eté 2024, Sarah Burton, d'un pas tremblotant, a décidé de prendre son courage à deux mains afin de venir saluer une assemblée en transe. Elle qui ne sort que furtivement des backstages a, somme toute, fait le tour du podium "en 8" et reçu une ovation bienveillante et affectueuse qu'elle en a versé quelques larmes. Cependant, ce que le monde de la mode attendait avec impatience était le nom du futur remplaçant. Qui, dans cette danse des "vacances", pourrait remplacer ce double, au féminin, d'Alexander McQueen. Après plus de vingt-six années au sein du label britannique, les dirigeants du groupe Kering ont pourtant souhaité insuffler un renouveau de jeunesse au sein de ce label transgressif, avant-gardiste, souvent sombre et ténébreux. Le 3 octobre, Gianfilippo Testa, directeur général de la marque, a annoncé la nomination du successeur, et cela quelques jours à peine après le défilé : Sean McGirr. Un total inconnu du grand public mais connu de quelques initiés de l'univers de la mode. Ce jeune irlandais, âgé de trente-cinq ans, né à Dublin et diplômé de la prestigieuse Centrale Saint-Martins de Londres, a eu le temps de faire ses armes chez Dries van Noten (2014 à 2018), Uniqlo et J.W. Anderson dont il était à la tête du prêt-à-porter. Il a débuté sa carrière chez Burberry puis collaboré au magazine Vogue Homme Japon. Cet homme de l'ombre va tenter, pour la première fois, une aventure solo. En accédant au poste de directeur artistique, Sean McGirr va insuffler son expérience en incorporant les codes maison et la philosophie intrinsèque de l'univers McQueen. On lui souhaite chaleureusement de réussir dans cette aventure stylistique séduisante. |
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Gucci Automne/Hiver
2023/2024 par le studio Gucci
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Dans le calendrier de la fashion week milanaise, il y a fréquemment des défilés plus attendus que d'autres. Scrutés avec une attention particulière. Cette saison, ce sera celui de la maison Gucci, navire phare du groupe Kering. Pourquoi une telle attention ? Simplement parce que la direction artistique n'est plus aux mains du talentueux Alessandro Michèle qui avait redéfinit avec brio l'esprit maison avec cette fantaisie déroutante, ce génie baroque incontestable et cette créativité folle, sans borne. Et, cela durant huit années. De quoi asseoir un style puissant, identifiable tout en imposant un pouvoir de gourou incontestable. Toutefois, la star, ici, c'est la maison Gucci qui a décidé de faire "Tabula Rasa" et de recommencer à zéro. Alors, l'interrogation qui enflamme les lèvres du biotope de la mode demeure la suivante: Que va-nous dévoiler l'équipe médiane pour cet automne/hiver 2023/2024. Pas de chef d'orchestre puisque la direction artistique se compose seulement du studio de création. Une agrégation de synergies diverses et d'énergies ingénieuses. Une salle immense, aux murs gris-souris, à la moquette absinthe, composée de faux plafonds, rehaussés de lumières néons et de deux gigantesques cercles étincelant, fera office de lieu de la présentation. Avant le début du show, les éclairages grésillent, parasitent, crépitent, installant une atmosphère peu rassurante. Un trio d'ascenseurs agrémente chaque pan de murs de ce set-design insolite et singulier. Même anti-glamour pour une présentation mode. On peut se demander ou l'on se trouve. Un mélange d'inspiration cinématographique entre "Bienvenue à Gattaca" et "Shining". Certains invités sont compartimentés au centre de deux ronds-points faisant office de canapés circulaires. Le reste s'affrontant autour de cette spacieuse salle rectangulaire. La porte d'un des ascenseurs s'ouvre enfin laissant jaillir le premier look. Un micro soutien-gorge bijou, entièrement tricoté en strass diamant, se couple d'une oblongue jupe en satin noir supportée par d'interminables gants noirs. Les micro-lunettes de soleil dramatisent ce look qui pourrait être choisit pour un tapis rouge. Puis, le deuxième look part dans une direction totalement opposée. Un manteau droit de travailleur en col blanc se teinte d'un gris souris monotone. Rébarbatif mais tellement facile à enfiler. Les looks classiques alternent avec des allures plus cocasses. Il n'y a pas d'homogénéisation entre chaque look mais des propositions selon la vie que l'on mène. Pour condenser, on peut s'habiller chez Gucci selon n'importe quelle situation comme aimait l'écrire Alessandro Michèle. Un vestiaire varié ou l'on peut piocher la fameuse pièce qui nous fera "jouir d'extase". Sur Cyrielle Lalande, le teeshirt, manches longues, joue la totale transparence en vermillon. La jupe, aux genoux, se perfore de larmes régulières, aux bordures de strass diamant. Les gants vermillon couvrent seulement les doigts. Sa paire de lunette se fait masque et se teint d'un rouge pur sang. A contrario, Bente Oort, marche complètement décontractée avec son pantalon à pinces anthracite, sa chemise ivoirine et son pull basique en cachemire s'achevant au nombril. Avec le ceinturon GG, bien évidence. Un trench s'effiloche de milliers de filins métalliques argentés sur Sara Blomqqvist. La pièce fashion à souhait. Julia Nobis se voit affabuler d'une robe un tantinet eighties avec un simple bustier crème qui laisse jaillir, aux hanches, deux gibbosités bouffantes ébène ébauchant un simili cœur. Désuet à mort. Aivita Muse porte un costume croisé, deux boutons, un tantinet oversize. Sommaire mais efficace. Les sacs à mains reprennent le design de ceux désignés par Tom Ford dans les années 90 comme le "Horsebit Chain" et le "Jackie 1961". Ils sont interprétés dans des coloris inédits et matières originales comme le cuir de mouton retourné. Surtout en version XXL pour bien les distinguer. Nombreux sont les looks mono-couleur. Très peu d'imprimés. Voir pas du tout. Les manteaux, en fourrure synthétique, sont proposés en diverses longueurs et se colorent de parme, émeraude, rose fluo, châtain ou moutarde comme sur le mannequin Stella Lucia. Quelques pièces sont assiégées par des parements en fausse fourrure hyper vitaminés (Rouge sang, rose fluo ou vert amande) sur des encolures ou sous forme d'écharpe. D'ailleurs, cette dernière explose sur les frontières de délicates mules. Le mohair fait quelques clins d'œil sur une robe-pullover vert émeraude, un micro-top jaune fluo ou un top asymétrique cachou. Des couleurs franches et très visuelles. Kiki Willems enfile des Moon-Boots en fourrure pétrole. Un couvre-chef prend la configuration de ceux de la garde royale britannique. Greta Hoffer enfile une robe légère, droite, maintenue par une sangle sous la poitrine, dont la couleur nous fait voyager dans un champ de coquelicots. Un manteau filiforme, huit boutons, bleue Klein, pourrait sortir du vestiaire de mademoiselle Chanel. Le casting fait appel à d'anciennes égéries maison comme Liisa Winkler ou Guinvere van Seenus qui clôtura le show avec une certaine dureté. Le tissu iconique au fameux double G s'applique sur des soutiens-gorges au design rectangulaire, sur une jupe droite et étroite ou sur des collants en strass dans des tonalités vermillon, pétrole et neige. La combinaison, veste de travail, chemise incolore et jean large, marche toujours. Tel l'univers Celine désigné par Hedi Slimane. La proposition faite par la maison Gucci cette saison demeure minimale, débarrassée de toutes sortes de fanfreluches inutiles. Presque intemporel en un sens, ultra-portable mais sans grande extravagance. Les codes maison restent visibles de-ci delà sur certaines pièces avec spécialement les mords en métal, doré ou argenté, ainsi que le double G. La totalité du studio Gucci saluera à la fin de la présentation. Une collection qui se veut être un véritable trait d'union entre la folie créative d'Alessandro Michèle et l'arrivée imminente de Sabato de Sarno. |
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